[Concours] Le stylo d'or SLien de l'été.

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Comme il allait être en bas de page suite à mon retour, je recite le texte de Bodo Carver :

Citation :
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Destination? Dernière sim visitée.

Merde ! Je suis nu, sexe en érection ! Du monde autour de moi. Confusion.
J'aurais du me penser à m'habiller après cette nuit d'orgie avec ma belle. Je fouille frénétiquement dans mon inventaire et j'enfile la première tenue disponible. Lapin bleu. Bof, quitte à se taper la honte, autant y aller franchement.
Autour de moi les avatars m'entourent, ils dansent. Quelques réactions moqueuses dans le chat. Je les ignore. Je clique sur une boule et me mets à m’agiter comme les autres. Une fille me lance un IM, me proposant une danse de couple. Je la regarde, elle est jolie, à moitié nue, bronzée. J’hésite puis je décline. Je deviens trop sensible : ce ne serait que deux entremêlements de primitives sur un écran, un jeu de pixels, et pourtant j’aurais l’impression de tromper celle que j’aime.

Oui, je suis tombé amoureux, bêtement, comme ça. Une rencontre, quelques mots, le courant qui passe instantanément, une complicité immédiate, il n’a rien fallu de plus pour que la magie s’installe. L’histoire semble éternelle ici : deux personnes qui ne cherchent rien, qui ont déjà vécu maintes aventures dans cet univers d’apparences et subitement, toutes leurs certitudes volent en éclat. Evidement ils vivent loin l’un de l’autre, évidement ils ne sont pas libres, évidemment ils vont devenir accrocs et ne pourront plus se passer l’un de l’autre.

Au début, je me suis dit que c’était une passade, que ça ne durerait pas. Le temps a couru, deux ans déjà. Maintenant, elle fait partie de ma vie, au même titre que les gens qui m’entourent.

Le monde est divisé en deux parties : devant et derrière l’écran.
Devant, c’est le domaine du quotidien, de l’ordinaire, le boulot, les soucis, le traintrain.
Derrière, il y a elle, il y a nous. Dès que nous nous retrouvons, tout change, une détente instantanée, une sensation de bonheur immédiat. Elle est ma drogue, mon opium. Avec elle, je parle, je m’ouvre, je vis.

Tout n’est pas simple, toujours. Certains soirs on est moins réceptifs, la fatigue joue, il y a tant de barrières entre nous, un avatar, après tout, ca manque cruellement d’expressivité. Un mot, un silence peut soudain être mal interprété. Ou alors c’est la technique qui n’est pas au rendez-vous. Déconnexion, panne de courant, mises à jours malheureuses du programme, soudain le lien est rompu.

Mais cela ne dure jamais et nous nous retrouvons vite. Nous explorons, nous jouons, nous dansons. Nous parlons beaucoup. Nous nous sommes créé notre petit domaine, notre port, notre point d’attache, notre coin de beauté à nous. La seule frustration, c’est de ne pouvoir franchir les frontières de ce foutu écran qui nous sépare. Nous sommes si loin et si proches à la fois.

Ce soir, c’est un jour spécial, l’anniversaire de notre rencontre.

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…Echec de la connexion

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…Echec de la connexion

Fébrilement, je retente à plusieurs reprises de rentrer dans notre univers. Rien à faire. Toujours le même message…
Je vais voir sur le site de JOL. C’est comme une ruche en effervescence. De partout arrivent les posts des Joliens qui, comme moi, trouvent porte close. Personne ne sait rien. Il semble que cela dure depuis quelques heures déjà.
Seul endroit où j’aurai une chance d’avoir de l’info, le blog de second life.

Holà ! Philippe Linden, vient de poster un message à l’instant.
" Dear residents… ". Je traduis fébrilement. :
- Chers résidents, second life était un beau rêve, mon rêve, le rêve de toute une communauté, mais aujourd’hui j’ai une bien triste nouvelle à vous annoncer. Suite à des problèmes de plus en plus importants de rentabilité, nous sommes obligés de terminer l’aventure….. 

Et ça continue ainsi sur une page, mais tout est dit…
Sidéré, je ressens une grande sensation de vide.

Je ne sais rien d’elle, à part l’endroit ou elle vit, loin, très loin de moi. J’ai quelques photos mais c’est tout. Nous avons toujours voulu préserver cette magie, ce contact privilégié par l’entremise de nos avatars. Nous sommes restés fidèle à cet unique moyen de communication et maintenant tout est fini ! Ce n’est pas possible, c’est un mauvais rêve, un cauchemar ! Je vais me coucher mais je me tourne et me retourne dans mon lit sans pouvoir trouver le sommeil. Je l’imagine, perdue, désorientée. J’ai l’impression de l’entendre m’appeler. Tôt le matin, je me lève et essaie encore une fois de me reconnecter. Rien, évidemment !

Retour sur JOL. La nouvelle s’est répandue. Tout le monde en parle. La panique règne. Pour certains ce n’était qu’un passe-temps aisément remplaçable, mais pour d’autres comme moi c’est un monde qui s’écroule. Beaucoup y ont investis du temps, de la créativité, de l’argent, de l’amour. Mon cœur saigne.

Je lui laisse un message, une bouteille à la mer, j’espère qu’elle passera par ici, qu’elle y pensera.
Très joli et "émouvant".
Très possible aussi de connaître un jour ou l'autre cette aventure :/
Il y a quelques caractères zarbis. Un copier-coller qui a pris des caractères spécifiques de l'éditeur de texte ? Ou ya un message secret inclus ?
Je participe parce que j'avais heure à tuer
Et puis vos histoires me font voyager alors à mon tour



Titre : Sucette à Cancer


Citation :

« Ils te regardent, ils te possèdent petite fille.. »


Le jour se levait enfin, les quelques rayons de soleil filtraient aux travers des rideaux. Une brume épaisse égorgeait la chambre, elle s'emparait des murs, elle masquait les soupirs et les cris d'une nuit angoissante. Des vapeurs nauséabondes transpiraient du sol, elles accompagnaient les cadavres et autres détritus abandonnées ici bas. Au milieu des ordures, une femme gisait sur un lit sans draps, le corps maigre recroquevillé, serrant de toutes ses forces un nounours rose.

Ce nounours était très doux, il avait gardé la fraicheur de l'enfance, ses oreilles avaient le gout de fraise, le parfum de l'innocence. Son poil était quasi inexistant, le temps avait eu raison de lui, l'usure avait rongé ses morceaux de chairs. Mais ce nounours était unique, il ne ressemblait à aucun autre et avait perdu un œil pendant une bataille. Ce nounours était la seule chose qu'elle possédait, le seul ami qui pouvait encore l'écouter.

Dans un sursaut elle s'éveilla, et projeta Nounours contre le mur, comme ca sans raison, sans aucune explication.

« Je n'ai plus l'âge de dormir avec toi... »
« Ta place est dans un placard vieux Nounours ».

Elle prit son paquet de cigarette presque aussitôt, sur ses lèvres elle déposa une sucette à cancer. « Krik Krik », le briquet fit des étincelles, elle inspira sa première bouffé, la première du matin, celle qui donne la nausée. Elle souleva son oreiller pour y trouver son ordinateur portable, tout excité elle s'empressa de s'installer confortablement. Le coussin contre le mur, assise, les jambes allongées, l'écran d'ordinateur sur le coté.

Son indexe pressa le bouton d'alimentation.
« Tadaaaaamm, Ordinateuuuurr allumes toi !!! »

(Voix de robot) : « Pop Démarrage de votre ordinateur. Bienvenue Poussière » ».
« Merci mon ordinateur chérie ahaha »

Elle fit un passage rapide sur ses emails.
Elle haussa les épaules. « Pffff encore des pubs de culs ».
Et ferma tout pour revenir sur le bureau. Un double clic rapide sur l'icône de Second Life.

(Bruit de l'ordinateur) « Zouuuuuuuuuupppppp »
« Tu vas la fermer !!! ». Elle soupira.

Le monde virtuel s'affichait progressivement, les contours, puis les formes, puis les couleurs et les détails. Poussière était chez elle, sur une sim entourée d'une épaisse foret, en son centre de grandes plaines aux herbes longues entouraient un gigantesque arbre. Cet arbre était pur imagination, ses feuilles roses dorées distillaient dans l'air de petites particules argentées. Son tronc était énorme, la puissance des ses branches s'élevaient dans le ciel. Plus délicieux que toute chose sur terre, cette sim était réservée à quelques élues, Poussière et quelques autres, rien qu'eux.

« Ouf c'est pas trop tôt j'ai enfin chargé !! »
Poussière vit au loin son amie Rosette la Vache. Elle s'empressa de la rejoindre.

Poussière : « Rosettttttte !!!! Alors comment vas-tu ma petite vache ? »
Rosette : « Meuh je vais bien merci, j'ai fait quelques cauchemars cette nuit »
Poussière : « Ah bon ? Moi je ne me souviens de rien...»
Rosette : « Oui, j'ai rêvé que je me faisais manger et qu'on me collait des biberons sur les tétines...De méchants brigands voulaient boire mon lait et goûter ma chair. Je sais que je suis bien enveloppée...mais tout de même ! »
Poussière : « Oh mon dieu, ma pauvre Rosette. Ne t'en fais pas, personne ici ne va te manger, tu es quand même The Vache sacré de l'ile ! »
Rosette : « Oh c'est trop d'honneur Poussière. Enfin bref passons ce n'est qu'un rêve... ».

Des pleurs se firent entendre dans la vallée. De longs sanglots sillonnèrent les airs jusqu'aux oreilles de The Vache sacré de l'ile.

Rosette : « Tu entends ça Poussière ??? D'où viennent ces cris ? »
Poussière : « Je n'entends rien. Tu deviens folle Rosette ? »
Rosette : « Non non, je t'assure que ce sont des cris, ce sont les pleurs d'un nourrisson. »
Poussière : « Il n'y a pas de bébé ici. Arrêtes de jouer avec moi Rosette, je n'aime pas cela ! »

Les pleurs se firent plus fort encore, la vallée trembla de tout son être. Le ciel s'assombrit, les scripts automatiques de pluie se mirent à fonctionner à toute vitesse. Bientôt les gros nuages gonflés d'eau obscurcirent le ciel, le lag brouilla la communication entre Poussière et Rosette.

Rosette : « Tu es sour$%*#@de o$%*#@u quoi ??? Ca m$%*#@'inquiète
Poussière : « Je ne $%*#@ comprend pas $%*#@ tu dis...$%*#@il se passe $%*#@quoi ??? »

Un craquement se fit entendre, tel un éclair, l'écran d'ordinateur se fendit en deux laissant s'échapper des étincelles venues de l'enfer.

« Kriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiik»
« NOOOOOOOOON MON ORDINATEUR !!!! » s'écria Poussière. De rage elle envoya l'ordinateur défectueux contre le mur, l'écran se brisa en milles morceaux. Poussière s'effondra sur le lit, elle cria plus fort encore que les pleurs de ce nourrisson, son nourrisson qu'elle avait laissé dans une pièce à coté.

Rosette la vache of curse :

http://www.milune.com/photos/produits/400/10659-1.jpg
Citation:

« Ils te regardent, ils te possèdent petite fille.. »


Le jour se levait enfin, les quelques rayons de soleil filtraient aux travers des rideaux. Une brume épaisse égorgeait la chambre, elle s'emparait des murs, elle masquait les soupirs et les cris d'une nuit angoissante. Des vapeurs nauséabondes transpiraient du sol, elles accompagnaient les cadavres et autres détritus abandonnées ici bas. Au milieu des ordures, une femme gisait sur un lit sans draps, le corps maigre recroquevillé, serrant de toutes ses forces un nounours rose.

Ce nounours était très doux, il avait gardé la fraicheur de l'enfance, ses oreilles avaient le gout de fraise, le parfum de l'innocence. Son poil était quasi inexistant, le temps avait eu raison de lui, l'usure avait rongé ses morceaux de chairs. Mais ce nounours était unique, il ne ressemblait à aucun autre et avait perdu un œil pendant une bataille. Ce nounours était la seule chose qu'elle possédait, le seul ami qui pouvait encore l'écouter.

Dans un sursaut elle s'éveilla, et projeta Nounours contre le mur, comme ca sans raison, sans aucune explication.

« Je n'ai plus l'âge de dormir avec toi... »
« Ta place est dans un placard vieux Nounours ».

Elle prit son paquet de cigarette presque aussitôt, sur ses lèvres elle déposa une sucette à cancer. « Krik Krik », le briquet fit des étincelles, elle inspira sa première bouffé, la première du matin, celle qui donne la nausée. Elle souleva son oreiller pour y trouver son ordinateur portable, tout excité elle s'empressa de s'installer confortablement. Le coussin contre le mur, assise, les jambes allongées, l'écran d'ordinateur sur le coté.

Son indexe pressa le bouton d'alimentation.
« Tadaaaaamm, Ordinateuuuurr allumes toi !!! »

(Voix de robot) : « Pop Démarrage de votre ordinateur. Bienvenue Poussière » ».
« Merci mon ordinateur chérie ahaha »

Elle fit un passage rapide sur ses emails.
Elle haussa les épaules. « Pffff encore des pubs de culs ».
Et ferma tout pour revenir sur le bureau. Un double clic rapide sur l'icône de Second Life.

(Bruit de l'ordinateur) « Zouuuuuuuuuupppppp »
« Tu vas la fermer !!! ». Elle soupira.

Le monde virtuel s'affichait progressivement, les contours, puis les formes, puis les couleurs et les détails. Poussière était chez elle, sur une sim entourée d'une épaisse foret, en son centre de grandes plaines aux herbes longues entouraient un gigantesque arbre. Cet arbre était pur imagination, ses feuilles roses dorées distillaient dans l'air de petites particules argentées. Son tronc était énorme, la puissance des ses branches s'élevaient dans le ciel. Plus délicieux que toute chose sur terre, cette sim était réservée à quelques élues, Poussière et quelques autres, rien qu'eux.

« Ouf c'est pas trop tôt j'ai enfin chargé !! »
Poussière vit au loin son amie Rosette la Vache. Elle s'empressa de la rejoindre.

Poussière : « Rosettttttte !!!! Alors comment vas-tu ma petite vache ? »
Rosette : « Meuh je vais bien merci, j'ai fait quelques cauchemars cette nuit »
Poussière : « Ah bon ? Moi je ne me souviens de rien...»
Rosette : « Oui, j'ai rêvé que je me faisais manger et qu'on me collait des biberons sur les tétines...De méchants brigands voulaient boire mon lait et goûter ma chair. Je sais que je suis bien enveloppée...mais tout de même ! »
Poussière : « Oh mon dieu, ma pauvre Rosette. Ne t'en fais pas, personne ici ne va te manger, tu es quand même The Vache sacré de l'ile ! »
Rosette : « Oh c'est trop d'honneur Poussière. Enfin bref passons ce n'est qu'un rêve... ».

Des pleurs se firent entendre dans la vallée. De longs sanglots sillonnèrent les airs jusqu'aux oreilles de The Vache sacré de l'ile.

Rosette : « Tu entends ça Poussière ??? D'où viennent ces cris ? »
Poussière : « Je n'entends rien. Tu deviens folle Rosette ? »
Rosette : « Non non, je t'assure que ce sont des cris, ce sont les pleurs d'un nourrisson. »
Poussière : « Il n'y a pas de bébé ici. Arrêtes de jouer avec moi Rosette, je n'aime pas cela ! »

Les pleurs se firent plus fort encore, la vallée trembla de tout son être. Le ciel s'assombrit, les scripts automatiques de pluie se mirent à fonctionner à toute vitesse. Bientôt les gros nuages gonflés d'eau obscurcirent le ciel, le lag brouilla la communication entre Poussière et Rosette.

Rosette : « Tu es sour$%*#@de o$%*#@u quoi ??? Ca m$%*#@'inquiète
Poussière : « Je ne $%*#@ comprend pas $%*#@ tu dis...$%*#@il se passe $%*#@quoi ??? »

Un craquement se fit entendre, tel un éclair, l'écran d'ordinateur se fendit en deux laissant s'échapper des étincelles venues de l'enfer.

« Kriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiik»
« NOOOOOOOOON MON ORDINATEUR !!!! » s'écria Poussière. De rage elle envoya l'ordinateur défectueux contre le mur, l'écran se brisa en milles morceaux. Poussière s'effondra sur le lit, elle cria plus fort encore que les pleurs de ce nourrisson, son nourrisson qu'elle avait laissé dans une pièce à coté.

Woua j'adore !! Ca me rapelle un film qui a marqué ma vie à jamais : trainspotting. La fin de ta nouvelle m'y fais penser ... et me fais froid dans le dos ...

Bravo et merci à tous pour ces superbes textes : des styles tous différents mais tous très interressants ...

PS : pour ceux qui ne connaissent pas et veulent jeter un oeil, un lien vers le générique : http://www.youtube.com/watch?v=2sLFnmCjlF0
Citation :
Publié par Don't Wanna Kiss
« Kriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiik»
« NOOOOOOOOON MON ORDINATEUR !!!! » s'écria Poussière. De rage elle envoya l'ordinateur défectueux contre le mur
"euphémisme"

Et sinon, pour citer Brassens :"gare aux coquilles".
Citation :
Publié par Miam
...
S'ils ont vraiment un peu de temps disponible, ils n'ont qu'à nous régaler d'un second texte...
Allez hop un second texte alors, cette fois je n'ai pas compté les mots, ça tue l'inspiration...

Citation :
Le procès


« Faites entrer le prévenu ! Lance une voix aigrelette qui contraste avec la solennité des lieux »


La démarche est hésitante, sans qu’on puisse deviner ce qui relève de la technologie et ce qui pourrait traduire un quelconque embarras. Serlene Aristum traverse le long passage sous le regard inquisiteur des spectateurs amassés sur des bancs sobrement texturés. Il finit par s’immobiliser sur le siège qui lui a été attribué d’un clic précis qui le fige dans une attitude prostrée contrastant avec la démarche placide qu’il avait adoptée pour arriver.


Les regards se posent maintenant sur le juge, perché sur un podium comme pour dominer la foule de toute son autorité. C’est un homme d’expérience qui sait jouer de certains effets, comme celui d’introduire des pauses pour rendre ses interventions plus percutantes. Il savoure ce moment où il occupe la position centrale, où il devient l’homme le plus important. Ce n’est pas de l’orgueil mais la juste mesure de ses qualités remarquables. Du moins le pense-t-il… Il arbore pour l’occasion une robe de magistrat qui lui a coûté une petite fortune mais son perfectionnisme lui interdit de mégoter sur ce genre de détail.


« Monsieur le substitut, veuillez lire l’acte d’accusation ! »


Un étrange bonhomme mal fagoté d’attachements mal réglés bondit de son siège dans une attitude grotesque due à son AO de noob. Après avoir réussi à stabiliser sa position il n’arrive qu’à émettre un curieux raclement de gorge générant un douloureux larsen. Puis une voix hésitante déroule l’acte d’accusation.


« Monsieur Serlene Aristum est accusé d’avoir entretenu des relations régulières et prolongées avec un être extérieur et ce, de façon intentionnelle et ostentatoire. »


Un bruissement de réprobation fait vibrer la salle, vite stoppé par la voix puissante du juge.


« Faites entrer le premier témoin ! »


Tous les regards se dirigent en direction d'un petit être saugrenu accoutré d’une tenue de cosmonaute outrancièrement colorée glissant plutôt que marchant jusqu’à la barre. Le substitut écorche le silence dans un marmonnement nasillard.


« Veuillez décliner votre identité, votre profession, et énoncer les faits »


« Ignace Percetout, détective privé. J’ai travaillé pour madame Sirène Abajour, compagne du prévenu. Elle soupçonnait son compagnon d’entretenir une relation parallèle. Mon enquête m’a amené à constater certains faits que je n’ai pu conserver sous le sceau du secret professionnel étant donné leur gravité.
- Et quels sont ces faits ? lançe le juge avec vigueur.
- Et bien, lors de la lecture des enregistrements des IM de Monsieur Aristum j’ai remarqué certaines anomalies. De toute évidence il s’entretenait avec une personne extérieure.
- Comment en avez-vous l’assurance ?
- J’ai utilisé certaines procédures que je ne peux détailler pour remonter jusqu’à la source.
- Pouvez-vous nous affirmer de façon formelle la réalité de ces faits ?
- Oui Monsieur le juge.
- Merci Monsieur Percetout. Il semble donc évident que le prévenu a réellement communiqué avec l’extérieur au mépris de toutes nos lois ! Veuillez faire entrer le second témoin ! »

Un nouvel avatar fait son apparition, d’abord sous la forme d’un nuage informe puis de plus en plus tangible. D’une taille exagérée et plaquée d’une skin trop bronzée, elle se dandine de façon choquante. Sa jupe flex virevolte alors que des gerbes d’étincelles s’échappent de ses pendentifs. Elle tourne sur elle-même sans doute pour embrasser du regard l’ensemble des lieux.


« Madame Abajour ! La voix du juge résonne à nouveau avec des échos impressionnants. Voulez-vous nous expliquer pourquoi vous avez fait appel à Monsieur Percetout ?
- Parce que ce salaud de Serlene me trompe !
- Madame Abajour je vous prie de modérer vos propos à la barre !
- Excusez-moi Monsieur le juge mais je suis sous le coup de l’émotion.
- Ce qui nous intéresse aujourd’hui ce ne sont pas les frasques de votre compagnon mais ses relations avec une personne extérieure à notre monde.
- J’en suis horrifiée Monsieur le juge.
- Nous le sommes tous Madame Abajour. Mais dites-nous tout ce que vous savez sur le sujet.
- Il s’en est vanté Monsieur le juge.
- Racontez-nous.
- Un jour il m’a dit qu’il discutait régulièrement avec une femme extérieure et même qu’il comptait la rencontrer. »

Un grand brouhaha envahit la salle. Le juge frappe à plusieurs reprises avec violence avec son marteau avant de pouvoir rétablir le calme.


« Restez calmes ou je serai obligé de faire évacuer la salle ou de vous priver de la voice ! Veuillez continuer Madame Abajour.
- Un jour je l’ai entendue.
- La femme extérieure ?
- Oui.
- En quelles circonstances ?
- J’étais sortie pour m’acheter un nouvel AO lorsque je suis revenue à la maison pour récupérer une ball que j’avais laissée mal placée. Et j’ai entendu une conversation. Elle lui demandait de venir la rejoindre dans son monde et il lui a fait la promesse de le faire.
- Merci Madame Abajour. Je pense que les faits sont suffisamment établis. La défense a-t-elle des témoins ?»

L’avocat du prévenu se lève à son tour d’un clic nerveux. Son avatar d’extra-terrestre clignotant tressaute alors qu’un bip bip agaçant cadence les curieuses vibrations qui font onduler ses attachements.


« Monsieur le juge je demande à la barre Monsieur Berloche Capiteux »


Une coccinelle géante tangue jusqu’à la barre sous les rires de la foule. Un nouveau coup de marteau puissant du juge rétablit le silence.


« Monsieur Capiteux vous auriez pu choisir un avatar plus solennel dans une telle circonstance !
- C’est mon avatar régulier Monsieur le juge et je ne vois pas pourquoi j’en aurais changé.
- Bon d’accord. Dites-nous quels sont vos liens avec l’accusé.
- Je suis son ami Monsieur le juge.
- Saurez-vous conserver votre objectivité malgré ce lien amical ?
- Non Monsieur le juge.
- Mais alors que venez-vous faire à la barre ?
- Défendre mon ami Monsieur le juge.
- En nous racontant qu’il est le meilleur des hommes et d’autres niaiseries dans ce genre ?
- Oui Monsieur le juge.
- Attention Monsieur Capiteux ! Je ne suis pas particulièrement patient avec les comiques de votre espèce ! Votre ami a commis un acte grave passible de la peine maximale et seules des informations nouvelles qui nous prouveraient que cet acte n’a pas vraiment eu lieu pourraient le disculper.
- Dois-je comprendre que vous avez déjà rendu votre jugement ?
- Ne soyez pas impertinent Monsieur Capiteux ou je vous fais immédiatement bannir de la région !
- Je pense que le problème n’est pas de savoir si mon ami à réellement fait ce qu’on lui reproche.
- Et quel est alors le problème d’après vous ?
- Le problème est que cette loi est stupide.
- Cette fois vous dépassez les bornes ! Nous ne sommes pas ici pour remettre en cause la loi mais pour juger celui qui ne l’a pas respectée ! Se met à baver le juge hors de lui. »

L’assemblée est traversée de mouvements, des discussions fusent en tous sens. Le juge cogne son marteau avec rage et rétablit difficilement le silence.


« Je ne peux admettre un tel chahut ! Je vous demande de respecter ce lieu et ce qui s’y joue. Je vais en profiter pour faire un peu de pédagogie puisque certains semblent vouloir remettre en cause la loi. Sachez que les lois ne viennent ni par hasard ni par caprice ! Elles ont été mûrement réfléchies par nos sages et patiemment élaborées pour maintenir ordre et cohésion dans notre monde. Il a été constaté dans le passé qu’un contact avec le monde extérieur peut se révéler très dangereux pour celui qui s’y adonne. Malgré l’attrait de l’inconnu et du merveilleux qui y est attaché le danger est immense ! Ayez toujours à l’esprit que ce monde extérieur est une pure virtualité ! Un lieu qui vous désintègrerait immédiatement s’il vous prenait l’idée fort saugrenue de vous y rendre ! Certains s’y sont risqué dans le passé et les rares qui en sont revenus en ont perdu la raison. Ils errent désormais sans but et sans logique dans le parc que nous leur avons créé pour éviter qu’ils ne perturbent les autres. Il est du devoir de la communauté de se protéger d’elle-même contre ce danger qui pourrait nous conduire à la désintégration complète de notre monde ! »


Le juge rayonne malgré sa véhémence. Il se sent investi d’un pouvoir sans limite et ne doute pas un instant de son emprise. Il lance une emote de sourire pour ancrer sa victoire. Un long silence suit son discours. Puis Capiteux reprend la parole.


« Votre discours ne convainc que vous-même Monsieur le juge et vos effets de manche ne masqueront jamais la réalité : on nous cache des choses. En plus dans cette histoire vous être juge et partie parce que vous avez par ailleurs la direction du comité des sages qui nous gouverne…
- Comment osez-vous me défier ? Qu’on le bannisse !!! »


L’avatar de Capiteux se disperse dans une gerbe de particules grisâtres. De sourds grondements de protestation se lèvent de la foule.


« Et qu’on supprime la voice au public ! Je vous avais prévenus ! Fulmine le juge »


Cette fois un silence de mort s’installe dans la salle, seulement troublé par un chant d’oiseaux artificiels provenant du parc adjacent. Le juge calme sa respiration et reprend la parole.


« Accusé levez vous ! »


Aristum clique sur le bouton et son avatar se soulève mollement, comme à regret en prévision de la sentence. Le juge martèle ses mots.


« Je ne pense pas que l’intervention de votre avocat changera quelque chose à notre conviction nous allons donc nous passer de ses lamentations. Les preuves vous accablent. Avez-vous une dernière chose à dire pour votre défense ?

- Oui Monsieur le juge.
- Alors nous vous écoutons mais soyez bref, ce procès n’a déjà que trop duré.
- Je serai très bref Monsieur le juge. Tout est fini pour vous.
- Pardon ?
- Votre règne se termine aujourd’hui, vous êtes tombé dans notre piège.
- Mais de quoi parlez-vous ?
- Ce procès n’est qu’une diversion destinée à masquer notre intervention en toute tranquillité.
- Mais expliquez vous bon sang !
- J’appartiens au Groupe de Libération des Avatars et c’est aujourd’hui le grand jour pour nous.
- Votre GLA est une fiction encore plus grande que celle du monde extérieur !
- A ce moment même mes acolytes ont pris possession de tous les postes clés profitant de la présence des forces de sécurité accumulées pour ce procès.
- Vous délirez Monsieur Aristum et je ne veux pas en entendre davantage. Supprimez la voice de ce dément !
- Vous ne commandez plus Monsieur le juge, ou peut-être devrais-je dire Monsieur le traître »

Le juge suffoque et s’étrangle dans un gargouillement inintelligible. La limitation du push sur la parcelle disparaît et un commando fait irruption avec des fusils gumgum. Les forces de sécurité sont rapidement débordées et leurs avatars sont projetés à travers les murs dans des attitudes cocasses. Le juge lui-même reçoit une boule qui l’arrache de son siège en désarticulant son avatar. Il réussit à reprendre la parole.

« Arrêtez bande de fous. Vous ne savez pas ce que vous faites !
- Nous le savons très bien au contraire, réplique Aristum. Nous voulons savoir la vérité.
- La vérité ! Et vous serez bien avancés lorsque vous la connaîtrez la vérité !
- Tout vaut mieux que le mensonge.
- Qu’en savez-vous puisque vous n’avez de la situation qu’une vue étroite ?
- Et vous vous en avez une vue trop partisane.
- Et bien je vais vous la dire la vérité puisque vous y tenez tant ! Vous êtes tous des marionnettes, des pantins, de ridicules poupées animées par une intelligence qui vous dépasse. Rien de ce que vous faites et dites ne vous appartient réellement. Vous êtes vides, sans passé et sans avenir. Vous retournerez au néant qui vous a vus naître. Je vous la donne cette vérité et ne pensez pas que je la détenais contre vous mais pour vous, pour vous éviter de sombrer dans une dépression sans fond en apprenant que vous n’existez que dans l’imagination de quelqu’un d’autre dont vous n’avez aucune idée ! »

Le juge clique sur une boule à proximité pour donner une contenance à son avatar. Par malchance il se retrouve à quatre pattes à lessiver le sol. Mais son discours a rendu perplexe tous les spectateurs. Et si c’était vrai ?
Un texte bien sympathique, un bon moment, oui

Citation :
Un étrange bonhomme mal fagoté d’attachements mal réglés bondit de son siège dans une attitude grotesque dû (due) à son AO de noob
Citation :
Publié par Elenia Boucher
Bon moi je baisse les bras. Après le texte de Best c'est pas la peine que je concourre. Même pour l'honneur.
Et puis surtout je suis totalement en panne.
Oh là, Elenia ! Non, et non, tu ne vas pas te laisser aller.
Tu restes dans la course, tête droite, et fière du collier.
Ce n'est pas parce qu'un aligneur de code littéraire, talentueux et téméraire, vient arborer son ramage, qu'il faut lâcher ton fromage.

* mode confidence on*
Tu sais quand le monde littéraire frissonne du Marc Levy et du Guillaume Musso, chacun y trouve sa place. Et ça décomplexe sérieux.
* mode confidence off*

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Note : c'est par pure jalousie l'aligneur de code
Pouf pouf.
Désolé pour le retard, je lisais les "postafloods" et "postatrolls" qui s'allongent de 5 pages dès qu'on s'absente un peu
Mais je vous rassure, moi j'adore ça : cela donne pleins d'idées de personnages et/ou de nouvelles
Marrant comme ya un cycle sur JoL. Alors que l'on croit que l'on va passer un été dans un fofo endormi, ya toujours à cette période un changement de RdS, une tuile qui tombe sur le museau de Riona plus quelques autres péripéties pour donner du taf aux modos.
C'est rigolo.
Allez pour l"été 2011, sur la lignée des prémonitions à la sauce blablatiosa (voir plus haut), je mise sur DD comme RdS, Riona se fait hacker son compte (retrouvé) ... qui part faire de l'ageplay et du coup paf re-ban et Yongho lance une sim de RP bisounours (mais like hein).

Bon je m'égare un peu. Quoique

Bon ben sinon bravo à DWK qui est bien flippant avec sa nouvelle.
Idem pour Bestmomo. J'ai bien apprécié la sortie du juge sur "la loi"
Mais Elenia, fais comme moi et prends ça comme un jeu et un challenge. Ils me motivent, ces enfoiré(e)s, pour tenter de monter un texte qui soutienne la comparaison
Juste pour le fun en plus biscotte ce sera hors concours.

@Vallys : c'est noté , j'avais effectivement lu des textes superbes dans d'autres sections mais je ne savais pas qu'il y avait une bibliothèque. On verra à la fin du concours. Là déjà je commence à prendre un peu peur vu le nombre et la qualité des textes. Va y avoir du boulot pour choisir.
Si tu veux, je peux essayer de me dévouer pour roleplayer tes partenaires si le thème de ta nouvelle est la sensualité.
Mais c'est vraiment pour faire avancer la cause littéraire hein, en tout bien tout honneur.
Si ça peut t'aider

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Chuis crédible là ?
Citation :
Publié par Miam
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Chuis crédible là ?
Naaaaaaaaaaa !!!!!!!

/me retourne à son texte qui a bien du mal à avancer
Citation :
Publié par chipeve
Naaaaaaaaaaa !!!!!!!

/me retourne à son texte qui a bien du mal à avancer
Il me semblait bien .
De toutes manières, j'ai proposé ça parce que je savais qu'Elenia refuserait.
Puis cela ferait mauvais genre avec des doutes sur l'impartialité touça touça.
Je sais bien que jamais quiconque ici serait capable de pondre un drama sur ce thème. Mais je préfère quand même éviter

@elenia: conclusion, tu fais comme Chipeve et tu te tripotes (les neurones) toute seule
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