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J'aimerais donner un autre son de cloche, sur EvE, dans ce débat du témoignage 'mission-astéroïde-rebelote' contre celui 'conflits entre joueurs dans les profondeurs hostiles de l'espace où personne ne t'entends crier'.
Mon témoignage date un peu il est vrai, car j'ai fermé mon compte il y a une bonne année de ça
(et un jeu en ligne peut beaucoup changer en un an), mais je suppose que les même opportunités de s'amuser demeurent.
Pour commencer je dirais qu'un nouveau joueur dans EvE va passer par trois étapes.
La première étape, c'est la découverte
(et le temps de comprendre aussi ). On commence à se fixer des objectifs en voyant les autres joueurs évoluer : je veux piloter ce gros vaisseau, je veux pouvoir me servir de ces gros canons, je veux pouvoir me spécialiser dans ça, et ça, et aussi ça tiens. Au début les compétences montent relativement vite, les objectifs qu'on se fixe
(passer de la frégate au croiseur par exemple) sont atteints sans trop de difficultés, et on pense déjà à la suite.
La seconde étape, c'est la désillusion. On l'a maintenant le bon gros vaisseau qu'on voulait tant, on s'est ruiné pour l'acheter, on a passé des nuits à miner de stupides astéroïdes pour accumuler l'argent
(ou les matériaux pour fabriquer le vaisseau pour les plus dégourdis), alors on a été massacrer sans pitié quelques uns de ces pnjs qui nous menaient la vie dure auparavant, et puis après ? Après on ne sait pas trop, les compétences deviennent tellement longues à entraîner. Les astéroïdes qui rapporteraient plus d'argent, ou les pnjs plus intéressants à combattre se trouvent au loin, dans le profond et froid espace où les alliances tirent à vue sur tous les intrus pour garder leurs précieux territoires.
La troisième étape, tout le monde n'y arrive pas. Certains se sont découragés, ils ont baissé les bras, peut être essayé de revendre le compte
(c'est mal) et sont passé à un autre jeu. EvE ne leur a pas dit quoi faire ensuite, parce que EvE ne vous dira jamais quoi faire. C'est un univers où il appartient au joueur de se fixer des objectifs et des ambitions, et ça tout le monde ne sait pas le faire, parce que tout simplement nous avons l'habitude de voir les autres jeux le faire pour nous et que c'est une habitude dont on ne se défait apparemment pas si facilement.
La troisième étape, disais-je, c'est la révélation. On se découvre un objectif, on se fixe un but. Peut être est-ce alors intégrer une alliance et évincer les intrus ? Ou encore devenir un hors-la-loi et se voir interdire les territoires des empires ? Ou encore négocier habilement les précieux plans de production de matériel haute technologie et en faire le commerce ? Ou encore adhérer à la cause d'une des multiples factions de l'univers, et la servir de son mieux, de quelque façon que ce soit ? Sans compter que la seule limite aux 'professions' est l'imagination des joueurs. J'ai croisé des tueurs à gages, des convoyeurs, des espions
(l'information est le nerf de la guerre), des propagandistes
(la désinformation est l'autre nerf de la guerre ), des reporters, des gourous, des marchands de soda, des bookmakers, des dessinateurs
(les alliances peuvent proposer leur logo aux développeur du jeu, qui l'intègrent s'il leur convient), des poètes, des révolutionnaires, des arnaqueurs, des fous
(très doués dans leur rôle pour la plupart) et des idéalistes.
La force de ce jeu, ce qui a fait que je m'y suis attaché et ne l'ai quitté qu'à regrets, c'est la dynamique politique créé par son univers de joueurs et les multiples interactions et interdépendances qu'il rend possible.
Enfin pour revenir à mon autre son de cloche, mon expérience du jeu s'est entièrement déroulée dans le giron de la faction Caldari, dans un territoire spatial relativement sur et protégé. Mon intérêt allant d'abord à l'interprétation de personnage
(le roleplay donc), j'ai mis en place une petite corporation
(qui n'a jamais compté grand nombre de membres) qui, sous une couverture de fabricant de sodas et compétiteur de Quafe des Gallentes
(la faction historiquement opposée aux Caldaris), trempait en sous main dans de nombreuses affaires louches mais toujours pro-Caldari, ce allant de la simple propagande au financement d'activités terroristes. Ainsi autant dans le cadre d'animations mises en place par les concepteurs du jeu, que dans celui d'événements organisés par des joueurs, nous avions l'opportunité de faire avancer notre petite affaire et de bien nous amuser, et ce sans avoir une fortune colossale, ni une armada surpuissante, et encore moins nos entrées dans les territoires les plus riches
(et les plus dangereux) du fin fond de l'espace.
Tout ça pour dire qu'en fin de compte, il est terriblement réducteur de ne parler d'EvE qu'en parlant de compétences à monter, et de vaisseaux à équiper...
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