La question c'est que ceci étant dit, on avance comment ? Soit on va leur foutre sur la gueule par dépit, soit on vit en dehors de "leur" monde. Et c'est cette seconde solution qui prend de l'ampleur via Podemos, via Occupy, via les Commons, via la société collaborative qui a dit merde à l'échange marchand et qui développe de nouvelles philosophies de propriété (la notion de propriété d'usage par exemple) et le partage des biens comme valeur fondatrice.
La réponse : je sais pas comment on avance. Je te trouve très optimiste vis à vis de Podemos ou de Occupy, notamment parce que, par exemple, Syrizia représentait un gros espoir de changement pour eux. C'était une chance de montrer que de l'alternative marche. 1 an après, on sait ce qu'il est advenu de Syrizia, et autant chez podemos que M5S, je doute qu'ils aient les reins pour ne pas se faire défonçer en un an commz Syrizia, qui bénéficiait d'un réseau sur le terrain beaucoup plus solide.
Occupy, c'est zéro résultat politique. Pareil pour la société collaborative, aujourd'hui c'est un modèle viable pour des microsomes, mais ça n'a ni les moyens politiques ni la capacité pratique de se transformer en modèle dominant d'organisation sociale. Ca sera peut-être le cas dans 20 ans, mais pour l'instant, je ne vois rien de politiquement organisé qui en émerge.
Pour moi, le monde dont tu parles c'était déjà hier. La question que je me pose, c'est est-ce que le temps que demain arrive il faut continuer de participer à la vie politique d'un système (que je crois) moribond.
Écoutes, on a discuté sur des dizaines de fils de notre désaccord sur ce sujet. Arrivé à ce point, le mieux à faire c'est de prendre rendez-vous dans 20 ans autour d'une bière et de compter les points. En attendant, j'imagine que ça dépend du tempérament des gens. Je sais qu'il y a quelque temps, tu nous citais la fable du colibri. Ce serait bien que tu nous dise ce qui t'a poussé à revoir ton point de vue sur ce qui semblait être une position morale plutôt que pratique.
Parce que tu as l'impression que le FN ne gagne pas petit à petit ces dernières années ?
Pays différent, dynamique différente.
Oui si tu es dans une perspective d'idéologie descendante d'une élite vers une base. A ce moment là tu as besoin d'experts pour mettre en place ton programme, de communicants pour le marketer, et de exploités militants pour aller en parler sur les marchés.
Mais une fois de plus, cette façon de faire est vouée à mourir. Lawrence Lessig qui se présente à la présidentielle US en passant par Kickstarter c'est un signe. Aujourd'hui un mouvement politique part de la base, qui peut contrôler et nommer des représentants en contact direct et constant avec elle.
Question conne, mais le top-down a fait des progrès fulgurants en capacité les x dernières années, que ce soit les évolutions du big data et ses applications pratiques en electioneering et en sociologie, en rationalisation des doctrines d'usage des réseaux sociaux, en théorisation de l'action politique, etc. Sachant qu'il y a 20 ans, les mouvents partant de la base se faisaient ouvrir en deux, qu'est-ce qui te fait penser qu'aujourd'hui, munis de tous ces outils bien rôdés, les politiques top-down ont quoi que ce soit à craindre du bottom-up ?
Le temps des grandes idéologies est terminé. J'allais écrire "le prochain grand leader politique fondera son mouvement sur un blog" mais en fait c'est comme ça que M5S a fait en Italie, j'ai déjà un train de retard
Pas d'idéologie, pas de mouvement politique parti d'un blog. Si t'as pas de pognon, pas de moyens mainstream d'accéder aux gens, comment tu veux te vendre sans idéologie ? Historiquement, l'idéologie est le seul moyen qui a permis de se passer des conduits politiques classiques. Sans grande idéologie, je vois pas comment un type sorti d'un blog peut lancer plus qu'un buzz de quelques jours.