Les champs de bataille réservent parfois des surprises. Certaines d'entre elles peuvent se traduire par des rencontres incongrues, pour ne pas dire magiques... si on n'oublie pas que l'amour rend aveugle, sinon myope...
C'était un matin particulièrement calme. La rosée faisait scintiller les quelques touffes d'herbes qui n'avaient pas été piétinée la vieille par les hordes barbares au moins treize fois plus nombreuses que les vaillants défenseurs de karak kadrin.
Les estimations de l'ordre quand au nombre de leurs adversaires étaient réputées dans toutes les contrées du monde! Il faut dire que les scouts étaient formés dès leur plus jeune âge à compter toutes les bottes qui leur passait devant, et à multiplier cette somme par cinq pour connaitre le nombre d'orteils hostiles maximum. Les plus grand théologistes d'Altdorf avaient alors établi une règle statistique pour déterminer le nombre d'orteils moyen sur un pied d'un vil sujet de la destruction, en appliquant bien entendu un coefficient adapté à chaque race.
Sur la base de ces théories indiscutables, les meilleurs ingénieurs nains avaient développé l'invention qui constituait le fleuron de l'ordre : l'orteillette. Un petit boitier en forme de tonneau sur lequel il suffisait d'indiquer le nombre d'orteils calculé, l'âge approximatif de chaque adversaire, et le nombre de corbeaux sur sa gauche au moment de l'observation.
Le résultat était infaillible!
Et si parfois un éclaireur annonçait l'arrivé d'une bande adverse, alors qu'en fait un petit groupe seulement pointait le bout de son nez (ou inversement : un groupe annoncé pour une bande... cas de figure beaucoup plus drôle... pour la bande d'en face), ce n'était certainement du qu'à leur fébrilité...
Treize fois plus nombreux!
Tel était le résultat unanime de la veille! (un des scouts aurait soit disant déterminé un résultat quelque peu divergent : deux fois plus nombreux seulement, mais il fut fusillé dans la nuit sans sommation par le répurgateur Apeiron pour haute trahison). Evidement dans ces conditions, la vague pestilentielle avait finalement réussi à prendre ce fort après des mois et des mois... non, plutôt des jours et des jours... à vrai dire, des heures et... hum... après quelques minutes de durs combats.
Mais résister aussi longtemps n'en constituait pas moins un exploit pour l'ordre, et comme tout exploit, celui-ci avait été fêté comme il se doit.
C'est ainsi que le soleil se levait donc timidement sur le camp retranché de l'alliance Hora suprema.
Après cette nuit de beuverie, le campement avait encore moins fière allure que le champ de bataille : les tonneaux de bière éventrés côtoyaient les string de furies rapportés en guise de trophée. Ici, le maître des lames Ihanael dormait encore en sous-vêtement, ayant été trop ivre pour s'habiller après ses duels pour le moins... érotiques en petite tenue. Un peu plus loin, le brave Duthor, avachi dans un tas de paille normalement destiné aux coursiers elfiques, cuvait un trop plein de bière naine en faisant plus de bruit qu'un duo Makoto - Inpest (surnommé par certain "la tondeuse", étant donné la qualité de la coupe nette qu'ils étaient capable de faire avec leur grandes épées).
Bref pour résumer, un gobelin petit, sale et vilain, du style Kata ou Kluh, se trouvant à cette endroit, à cet instant précis, se serait senti chez lui...
Dans ce chaos ordonné (ben oui, on est pas l'ordre pour rien nom de diou!), une silhouette se déplaçait délicatement tout en se lamentant. C'était Dame Ilunielle, cette très jeune archimage qui avait vainement tenté de convaincre les nains de trinquer avec du thé, plutôt qu'avec des boisons alcoolisées.
Les railleries à son égard l'avait profondément vexée, et elle avait fini par abdiquer en quittant la soirée lorsque Bargok, l'ingénieur totalement ivre, lui avait demandé de se déguiser en Lionnesauvage, cette peste détestable, qui n'en faisait pas moins fantasmer tous les impériaux.
Elle s'était éclipsée tôt, et comme à son habitude, s'était levée aux aurores. L'elfette avait machinalement entrepris son petit train train quotidien : papouillage de ses plantes chéries, brossage de lions (pas de chance, ceux-ci étaient tous encore plus saoul que leur maitre), et discussion avec son cheval blanche-cime.
Mais arrivé à l'enclos, elle fut surprise par l'absence de sa jument. Quelque peu inquiète, elle tenta de dénicher une information auprès du prêtre guerrier qui ronflait non loin:
"Père Duthor..." Dit-elle doucement en secouant le guerrier
"Père Duthor s'il vous plait..."
<Duthor> Groumbff
<Ilnielle> Mon père je suis inquiète je ne vois pas ma jument, ne l'avez vous pas aperçue?
<Duthor> Mais vous avez quoi avec les chevaux se matin??? c'est Grognir, le prêtre des runes, qui est parti avec cette bestiole tout à l'heure, maintenant laissez moi dormir. Réussit-il à dire dans un souffle odorant avant de plonger à nouveau sa tête dans la paille.
L'archimage sentait une bouffée d'angoisse poindre en elle... Grognir avec sa jument... elle savait parfaitement que la dernière fois où le prêtre des runes s'était retrouvé avec blanche-cime, celui-ci l'avait embrassé... Vision d'horreur qui avait alors poussé Ilunielle à laver sa jument de longues heures.
Elle pressa donc le pas dans le campement, et fini par tomber sur le nain. La scène était pour le moins surprenante: Grognir se tenait assis sur un rocher, le cheval également assis à ses côtés, tous deux regardant la brumes au loin. L'archimage, moitié rassurée, moitié étonnée, prit sur elle d'interrompre la réflexion manifeste dans laquelle était plongé les deux êtres.
<Ilunielle> Bien le bonjour maître nain...
<Grognir> PAR GRUNGNI QUI VA LA? Ah c'est vous grandes oreilles.
Eructa le nain, décidément toujours de mauvaise humeur. Il se retourna vers l'elfette, et remarqua que les yeux de cette dernière se posaient alternativement sur lui et la jument.
<Grognir> Quoi encore?? j'ai pas l'droit parler avec vot' bestiole? C'est vous qui m'avait dit qu'elle comprenait quand on lui parlait.
<Ilunielle> Certes mais la dernière fois...
<Grognir> Oui bon ça ça!! on va pas en faire de la mousse de cette histoire de bisou!
A l'évocation de cet incident Ilunielle distingua parfaitement un voile de tristesse passer devant le visage du nain.
<Ilunielle> Que vous arrive-t-il mon ami? vous avez des histoires de coeur? la belle naine Lynet vous aurait refusé quelque chose?
<Grognir> Par ma barbe! c'est mal connaitre mon pouvoir d'séduction, grandes oreilles... mais j'peux rien vous cacher, j'ai un truc sur l'coeur, un peu comme la première fois qu'j'ai vu Lynet....
Le nain se mit à poursuivre son monologue en reportant son regard sur la brume
"Vous savez comme Lynet m'a séduit. Aaaahh une naine s'il en est, belle et trapue comme il faut. Malheureusement pas très poilue, mais bon personne n'est parfait. Vous savez qu'elle représentait pour moi le summum de la féminité... Je ne pensais jamais pouvoir tourner mes yeux vers quelqu'un d'autre... mais... "
Le silence s'installa quelques secondes. Ilunielle, dont la curiosité était piquée au vif (elle aimait tellement les histoires de coeur) pressa le nain de poursuivre.
"Ecoutez grandes oreilles, je peux rien vous dire, c'est honteux... J'ai croisé une personne qui m'a rendu tout chose... une personne du genre excitante sans savoir pourquoi...Je ne vous dirais jamais qui... bon d'accord je vais vous donner des indices, mais pitié par Grungni jamais, au non jamais, vous ne devrez le répéter"
"Avant toute chose... poursuivit courageusement le nain... vous devez savoir que cette femme... est un de nos ennemis"
Les mots du nains était tombé glacialement dans l'oreille de l'eflette!
<Ilunielle> Par Sigmar mon ami, que dites vous là, c'est impensable!!!
<Grognir> Par grungni m'en parlez pas, mais c'est pas d'ma faute, j'contrôle pas vous savez. A force de la voir tout le temps en face, de voir sa combattivité, son piquant...
<Ilunielle> *tentant d'imaginer quel adversaire le nain décrivait* Ne parleriez vous pas d'un certain Kenoine? suggéra-t-elle puisque plus rien venant du nain ne pouvait la surprendre
<Grognir> PAR GRUNGNI vous m'prenez pour une tapette? mais nom d'une pipe j'suis pas attiré par les hommes, espèce d'endive! Moi j'aime les femmes, et ce qui m'plait tant dans celle dont j'vous parle, c'est qu'elle est bien poilu... j'l'ai vu sur ses bras...
<Ilunielle> Une femme... poilue... Mon cher Grognir vous êtes sûr? Une humaine?
<Grognir> Bon j'peux tout vous avouer maintenant, j'suis plus à une honte près... c'est une grandes oreilles....
<Ilunielle> euh... euh... une elfe noire? poilue, mais euh... vous avez un nom mon ami?
<Grognir> Oui, et ce doux nom féminin sonne à mes oreilles depuis hier soir, alors que je vois dans mes rêves sa robe virevolter autour de moi... Son nom ma chère, c'est...... Askin
<Ilunielle> euh sans vouloir jouer les rabat-joie mon ami je ne suis pas sûre que...
<Grognir> Silence maintenant, laissez moi penser ma dulcinée barbue...
Le nain fourra sa tête profondément dans ses épaules, et laissa vagabonder ses yeux songeurs dans la brume.
Ilunielle, compris alors qu'il ne fallait rien rajouter, et choisi de s'éloigner sur la pointe des pieds, en se demandant comment elle allait bien pouvoir faire pour oublier toute cette conversation...
-------------------------------------------------------------------------------------
(/hrp Excusez les inévitables private joke, comme on dit, qui se trouve la dedans, mais je tenais à faire un petit clin d'oeil à ma sorcière bien aimée

)