|
A la suite de ses premiers succès contre la Flotte Impériale, la marine Minmatar s'est aperçue qu'il lui manquait un appareil intermédiaire entre frégate et croiseur, capable de s'opposer aux raids incessants sur ses frontières. Réponse des Amarr à la guérilla menée par les Minmatar, de plus en plus de petites escadrilles équipées d'Executioner et plus rarement de Tormentor menaient des opération de harcèlement sur les voies de ravitaillement de la République. Avec peu de pilotes disponibles, il fallait faire le maximum avec un nombre limité d'appareils, d'où le lancement de l'appel d'offres qui débouchera sur l'homologation du Thrasher fin 89.
Le blindage physique du Thrasher est environ deux fois supérieur à celui d'un frégate, mais aussi deux fois inférieur à celui d'un croiseur. Avec 677 cm d'équivalent acier brut, il se situe dans la bonne moyenne. Pour faciliter le remplacement des plaques, celles-ci sont boulonnées à la structure et non pas mécano-soudées.
Le champ de déflexion du Thrasher n'a rien de bien exceptionnel, mais c'est malgré tout sur lui que compte une majorité de pilotes pour les maintenir en vie. Dangereusement faible contre les rayonnements thermiques, il présente des résistances moyennes aux projectiles à énergie cinétique.
Du côté des senseurs, on retrouve un classique réseau LADAR regroupé dans une baie sous la cabine de pilotage, de conception voisine de celui équipant le Stabber mais re-paramétré pour traquer des cibles de 30 à 50 mètres de signature. Il présente d'origine une résolution très respectable de 550mm, qui ne déparerait pas sur une frégate, mais qui s'obtient aux dépens de la distance d'acquisition, limitée en sortie d'usine à 27 kilomètres. Un handicap que bon nombre de pilotes de Thrasher s'empressent de compenser en ajoutant des systèmes auxiliaires capables de pousser la portée d'acquisition à plus de 40km.
Seul un calibrage régulier du réseau de senseurs permet au Thrasher
de maintenir ses performances en conduite de tir.
Le système d'armes a fait l'objet d'un soin tout particulier, avec un regroupement des tourelles en seulement quatre emplacements sur le dos au-dessus du réacteur, sous la passerelle et sur les carénages des propulseurs latéraux. Cette configuration volontairement groupée s'explique par un des astuces trouvées par les concepteurs du Thrasher pour limiter la prise de risques face aux frégates équipées de missiles. En sur-cadençant le calculateur de traque, ils ont pu nettement améliorer la précision des tourelles, avec pour conséquence directe une augmentation du point de convergence des projectiles. Le sur-cadençage a néanmoins pour revers inévitable de limiter la cadence de tir, en moyenne 25% à 30% inférieure à ce que l'on peut attendre d'une frégate.
La configuration groupée des tourelles a aussi eu un impact positif sur la facilité d'approvisionnement en munitions, puisque le Thrasher n'a besoin que de quatre alimenteurs au lieu de sept, ce qui facilite nettement la tâche de l'opérateur-pointeur. La maintenance du système est aussi facilitée par sa nature entièrement mécanique.
On distingue bien les deux des quatre alimenteurs sur cette tourelle de proue.
Le Thrasher est ainsi capable d'embarquer jusqu'à 7 couples de tourelles Gatling ou d'artillerie, dans des calibres allant de 125 à 280mm. Les versions les plus agressives sont équipées de sept tourelles de 280mm alimentées avec des munitions à longue portée dopées à la Morphite, capables de toucher un objectif à près de 50 kilomètres. Cette configuration, particulièrement fameuse parmi les pilotes de la Flotte, a fait beaucoup pour la réputation du Thrasher.
Les Gatling sont très simples à entretenir, ne comportant que peu de pièces.
Le réacteur est une version très sous-alimentée de celle qui équipe le Bellicose, développant 43,7 MW en crête. Cette sous-alimentation a permis d'alléger le dispositif de confinement, avec à la clef un gain de poids très sensible. Il a néanmoins fallu doter l'appareil de larges systèmes de refroidissement passifs sous la forme de trois paires de radiateurs fixés à la proue et qui constituent le signe distinctif du Thrasher.
Le réacteur, avec son système de confinement réduit
mais suffisant vu sa puissance.
La propulsion est confiée à deux Napier-Sabre "Screamer" couplés, ce qui explique leur faible taille mais aussi la vitesse de pointe plutôt modeste du Thrasher, qui atteint les 240 m/s en sortie d'usine. La vitesse n'est pas forcément la priorité d'un pilote de Thrasher, mais certains montent des propulseurs auxiliaires pour dépasser la barre des 600 m/s et ainsi avoir une chance de rattraper les frégates les plus lentes. Les Microwarpdrives, en revanche, sont rarement employés.
Historique:
Face à son manque chronique de personnel, la Flotte a lancé au tout début de la contre-offensive de la mi-88 un appel d'offres pour un chasseur anti-frégates, plus léger qu'un croiseur mais doté d'un armement puissant, capable de dépasser les 230 m/s pour une masse total de moins de 1,8 kilotonnes en ordre de marche. L'idée était de mettre en ligne un appareil capable d'affronter à lui tout seul deux à trois frégates, et limiter ainsi le nombre d'appareils -et donc d'équipages- déployés.
Ce concept un peu bâtard de "super-frégate" a mis du temps à émerger. Thukker Mix et Core Complexion s'y sont cassés les dents, leurs prototypes étant jugés trop lourds et trop peu agiles. Boundless Creation ne sera pas plus heureux, avec un prototype particulièrement instable à haute vitesse, mais dont le sous-système d'armes trouvera malgré tout des débouchés sur le Huggin quelques temps plus tard.
Les plans d'un des concurrents malheureux du Thrasher.
C'est finalement un petit groupe d'ingénieur, ex-Thukker, qui vont réussir la quadrature du cercle avec le Thrasher. A la base du concept, on retrouve un appareil aux lignes très classiques, doté d'un réacteur de croiseur sous-dimensionné, d'une coque légère, d'un groupe propulseur de frégate gonflé, et surtout un système d'armes à l'automatisation très poussée, limitant ainsi l'effectif à bord. Au strict minimum, celui-ci est composé d'un pilote en pod, d'un mécanicien et d'un opérateur-pointeur. C'est cette automatisation et l'effectif réduit qui a permis de réduire la masse de l'appareil à 1,5 kilotonnes en ordre de marche et ainsi remplir le cahier des charges.
Les ingénieurs ont particulièrement soigné le système de traque.
Confié initialement à des pilotes de frégates vétérans, le Thrasher a reçu un accueil assez mitigé : trop lent, trop lourd, avec une signature radar trop importante, il a fallu plusieurs mois avant que les qualités de l'appareil n'émergent. Contrairement à ce que pensaient les stratèges de la Flotte, un Thrasher n'est pas susceptible de résister à un petit groupe de frégates décidées. En revanche, il peut jouer le rôle d'appui-feu longue portée au sein d'une formation mixte comportant par exemple quatre frégates et un destroyer. Le couple Breacher / Thrasher, notamment, s'est distingué à plusieurs reprises par sa capacité à engager et détruire des croiseurs isolés, voire des vaisseaux de transport faiblement escortés.
Il est difficile d'évoquer le Thrasher sans parler du célèbre Squadron 341, formé par un groupe de pilotes Gallente volontaires qui ont intégré la Flotte Minmatar un peu après la bataille de Lustrevik. Equipés de Thrasher après un rapide passage sur Slasher, ils ont pendant plus de 6 mois menés d'incessants raids sur les positions arrières de la flotte impériale, engageant à plusieurs reprises des vaisseaux de ligne, au point de contraindre les Amarr à mobiliser contre eux l'escadrille de choc JG 26.
C'est le Squadron 341 qui le premier a eu l'idée d'utiliser le Thrasher en meute et en configuration longe portée, en comptant sur la portée de ses armes et sa puissance de feu pour se passer d'appareils d'interception ou de guerre électronique. Une tactique adoptée aussi par les flottilles de vaisseaux lourds. De ce point de vue, le Thrasher est une bonne école pour ce type d'engagements où les systèmes de traque jouent un rôle fondamental.
Déploiement :
En plus de son rôle d'appui-feu pour formations de frégates, le Thrasher est parfois utilisé en tant que vaisseau de transport du fait de sa large soute. Ses zones de déploiement privilégiées restent l'Empire et les régions de basse sécurité. Sur les frontières, le Thrasher est rarement présent, à l'inverse de son cousin le Sabre, très fréquent dans la zone libre.
Le cahier des charges a été étudié avec soin et parfaitement rempli. Mais le Thrasher suscite toujours des critiques de la part de pilotes.
Malgré ses indéniables qualités, parmi lesquelles on retrouve une puissance de feu non négligeable, le Thrasher a du mal encore aujourd'hui à s'imposer au sein de la Flotte. Les pilotes de frégate le trouvent trop lent et trop lourd. Les pilotes de croiseur trop fragile.
Pour le reste, le Thrasher reste un vaisseau finalement assez peu employé par rapport aux frégates et aux croiseurs, et peut-être injustement négligé. En face d'un Thrasher, tout pilote de frégate sain d'esprit n'aura qu'une seule idée en tête : fuir le plus vite possible. Son artillerie, mortellement précise, ne pardonne que rarement.
|