Cette année à la fête de la musique 12 cars de CRS, je me croyais revenue plus de 20 ans en arrière, ça faisait plus de 20 ans que je n'avais pas vu ça. Rien de tel pour créer le climat dans une ville où il n'y a jamais eu le moindre problème à la fête de la musique. Ahhh, mais on sait jamais si d'aventure tout à coup il y avait je ne sais quelle agitation, faut bien 12 cars de CRS.
n'importe quoi ,t'habite dans quelle ville ,un petit patelin perdus? ,me dit pas paris ou une grande ville ,car la fete de la musique est classé a risque par les forces de l'ordre ,tu critique leur presence ,alors si un jour tu es agressé tu auras aussi le courage de ne pas aller leur demander de l'aide
"Le Point" - 29 Juin 2001
Dossier de Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé, Ugo Rankl et Olivia Recasens
La Fête de la musique, "un des moments les plus chauds de l'année", selon les RG. L'édition 2001 n'a pas dérogé à la règle. Elle a été émaillée de nombreux incidents, parfois graves,
Il est 23 heures environ, boulevard Richard-Lenoir à Paris. Une trentaine de jeunes âgés de 14 à 15 ans avancent en ligne vers la place de la République, où la foule devient vite compacte, presque impossible à pénétrer. Qu'importe... La bande se jette sur les gens qui, terrifiés, tentent de s'écarter comme ils peuvent. C'est une violence gratuite. Des femmes et des enfants prennent des coups de reins et de coude, des hommes des coups de tête. Personne ne réagit. Personne ne comprend. Où vont-ils ? Eux-mêmes ne le savent pas. Ils veulent simplement avancer, se mesurer aux autres, les terroriser... Un groupe de motards tente de résister. Des coups de casques pleuvent. La bande se disloque.
Eviter à tout prix la confrontation directe avec ces bandes, telle serait la consigne donnée sur le terrain aux policiers. "La hantise, c'est l'émeute, la casse, explique un haut fonctionnaire de la police parisienne. On est dans le politiquement correct. Un CRS qui frappe un gamin, c'est une image épouvantable de la police qui est donnée, même si le même gamin a agressé une passante au cutter pour lui voler son portable. Cette retenue laisse supposer que nous avons peur. Notre hantise à nous, c'est de nous retrouver isolés au milieu d'eux. Si on se retrouve pris au piège, on se fait dépouiller. On est laminés."
Trois heures, la Fête de la musique résonne encore. Au commissariat du 4e arrondissement de Paris, une dizaine de gamins ont les mains attachées dans le dos par des bracelets en plastique. Les plus âgés ont 13 ou 14 ans. Ils sont soupçonnés d'avoir agressé des passantes et provoqué de la casse dans le secteur du Marais. Mais sont très vite libérés, compte tenu de leur âge. Les dix gamins sortent en insultant les policiers. Un agent excédé siffle entre ses dents : "Attends d'avoir 18 ans". Quelques minutes plus tard, la radio de la police signale de la casse au niveau du 59, rue de Rivoli. Il s'agit des mêmes gamin
A Paris, la fête sur un baril de poudre
Pour que l'on puisse dire que la Fête de la musique s'est bien passée, les pouvoirs publics déploient un dispositif impressionnant.
Reportage au QG de la préfecture de police.
Par Christophe Labbé et Olivia Recasens
"La météo est excellente. C'est une mauvaise nouvelle." Jusqu'au bout, Pierre Mure, directeur de l'ordre public à la préfecture de police de Paris, aura croisé les doigts pour qu'il pleuve le soir de la Fête de la musique. Peine perdue, le ciel bleue dont bénéficie la capitale a incité des dizaines de milliers de Parisiens à descendre dans la rue pour profiter de 200 concerts. "Ce qui nous préoccupe le plus, ce sont les mouvements de panique qui peuvent être déclenchés par un incident bénin, et les agressions par les bandes de banlieue qui vont venir cette nuit sur Paris, continue Pierre Mure. Nous avons mis en place un dispositif pour être prévenus de toute arrivée suspecte."
Depuis la veille, les directions départementales des Renseignements généraux ont transmis des notes d'information au préfet de police pour signaler quelles bandes étaient susceptibles de déferler sur Paris lors de la Fête de la musique, en empruntant quelles lignes SNCF et RER. Près de 200 policiers ont été spécialement chargés de surveiller les stations de métro "sensibles" : Châtelet, République... "On vient justement de nous avertir de l'arrivée prochaine, en gare Saint-Lazare, de 35 individus suspects en provenance des Mureaux. Un comité d'accueil a été préparé."
L'ordre, ou du moins son apparence, doit régner ce soir-là. Il y va de l'image d'une ville qui reçoit 28 millions de touristes par an et qui, après avoir fêté dans la liesse "sa" Coupe du monde de football, postule pour les Jeux olympiques de 2008. Sur le terrain, 1 700 gendarmes, policiers et CRS sont déployés pour éteindre le moindre début d'incendie, pour que l'on puisse dire une fois encore : la fête s'est bien passée.
Le jeudi 21 juin, dans le "bocal", comprenez la salle d'information et de commandement, un QG ultramoderne caché au deuxième sous-sol dans les entrailles de la préfecture de police de Paris, c'est l'effervescence. On se croirait dans le poste de pilotage d'une centrale nucléaire, si ce n'est que ceux qui ont pris place derrière la vingtaine de pupitres truffés d'ordinateurs à écran tactile, de moniteurs vidéo et de systèmes de communication ont pour mission de faire en sorte que l'on puisse dire : la Fête de la musique s'est bien passée.
Trente-deux caméras commandées à distance transmettent en direct les images des points "chauds" comme République, Denfert-Rochereau, Bastille ou Saint-Michel. A 20 heures, un policier en tenue égrène les premiers "comptages" à partir des informtations données en temps réel par les RG : "3 500 personnes à l'Hôtel de Ville, 2 500 aux Invalides, 6 000 à la République, 20 000 à la Concorde..."
20 h 30, le chef de salle et son adjoint ont étalé sur la table une grande carte d'état-major. "On signale un début de concert place Vauban", indique un fonctionnaire en tenue. Le concert sauvage est aussitôt ajouté sur la carte. Dans la salle où aboutissent les appels du "17", on en est déjà à 1 229 SOS, contre 600 en moyenne. "Agressions, bagarres, violences... ça a commencé à 16 heures, avec la chaleur et le soleil, on va vite atteindre les 1 600", explique une jeune standardiste en uniforme. "Les appels reçus ici nous donnent un peu le pouls de la soirée", précise Pierre Mure.
21 h 30. "On nous signale deux groupes de 300 et 600 jeunes qui se dirigent vers la place d'Italie. Les RG disent que ce sont des raveurs", lance un gendarme. "On peut les voir ?" interroge le chef de salle. Aussitôt apparaît sur l'écran la place d'Italie, où l'on distingue effectivement des grappes de jeunes qui convergent vers le concert techno. Il est 22 heures : "On a des vols de portables, vols à l'arraché, vols avec violence. Ça s'échauffe aux Halles. On va encore avoir des échauffourées", préviennent les deux RG en communication radio avec leurs onze équipes qui sillonnent la capitale, à pied ou à moto. "Opéra-Bastille, ça bouge pas mal aussi", indique un policier, en désignant l'image transmise par les deux caméras juchées sur la colonne de Juillet, place de la Bastille.
Treize minutes plus tard, une fréquence radio crépite : "Invalides : 60 jeunes viennent de sauter les portiques", avertit le représentant de la SNCF en liaison avec son PC installé porte de la Chapelle. "On ne sait pas d'où ils viennent. Ils sont sur les voies. Très excités. Ils vont sans doute venir chez toi", ajoute-t-il à l'attention de son homologue de la RATP, un brun à grosse moustache qui contacte aussitôt la station : "Je vérifie." A 22 h 15, nouvelle alerte : "RER A, une centaine de JV. - Où ça ? demande un gendarme. - Ils sont à Noisy-le-Grand, armés de battes de base-ball", répond l'agent de la RATP, qui communique avec son état-major. - Un signalement ? - Type africain."
22 h 30 cette fois, c'est à Sevran. "Ça s'agite beaucoup, des jeunes qui bousculent tout le monde sur leur passage", indique l'homme de la SNCF, avant de lâcher dans un soupir : "Ça y est, ça commence..." "Où on en est avec le groupe de Noisy ? s'inquiète le chef de salle. - On ne sait pas où ils sont descendus", répond le représentant du métro. Un des RG se déplace jusqu'au pupitre SNCF. "Là, faudrait savoir. S'ils cassent sur Noisy, c'est triste à dire, mais on s'en fiche, ce soir. Par contre, s'ils cassent sur Paris, c'est notre problème." Le moustachu de la RATP s'éponge le front. "Pour l'instant, pas d'affolement, tempère le RG. On va simplement les considérer comme des jeunes à risque."
Il est 22 h 40, la cellule gendarmerie annonce "40 à 50 JV au 162, rue Saint-Jacques". Quelques minutes plus tard, un gendarme précise : "Ils sont une centaine et ça se passe maintenant place Edmond-Rostand." "On les a repérés, on les suit", lance l'officier qui pilote les escadrons de gardes mobiles. Mais déjà les jeunes en question se sont dispersés. "Ce sont des bandes qui coagulent à un moment puis se défont aussi vite qu'elles se sont créées", commente le RG. "Un coup de feu signalé à Saint-Michel, avertit soudain la cellule gendarmerie. - Confirmez ! - crie le chef de salle. Tout le monde se met à pianoter sur les écrans tactiles. Les téléphones des commissaires d'état-major s'affolent. Quelques minutes plus tard, l'information est démentie. "Ce sont des pétards..."
23 heures. "Dégradations à Goussainville", crépite la radio sur le pupitre SNCF. Mais ça n'intéresse personne. "50 à 60 jeunes station Luxembourg", enchaîne une voix sur la fréquence RATP. "Ils seraient 30 à l'intérieur de la station. Ils font du dégât sur la rame", précise l'homme de la RATP, l'oreille collée au téléphone. "Non, 60, rectifie-t-il. Ils sont en train de casser le train et les passagers." "Les gardes mobiles sont en route", annonce un des PC mobiles disséminés dans la capitale. Le représentant de la RATP tente de calmer le chef de station à l'autre bout du fil : "Les forces de l'ordre arrivent." "RATP, on peut en savoir plus ? questionne un fonctionnaire de la sécurité publique. - Les passagers remontent en surface et les agents se sont enfermés dans un local technique." Un gendarme le coupe : "La compagnie est arrivée. Ils ne voient rien en surface, les JV ont dû repartir. Que disent tes agents ? - Ils refusent de descendre pour voir ce qui se passe sur le quai", répond d'un air désolé le préposé RATP.
La tension vient de monter d'un cran. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent : "Nation. RER A. 150 à 200 jeunes. Une compagnie de CRS prise à partie", prévient le représentant des compagnies républicaines de sécurité. Des renforts sont dépêchés tandis que la sécurité du métro annonce "dégâts importants à Nation et Luxembourg".
23 h 40, sous l'oeil d'une caméra, une bagarre éclate dans le quartier Saint-Michel entre une centaine de jeunes. "Sans doute la bande du RER Luxembourg qui est remontée en surface", analyse un policier en uniforme. "Envoyez une force de police plus une force de CRS !" ordonne le chef de salle. "Si les gens savaient tout ce qui se passe ces soirs-là, ils ne descendraient plus dans la rue", glisse le représentant de la RATP.
23 h 50. "La rave est sous contrôle", annonce un policier en tenue. "Notre crainte, c'était le choc des cultures entre les jeunes des cités et les raveurs qui, normalement, ne se croisent jamais", explique un RG. A minuit, on signale un "blessé important" à Saint-Michel qui est évacué neuf minutes plus tard par les pompiers dans l'un des sept postes de secours avancés. "Il est impossible d'empêcher les petites agressions, encore moins les vols de portables, confie un fonctionnaire. L'objectif qui nous est assigné est d'éviter les scènes de pillage ou de combats de rue." Et surtout ne pas se retrouver avec un mort sur les bras comme ce fut le cas, il y a deux ans, lors de la Fête de la musique après une agression au couteau à Trocadéro.
Passé minuit, les premiers concerts s'achèvent et la foule commence à se disperser. Dans le bocal, les ordres s'enchaînent. "Envoyez une section de CRS pour contrôler la dispersion place des Invalides", ordonne le chef de salle, qui vient de constater sur l'écran la fin du concert. Minuit trente, quelqu'un décompte à haute voix : "Pont de Bercy, encore 600 jeunes, ce sont les raveurs, 200 personnes à République, 50 à Denfert-Rochereau..." "Hôtel de Ville, ils ne sont plus que 200, on maintient le dispositif ?" interroge un policier. "Une quarantaine de jeunes excités partent à pied de l'Hôtel de Ville vers Châtelet", avertit un RG. "Sécurisez la station Châtelet", souffle dans son micro le représentant de la RATP. "Les Noctambus, c'est bon ?" questionne le chef de salle. Allusion au fait que, ce soir, chaque bus de nuit doit être escorté par les agents de sécurité de la RATP. "Deux blessés à Port-Royal", crache la radio des pompiers. "Une bagarre pont de l'Alma. Un blessé et plusieurs personnes interpellées."
Du côté de la SNCF, on se fait du souci. "Le départ des derniers trains de banlieue est une opération à risque", explique le représentant des chemins de fer. "Il y a six ans, des jeunes qui n'avaient pas trouvé de train pour les réacheminer avaient tout cassé à la gare du Nord." Trois cents hommes de la police ferroviaire sont donc mobilisés pour accompagner les retours vers les cités. Un peu plus tard, quelqu'un signale qu'un groupe de filles de 13-14 ans vient de monter dans un train en direction de la banlieue, et demande à la police ferroviaire d'assurer sa sécurité. Entre-temps, les compagnies de CRS ont convergé vers ce que l'on appelle dans le jargon policier "le chaudron", c'est-à-dire le quartier des Halles. C'est ici que se regroupent généralement les bandes des cités dans l'attente de la réouverture du RER.
"Je crois qu'on a gagné la partie", commente un fonctionnaire de la PP. Crayon à la main, le représentant des pompiers fait ses comptes : "A 1 heure du matin, on comptabilisait déjà, sur les postes de secours avancés, 133 interventions qui vont du simple malaise à l'agression, auxquelles s'ajoutent 229 personnes traitées dans les centres de secours habituels. En tout, ça fait 10 blessés graves." Il pose son crayon. "On a surtout eu des points chauds : 40 blessés devant l'Assemblée nationale, 18 à l'Hôtel de Ville, 13 dans le 5e arrondissement, 60 victimes à la République..." Et de préciser : "Vu le monde et la météo, ç'aurait vraiment pu être pire." La débauche de moyens déployés par la préfecture de police aura finalement permis que la Cocotte-Minute n'explose pas