En 1789, c'était un râle bol général, venant principalement des pauvres qui a fait naître la révolution. Aujourd'hui nous ne sommes pas dans la même situation et pourtant on s'en rapproche.
C'est faux, la révolution Française a été menée par les bourgeois, et pas du tout par les pauvres... ceux-ci ont peut être participé au mouvement, mais l'idée d'une révolution populaire en 1789 est fausse.
C'était au contraire des individus fortunés, des commerçants qui n'avaient pas leur place dans l'Ancien Régime, et on voit bien qu'ils ont réussi puisqu'ils sont devenus la classe dominante au cours du XIXème siècle.
Pour qu'une révolution éclate il faut qu'un groupe social veuille défendre ses intérêts si intensément que pour cela il doive renverser le régime en place. Bref ça part presque toujours d'une catégorie opprimée ou qui a perdu son statut passé, et qui ressent ses intérêts communs.
En France aujourd'hui, la seule classe sociale qui survit vraiment au niveau du sentiment d'unité et d'intérêt partagé, c'est la bourgeoisie, c'est à dire la classe qui suite à la Révolution domine notre société. Ce n'est peut être plus une oppression par le capital à la sauce marxienne, mais c'est plutôt culturel et symbolique. Pour faire simple, ce sont eux qui réussissent à l'école, qui ont des connaissances dans les domaines valorisés et qui ont un «bon goût».
Et en gros depuis la fin de l'URSS tout sentiment «qu'autre chose est possible» a disparu... ou est alors perçu comme une utopie.
Dans les milieux ouvriers, on ne blâme pas la "société", c'est au contraire à soi-même qu'on s'en prend : l'échec scolaire, l'échec professionnel, sont perçus comme des erreurs individuelles et pas du tout comme le résultat d'une oppression...
Demandez à une femme de 1900 ce qu'elle pense de sa condition en tant que femme au sein de la société, elle vous répondra que tout va bien, qu'elle est heureuse en tant qu'épouse et qu'elle s'épanouit au sein de son ménage.
Posez la même question à une femme de l'an 2000, elle vous répondra que les inégalités entre hommes et femmes sont intolérables, qu'elles en ont marre de la domination des hommes injustifiée dans tous les domaines... pourtant, la femme de 1900 vivait dans une situation bien pire à celle d'aujourd'hui.
Bref, quand on est parfaitement opprimé, on ne s'en rend pas compte, et surtout on n'a pas envie de changer les choses, puisque cela semble naturel et immuable.
C'est très incomplet, mais ces deux petits éléments montrent bien qu'on est loin d'une révolution populaire en France, et même de son idée.
En revanche, ce qui peut susciter de l'enthousiasme, et donner espoir, c'est la construction de l'Europe! C'est la première fois qu'on construit une si grande union autrement qu'à coups d'épée. Il viendra peut être de là, le changement, même si c'est mal parti.
Hélas beaucoup de monde en France s'emploie à diaboliser «Bruxelles» en disant qu'en substance : «C'est pas notre faute, c'est la faute à Bruxelles» «Bouuuh, vilaine Europe qui nous dicte, à nous, français, 70% de nos lois !»...
Je trouve qu'on a bien plus intérêt à essayer de bâtir l'idée d'une société européenne et à clouer le bec aux souverainistes et autres chauvins qui en réalité sont des gens qui ont peur que tout ne soit bouleversé, justement, depuis l'extérieur.