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Pendant ce temps, à Vera Cruz...
Introduction Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII Chapitre XVII Chapitre XVIII Chapitre XIX Chapitre XX Chapitre XXI Chapitre XXII Chapitre XXIII Chapitre XXIV Chapitre XXV Chapitre XXVI Chapitre XXVII Chapitre XXVIII Chapitre XXIX Chapitre XXX Chapitre XXXI ----------------------------------------------------------------- Theorocle était de mauvaise humeur. Ses doigts pianotaient avec colère sur le trône impérial. Son autre main serrait avec force le sceptre impérial. Ses épaules supportaient le long manteau pourpre impérial. Sur son front oscillait la couronne à trois branches impériale. En nom, en titre, en apparence, il était bel et bien l'empereur. Alors, pourquoi cette impression d'impuissance ? Cela faisait des années qu'il attendait de tenir entre ses mains le pouvoir de l'Empire. Maintenant qu'il avait atteint son but, il lui restait comme un goût de cendre dans la bouche. Les marchands qui piaillaient devant lui ne contribuaient pas à améliorer son humeur. Ils faisaient beaucoup de bruit pour pas grand chose. Comment ces hommes, qui n'avaient pas la moindre goutte de sang noble dans leurs veines, osaient-ils venir l'importuner aujourd'hui ? Grinsher Prattal était le pire. Le maître de la guilde des marchands se comportait comme s'il parlait à un égal, et ses yeux bleu acier ne cillaient pas alors qu'il fouillait le regard de l'empereur. Il y avait une insolence insupportable dans son maintien. Pourquoi n'avait-il pas mis un genou en terre, par exemple ? Tout le monde le faisait, lorsque son père régnait. Et le plus irritant, le plus écœurant, le plus détestable, c'était la manière dont Grinsher évitait avec application de regarder Gundron, à la droite du trône. L'homme ne craignait pas l'empereur, mais il avait peur de son gouverneur ! C'était le monde à l'envers, et c'était insupportable. Theorocle serra les dents. Un muscle bougeait dans sa joue. "C'est pourquoi nous ne pouvons assumer aujourd'hui cette augmentation des taxes" termina Grinsher, un sourire froid aux lèvres. "Il devient de plus en plus difficile de faire venir les marchandises et la nourriture, or vous nous avez ordonné de bloquer les prix pour ne pas que la ville cède à la panique. Nous l'avons fait, mais nos profits sont désormais presque inexistants. Sans compter les pillages et les vols dont nous sommes de plus en plus victimes, depuis que la guerre a commencé" Theorocle fronça les sourcils. Il avait envie de jouer dehors. Il avait envie de se battre. Il voulait marcher à la tête de son armée. A la place, il était cloué au palais à écouter ces stupides récriminations. "Vous êtes en train de me dire que vous ne me fournirez pas les sept mille pièces d'or que je demande ?" s'enquit-il en se penchant en avant. "Votre Grâce" fit l'homme, avec le ton raisonnable d'un professeur admonestant un enfant un peu obtus, "ce n'est pas une question de volonté, mais de moyens. Nous ne pouvons tout simplement pas fournir une telle somme, et encore moins dans les délais que vous réclamez. Veuillez remarquer que nous fournissons chaque année près de douze mille pièces d'or aux coffres de l'Empire, et qu'à titre exceptionnel, nous avons consenti un prêt d'un millier de pièces supplémentaires pour financer votre effort de guerre au début de ce mois. Veuillez noter également que.." Theorocle se leva, pâle de fureur. Personne n'avait jamais refusé quoi que ce soit à l'empereur Marcus. Ils le traitaient comme un gamin ! "Je note ! Je note !" cracha-t-il. "Je note que votre loyauté envers l'Empire n'est qu'une simple façade. Dès lors qu'un effort vous est demandé, vous regimbez comme des chevaux dans les harnais. Pourtant, vous êtes bien contents que mes armées vous protège de la vermine koushite. Vous profitez de nos soldats, mais vous refusez de les entretenir !" Grinsher Prattal ne parut pas s'émouvoir de la colère du jeune homme. Il ne baissa pas les yeux, se contentant d'essuyer ses mains contre sa tunique avec un soupir discret. "Votre Grâce, lorsque nous étions en paix contre Koush, le commerce était florissant. Ce n'est pas nous qui avons déclaré la guerre. Il faut aussi prendre cela en compte. Depuis que les échanges avec les forêts du sud se sont taris, le prix du bois précieux et de l'ivoire s'est envolé. Or, nous…" "Je ne veux pas le savoir !" rugit Theorocle. "Vous allez me trouver ces sept mille pièces d'or avant la fin de la semaine, sans quoi je vous fais jeter dans l'arène pour servir d'entraînement aux gladiateurs. Je suis sûr que le peuple apprécierait de voir un tel divertissement. Ils sont convaincus que vous profitez de la situation et de leur misère pour vous enrichir. Quel spectacle cela ferait, le maître de la guilde en train de trébucher sur ses amples robes de soie…" Cette fois-ci, Grinsher pâlit visiblement. Que ce fût de colère ou d'indignation, c'était difficile à dire. Il ouvrit la bouche pour protester, mais un bruit le fit s'arrêter net. Gundron venait de se lever avec indolence. "Vous devriez vous calmer, Votre Grâce" fit nonchalamment le borgne en souriant à l'empereur. "La journée a été difficile, et vous êtes probablement fatigué. Maître Prattal est un loyal serviteur de l'Empire. Je le sais, et il le sait. Cessons donc de nous disputer. En ces temps difficiles, il faut savoir nous entraider" Si le marchand était parvenu à rester impassible devant la voix furieuse de Theorocle, les paroles douces du borgne suffirent à le faire déglutir avec bruit. "Seigneur, je ne peux tout simplement pas réunir sept mille pièces d'or. C'est impossible, vous le savez, n'est-ce pas ?" Gundron sourit d'un air paternel. "Bien entendu, cher ami. Bien entendu. Il n'est certainement pas dans nos intentions de vous ruiner, ou de gêner votre commerce, d'une manière ou d'une autre." Il leva un doigt. "Cependant, il est certain que nos troupes ont besoin de vivres, et d'équipement, pour continuer à repousser les koushites. Je ne doute pas que la paix eût été profitable mais, maintenant que les choses sont en l'état, nous ne pouvons plus reculer. Si jamais les armées impériales reculent, si jamais l'Empire venait à s'affaiblir, je pense que vous en seriez directement affecté… si vous comprenez ce que je veux dire" Grinsher Prattal essuya la sueur qui perlait soudain à son front. "Je comprends parfaitement, Seigneur" "Parfait. Alors, ne pourriez-vous faire un petit effort, dans un souci patriotique qui vous honorerait ? Un effort, disons…" Il parut réfléchir. "De mille pièces d'or de plus ?" Grinsher ouvrit la bouche, mais il l'interrompit. "Pour la gloire de l'Empire" "Mais…" protesta Theorocle. D'un geste de la main, le borgne le réduisit au silence. Le marchand réfléchissait. Ses mains chargées de bagues s'affairaient alors qu'il paraissait calculer quelque profit invisible. "Je peux trouver six cent pièces d'or avant la fin de la semaine" proposa-t-il. "Six cent feront l'affaire" fit Gundron. "Mais nous aurons une autre discussion prochainement, en privé. J'ai beaucoup de choses à vous dire, maître marchand" Grinsher Prattal n'avait plus l'air aussi vaillant alors qu'il se retirait avec les autres plaideurs, grommelant entre ses lèvres serrées. A peine la porte était-elle fermée sur lui, que Theorocle se levait de son siège et marchait avec fureur vers le borgne. "De quel droit est-ce que vous avez fait ça ?" fulmina-t-il. "Comment avez-vous osé m'interrompre comme ça, et marchander avec ce … cette personne du peuple comme si nous étions des négociants ? Six cent pièces d'or ? Que pourrons-nous faire avec six cent pièces d'or ? Offrir un porte-bonheur à chacun de nos guerriers ?" La gifle vint, sèche et puissante comme un feu dans la pinède. Theorocle recula d'un pas sous la violence de l'impact. Il porta la main à sa joue, incrédule. Les yeux de Gundron n'étaient plus que des fentes sombres alors qu'il s'asseyait confortablement sur le trône à la place de l'enfant. "Maintenant, tu vas m'écouter, gamin, et tu vas m'écouter avec beaucoup d'attention. Depuis que tu es monté sur le trône, tu as fait beaucoup de bêtises. Beaucoup trop de bêtises. La première, et la pire, fut d'avoir emprisonné cet ambassadeur koushite. Maintenant, nous avons une guerre sur les bras, dont nous nous serions bien passés. Et ce n'est pas tout ! Il suffit que je te laisse seul pour que tu fasses empirer les choses. Est-ce que je ne t'avais pas dit ce que tu devais répondre à ce marchand ?" Theorocle fixait ses bottes, maussade. "Réponds, ou je te fends le crâne" "Oui" grommela l'empereur. "Mais…" "Mais rien ! C'est pourtant simple ! Nous avons besoin de ces marchands, nous avons besoin de leur commerce, et nous avons besoin de leur or. Mais ce n'est pas en nous les aliénant tout de suite que nous parviendrons à quelque chose. Il vaut mieux les presser petit à petit, qu'essayer d'un seul coup de presque doubler leur taxe. Ils ont leur honneur, eux aussi. Ils ont leurs codes de guildes. Si jamais ils décident qu'ils pourraient s'enrichir plus facilement en soutenant quelqu'un d'autre que nous, en s'alliant à quelqu'un d'autre que l'Empire, alors nous aurons une insurrection populaire sur les bras. On ne peut tout simplement pas se le permettre pour l'instant. Est-ce que je suis bien clair ? La prochaine fois, c'est la fessée ! "Ce n'est pas ainsi qu'on parle à un empereur !" protesta le jeune homme. "Je pourrais appeler les gardes, et te faire tailler en pièces sur place !" Gundron haussa un sourcil amusé. "Oh ? Et comment espères-tu faire ça ?" Sa bonne humeur feinte s'évanouit en un instant. "Tu n'as aucun pouvoir ici, Theorocle, aucun. Et c'est plutôt une chance, considérant que tu as à peu près autant de jugeote qu'une huître laissée au soleil pendant plusieurs jours. Peut-être que tu t'amélioreras en vieillissant mais, pour l'instant, je n'aurai aucun scrupule à t'écraser comme un cloporte si jamais tu continues à nous empoisonner la vie. La seule chose qui fait que tu es sur le trône, en ce moment, c'est ta légitimité" "Ma… légitimité ?" gémit le jeune garçon, continuant à frotter sa joue. Il ne pleurerait pas. Il était l'empereur, et l'empereur ne pouvait se permettre de pleurer. Gundron leva les bras au ciel en soupirant. "Soit reconnaissant de ta naissance, gamin. C'est grâce à elle que la Maison Griffon est derrière nous, de tout son poids, et que le peuple a confiance en toi. Quelle ironie ! S'ils savaient la vérité.." Il se reprit. "Enfin, toujours est-il que le trône est à toi par le droit du sang, petit. Mais ne t'avise pas de penser une seule seconde que tu as le cerveau pour gouverner." Il surprit le regard furieux du jeune homme, et sourit. "Ne pense pas non plus une seule seconde dire aux Griffons que tu n'es qu'un fantoche. Même s'ils le savent plus ou moins, bien entendu. Mais, si jamais tu faisais une telle bêtise, tu peux être sûr que le soutien des autres Maisons te serait retiré. Déjà, les Lions, les Basilics et les Dragons ne sont que de faibles alliés au mieux. Ils attendent tranquillement le moindre signe de faiblesse de ta part, de notre part, pour frapper" La fureur de Theorocle changea de cible. Il se mit à arpenter la salle du trône de long en large, les mains derrière le dos. Une veine battait à sa tempe. Ces Maisons renégates étaient un sujet de fureur perpétuel pour lui. Elles avaient suivi sans hésiter son père dans ses décisions mais, dès lors qu'il avait accédé au trône, elles refusaient de lui apporter son soutien ? Les trois Maisons s'étaient repliées dans leurs fiefs respectifs, emmenant leurs guerriers avec eux. Le combat contre Koush se révélait d'autant plus difficile. "Ces enfants de putain se sont révélés sous leur vrai jour en nous trahissant" éructa-t-il, furieux. "Je vais les écraser. Je vais lancer mes hommes contre eux, et réduire leurs châteaux en miettes. Je vais les traîner dans cette pièce, et ils comprendront ce que la justice impériale veut dire" "Bien sûr. Toi, et quelle armée ? La moitié de nos troupes se bat à la frontière sud. Le reste est à peine assez pour les décourager, eux, de venir nous écraser, nous" Gundron soupira avec exaspération. Le gamin n'apprendrait jamais à réfléchir avant de parler. C'était peine perdue. Pendant les premiers jours, pendant les premières semaines, il avait été convaincu qu'il pourrait l'amener à comprendre et à renoncer totalement à ses pouvoirs le temps d'atteindre, au moins, sa majorité. Mais le gamin était obstiné et têtu. Qu'il fût également stupide n'arrangeait pas les choses. Theorocle le regarda d'un air boudeur. Sa lèvre inférieure tremblait. Il changea de sujet et d'angle d'attaque. "Et les fuyards ? Rekk, Malek, Shareen ? Est-ce que vous les avez trouvés ? Est-ce qu'on a des nouvelles ? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas envoyé l'armée à Berdol… Bertolt…" Il buta sur le mot, et grimaça. "Pourquoi est-ce qu'on n'a pas assiégé leur château ? Ils se sont enfuis de mes prisons ! Ils ont attaqué le palais ! Ils ont tué des gardes. On ne peut laisser ça impuni, si ?" "Non, on ne peut pas" fit Gundron sombrement. "Si nous avions une armée, encore une fois, nous pourrions faire quelque chose. Mais, étrangement, nous avons encore une fois la guerre koushite sur les bras." Il sourit froidement, pour une fois en phase avec l'empereur. "Rassure-toi, moi aussi, j'ai envie de voir leurs corps se balancer au bout d'une corde. Mais il faut laisser le temps au temps. Nous avons envoyé un émissaire à Château Bertholdton. Normalement, il a dû arriver avant eux. Si jamais ils se sont dirigés par là, ils devraient rapidement être en notre pouvoir" Theorocle hocha la tête, les yeux brillants. "Mais vous ne ferez pas de mal à la fille, n'est-ce pas ?" Gundron haussa les épaules. "C'est Rekk qui m'intéresse. Je te laisse les deux autres" L'empereur resta un instant perdu dans ses rêves de vengeance. Puis, il releva la tête. "Est-ce qu'il y a encore quelque chose à faire ? J'ai envie d'aller voir comment la guerre se passe. Je ne peux pas aller chevaucher avec l'armée vers le sud ?" Gundron sourit avec froideur. Tout serait tellement plus simple, s'il partait au combat et qu'une flèche perdue le tue malencontreusement. Malheureusement, la mort du précédent empereur avait déjà fait l'objet de plusieurs investigations. De nombreuses personnes commençaient à se demander qui pouvait bien avoir empoisonné l'empereur, et qui avait fourni le poison. "Non, Votre Grâce, vous ne pouvez pas. Votre présence est requise ici. Il y a une ville entière à gérer, et un peuple à rassurer" "Ce n'est pas mon rôle" protesta Theorocle. "C'est pour cela qu'il y a un Gouverneur ! C'est pour cela que tu es là, Gundron" Le borgne s'inclina bien bas. "Je fais le travail de l'empereur, votre grâce. A vous de faire celui du gouverneur. En parlant de cela, vous devriez rencontrer les prêtres des différents temples, cet après-midi. Votre journée risque d'être chargée" Il se dirigea vers la sortie avant que le petit empereur n'ait pu formuler une protestation. Lorsqu'il ouvrit la porte, les cris des courtisans et nobles de toutes les Maisons loyales vinrent s'écraser contre lui. Il n'avait pas réalisé qu'autant de monde attendait de voir l'Empereur, certains pour sourire, d'autres pour flatter, tous avec des doléances quelconques. Gundron était un peu inquiet de ne pas être là pour éviter que Theorocle ne dise pas trop de bêtises mais, en même temps, le soulagement l'envahit. Il n'aurait pu rester calme plus longtemps s'il n'était pas sorti de la pièce. Un jour, dans quelques temps, lorsque les choses se seront tassées, il ferait assassiner le maudit gamin. Mais pas maintenant. L'Empire était à la limite de la rupture. Une nouvelle mort diviserait toutes les Maisons et les Provinces entre elles, dans une guerre de successions sanglante et inutile. S'il voulait un jour régner sur l'Empire, ce n'était pas avec des décisions précipitées qu'il y parviendrait. Mandonius avait essayé, mais il avait joué ses cartes bien trop tôt. Un jeu ne pouvait être bon que tant qu'on le gardait dans ses mains. Une fois posé, cela laissait le temps aux autres de s'adapter. Il sourit. Son humeur s'améliorait de marche en marche alors qu'il montait au donjon. Il y avait encore des traces de sang sur les murs et le sol, que même les servantes les plus acharnées n'étaient pas parvenues à nettoyer. Mais il n'y accorda pas une pensée. Son esprit était focalisé sur la lourde porte cadenassée qui allait bientôt lui faire face. Il la connaissait par cœur, cette porte. Il venait ici plusieurs fois par semaine. Les gardes le saluèrent alors qu'il passait. Il les ignora, tandis que la lourde barre d'acier glissait dans les charnières. La porte s'ouvrit. "Eh bien, eh bien, Mandonius, comment va-t-on aujourd'hui ?" Le prisonnier, assis dans un coin de la cellule, ne répondit pas. Il bougea vaguement, et les lourdes chaînes qui lui entravaient les bras et les jambes tintèrent doucement. Gundron grimaça devant l'odeur qui se dégageait de l'homme. C'était le dernier stade de la déchéance humaine, l'instant où l'homme se rapprochait de la bête. Il n'aurait jamais imaginé que le noble orgueilleux et hautain aurait pu se laisser soumettre aussi facilement. Avec une sorte de détachement cynique, Gundron se demanda combien de temps il lui faudrait, personnellement, pour atteindre un tel niveau de décrépitude morale. Un muscle de son cou se contracta alors qu'il décidait de se trancher la langue si jamais il se faisait un jour jeter dans de telles geôles. S'il devait mourir, alors il le ferait avec honneur, et non pas couvert de tiques et baignant dans ses propres excréments. Il pouvait presque sentir les parasites grimper sur sa peau alors qu'il s'approchait de la forme prostrée. "Laisse-moi" grommela Mandonius, se tournant de l'autre côté. Gundron lui envoya sa botte dans les côtes, et l'ancien gouverneur grimaça. "Laisse-moi" répéta-t-il. "Tu as l'air de t'habituer à tes nouvelles fonctions, on dirait" ricana le borgne. "Ta salle du trône n'est pas trop spacieuse pour toi ? Non ?" "Va… t-en" murmura Mandonius. Ses lèvres étaient craquelées par le manque de boisson. On pouvait voir ses côtes saillir sous ce qui avait été un pourpoint de brocard. "Je ne resterai pas longtemps, mon vieil ami. Juste le temps de me rappeler le prix de l'échec" Il resta un instant à regarder la loque devant ses yeux, puis se détourna et referma la porte. Les gardes remirent la barre et les verrous en place. Ce qu'il n'avait dit n'était que la stricte vérité. Il avait besoin de ce genre de rappel. Il avait besoin de se souvenir que le moindre faux-pas le verrait dans un cul de basse fosse, lui aussi. Cela lui permettait de rester concentré. C'était sa petite gourmandise de la journée. |
15/05/2003, 18h26 |
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Grenouillebleue |
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