Addiction, quand tu nous tiens

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J'ai relu, il y a quelques jours, l'entrée concernant la cyber-addiction dans le dictionnaire des drogues et des dépendances. La seconde édition, celle de 2004. J'avais rencontré l'un des auteurs à l'époque, lors d'une formation. Un mec intéressant, drôle et cultivé, qui, c'est le cas de le dire, pouvait vous conseiller en riant sur les végétaux à planter dans le jardin de vos beaux-parents, sans craindre les descentes de police. Bref, tout ça pour dire que j'en reprends des extraits, ici en italique graisseux (comme la coiffure de Berlusconi), qui peuvent aussi éclairer une certaine vision de sl.
Pour avoir vraiment l'air de comprendre ce que je lis, je me permettrais d'y ajouter quelques commentaires, qui eux aussi peuvent donner lieu à des explications différentes.


Commençons par une simple définition :

"cyber-addiction : dépendance à l'utilisation abusive, voire franchement compulsive, d'un moyen informatique pour communiquer ou, au contraire échapper à la réalité."

On voit là les deux principales motivations, d'un côté la communication, et de l'autre l'évitement de la réalité. Ce deuxième point est un élément d'addiction plus intense, ou tout au moins celui qui peut créer chez l'individu qui s'y adonne un effet inhibiteur social.

"Les cyberdépendants sont des individus qui, dans leurs efforts pour combler un vide identificatoire, sont à la recherche d'un refuge, d'une échappatoire à la réalité."


Le psychiatre K Goldberg le souligne : "l'addiction internet peut déterminer la négation ou l'évitement d'autres problèmes de la vie courante"


J.G Ballard, grand auteur de SF avait déjà évoqué cette évolution technique : "Pour la première fois l'espèce humaine est capable de nier la réalité et de lui substituer sa vision préférée"

On est alors dans la fuite consolatrice avec perte de l'énergie nécessaire à modifier le réel.
Beaucoup sont les utilisateurs qui affirment qu'en retour l'expérience virtuelle n'a pas été sans avoir une influence sur leur rl. Est-ce toujours pour un bien :

"L'avènement de ce nouveau monde virtuel ne traduit pas simplement une crise profonde de la représentation, mais touche à l'image que l'individu peut avoir de lui-même et modifie le sens de la finalité existentielle."


D'autres points se retrouvent aussi chez les cyberdépendants. On retrouve ainsi ce sentiment de faire partie d'un groupe d'initiés, qui fait bloc, notamment contre les "agressions" des profanes. Certains, même ici, ont essayé de faire le tri entre des utilisateurs qui seraient plus légitimes que d'autres, dans un élan un peu sectaire, selon qu'ils seraient plus habiles, plus méritants, plus assidus. "If you don't have it, you're on the other side" comme chantait K's Choice

"L'activité communicationnelle ou ludique s'engage dans le cadre d'une communauté d'initiés, possédant leur langage propre, leur bagage de connaissances et des représentations du monde identiques, leur commun dénominateur étant bien cette nouvelle "normalité virtuelle".

"Les cyberdépendants décrivent eux-mêmes les trois aspects prédominants de leur vécu :

  • l'idée de communauté (la rencontre "d'amis" on line)
  • la réalisation de fantasmes (adoption de nouvelles personnalités, "pratique" virtuelle de fantaisies sexuelles)
  • le pouvoir (accès instantané à l'information et à de nouvelles personnes)"

On retrouve ci-dessus trois des aspects prédominants, même s'ils ne sont pas exhaustifs. On verra plus loin que dans le cadre qui nous occupe plus particulièrement du monde ouvert, s'y ajoute la reconnaissance narcissique d'une certaine progression de l'expérience.


"La conversation, (l'échange) on-line préserve du contact direct dans le face à face et de la contrainte d'affronter la réalité."

Comme un endroit préservé qui permet de ne pas affronter la réalité, propice aux plus pusillanimes, timides, ou aux trolls bien à l'abri, qui peuvent enfin s'affirmer.


"Dans la catégorie des dépendants du jeu, les grands cyberaddictifs internautes répondent aux critères d'inclusion du DSM IV : avidité, extrême plaisir tiré de l'acte, dépendance, répétition, perte de contrôle.
(Ils) ne communiquent que dans le cadre des espaces de discussion consacrés à ces jeux, et leur manière de vivre est totalement conditionnée par cette activité qui occupe l'essentiel de leur temps."

Les espaces de discussions, blogs et forums consacrés à des jeux sont aussi des éléments s'inscrivant dans l'addiction.


"Pour le cyberinternaute présentant un comportement addictif sexuel, l'univers sans barrière et sans limite d'internet offre le choix et la possibilité d'accéder à ses pulsions et à ses fantasmes les plus intimes."

On retrouve là aussi la possibilité d'échanger une certaine forme de contact, du safe-sex qui préserve de l'affrontement à la réalité et apporte une récompense facilement reproductible.


"Les MMO : la dépendance peut prendre ici la forme extrème d'un investissement passionnel, le sujet délaissant ses autres pôles d'intérêts sociaux et affectifs. Plusieurs éléments y concourent. D'une part, le personnage – l'avatar que dirige le joueur et qui en est une sorte de double – acquiert progressivement habileté, pouvoirs, et une place importante dans la hiérarchie du jeu.
Cet avatar devient une identité de substitution. Cette identité d'emprunt peut elle-même devenir source de prestige et forcer le respect des autres joueurs, et l'on conçoit qu'il puisse devenir de plus en plus difficile de s'extraire du jeu, pour revenir dans le monde réel."


"D'autre part il n'y a pas forcément de fin, particulièrement lorsque des joueurs de toute la planète s'y adonnent. Le sujet demeure préoccupé par ce qui se passe dans ce monde parallèle, où évolue son avatar.Il existe donc, dans ces jeux, un certain effet tamagoshi."

Ni fin, ni fins d'ailleurs, comme nous en parlions récemment. Cette absence de fins en fait précisément un univers addictif, qui peut plus facilement encore se substituer au réel, occuper toute la place dans la durée.


"La socialisation qui existe autour de ces jeux, à travers les forums de discussion spécialisés, est une caractéristique importante et spécifique."

On retrouve là la tendance des groupes à s'enfermer sur eux-mêmes, entre initiés, limitant les possibilités critiques. Forums, blogs, flickr, selon que l'on y participe ou qu'on les parcoure.


"L'expérience confirme que l'étape la plus importante du traitement passe par la reconnaissance de la dépendance."

Alors interrogeons-nous : y passons-nous beaucoup de temps, directement ou dans les extensions ? Y trouve-t-on un refuge ou un réconfort, sorte d'opium du peuple moderne ? Y trouve-t-on une forme de reconnaissance absente ailleurs ? Fréquentons-nous assidûment la communauté, et les critiques de l'activité nous donnent-elles des boutons ? Le réel nous effraie-t-il ? Les fantasmes sexuels que l'on y développe sont-ils liés à ce lieu spécifique ? Admire-t-on notre identité de substitution ? J'en passe. Car au delà d'une vision quantitative de l'addiction, il y a aussi des éléments qualitatifs qui la favorise.
"L'expérience confirme que l'étape la plus importante du traitement passe par la reconnaissance de la dépendance."

Ben, c'est pas gagné ici, lol.

Tout est dit dans ce texte. Je relève le passage qui résume bien le forum JOL:

"L'activité communicationnelle ou ludique s'engage dans le cadre d'une communauté d'initiés, possédant leur langage propre, leur bagage de connaissances et des représentations du monde identiques, leur commun dénominateur étant bien cette nouvelle "normalité virtuelle".

"Les cyberdépendants décrivent eux-mêmes les trois aspects prédominants de leur vécu :

  • l'idée de communauté (la rencontre "d'amis" on line)
  • la réalisation de fantasmes (adoption de nouvelles personnalités, "pratique" virtuelle de fantaisies sexuelles)
  • le pouvoir (accès instantané à l'information et à de nouvelles personnes)"


Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
J'ai relu, il y a quelques jours, l'entrée concernant la cyber-addiction dans le dictionnaire des drogues et des dépendances. La seconde édition, celle de 2004.
C'est réactualisé depuis ? Ce que j'aimerais savoir c'est s'il y a un gène qui prédispose à l'addiction. Pour ma part, j'ai une conduite assez addictive à ce qui me procure un plaisir (ce qui est la base de l'addiction), dont entre autres au fromage, à la lecture et je le fus à SL avant de n'y plus trouver mon compte. A croire que l'addiction à SL (une des cyber-addiction) est circonstanciée et enrayable.
Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
"L'activité communicationnelle ou ludique s'engage dans le cadre d'une communauté d'initiés, possédant leur langage propre, leur bagage de connaissances et des représentations du monde identiques, leur commun dénominateur étant bien cette nouvelle "normalité virtuelle".
C'est assez effrayant ce concept de "normalité virtuelle".
En même temps c'est une "réalité". J'ai souvent l'impression d'être déconnectée, en marge, non avertie, mais m'y coller m’ennuie. Les meshes par exemples, je ne saisis pas ce dont il s'agit, mais est-ce que cela est essentiel à mon expérience SL, j'en doute.[/QUOTE]


Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
Alors interrogeons-nous : y passons-nous beaucoup de temps, directement ou dans les extensions ? Y trouve-t-on un refuge ou un réconfort, sorte d'opium du peuple moderne ? Y trouve-t-on une forme de reconnaissance absente ailleurs ? Fréquentons-nous assidûment la communauté, et les critiques de l'activité nous donnent-elles des boutons ? Le réel nous effraie-t-il ? Les fantasmes sexuels que l'on y développe sont-ils liés à ce lieu spécifique ? Admire-t-on notre identité de substitution ? J'en passe. Car au delà d'une vision quantitative de l'addiction, il y a aussi des éléments qualitatifs qui la favorise.
Tu poses tellement (trop) de questions !
En fait, à toutes je dirais non, aujourd'hui. J'y ai passé beaucoup de temps, pour rien(dans mes premiers mois), je me suis extraite du réel - le temps des connections-, pour y replonger. Il n'y a rien qui me donne un regret. Au contraire, c'est un cheminement parallèle.

En fait, je suis un être innocent et primaire, très terre à terre. La gloriole c'est un truc que je décrypte et ça me désole.

Ceci dit; trop de questions, trop pertinentes surtout. Surtout pertinentes. Dans ce monde d'illusions...
Citation :
Publié par Nuage G
C'est réactualisé depuis ? Ce que j'aimerais savoir c'est s'il y a un gène qui prédispose à l'addiction. Pour ma part, j'ai une conduite assez addictive à ce qui me procure un plaisir (ce qui est la base de l'addiction), dont entre autres au fromage, à la lecture et je le fus à SL avant de n'y plus trouver mon compte. A croire que l'addiction à SL (une des cyber-addiction) est circonstanciée et enrayable.
Il me semble que l'addiction décrite par Fabrice a ses particularités et n'est pas complètement comparable à de l'addiction pour le fromage ou la lecture.

Reconnais-tu le portrait de la "SL addicted" que tu as été dans ce qui est dit?
Citation :
Publié par Nuage G
C'est réactualisé depuis ? Ce que j'aimerais savoir c'est s'il y a un gène qui prédispose à l'addiction. Pour ma part, j'ai une conduite assez addictive à ce qui me procure un plaisir (ce qui est la base de l'addiction), dont entre autres au fromage, à la lecture et je le fus à SL avant de n'y plus trouver mon compte. A croire que l'addiction à SL (une des cyber-addiction) est circonstanciée et enrayable. .
Y'a une troisième édition, mais je ne l'ai pas. Si quelqu'un l'a, il pourra nous dire s'il y a du neuf.
Un gène qui prédispose.... à mon avis c'est plus compliqué, comme toujours, une rencontre de facteurs polygéniques, et l'impact environnemental prédominant.
L'addiction est circonstanciée, c'est clair. Un peu de réel peut troubler tout cela, rendant le virtuel moins éclatant.

Citation :
Publié par Poisson.Soluble
Il me semble que l'addiction décrite par Fabrice a ses particularités et n'est pas complètement comparable à de l'addiction pour le fromage ou la lecture.
Oui et non.
Le principe est comparable, les effets sont divers et les situations sont de toute façon personnalisée.
Toute chose peut être l'objet d'une addiction. Et les entrées du dictionnaire sont nombreuses (je ne l'ai pas sous la main, mais il ne m'étonnerait pas que le chocolat y figure). Platon a même fustigé l'addiction à l'écriture. Bon, il est certain que certaines addictions sont plus puissantes que d'autres.

A la base il y a le plaisir, toujours. Pas d'addiction sans plaisir, au moins au début. Après cela peut se poursuivre sur le plaisir ou sur l'absence de déplaisir, c'est selon. Et puis il peut y avoir des bénéfices secondaires pour certaines addictions.

Et toute addiction n'est pas a priori néfaste, ou pathologique. Pour qu'elle le soit, il faut qu'il y ait dommage, ou souffrance si l'on s'en tient à une vision purement individuelle, qui pourra s'élargir au collectif en cas de retentissement social négatif.
Je ne suis pas certain que la proposition de rajouter internet ou d autres addictions qui ne sont pas basés sur des substances ait été retenue dans la classification DSM

La DSM IV n en parle pas ; et pour cause , le terme addiction n existe pas mais dépendance aux substances ( autrement dit la toxicomanie , caféinomanie etc ..)
source :
http://en.wikipedia.org/wiki/DSM-IV_Codes
La DSM V qui est en cours d élaboration ( et qui ne sera pas finalisée avant 2013, donc qui est encore à prendre avec des pincettes ) évoque la conférence de John Saunders mais ne référence pas les comportements addictifs comme des troubles mentaux . Y a t il eu un retour en arrière ?
source
http://www.dsm5.org/ProposedRevision...Disorders.aspx

Dernière modification par redpurple ; 28/10/2011 à 03h24.
Le DSM IV n'en parle pas (d'internet), pas plus que l'entrée du dictionnaire ne dit que l'addiction à internet est classée dans le DSM IV.
En revanche, un parallèle est fait avec le jeu pathologique, qui lui est classé dans le DSM IV dans la rubrique Impulse control disorders.

Maintenant, comme tu le dis, des groupes de travail, dont certains semblent s'être impliqués dans la dépendance à internet (comme un fond de commerce, si on veut être ironique) poussent pour que cela soit reconnus dans telle ou telle classification. Après tout, cela fait partie de la réflexion commune.

A mon avis, il vaut mieux s'en tenir à des troubles du comportement plus généraux. Ce n'est pas parce qu'internet, ou un truc nouveau apparaît que cela doit créer nécessairement une nouvelle classification.
Encore une fois l'objet en lui même n'est pas le problème (même pour les substances) mais c'est le rapport de l'individu à l'objet. Et une addiction n'est pas toujours pathologique (ce n'est pas évident pour tout le monde).
L’avènement de l'internet change profondément notre société.

Comme toute évolution de cette importance, il y a aura toujours des esprits conservateurs ou chagrins pour la diaboliser et faire passer ceux qui s'y adonnent pour des malades. Ce fut le cas en leur temps pour la lecture ou le cinéma. Cela cessera quand l'internet sera vraiment entré dans les moeurs, dans toutes les générations.
Citation :
Publié par Elenia B.
...
Comme toute évolution de cette importance, il y a aura toujours des esprits conservateurs ou chagrins pour la diaboliser et faire passer ceux qui s'y adonnent pour des malades. Ce fut le cas en leur temps pour la lecture ou le cinéma. Cela cessera quand l'internet sera vraiment entré dans les moeurs, dans toutes les générations.

En langage courant on dit des réfractaires, en psycho cela s'appelle de la neophobie.
Citation :
Publié par Elenia B.
L’avènement de l'internet change profondément notre société.

Comme toute évolution de cette importance, il y a aura toujours des esprits conservateurs ou chagrins pour la diaboliser et faire passer ceux qui s'y adonnent pour des malades. Ce fut le cas en leur temps pour la lecture ou le cinéma. Cela cessera quand l'internet sera vraiment entré dans les moeurs, dans toutes les générations.

Il est certain que les discours simplistes tentent de diaboliser internet (entre autres). Cela peut être par ignorance, par bêtise ou par stratégie. Ainsi, si on les écoutait, internet serait en passe de créer des hordes de décérébrés, de populations sous contrôle, de faire disparaître la vraie information.....
Ceci étant le discours purement angélique et enthousiaste est aussi caricatural.

Car si l'objet en lui-même ne crée pas les cas pathologiques, qui existaient avant son émergence, il en sélectionne un certain nombre, en facilitant par ses caractères propres des modes d'expression particulier. En gros, internet, ou SL, pour ce qui nous occupe, déploient une niche écologique où peuvent s'ébattre une certaine catégorie de timbrés.
Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
... On retrouve ainsi ce sentiment de faire partie d'un groupe d'initiés, qui fait bloc, notamment contre les "agressions" des profanes. Certains, même ici, ont essayé de faire le tri entre des utilisateurs qui seraient plus légitimes que d'autres, dans un élan un peu sectaire, selon qu'ils seraient plus habiles, plus méritants, plus assidus.[/FONT]
pourquoi "ont" essayé ? non seulement "ils" ont essayé, mais "ils" l'ont fait, "ils" ont réussit, et "ils" continuent allègrement à le faire sans être inquiétés

Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
...On retrouve là la tendance des groupes à s'enfermer sur eux-mêmes, entre initiés, limitant les possibilités critiques. Forums, blogs, flickr, ...
limitant voire annihilant totalement, comme c'est le cas ici, la moindre tentative de critique
Je suis une addict aux jeux video et en ligne et ce, depuis des années...

Parce que je suis insomniaque, que durant longtemps je passais mes nuits à lire et puis les jeux videos sont arrivés et j'ai adoré.

A une période de ma vie j'ai souffert une véritable phobie sociale qui a duré deux ans... Je ne voulais plus voir personne, la moindre présence près de moi me rendait malade... C'est là que je suis entrée dans SL parce que je suis une personne plutôt extravertie, j'aime communiquer, partager et que mon enfermement me faisait souffrir.

Donc Sl était un excellent moyen pour arriver à continuer à avoir une vie sociale sans pour autant avoir de contact avec les gens...

Je suis sortie de cet enfer, repris mes activités journalières et il y a beaucoup moins de temps pour SL qui a beaucoup perdu de son attrait du fait que j'ai retrouvé mes amis, ma famille...
Il reste le côté créatif que j'aime beaucoup, mais j'ai peu de contact avec les autres "résidents".

Mais la nuit quand tout le monde dort, je suis très souvent le nez derrière un écran, parce que les heures sont très longues dans ces moments là et que je me sens très seule...
Je ne peux plus m'en passer.
Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi
Car si l'objet en lui-même ne crée pas les cas pathologiques, qui existaient avant son émergence, il en sélectionne un certain nombre, en facilitant par ses caractères propres des modes d'expression particulier. En gros, internet, ou SL, pour ce qui nous occupe, déploient une niche écologique où peuvent s'ébattre une certaine catégorie de timbrés.
Oui finalement ce qui importe ce n'est pas vraiment l'objet de l'addiction, mais la fréquence à laquelle l'utilisateur utilise cet objet. La fréquence, la relation, le lien à l'objet, toussa...C'est de là que doit partir la reflexion.
Citation :
Publié par Poisson.Soluble
Reconnais-tu le portrait de la "SL addicted" que tu as été dans ce qui est dit?
Non.
Je ne me reconnais pas, par exemple dans cette définition.
"Les cyberdépendants décrivent eux-mêmes les trois aspects prédominants de leur vécu :

  • l'idée de communauté (la rencontre "d'amis" on line)
  • la réalisation de fantasmes (adoption de nouvelles personnalités, "pratique" virtuelle de fantaisies sexuelles)
  • le pouvoir (accès instantané à l'information et à de nouvelles personnes)"
Je n'ai pas rallié de communauté, mais j'ai eu des "amis" qui n'ont que très rarement interagis.
Je n'ai pas réalisé de fantasmes, sachant pertinemment (ou malheureusement, diraient certains) que je communiquais avec d'autres êtres humains pensants.
Je n'ai pas cherché à m'établir en leader.

Je parle au passé, car ta question fait référence au passé (car je parlais bien au passé, mes connections sont désormais épisodiques).

Par contre :
"cyber-addiction : dépendance à l'utilisation abusive, voire franchement compulsive, d'un moyen informatique pour communiquer ou, au contraire échapper à la réalité."

J'ai sans doute frôlé l'utilisation abusive, quand j'y repense.
Mais j'avais pour moi, de le faire parce j'étais submergée par le relationnel réel (pas forcément rigolo), d'avoir analysé, jugé utile et accepté que cet échappatoire était une façon agréable de dériver, de converser légèrement (ou de théoriser) avec des personnes qui ne voient que l'instant (même dans les relations suivies) sans être alourdies du poids de leurs propres peines, et sans subir les miennes.
Au demeurant, j'imagine que c'est la même chose pour les habitués dans un bistrot.

Citation :
Publié par Yasujiro-Ozu
Audacieuse comparaison, mais de bon aloi ...
J'adore ta contribution au débat. Il fallait que de te le dise. Et la suivante aussi. Quel talent !

Citation :
Publié par Lundrah
Je suis une addict aux jeux video et en ligne et ce, depuis des années...

Parce que je suis insomniaque, que durant longtemps je passais mes nuits à lire et puis les jeux videos sont arrivés et j'ai adoré.

A une période de ma vie j'ai souffert une véritable phobie sociale qui a duré deux ans... Je ne voulais plus voir personne, la moindre présence près de moi me rendait malade... C'est là que je suis entrée dans SL parce que je suis une personne plutôt extravertie, j'aime communiquer, partager et que mon enfermement me faisait souffrir.

Donc Sl était un excellent moyen pour arriver à continuer à avoir une vie sociale sans pour autant avoir de contact avec les gens...

Je suis sortie de cet enfer, repris mes activités journalières et il y a beaucoup moins de temps pour SL qui a beaucoup perdu de son attrait du fait que j'ai retrouvé mes amis, ma famille...
Il reste le côté créatif que j'aime beaucoup, mais j'ai peu de contact avec les autres "résidents".

Mais la nuit quand tout le monde dort, je suis très souvent le nez derrière un écran, parce que les heures sont très longues dans ces moments là et que je me sens très seule...
Je ne peux plus m'en passer.
Ce n'est pas pareil, mais c'est pareil.
Citation :
Publié par Fabrice Tebaldi

Commençons par une simple définition :

"cyber-addiction : dépendance à l'utilisation abusive, voire franchement compulsive, d'un moyen informatique pour communiquer ou, au contraire échapper à la réalité."
Pour commencer, nous sommes combien à l'heure actuelle à utiliser ce moyen, ne serait-ce que dans le cadre de notre job ?
Après rien d'étonnant à ce que l'on soit cyberdépendants à tout le reste...
Et perso, ça ne me dérange en rien. On vit avec notre temps... ou pas

Faut juste pas ne pas oublier de prendre l'air et communiquer avec nos semblables faits de chair et de sang.

Bref, l'un n'empêche pas l'autre.

vallys addited since ...
Fut un temps où j'étais sans cesse plongée dans les bouquins, maintenant Internet libère de la place dans mes bibliothèques et du temps dans mes recherches.
Même si j'y passe beaucoup (sans doute bien trop) de temps, les 2 ne sont pour moi que des outils. Je ne me sens pas dépendante sur le seul fait de consulter systématiquement cette gigantesque encyclopédie informatique chaque fois que j'en ai besoin (cuisine, itinéraires routiers, recherche d'infos diverses), d'y partager quelques passions sur divers fora, d'y papoter avec famille et amis, d'y regarder des films et écouter de la musique, d'y consulter les informations nationales et internationales, ou d'y avoir remplacé scrabble et monopoly par quelque jeu en ligne.

Mon ordinateur est un peu comme un robot ménager, là où il fallait 10 outils je n'en ai plus qu'un qui fait tout ce dont j'ai besoin, normal que j'y sois appelée plus souvent.
Citation :
Publié par Loee
Mon ordinateur est un peu comme un robot ménager, là où il fallait 10 outils je n'en ai plus qu'un qui fait tout ce dont j'ai besoin, normal que j'y sois appelée plus souvent.
Un robot ménager ne te propose qu'une sorte d'activité, sauf à prendre plaisir à le voir tourner sans intention culinaire. L'outil informatique ouvre sur de nouveaux désirs qui peuvent grignoter l'espace et le temps. Quant à savoir si cette forme nouvelle d'addiction est préjudiciable c'est une autre histoire.

Avec un certain recul dû à mon âge canonique (je rappelle que c'était l'âge minimal de quarante ans imposé aux servantes des ecclésiastiques ) je me souviens que l'introduction de la télévision avait suscité ce genre de discussion et on glosait à l'époque sur le mal insidieux de cet engin maléfique.

Qui se soucie vraiment désormais de cet écran bien inoffensif par rapport aux nouveaux dangers terrifiants de la cybernétique ?
"cyber-addiction : dépendance à l'utilisation abusive, voire franchement compulsive, d'un moyen informatique pour communiquer ou, au contraire échapper à la réalité."

On pourrait voir dans cette définition comme une évidence, ou comme une manifestation de néophobie comme il a déjà été mentionné. Ce serait faire preuve d'une généralisation abusive, ou d'une tentative de justification. Tous les utilisateurs d'internet ne sont pas définis là comme cyber-addictif, voire comme cyber-addictifs malheureux.

En fait la définition laisse la porte ouverte à l'interprétation, à la nuance, ou même aux visions morales différentes.

Je ne reviens pas sur les deux utilités de la chose, à savoir "communiquer" ou "échapper à la réalité". Selon ce que l'on en pense, on pourra trouver cela utile ou néfaste.

Le terme compulsif évoque une utilisation non maîtrisée, une dépendance subie. Sorte de DSK du clavier. C'est plutôt un terme qui pourra être classé négatif par tous. Mais s'il est précisé qu'il y a une utilisation compulsive, c'est précisément parce qu'il existe une utilisation d'un moyen informatique de façon non compulsive, qui pourra aller à tout le monde.

Le terme abusif est plus flou. Qui fixe les limites de l'abus ? Quels sont les retentissements négatifs ? Ils seront sans doute vus de façon différentes selon que l'on vive cette addiction où que l'on en soit le témoin. Car le témoin n'a pas accès au plaisir.

Car si l'addiction pose un problème à partir du moment où il y a souffrance, ou dommage de celui qui la subit, les conséquences sont aussi à mettre en concurrence du plaisir que l'addiction apporte, c'est en quoi la situation n'est pas si évidente qu'elle en a l'air.
Cela peut être aussi un choix que de choisir l'addiction et le prix à payer. Et cela quelle que soit l'addiction.

Le terme abus pose aussi le problème de l'application normative de règles sociales. Selon les circonstances, les époques, les besoins, l'utilité, l'intégration à l'organisation sociale, l'addiction peut renvoyer une image avantageuse ou au contraire dégradante.
Je suis moi aussi dépendant à internet (comme tous ceux qui sont là, probablement), et l'époque me renvoie une image plutôt avantageuse de ce qui pourrait être considéré comme pathologique en d'autres circonstances.

SL entre dans ce schéma, et chacun peut avoir sa définition de l'abus. Et comme Oversaturation :

Citation :
Publié par Oversaturation
Oui finalement ce qui importe ce n'est pas vraiment l'objet de l'addiction, mais la fréquence à laquelle l'utilisateur utilise cet objet. La fréquence, la relation, le lien à l'objet, toussa...C'est de là que doit partir la reflexion.
Voilà.
Ce qui me paraît intéressant dans le texte initial communiqué par Fabrice, c'est moins la notion d'addiction en général, que les particularités de cette addiction-SL qui y sont décrites.
Au fil de la discussion, on noie l'addiction si j'ose dire dans les problèmes généraux d'addictions (ou supposées telles, du genre DSK, les robots ménagers, la TV, le fromage, la lecture, etc.) ou des problèmes annexes (la néophobie).
Or, beaucoup d'éléments pointés dans l'article se retrouvent, selon moi, dans le contenu de la plupart des discussions de ce forum: relisez le message initial!

J'ai l'impression que beaucoup sont dans le déni, comme à chaque fois qu'un article critique SL ou ses utilisateurs.

Je comprends tout à fait le temps passé sur SL si cela permet d'en tirer une ressource financière (style un magasin qui vous permet de gagner plein de sous par mois), une réelle satisfaction intellectuelle ou émotionnelle. Mais est-ce vraiment le cas, sauf exception?

J'ai du mal à comprendre ceux qui ont troqué une "addiction pour la lecture" pour SL. La lecture pour moi est synonyme d'épanouissement intellectuel, donc antonymique avec l'idée d'aliénation. OK, si vous passiez votre temps uniquement dans les collections Harlequin ou les romans photos, j'admets que la transition avec SL, où abondent ce genre de clichés, ait été facilitée. Mais passer de Dostoïevski à Philip Linden, ouais, bof...

Un truc qui me frappe dans le forum, c'est le décalage entre le niveau intellectuel de beaucoup, leurs connaissances et leurs compétences en matière de SL, l'énergie, l'investissement, le temps passé... et la pauvreté émotionnelle, communicationnelle, esthétique... du jeu. C'est là que je me dis qu'il y a quand même pathologie.

Fabrice: "et l'époque me renvoie une image plutôt avantageuse de ce qui pourrait être considéré comme pathologique en d'autres circonstances."
J'suis désolé mais ça fait bien longtemps que SL n'est plus "hype" mais considéré comme ringard, donc il n'y a même pas cette consolation pour l'amour propre. Honnêtement, vous parleriez de vos histoires SL à vos collègues de travail que vous estimez le plus sans craindre le ridicule?
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