Ecrivains et écosystème éditorial

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Avé JoL !

Derrière ce sujet se cachent deux posteurs, un Français (pour vous servir ) et un Américain. Tous les deux, nous avons le désir de poursuivre la carrière d'écrivain et un premier roman en cours. Ayant l'audace de les juger bientôt publiables, nous commençons à prospecter les agents littéraires (propres au système américain) et les maisons d'édition... Bien que ce soit une première étape différente, nous nous rejoignons à la suivante, d'où le sujet : les relations écrivain-éditeur.

À supposer que vous finissiez un livre (yeah!) et qu'un éditeur vous retienne pour publication (vous plaçant, d'après maintes sources, parmi les 0,001% d'élus à qui est épargné le juste châtiment de leur impudence : misère et désespoir), tout commence... Citons le contrat à évaluer sans agent côté français, les corrections du manuscrit, le choix de couverture/titre, l'arrêt de la date de publication, du nombre d'exemplaires à tirer, le marketing...

À ce sujet, nos recherches nous révèlent un tas d'informations... contradictoires ! Par exemple, que doit contenir un contrat ? Quelle marge de négociation à propos de quoi ? Au moins, tout le monde s'accorde sur un point : les écrivains débarquent en parfaits ignorants.

Soucieux d'éviter ça, nous recherchons les témoignages directs ! Si JoL abrite des auteurs, éditeurs, éditeurs adjoints, correcteurs, traducteurs, artistes de couv', publicitaires, libraires ?... Nous serions heureux d'avoir vos échos sur le métier, par rapport à l'écrivain si possible, en terrain francophone ou américain (on aura peut-être peu de succès là, mais qui sait ! ).

Certaines questions nous travaillent en particulier. Il y a pas mal d'excellentes sources (voir l'américain Writer's Digest !) mais sans avoir tâté du terrain, ça reste flou. En général, tout concerne le degré de participation de l'écrivain. Sans vouloir faire la mouche du coche, on aimerait "accompagner" un maximum notre travail.
  • Une rencontre ? Est-ce que les éditeurs aiment rencontrer leurs nouveaux auteurs face à face pour discuter du processus, ou la "mode" est-elle aux contrats par poste et-puis-c'est-tout ? L'écrivain doit-il prendre l'initiative, demander une entrevue pour être plus impliqué ? Peut-il toujours participer à des réunions internes qui concerneraient aussi son livre ?
  • La présentation du livre ? Quel mot l'écrivain a-t-il à dire sur la couverture et le titre ? On lit souvent que changer le titre est "la prérogative de l'éditeur" ! Ce serait si discrétionnaire, ou ça dépendrait du contrat ?
Mais il y a plus difficile !
  • Connaissance des marchés... Selon le WD, ce skill est indispensable à l'écrivain qui veut s'insérer dans le processus de publication en faisant des commentaires pertinents. Mais compter le nombre de bouquins de fantasy dans la librairie du coin semble... peu scientifique ? Les libraires publient-ils leurs relevés des ventes ? Des magazines pros à conseiller ?
  • Négociation des droits... On entend souvent "le nouvel écrivain doit se battre pour sa part!" et aussi souvent "le nouvel écrivain n'a rien à dire!" Ces deux écoles de pensée incitent à des réactions radicalement opposées. Jugez plutôt :
Citation :
ÉDITEUR: Je vous offre 1000€ d'avance et 10% de droits sur les ventes.
ÉCRIVAIN: Comment ! J'exige 5000€ d'avance et 18% de droits ! *abat le poing sur la table* (connu comme la défense Louis-Ferdinand Céline)

ÉDITEUR: Je vous offre 1000€ d'avance et 10% de droits sur les ventes.
ÉCRIVAIN: Votre Grandeur a trop de bonté. *sort à reculons, s'inclinant tous les trois pas* (figure dite du compositeur désargenté du XVIIIe siècle)
  • Remaniement du manuscrit... Il y a ce conte d'horreur du petit écrivain qui envoie fièrement sa première tentative, et récupère quelques mois plus tard ses pages... barbouillées de rouge sang. Herm - sans compter bien sûr les vraies fautes de langue, à quel point un éditeur impose-t-il des coupes ou des changements de style ? Idem, la question a son importance :
Citation :
EDITEUR: Je vous ai fait une liste de corrections à effectuer.
ECRIVAIN: Impossible, Monsieur; mon sang se coagule. En pensant qu'on y peut changer une virgule. (la célèbre parade Cyrano de Bergerac ! les plus vifs privilégieront la technique Gustave Flaubert.)

EDITEUR: Je vous ai fait une liste de corrections à effectuer.
ECRIVAIN: Grand merci. Je vous reviens dans 3 mois et 1200 heures de remaniements. (ou l'épidermique réaction Honoré de Balzac)
  • Le marketing? Enfin, pour la publicité... il paraît qu'il y a un juste milieu d'implication à trouver. Selon certaines sources, le marketing personnel de l'écrivain doit commencer avant même son premier bouquin (!), par le merveilleux biais d'Internet. Est-ce mauvais, mauvais de n'avoir aucune visibilité d'avance ? Surtout, un écrivain allergique à Facebook comme à Twitter serait-il mis en demeure de créer des comptes ? (Ou recevrait-il la pleine assistance du service informatique pour se créer un superbe petit site web... )
Bref ! Nous serions ravis d'avoir des échos. Quelle est votre position dans la chaîne du livre ? Comment se présente le secteur ces jours-ci ?
Message supprimé par son auteur.
Hello,

- Dans la plupart des cas les éditeurs rencontrent leurs auteurs en face à face et il y a pas mal d'échanges. Surtout lorsqu'il s'agit d'un nouvel auteur. L'éditeur prend un risque en le publiant et il fait rarement ça à la légère.

- Ça varie d'une maison d'édition à l'autre. Je pense qu'un petit éditeur sera plus enclin à la discussion, tout simplement parce qu'il accorde plus de valeur au livre (et à l'auteur) qu'il édite, puisqu'il en publie moins qu'un gros éditeur. Une grosse maison privilégiera le plus souvent sa ligne graphique, pour pouvoir fondre le bouquin dans une de ses collection, tout simplement.

- Connaissance du marché... Plus que le nombre de bouquins, il faut être au courant des tendances (ex : en ce moment les vampires dans la littérature ado).

- Négociations des droits : je ne veux pas te décourager, mais un nouvel auteur peut rarement espérer toucher un à-valoir (les 1000€ d'avance dont tu parles dans ton exemple), encore une fois parce que c'est trop risqué pour l'éditeur. Mais encore une fois (eh bien) cela dépend de la taille de la structure dans laquelle le livre est édité. Et 10% de droits... Les éditeurs essaient de les baisser à 8%, ces derniers temps.

- remaniement du manuscrit : en fait, il s'agit de comprendre si l'éditeur est bien en train de corriger ce qu'il considère comme des erreurs/maladresses de langage ou si il essaie de réécrire un bouquin pour le rendre plus "vendable".

- Un auteur qui écrit sur un blog, anime un compte Twitter, c'est toujours une plu-value. Dans la SF-Fantasy, c'est peut-être un peu plus nécessaire que dans les autres milieux, notamment pour s'intégrer à la communauté d'auteurs (eh ouais). Mais à mon avis il est quand même possible de s'en passer.

Sinon, en bonus, sachez que les éditions Bragelonne ne lisent (pratiquement) jamais de manuscrits (ils font beaucoup de trads d'auteurs américains qui marchent). Tournez-vous plutôt vers l'Atalante, Bélial, Moutons Electriques, des petits éditeurs bien ciblés. Mais ça dépend aussi de quel est le degré de "fantasy" de votre bouquin.
Citation :
Publié par Jusquiame
Coucou, je n'ai réponse qu'à une de tes questions, qui fera l'effet d'une goutte d'eau dans l'océan, mais c'est toujours ça.

Pour le titre de ton livre, c'est une discussion entre toi et l'éditeur. Par contre, pour la couverture, tu n'as absolument pas ton mot à dire. On te l'impose :/.
J'en avais discuté avec une jeune auteur de livres pour ados qui, lors de la première édition d'un de ses bouquins avec une couverture qui lui plaisait beaucoup et qui collait à l'histoire, avait constaté que les ventes marchaient bien. Mais lors de la réédition, avec une couverture beaucoup plus enfantine et à côté de la plaque, les ventes du livre stagnaient.
Vraiment dommage !
Ha wé tien je ne savait pas cela, enfin ça ne me surprend pas quand on voit certaine illustration de bouquin, y en à pas mal que je n'aurais jamais lu, si je n'avait pas fait abstraction de la couv'. Mais je pense que cela ce négocie aussi, tout dépend de la maison d’édition, et de l'interlocuteur en face de toi.
Salut,

Sympa ce sujet ! Pour tes questions désolé mais je n'ai pas trop de réponses, mais je confirme pour les couvertures, certaines sont vraiment...horribles (je pense à la première édition de l'Assassin Royal de Robin Hobb avec de la vielle 3d toute moche) et jamais je n'aurais ouvert ce bouquin par hasard.

Par contre pour le 4ème de couverture l'auteur à son mot à dire, un ami à qui le père était écrivain à eut le mot à dire sur le 4ème de couverture d'un bouquin qui sera bientôt publié.
Je plussoie jusquiame, je sais que c'est pas le plus intéressant mais le seul domaine que je connais : la couv a à voir entre l'artiste et l'éditeur "hoh je vous prends ça, ça va bien avec un truc que je publie bientôt". L'auteur n'est pas consulté.
Hello, intéressant ! Alors l'écrivain peut faire valoir son point de vue pour le titre et le 4e de couv', mais moins pour l'illustration... Bon, c'est toujours ça ! Pourtant c'est une partie importante en effet, celle qui attire le lecteur. Il y a peut-être moyen de la négocier selon l'éditeur, alors... En s'y prenant bien à l'avance ?

Merci pour les infos Kanlay ! C'est plutôt rassurant - enfin sauf pour les droits, 8% ? Le salaire de l'écrivain diminue avec les années on dirait ! Selon cet article, tu as raison, et les auteurs ont une des plus petites parts du graphique des gains. Il semblent aussi en concurrence avec leurs propres éditeurs...

Pour la correction du manuscrit, il s'agit bien de savoir si l'éditeur peut remanier de façon discrétionnaire au-delà des fautes de base. Mais en fait, le "veto" de l'auteur à ce niveau doit être donné dans le contrat...

@senta: merci pour l'adresse, je vais éplucher quelques topics !
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