Noir - Chapitre 6

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Je vous avais prévenu... il se passe des choses

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Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
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Chapitre VI
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Pendant un instant irréel, tout sembla se figer sur place. Il régnait une sorte de silence divin, le silence qui précède les mélodies les plus envoûtantes. Même les lattes du plancher n'osaient faire de bruit de peur de perturber l'atmosphère.
Puis la petite salle bascula dans la folie. Aarel bondit sur ses pieds et sa main se porta à sa ceinture, là où habituellement se balançait sa hache. Mais pas aujourd’hui. Shani se jeta devant Barel, mains écartées, hurlant " non !". Il suffit d’un geste, tranquille, si désinvolte, au mage en robe blanche, pour qu’une soudaine bourrasque l’envoie voler dans la pièce. Mahlin referma lentement la bouche. Lorsqu’il tâcha de se lever, il constata que ses pieds ne lui obéissaient plus. Une puissance étrange le plaquait au sol et l'empêchait de se mettre debout. Les soldats, le visage fermé, épée en main, s’égaillerent dans la pièce, et bientôt une lame fut sous sa gorge, ainsi que sous celle de ses compagnons.

Barel Khorr avait les mains ligotées par un fil lumineux, presque translucide. Malgré le lien, il se tenait droit et fier. D’une manière ou d’une autre, il parvenait à donner l’impression que l’homme qui avait son épée sur sa gorge n’était qu’un serviteur qu’il aurait pu congédier d’un geste, mais qu’il tolérait.
" Puis-je savoir ce que signifie cette intrusion ? "
Le mage en blanc le détailla insolemment de la tête aux pieds.
" Vous n’êtes pas en position de poser des questions, mon ami. Et peut-être ne le serez-vous plus jamais, si vos réponses ne sont pas satisfaisantes. "
" Vous outrepassez mon hospitalité " Barel haussa les épaules. " Il y a des lois. Même pour les mages. Surtout pour les mages. "
Raclements de pieds sur le sol dallé. Les sept guerriers s’approchaient, jusqu’à l’entourer. Dous n’avait plus l’air ni calme ni placide. Adossé contre un des murs restant, son visage était fermé, ses sourcils froncés.

" N'inversez pas les rôles" cracha un des hommes. " Nous sommes la loi. Nous sommes le tribunal. "
" Et de quoi suis-je accusé, exactement ? Je ne crois pas avoir créé le moindre trouble dans les environs. Même si cela était, je trouve vos manières fort peu civiles. Je croyais que l’on traitait les mages avec plus de respect."
" Silence " fit l’homme en blanc. Le visage impassible, il gifla Barel à toute volée. " N’aggravez pas votre cas. Vous n’êtes pas un mage malgré vos airs arrogants. Vous n'avez pas la bénédiction des Collèges de Magie ! Vous êtes accusé d’utilisation illicite de la magie, sans caution des Universités." Il cracha sur le sol. "Vous poussez le vice jusqu’à former des apprentis. Trois ! Vous n’avez aucune autorité ici. Donnez-moi votre nom "
Barel le regarda, l’air vaguement surpris.
" Je me nomme Barel Khorr. Je suis un mage, quoi que vous pensiez. Et j’ai mon Sceau. "
Il y eut des murmures parmi les Chasseurs alors que Barel, entravé comme il l’était, parvenait à montrer sa bague au châton argenté.
" S’il a un Sceau, c’est un mage à part entière " observa le Traqueur indigo, le visage de marbre. " Reste à savoir si le sceau est authentique. "
" Il n’y a aucun mage de ma Couleur dans la région " intervint le guerrier vert. Il se tourna vers le mage blanc " J’en suis certain, Maître Vil. C’est pour cela que nous sommes ici. Ca doit être un faux. Vérifie, Bertam. "
L’homme en bleu – Bertam – s’approcha avec précaution, et enleva le Sceau du doigt tendu de Barel.
" A première vue, il paraît de bonne facture. Je n’en suis pas encore sûr, mais il a de bonnes chances d’être authentique. S'lesh, Qu’en penses-tu ?"

L’homme en jaune s’avança. Mahlin regardait la scène de son coin de plancher, toujours aussi incapable de bouger le moindre muscle. Il ne savait pas quelle magie était à l’½uvre, ni qui le paralysait ainsi, mais c’était efficace. Shani était allongée dans un coin, visiblement évanouie. Il brûlait d’envie d’aller la rejoindre, voir si elle était gravement blessée mais, non, décidément, impossible de bouger. Aarel devait être sous l’effet d’une magie identique car, malgré tous les regards meurtriers qu’il dardait sur les Chasseurs et ceux, chargés d’inquiétude, qu’il lançait sur Shani, il ne bougeait pas d’un pouce. Jeb leur lança un regard distrait, puis se pencha pour examiner le Sceau.
" Je vous dit qu’il est authentique " gronda Barel Khorr. Une ombre de contrariété passa fugitivement sur son visage.
" Nous verrons, nous verrons. Si réellement il l’est, nous aviserons. En attendant, veuillez garder le silence. "
" C’est très ancien " constata l’homme en jaune sans relever la tête. Soudain, Barel se figea, comme s’il n’avait pas prévu quelque chose. " Oui, très ancien. Bien trop ancien, en vérité, pour appartenir à un mage encore vivant. Le Sceau est authentique, mais l’homme ne l’est pas. "
Barel soupira et secoua la tête. Tout d’un coup, il avait l’air fatigué. Et ennuyé.
" Le Sceau est à moi " fit-il. " Je l’ai hérité de mon maître, qui l’avait hérité du sien. Qu’y a-t-il de si étonnant à cela ? "
" Cela fait des siècles que la loi de Transmission a été abrogée ! Le Sceau n’est plus transmissible, tu devrais le savoir si réellement tu es un Mage " cracha le mage blanc. " Il semblerait que ta situation s’aggrave. Où as-tu volé ce sceau ? "
Barel le regarda silencieusement, ses lèvres compressées. Le Traqueur grinça des dents.
" Nous saurons bien te faire parler. Ou le Sceau le fera à ta place. Je… "
" Plus de huit cent ans, Vil. Plus de huit cent ans. " L’homme en jaune avait enfin relevé la tête, et ses sourcils étaient froncés. " Il y a là quelque chose qui me dépasse. Le Conseil des Mages n’existe que depuis… "
Dans le coin, Dous battit des paupières.
" Montre-moi ça ! "
" C’est donc bien un faux ! " fit l’homme en blanc, son masque d’impassibilité se transformant en jubilation sadique. Mahlin lui lança un regard assassin. Vil. Il s’appelait Vil. Si seulement il pouvait se libérer…

Alors quoi ? Si même il pouvait bouger, quoi ? Que pouvait-il faire contre sept guerriers expérimentés, tous aux aguets, tous plus terribles les uns que les autres ? Sans même parler des deux mages ?
Soudain, une pensée lui glaça le c½ur. Etaient-ils capables de voir qu’il maîtrisait la magie Noire ? Allaient-ils… comment avait dit le maître ?… l’écraser comme un moustique ? En les regardant, il comprit ce que disait Barel. Les Couleurs n’ont aucune volonté propre, ce sont leurs détenteurs qui les utilisent à leur gré. Ces gens, en face d’eux, quels que fussent leurs motivations, se comportaient comme des bandits, de vulgaires brigands. Et la robe blanche ne changeait rien à ça.
" Puisque je vous dis que ce n’est pas un faux " fit Barel, maintenant exaspéré. " Si c’est ce que vous voulez, je peux vous montrer mon grimoire et la signature de mon maître. "
" C’est une excellente idée… " commença Vil, mais Dous lui coupa la parole.
" Je peux déjà dire que les documents qu’il nous produira seront des faux. "
" Qu’est-ce qui te rend si sûr de toi ? "
" Quand bien même ils seraient authentiques, comment expliquer ce Sceau ? Comment expliques-tu cela, Barel ? " Il marcha sur le mage, les yeux froids ; il n’y avait plus trace en lui de Dous le rêveur, Dous qui avait dansé avec Shani en cette nuit déjà si éloignée… la veille. " Et comment expliques-tu la forêt ? "
Barel haussa un sourcil.
" La forêt ? "
" La forêt. Quelle sorte de maléfice as-tu lancé sur elle ? Nous avons tourné pendant plus d’une journée dans ces maudits bois, et nous y serions encore si je n’avais pris la précaution de me Lier à tes disciples, au village. Seule leur trace psychique m’a conduit ici. Ils dormaient, c’était plus difficile ; maudit sois-tu ! "
Les yeux de Mahlin s’agrandirent. Ils s’étaient fait manipuler dès le début ? Mais comment avait-il pu savoir, comment avaient-ils pu se douter de… ? Il se rappela ce que Dous avait dit en dansant. Les gens se confiaient plus facilement à lui. A lui et son visage d’ange. Oh, oui, cela n’avait pas dû être dur pour lui de soutirer quelques informations à dame Maud ou ses consoeurs. Quel mal de parler des petits jeunes du manoir ? Quel mal à bavarder ? Il gronda. Dous se tourna vers lui.
" Tu pensais que je dansais avec ton amie parce que je la trouvais jolie ? Je t’ai même rendu jaloux, je me trompe ? " Il rit. " Eh bien, j’espère que tu es rassuré désormais. Elle m'indiffère."
Barel soupira.
" Je vois. Honnêtement, je ne vous attendais pas aussi tôt. Félicitations, je n’ai pas pensé que vous vous étiez Accordé sur mes disciples. Une erreur de ma part. "
" Ce sera probablement ta dernière " grommela Vil en jetant le Sceau à terre. Il avait l’air de très mauvaise humeur. Mahlin remarqua soudain que ses habits, naguère impeccables, étaient souillés de boue, et que l’étoffe avait cédé en de nombreux endroits. Un rapide regard aux autres Chasseurs lui confirma que cette traversée de la Foret Hurlante n’avait pas du être plaisante. A vrai dire, le seul homme qui ne semblait pas réellement avoir souffert du voyage était le mage violet. " Je n’ai pas beaucoup de patience, Barel, et tu es en train d’épuiser mes réserves rapidement. Une dernière fois, où as-tu volé ce Sceau, et à qui ? Tes aveux pourront peut-être alléger ta peine. "
Barel garda un silence buté. Vil grimaça, puis fit un salut formel. Il passa au vouvoiement officiel.
" Très bien. Les procédures doivent être respectées. Nous allons vous conduire à Gaordon, et vous serez jugé selon les formes. La sentence sera très probablement la mort, je ne vous le cache pas. "
Le mage eut un brusque sursaut. Autant il était resté maître de lui jusque là, autant brusquement il pâlit. On pâlirait à moins, pensait Mahlin, toujours impuissant sur le sol. Mais la raison ne semblait pas être la sentence.
" Gaordon ? Vous m’emmenez à Gaordon ? "
" Bien sûr, à quel autre endroit ? C’est ici que se trouvent l’Université de Magie, et c’est ici que vous serez jugé."
Barel se lécha les lèvres nerveusement.
" Je croyais que les tribunaux se tenaient à la capitale "
" Certains s’y tiennent, en effet " fit le guerrier rouge, qui n’avait pas encore parlé. C’était un homme de haute taille, presque aussi grand qu’Aarel. Sa cotte de mailles, à la différence de celle des autres, s’arrêtait aux épaules, dévoilant des bras aux muscles noueux, sans graisse aucune, au point que cela en devienne caricatural. Mais, à la différence des autres, sa voix était compatissante. Il n’avait pas non plus l’air d’avoir trop souffert de la forêt ; ceci expliquait peut-être cela. " Mais cela doit bien faire trois cent ans que Gaordon abrite les Tribunaux des Mages. Quelle autre ville pourrait mieux convenir ? "
" Bien sûr… bien sûr… " fit pensivement Barel. Il semblait retrouver lentement son assurance, mais la pâleur restait. " Bien sûr… "
" Je ne comprends pas en quoi le lieu peut t’inquiéter " ricana Vil. " Je peux t’affirmer que nous ne te laisserons pas t’échapper. Et une ville en vaut une autre, lorsqu’il s’agit de mourir. "
" Bien sûr " répéta Barel, l’air absent. Il reprenait lentement des couleurs. " Bien sûr " dit-il encore. Il leva la tête, et il souriait tranquillement. Il ferma les yeux. Les liens qui le maintenaient se volatilisèrent.

Mahlin étouffa une exclamation. L’instant d’avant, il y avait cette corde de lumière qui liaient les mains de son maître, et maintenant Barel se massait les poignets, toujours aussi tranquille. L’homme qui lui tenait la lame sous la gorge hésita une seconde, puis poussa un cri alors qu’une force invisible le soulevait et le projetait sans douceur contre un mur. Les Chasseurs autour de lui entourèrent Barel en un battement de c½ur.
" Comment… comment as-tu fait ça ? " cracha Vil, la stupeur se le disputant à la colère sur son visage d’ordinaire si inexpressif.
" Un endroit en vaut un autre, lorsqu’il s’agit de mourir " fit simplement Barel. Il fit une passe dans les airs, et un lourd bâton noir finement ciselé, aux extrémités alourdies par des pierres précieuses, apparut dans sa main droite. " Le tout est de savoir qui meurt. "
Dous recula d’un pas, un juron au bord des lèvres. Les autres se rapprochèrent au contraire.
" Tu ne prétends pas essayer de te battre contre nous ? " rit Vil, incrédule. " Tu penses réellement que tes pouvoirs de second plan te seront utiles contre nous ? " Barel avait baissé la tête. " Mais tu m’offres l’occasion que j’attendais. Tes manières ne me revenaient pas, dès le début. Je vais balayer ton arrogance, et te faire me supplier à genoux de t’épargner. Mais tes cris seront sans réponse, et tes prières n’atteindront aucun dieu. "
" Bavard " murmura Barel, la tête toujours baissée, appuyé sur son bâton. Mahlin remarqua soudain qu’il était exactement au centre du pentacle. Le visage de Vil devint blanc de rage, blanc comme sa robe. Il était au bord de l’apoplexie.
" Meurs, si tel est ton souhait ! Tuez-le ! Tuez-le ! "

Les guerriers dégainèrent d’un même mouvement, six épées qui parurent danser alors qu’ils bondissaient en avant. Mais, arrivés à quelques pouces du mage, leur belle charge fut stoppée net par un obstacle invisible. Le choc les projeta au sol; ils se relevèrent avec une souplesse féline. Lentement cette fois-ci, calmement, ils se placèrent en cercle autour de Barel et avancèrent leur épée en avant, tâtant l’air devant eux. Dès qu’ils touchèrent la barrière invisible, ils s’immobilisèrent.
Vil leva les mains au ciel et commença à incanter, yeux fermés. Les guerriers attendaient, et la mort dansait dans leurs yeux. Dous se contentait de regarder. Des rides de concentration plissaient son front. Barel continuait à murmurer, tête baissée, trop doucement pour que quiconque puisse l’entendre.
" Ta mort réglera nombre de problèmes " observa Vil avec un sourire pervers. Il tendit les mains et des flammes jaillirent de ses paumes en un jet puissant. La chaleur dans la pièce devint soudain insoutenable, malgré le mur ouvert sur l’air extérieur. Le jet s’enroula autour des autres Chasseurs, et chaque contact augmentait sa puissance et sa taille, jusqu’à ce que le noyau original devienne une véritable fournaise entourant Barel. Un dernier mot de Vil, et les flammes se refermèrent sur leur victime. Au même moment, Mahlin se sentit libéré de sa paralysie.
" Maître Khorr ! " hurla-t-il, désespéré.
Aarel, lui aussi libéré, se montra plus téméraire. Ignorant les mages qui continuaient à psalmodier, il se jeta vers les flammes avec un cri étranglé, cherchant visiblement à en extraire Barel. Mais, alors qu’il atteignait le pentacle, il fut obligé de reculer, se protégeant le visage entre les mains. Les flammes redoublèrent d’intensité. De là où il était, Mahlin sentait les vagues de chaleur se propager au travers de la pièce. Il suait abondamment, et une bonne part était dûe à la peur. Un meurtre ! Il assistait à un meurtre ! Le meurtre de son maître ! Les chasseurs allaient-ils laisser des témoins derrière eux ? Le bras armé de la justice… Pah ! Il se sentit coupable de se soucier de sa peau plus que de celle de son maître, mais celui-ci ne devait plus être que poussière désormais, alors que lui-même était vivant. Peut-être, s’il se faufilait hors de la pièce pendant qu’ils regardaient les flammes danser... Mais il n’allait pas abandonner Shani.
A moitié rampant, soulagé de voir que personne ne lui portait le moindre intérêt, Mahlin alla s’agenouiller près de la jeune fille. A cette distance, la chaleur était intolérable. Qu’elle ne se réveille pas après cela devait signifier qu’elle était plus gravement touchée qu’il ne le pensait. Toussant et larmoyant dans l’épaisse fumée qui maintenant se dégageait des flammes, il la traîna vers l’air frais, là où maître Barel avait détruit le mur, il y avait quelques minutes… cela semblait des heures.
" Justice a été rendue " fit solennellement Vil alors que les flammes se tassaient lentement sur elles-mêmes.
" Justice a été rendue " répétèrent les autres en écho. Certains avaient toutefois l’air mal à l’aise. Peut-être leur restait-il un peu de sens moral après tout ?
" Justice a été rendue " articula Dous, toujours adossé à sa colonne, mais il n’était pas à ce qu’il disait. Ses yeux restaient braqués sur la fumée qui lentement se dissipait. Et lentement émergèrent les jambes, puis le corps, puis la tête de Barel, toujours dans la même position, tête baissée. Vil se retourna, poussant une exclamation.
" Je crois ", fit Barel en levant enfin la tête, " que vous ne vous rendez pas compte de qui vous affrontez "
Les Chasseurs se contentèrent de le regarder, bouche bée. Dous hocha la tête comme si tout cela confirmait ce qu’il pensait, et il quitta enfin sa place pour se joindre au groupe. Barel sourit et désigna le soleil à travers le mur brisé.
" Une belle journée, ne trouvez-vous pas ? Un endroit en vaut un autre… lorsqu’il s’agit de mourir. "
" Cesse de répéter ça ! " hurla Vil, furieux. Il se tourna vers ses compagnons. " Abattez-le ! Abattez-le ! "
" Vous n’arriverez à rien tant qu’il est au milieu du pentacle " fit Dous en levant les yeux au ciel. Sept regards se posèrent sur lui. Neuf, avec Aarel et Mahlin. Dix lorsque Barel haussa délicatement un sourcil.
" Je vois que l’un de vous, au moins, peut se prévaloir du titre de Mage "
" Ne te moque pas de nous " gronda Vil.
" Il est au milieu d’un Pentacle de Protection. Vous auriez pu le remarquer " dit le mage violet. " Vous avez perdu beaucoup de Pouvoir pour rien. "
" Et pourquoi n’as-tu rien dit, toi qui est si malin ? " écuma Vil.
" Interrompre un rituel ? je ne suis pas fou à ce point. Le contrecoup vous aurait été fatal. Ou bien n’avez-vous pas non plus pensé à cela. " Dous souriait largement, maintenant. " Brisez tout d’abord ce pentacle, ou tous vos efforts – nos efforts – s’avèreront vains. "
Vil baissa les yeux vers le pentacle. Une veine battait sur sa tempe.
" Ne crois pas que ton Pentacle te sauvera longtemps. Nous sommes huit. "
" Tu l’as déjà dit " observa Barel. " Crois-tu qu’il y ait lieu de t’en vanter ? " Il fit tournoyer son bâton, et une expression rêveuse se peignit sur son visage. " Cela fait longtemps... si longtemps... j’avais presque oublié cette sensation…"
Il se passa la main sur le visage et, lorsqu’il la retira, il ne souriait plus.
" Te’n’siii Nye’tan Ne’bek Se’bek Les Sceaux sont brisés, les Runes sont détruites ! Démons, répondez à mon appel ! Ce monde est le vôtre... " Le bâton se mit à briller.
Si Vil avait pu paraître stupéfait avant, que dire de l’expression qui se peignait sur son visage.
" Cette incantation..."
" Je croyais que..." fit le mage jaune.
" Quelqu’un connaît encore... "
" …du Pacte des Dieux, empruntez la Voie et respectez nos Accords. Le sang versé… "
" Arrêtez-le tout de suite ! " hurla Dous, dont le visage venait de se décomposer.
" Unissez-vous ! Il faut détruire le pentacle ! Unissez-vous, que les Couleurs vous maudissent ! "
" Formez un Bouclier ! Tout de suite ! "
Le mage bleu leva les mains, et commença à chanter doucement, presque tendrement. Sa voix contrastait avec la terreur qui se lisait sur son visage. Le vent, dans la pièce, forcit et commença à tourbillonner. Un geste, et une véritable tornade se rua contre le pentacle. Mais l’ouragan se heurta à la barrière invisible et retomba en vaguelettes inoffensives. La cape de Barel ne frémissait même pas.
" ...la Voie est désormais libre pour qui accepte l’Accord ! Venez et obéissez, car la récompense est grande..."
" Trop tard ! " hurla Jeb alors qu’une lueur dorée, grandissante, se plaçait en écran entre lui et le pentacle.
" Trop tard… " murmura Dous, avec l’air d’un rêveur qui vient de se réveiller.
" Trop tard… " gémit Vil, et il tendit les mains comme pour se protéger le visage.
" Trop tard ! " confirma Barel, et la mort dansait dans ses yeux.
Et le pentacle vola en éclats sous la pression venue de l’intérieur, et puis tout ne fut plus qu’une gigantesque explosion. Quelque chose de noir et de blanc, de rouge et de bleu, de vert et de violet, d'orange et d'indigo, de multicolore et en même temps tellement sombre, quelque chose qui vous explosait dans la tête et vous laissait extatique, quelque chose d’ancien et d’inquiétant, quelque chose de neuf et d'exultant, la naissance du monde, la fin du monde, quelque chose qui jamais n’aurait dû exister, quelque chose qui peut être n’avait jamais existé. Puis cela cessa.

L’armoire, contre le mur nord, grinça, puis tomba lourdement, soulevant un nuage de poussière.
Mahlin cligna des yeux. Il était vivant. Comment pouvait-il être vivant ? Il avait vu la mort, il l’avait vue. Il l’avait vue ! Elle était telle que le barde l’avait décrite, si belle et horrible à la fois, avec sa faux étincelante et son rire éclatant. Il ne pouvait pas être en vie.
Il agita la main pour dissiper la poussière qui lui masquait la vue. Une pierre se détacha du plafond et tomba à quelques pas de lui. Oui, il était en vie. Mais il ne le serait pas si le plafond s’effondrait sur lui. Shani, ou était Shani ? Aarel ? le maître ?
Les chasseurs ?
Il parcourut la pièce du regard. Rien ne bougeait. Tout le monde avait-il disparu ? Il regarda avec plus d’attention ? Etait-ce une botte, là-bas ?
Il se leva avec difficulté. Oh, son dos ! Oui, c’était bien une botte. Et un pied, et une toge jaune. Jeb, il s’appelait. Oh, sa tête !
Il s’obligea à regarder, tremblant sur ses jambes. Pas de blessure apparente, mais l’homme était tout ce qu’il y avait de plus mort. Et son visage n’était qu’un masque d’horreur.
Mahlin se détourna avec une grimace, et ce fut pour arrêter son regard sur une toge blanche. Puis une bleue, une verte. Tous, ils étaient là. Tous les Chasseurs, étendus sur le sol, avec la même expression d’intense stupéfaction, de terreur superstitieuse. Tous morts. La magie noire. C’était la magie noire.
Il tituba contre un mur et s’y appuya pour s’éponger le front. La chaleur n’avait pas encore complètement reflué. Sa tunique était trempée.
Une toux sèche le fit se tourner brusquement. La toux recommença, puis un bras s’agita. Un bras épais comme ses propres cuisses. Cela ne pouvait être qu’Aarel. Il était vivant ! Et si eux deux étaient vivants…
Shani reposait sur le sol, évanouie comme lorsqu’il l’avait trouvée. Mais son c½ur battait, il en était sûr. Il ne pouvait en être autrement. Il lui souleva la tête, lentement, la gorge serrée.
" Elle va bien. Du moins, elle ira bien lorsque je l’aurai soignée. Rien de cassé, rien d’irrémédiable. "
Mahlin fir volte-face. Barel sortait du pentacle, la démarche hésitante. Il s’appuyait sur son bâton ornementé comme s’il s’était agi d’une canne. Ses beaux habits étaient déchirés en de nombreux endroits, et avaient perdu de leur lustre. A bien y réfléchir, son visage aussi semblait avoir subi des ravages. Quelques rides de plus, ça et là. Rien de flagrant, mais le maître semblait à bout de forces. Il était aussi bien qu’il le fût, après une telle prestation, sans quoi Mahlin se serait interrogé sur son humanité.
" Je n’avais pas le choix " mumura le mage en regardant les corps épars. " Je n’avais vraiment pas le choix. Je m’étais promis de ne plus utiliser cette incantation. Je l’avais juré. "
" Que… qu’est-ce que c’était ? " souffla Mahlin, redoutant déjà la réponse.
" Il vaut mieux que tu ne le saches pas… pour l’instant. Peut-être plus tard, même si je doute que tu disposes jamais d’assez de pouvoir et de connaissance pour l’utiliser. Non que je te souhaite de te retrouver dans une situation où il te faille l’utiliser. C’est assez… désagréable. "
" Je le crois volontiers… maître " fit Mahlin avant de se laisser tomber sur le sol. Il n’en pouvait plus.
" Je crois que je vais devoir repousser la fin de la leçon, finalement " murmura Barel. Il eut un petit rire. " Si seulement j’avais pensé que ce mage violet pouvait suivre vos traces psychiques, je me serais mieux préparé. " Il engloba la scène d’un geste de la main. " Tout cela n’aurait pas été nécessaire, seraient-ils venus un jour plus tard. " Il hocha la tête. " Ce mage était puissant. Très puissant. "
" Plus encore que tu le crois " fit Dous, apparaissant soudain devant Barel.

Il lui planta un couteau dans le c½ur.
Tu postes vachement vite tes chapitres, mais d'ou tu sorts cette imagination ? Rein que ça, ça m'épate. EN plus, ton récit tient vraiment la route. Continue comme ça
Citation :
Publié par Araktis FleurduLys
Snif je veux pas qu'il meurt
Ata tu sais pas s'il est mort !! Va savoir s'que ca va donner hein

Pi disons qu'il est mort, il faut que les 3 apprennent la magie, eske le Dous va les enseigner, va-t-il sentir chez Mahlin le coter obscur de la for... euh hahum ... le coté Noir de sa magie ?

Mahlin se tapera-t-il la pucelle, Aarel le premier ? les deux ensem... SPAAAAAAFFFFFFFFFFFF !!!!!!!!!!!!

Ayeuuuh mais t'es folle Helnea de m'cogner si fort !!



Pendant un instant j'ai eu peur que Barel ne meurs pas (quoique, c'est pas encore sûr ) ... J'préfère que les trois apprentis découvrent eux même leurs pouvoirs qu'avoir la protection d'un GrosBill comme Barel. ^^
Tin mais y'a trop de points à expliquer là le fait que l'anneau est 800 ans etc alors que le Conseil des Mages est plus jeune bien qu'on ne sache pas de combien . J'veux la suite !!!!!!!!
Citation :
Publié par Araktis FleurduLys
Tin mais y'a trop de points à expliquer là le fait que l'anneau est 800 ans etc alors que le Conseil des Mages est plus jeune bien qu'on ne sache pas de combien . J'veux la suite !!!!!!!!
Obliger il est/etait LE premier des mages, et des tenebres, du noir, de l'obscure ont jaillis les couleurs et la lumiere
J'ai tout simplement adoré.
Citation :
Publié par Araktis FleurduLys
Mais non il a dit que son maître lui avait donné l'anneau !
Mais il semble que cet anneaux date d'avant les <mages> donc en quelques sortes Khorr était le premier <mage> et son maître était une autre entité ?

Aaaaaaaaah j'adore comme c'est vaste

Citation :
Publié par Lady-VanXzadar
J'ai tout simplement adoré.
Un 'tit sourire pitet ?
Citation :
Publié par Grenouillebleue
Je ne savais pas que tu lisais, ça me fait très plaisir

Bon, le chapitre 7 va sentir la rose. Si si, la rose
URL PLEASE !!!
Comme ekios, ayant apprécier ton premier récit, je suis ravie de pouvoir te lire a nouveau

Je viens de voir les 6 chapitres, je me suis dit chouette, je vais les lire doucement, il aura le temps de poster la suite le temps que je lise, je resterai pas sur ma faim comme les autres lecteurs vue que j'ai du retard

Bah..manque de chance j'ai dévorée les six d'un coup

Le 7ieme s'il te plaiiiiiiiiiit < fait écho avec ekios>
<Helnea ouvre sa boite mail>
<Elle voit qu'il y a des réponses au chapitre 6>
<Elle regarde l'heure>
<Elle pense logiquement que le crapaud a mis le chapitre 7 en ligne>
<Elle clique avec frénésie sur le lien>
<Elle ne voit pas le message attendu>

<Helnea est très en colère>
Citation :
Publié par Lyséa
Le 7ieme s'il te plaiiiiiiiiiit < fait écho avec ekios>
<couine en background>

Et viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiteuuuuh Helnea m'a presque rattrapé avec sa casserole !! HEEEEEEEEEEEEEEEEELLLLLP..SHDONG' AIEUUUUUUUUUUUUH !!!
A mon avis il a raconté que son maître lui avait donné l'anneau pour que les Traqueurs croient à la véracité de son sceau. Ca n'a pas marché car il est resté si longtemps éloigné du monde qu'il ne savait pas que la règle de succession avait été abolie.

Mais que fait Aarel, il a laissé Dous donné un coup de couteau ? Qu'est-ce qu'il attend pour l'étrangler !

J'ai commencé ce soir et j'ai tout lu d'une traite, génial, vivement la suite.
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