La nuit tombait sur Aegir. Une silhouette se détachait dans la crépuscule, immobile face au rivage. Sanglé dans une brillante armure dorée, ses cheveux d’un roux incendiaire flottant au vent, l’homme contemplait une dernière fois la mer qui s’étendait à perte de vue devant lui, reflétant les derniers rayons du froid soleil d’automne. «Tant de souffrances, tant de violence», pensait-il, «cela en valait-il la peine ?»
Sa mélancolie n’avait cessé de croître ces derniers temps. Mais peut-être était-ce depuis qu’il avait été intronisé Elu d’Eir, place convoitée s’il en est, mais qui lui semblait maintenant bien vide d’attraits. Il avait supervisé l’entraînement de son protégé, un jeune assassin, mais même cela n’avait pu raviver la flamme. Il sentait confusément l’appel de cette mer, chaque jour et surtout chaque soir un peu plus pressant, pressentait que son cœur était ailleurs, que cette vie ne saurait lui offrir cette excitation, cette fureur qu’il appelait de ses vœux, mais à défaut desquelles il ne ressentait que vacuité, que torpeur.
Certes, maints amis avaient tentés de le secouer, de lui insuffler un peu de cette flamme qui brûlait en eux. Mais, en définitive, cela n’avait fait que lui faire ressentir encore plus vivement combien vaine était son existence.
Jetant un dernier regard derrière lui, vers la cité au loin, un soupira, puis entrepris de mettre à flots le radeau funéraire sur lequel il avait entassé les quelques souvenirs de cette existence. Il enflamma à la flamme de la lanterne qu’il avait déposé à côté de lui les torches qu’il avait disposées aux quatre coins de l’embarcation, puis défit son lourd manteau, le plia soigneusement, et le déposa sur le radeau. «Eir, pardonnes-moi de t’avoir fait défaut. Mes amis, souvenez-vous de moi, et allez en paix.»
Il s’étendit alors sur l’embarcation, posa la tête sur son manteau, et ferma les yeux. Lentement, alors qu’il sombrait dans le néant, il sentit monter en lui la sérénité, cette paix intérieure qu’il avait vainement cherché. «Enfin…»
Des tréfonds de son âme, il sentit monter vers la surface, dans un tourbillon de sentiments inconnus, une nouvelle conscience, jeune, vigoureuse, avide d’existence, d’expériences…
HRP:
Comme vous avez pu le deviner en lisant ces quelques lignes, mon temps sur Midgard/Carnac touche à sa fin. Autant j’aime profondément jouer sur ce serveur, autant Midgard n’a pas su me séduire. La vérité est qu’Hibernia est et reste mon royaume de prédilection, bien plus que Midgard ou Albion ne l’ont jamais été. Je garderai de merveilleux souvenirs du temps passé sur Midgard, et de toutes les personnes formidables (et parfois moins formidables…) que j’y ai rencontrée, notamment les Ghost, avec un acessit spécial pour Lafamine, Narwena et Trogard.
A bientôt sur les champs de bataille!
Fzoul Chembryl, Elu d’Eir
Mort et revenu à la vie sous les traits de Camdae Morchaint, apôtre des ténèbres, Hibernia/Carnac
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