Les réformes que je ferais (ah doux rêves) feraient crier les budgétaires et ceux qui estiment qu'on dépense déjà trop pour l'Education (c'te blague..).
- déjà réduire les effectifs des classes, de manières drastique. Malgré les schémas rassurant du ministère où on voit que la moyenne est de 12,5 élèves par profs en France, ce chiffre cache une étendue beaucoup trop élevée (ah oui faut savoir un peu ce que veulent dire les stats, sinon on se fait berner).
Ce chiffre très bas évoqué par le ministère vient surtout de la pléthore d'options en tout genre qui sont venus se greffer sur les enseignements généraux. Dans ces options il peut y avoir très peu d'élève (dans mon collège, en Latin, il y a 2 élèves par exemple) ce qui fait évidemment baisser la moyenne d'élève par classe globalement.
Mais pour les enseignements généraux, cette même moyenne est trop haute (je crois qu'elle est de 30 élèves par classe ; je ne parle que du secondaire).
Dans l'idéal, je pense qu'une classe de 15 - 20 élèves (maxi) serait bien.
- du coup au niveau des options, essayer de baisser le nombre d'option possible dans les premiers cycles, afin d'acquérir les bases et d'avoir des classes homogènes. Aujourd'hui en primaire on fait plein de truc, je ne suis pas persuadé que sur le long terme ce soit bénéfique (c'est très réac' comme proposition mais tant pis).
Bref, redonner la possibilité des options et des enseignements moins "fondamentaux" plus tard dans la vie de l'enfant, quand il est capable d'appréhender plus de choses et de s'intéresser à plus de choses dans de bonnes conditions (donc vers la 4eme pour les premières options, de langue notamment, et à la fin du collège ensuite).
évidemment il faudrait ensuite définir ce que veut dire "fondamentaux", chaque prof allant défendre ici sa matière...
- rajouter des aides éducateurs pour les élèves en difficulté. Même avec des classes à effectif faible, certains élèves ont trop de lacunes ou trop de difficultés (familiale notamment parfois, sociale ou autre) pour suivre dans un groupe. Ces élèves doivent obtenir des aides particulières, autre que celles offertes par les parents (qui parfois n'ont pas les moyens). Aide aux devoirs aussi...
Ces aides étaient là, dans certains établissements, ces 5 dernières années. Ils ont rendu des services inestimables, aussi bien dans la gestion des établissements que pour l'aide aux élèves. Mais là on ne les a plus...
J'ai assisté cette année au redressement d'une élève qui, motivée, demandait à notre emploi jeune informaticien de 'laider dans ses devoirs de maths, c'est impressionnant le boulot qu'elle a fournit, et l'aide que lui a apporté ce jeune. Franchement c'était génial de voir cette élève en cours.
Ben l'année prochaine, ça ne sera plus possible.
- Former des vrais profs, ça veut dire ne plus recruter des vacataires quand les besoins s'en font sentir et en urgence (ce qui se fait de plus en plus aujourd'hui, ça non plus ce n'est pas souvent su). "Vrai" prof ça veut dire concours + année d'IUFM minimum. Bref, les titulaires d'aujourd'hui.
Du même coup, titulariser les vacataires actuels ayant fait leur preuve.
- Des personnels psychologue / conseiller d'orientation / infirmière dans chaque établissement (pas en permanence mais pas non plus des gens qui doivent gérer 10 établissements). Les problèmes engendrées par la société actuelle laissent des dégats très importants dans les établissements, et les jeunes n'ont pas forcément une oreille attentive pour les écouter.
- rétablir des filières autre que générale pour les élèves perdant manifestement leur temps et ce assez tôt (avec la possibilité de réintégrer ensuite une cycle plus long s'ils le souhaitent : je trouve d'ailleurs la filière seconde pro -> bac techno très bien faite de ce point de vue).
- Du côté des enseignants : plus de contrôle pour qui fait quoi et comment, ça veut dire des inspections régulières (et pas une fois tous les 10 ans), disons 3 fois par an les 4 premières années, 2 fois par an les 5 suivantes, puis 1 fois par an ensuite.
Ces inspections devraient tenir compte de l'établissement où l'on enseigne (on ne va pas juger un prof de la même façon s'il est en ZEP ou dans un établissement sans problème).
Si un problème est rencontré par le prof, pas forcément le stygmatiser mais l'aider au moins au début (je connais des tas de profs qui sont envoyé dans des établissements très durs et qui nerveusement ne tiennent plus au bout de 2 ans. Comment s'étonner ensuite qu'ils fassent passer leur boulot après tout le reste ?).
Bref des inspections qui permettent vraiment de voir ce que fait le prof', dans quelles circonstances, et qui permettent donc une réelle promotion (ou au contraire de réelles sanctions).
On va me rétorquer que les enseignants seraient contre.
D'une part je ne le pense pas, les enseignants étant quand même pour la plupart responsables (les enseignants, sans aucun contrôle, sont quand même très nombreux à faire correctement leur boulot, quoiqu'on dise). Donc qu'ils soient contrôlés ne les gêneraient pas, à condition qu'ils ne le vivent pas, comme c'est le cas actuellement, comme une "épreuve" où l'inspecteur va seulement essayer de faire passer ses idées, sans tenir compte de la réalité.
D'autre part cette "réforme" n'a jamais été mise en place, parce que ça exige évidemment des efforts budgétaires (plus d'inspecteurs, et pas des inspecteurs qui sont là pour dire "moi je pense qu'il faut faire ça...").
- Mettre des primes plus importantes pour les profs qui vont dans des établissements très difficiles. Presque rien n'est fait pour "motiver" des gens à y venir à part un système de point qui permet simplement d'en partir le plus vite possible (ce qui est assez pervers à mon gout). Les profs qui débarquent la bas se disent "bon ok, 4 ans à tirer et après je pars où je veux".
Des primes pharamineuses sont offertes à des profs voulant s'expatrier alors que les conditions sont loin de les valoir. Alors il faut mettre ces primes à ceux qui vont en ZEP et travaillent dans des conditions difficiles (et des vraies primes, pas 15 euros par mois).
- éventuellement renégocier le nombre d'heure d'enseignement en fonction de la matière enseignée. 18 heures pour la plupart des matières c'est bien, mais selon le nombre de niveau qu'on a, ça implique énormément de boulot pour d'autres matières (notamment pour le français). Je serai pour faire baisser le nombre d'heure de classe des profs de français à 15 heures par exemple.
- Les agrégés devraient enseigner qu'au lycée, et avoir les classes les plus difficiles dans leur matières (les terminales et premières S pour les maths, L pour le français...). Rappelons que eux ont 15 heures de cours (ce qui ne se justifie pas pour les agrégés au collège).
Bon voilà, évidemment j'imagine que c'est loin d'être réaliste au niveau budget (encore que..), mais personnellement je crois que si on ne va pas dans ce sens, on a perdu d'avance. Il ne sert strictement à rien d'essayer d'isoler l'éducation et de compter sur la bonne volonté des profs ou des acteurs de l'enseignement pour espérer que tout marche bien.
Pour moi, actuellement on ne va pas dans le bon sens, et j'avoue que je ne comprends pas quand on me répond "impératif économique" alors qu'on parle d'éducation des jeunes. Vraiment, ça me dépasse...
Et celui qui vient me dire "bah c'est totalement irréaliste ce que tu proposes", je lui réponds trois choses:
- d'une part je ne me juge pas capable de dire ce qui est réaliste ou pas dans ce domaine.
- d'autre part je mets juste ce que je crois être bien pour l'éducation des enfants et l'évolution du système (et rien d'autre).
- dernièrement, encore une fois, je ne comprends pas qu'on puisse évoquer des "raisons économiques" dans ce domaine.
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