Ma modeste contribution...
Le jour tombait de tout son poids sur la ville d'Orgrimmar.
Les mouches, telles des sémaphores sous acides voletaient ça et là, oscillant entre la carcasse encore fraîche d'un rat nécrophage boulimique (on peut après tout considérer comme "frais" un corps dont la putréfaction n'a pas tout gagné, une sorte de démocratie de la déchéance, de power to the nature réinventé) et un bac d'eau croupie, dont on ne sait quel terme utiliser pour le nommer, bien embarrassés qu'on est avec cette incompréssible envie de vomir 4 générations de repas, vite très vite.
Quelque chose dans l'air, allez savoir quoi, appelait une soirée formidable. Etait ce un vent de folie qui aurait soufflé plus fort, capable même de couvrir les odeurs de déjections, ou bien une sorte de flamme qui se serait allumée, aurait vacillé, puis se serait stabilisée, pour devenir à tout jamais un flambeau de l'espoir ?
Je ne sais pas.
Toujours est il que ce soir quelque chose allait se passer. Quelque chose de fort, de déterminant pour le monde entier, peut être pour l'univers. On sentait que dans les arrières cuisines divines, un des responsables du destin venait de faire un "All in" avec le peu de capital confiance qu'il lui restait. Ca passerait ou ca casserait. Mais ça, ce n'était plus son problème.
Je m'appelle Krunk. J'habite dans le gouffre de Ragefeu. Je ne sais pas vraiment quel âge j'ai, ni depuis combien de temps je suis là.
Je ne me rappelle d'ailleurs pas être déjà entré, comme si j'avais toujours été là, posté à coté de Krink, Kronk et Krank junior, à attendre quelque chose.
Je defends un bout de lave. Oui je sais, cela peut paraître étrange, mais je défends un bout de lave. Ne me demandez pas pourquoi, ni comment, mais je suis là, j'ai toujours été là et j'ai toujours eu l'étrange sensation que je resterai là pour le restant de mes jours.
Alors comme je suis un petit gars discipliné, ben je defends mon bout de lave. D'ailleurs Krink, Kronk et Krank Junior font pareil, mais avec un autre bout de lave.
J'ai bien peur par contre qu'ils ne sachent pas plus que moi ce que nous faisons là.
J'ai bien essayé de discuter avec eux. Mais peine perdue. Krink s'énerve toujours très vite, un Capricorne surement. Kronk, lui, divague assez rapidement, il parle de développeur, de code, de matrice, enfin n'importe quoi.
Quant à Krank Junior... J'ai honte d'être aussi sectaire, mais je refuse de parler à quelqu'un qui se prénomme "Junior". Pis de toutes façons, c'est un con, j'en suis sur.
Pis on parle de moi là. Non mais.
Donc nous voilà tous les quatre, attendant sur ce bout de rocher depuis je ne sais combien de temps, attendant d'ailleurs je ne sais quoi.
Mais comme je vous l'ai dit, il soufflait ce soir là un vent de nouveau. Une fantastique envie de changement, quelque chose allait enfin apparaitre, n'importe quoi, un vélo, une vache, une Vespa verte ou un cerf volant, mais quelque chose (ou quelqu'un voulant voler un bout de lave, soyons fous), allait venir pour nous extirper de la grisaille terrifiante de nos quotidiens jumeaux.
Ainsi, alors que Krink hurlait abondamment sur Kronk qui parlait de reboot server, nous entendîmes un bruit. Un bruit long, terrifiant, une espèce de mélopée hallucinée dédiée à un Dieu vengeur dont le seul but en se levant serait de ruiner la vie de ses fidèles, un tsunami sonore, un typhon perçant à tout jamais vos oreilles, les laissant, lamentables, à l'étât de boue visqueuse.
Pas de doute : une troll venait de rire.
Il était temps mes frères, mes amis, mes compagnons d'armes ! Nous allions pouvoir chèrement défendre notre bout de lave, et qui sait ?, obtenir une promotion et enfin quitter cette grotte à l'ambiance chaude et malsaine.
Nous prîmes tous les 4 notre hache en main, tel que nous l'avions répété des centaines de fois, histoire d'être bien surs d'être prêts. Le combat allait être rude, certains d'entre nous allaient surement y laisser leurs vies (pourvu que ce soit Krank Junior...), mais nous serions des héros, et les générations suivantes chanteraient nos louanges à tue-tête dès qu'elles auraient 2 minutes de battement.
Puis je ne sais pas.
Honnêtement je ne comprends pas ce qu'il a bien pu se passer.
Les dernières choses dont je me rappelle, c'est d'un espèce de sanglier nommé "Boar" me fonçant dessus, puis de la troll, nommée Hjklzaqy, tirant dans notre direction.
Puis, avec les dernières forces qu'il me restait, je vis d'un oeil ensanglanté notre bourreau se saisir des quelques tissus de lin que nous avions sur nous, ainsi que d'une hache soit disant magique que Krink avait hérité de son père. Kronk n'arrêtait pas de lui dire que c'était "une weak hache verte de la baleine", on a jamais bien compris ce qu'il voulait dire par là, en tout cas ça énervait beaucoup Krink.
Ensuite ?
Le tunnel.
Au bout, un message, semblant m'appeler, me dire d'une voix impérieuse de me rapprocher, et de lire son divin contenu. Je me rapprochais donc, lentement, prudemment (mais pourquoi être prudent quand on est mort ?), et dans les volutes de fumées qui encombraient l'athmosphère (athmosphère pourtant déjà largement chargée en mystère, pas la peine d'en rajouter quoi) je pus lire la phrase suivante :
LE SERVEUR DU MONDE EST ARRETE.
Je m'appelle Krunk. J'habite dans le gouffre de Ragefeu. Je ne sais pas vraiment quel âge j'ai, ni depuis combien de temps je suis là, mais je sens que ce soir, il va se passer quelque chose.
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