Selon des contes très anciens dont nous n’avons aujourd’hui plus que quelques bribes de souvenirs, nous provient une légende. Elle se murmure encore aujourd’hui dans certains villages reculés aux enfants turbulents dans l’espoir de passer des fêtes tranquilles.
Cette légende me fut racontée un jour et je vais vous la transmettre à mon tour.
Le père Noël était assis à son bureau. Il regardait, hagard, la pile de lettre, qui comme chaque année, venait s’entasser sur son bureau. Elles provenaient des quatre coins de l’Althéa. Il savait que chacune d’entre elles contenait les souhaits d’un habitant de ces terres, c’est à dire l’espoir d’avoir un beau cadeau pour Noël.
Hélas, depuis bien trop longtemps déjà elles restaient sans réponse et les cadeaux s'amoncelaient dans ses ateliers, cela faisait bien trop longtemps que plus personne ne méritait la moindre récompense pour ses actes au cours de l’année.
La situation était devenue critique. Ses rennes engraissaient dans leur étable et ses lutins, inactifs, passaient leur temps à boire et à se battre.
Néanmoins, Père Noël était consciencieux, peut être trop, et il allait une fois de plus accomplir ce pourquoi il était là, il allait lire toutes ces lettres.
Ses critères de sélection s’amenuisaient années après années et il n'exigeait même plus une bonne action afin de faire partie des élus, mais seulement ne pas se vautrer dans le sang. Hélas, malgré toute sa bonne volonté, il désespérait de trouver le moindre candidat.
Il tendit la main et saisit une lettre au hasard et il reconnu immédiatement l’écriture de Micka :
«Je ve 1 CimtR+3»
Même si cette arme n’existait pas, l’espace d’un instant il songea à la créer. Une lettre sans mauvaise excuse et sans mensonge était devenu si rare que peut être que d’ici quelques années il songerait à accéder à de telles demandes.
la mélancolie commença à l’envahir et il choisit une autre lettre.
Le papier couvert d’écriture enfantines, décoré de fleurs et de petits coeurs ne lui arracha même pas l’esquisse d’un sourire :
«Bonjour père Noël
Je suis une petite fille très sage et qui fait bien ses devoirs et qui écoute ses parents !
Cette année je ne veux pas de cadeau, mais j’aimerais vraiment te voir au couloir de l’oracle avec une Ancient Blade+3 équipée, et une autre dans ton inventaire, une amulette du héros équipée, et une autre dans ton inventaire, un anneau du gladiateur équipé, et un autre dans ton inventaire, un anneau du Berserk équipé, et un autre dans ton inventaire ainsi que 100 M de pièces d'or. Je t'attendrai avec quelques amis, nous sommes si impatients !!
Comme tu risques d'avoir faim après ta tournée, je t'ai préparé un gros gâteau, c'est pourquoi nous aurons tous de quoi le couper, ne t'inquiète pas de nous voir avec des objets tranchants.»
Toise était presque parvenue à ses fins l’année précédente et il ne tomberait pas à nouveau dans ce traquenard.
La lettre suivante venait de nowayoucansleep :
«Salut,
j’ai attrapé un de tes lutins et je te dis pas ce que je lui fait subir tous les jours et si tu veux le revoir, t’as intérêt à être généreux.
Ci-joint un doigt pour te prouver que je ne rigole pas. Ne t’inquiète pas il en reste encore un gros morceau qui bouge et crie très fort.»
Le père Noël blanchit immédiatement à la vue de la phalange sanguinolente. Il désigna un «volontaire» pour se porter au secours de son lutin ne pouvant le faire lui même, en effet, il devait lire toutes ces lettres jusqu’au bout.
La journée s’écoula au rythme de ses déceptions, il tremblait nerveusement et des tics nerveux lui parcouraient le visage. Il prit une profonde inspiration et se saisit d’une autre lettre :
« Cher Père Noël :
Je me chamaille souvent avec mon petit frère,
il me fait toujours disputer par ma maman,
mais Noel arrive et il rêve d'un cheval à roulette,
j'aimerais beaucoup qu'il le reçoive.
Père Noel était aux anges, il ne prit même pas la peine de finir, il pria les lutins de préparer le chariot et les rennes, ils avaient un cadeau à livrer !
Les lutins stupéfaits mirent un instant avant de réagir, puis ce fut le branle-bas de combat ! Tout le monde courrait dans tous les sens. Certains lutins, ivres, couraient l’air inquiet sans même savoir pourquoi. Ils avaient un peu perdu l'habitude et n'étaient pas très efficaces, mais ils avaient retrouvé une joie depuis longtemps oubliée.
Tout sourire, Père Noël recommença sa lecture, il savourait chacun des mots lentement et arriva au post scriptum.
P.S. Moi je veux le même, mais avec des lames +3 dessus, que je lui mette la haine avant de l'éventrer cette ordure.»
Un calme étrange régna soudainement.
Père Noel lâcha la lettre, il se sentait brisé, brisé, mais bizarrement détendu. Les lutins avaient cessé leur tapage autour de lui, ils le regardaient, sans vraiment savoir pourquoi.
il se leva, passa sa main sur son visage. Au même instant dans l'écurie, les rennes se mirent à bramer. Plus qu'un brame, c'était un cris animal à glacer le sang.
Père Noel se redressa, il fixa ses lutins et leur dit : ''Mes chers lutins, n'arrêtons pas nos préparatifs, ils veulent un Noël, ils auront un Noël".
Ses pupilles étaient injectées de sang et un rictus mauvais déformait ses lèvres.
Un rire lugubre déchira l’obscurité et le père Noël se mit en route.