En principe, un prêt n'est pas lié juridiquement à un bien. C'est-à-dire que, en principe toujours, si une personne contracte un prêt et qu'elle se sert des deniers empruntés pour acquérir quelque chose, le prêt n'est pas lié au sort de ce bien acquis. Donc, tant qu'on relève du principe, une personne peut très bien revendre le bien qu'elle a acquis avec l'aide des deniers prêtés, sans demander l'avis de la personne qui lui a fait crédit. Le prêt est une dette de l'emprunteur envers son prêteur, de rembourser un certain capital avec intérêts, selon des termes déterminés. Ce qui advient des biens acquis pendant le remboursement du prêt est indifférent.
Bon, ça, c'est le principe. Ca veut dire que si on n'est pas dans un cas d'exception, c'est le principe qu'on doit appliquer. Mais, s'agissant des prêts bancaires, on a deux exceptions principales.
D'une part les prêts bancaires avec sûreté réelle (hypothèque ou privilège de prêteur de deniers). Si la banque en demande une, cela apparaît dans l'offre de prêt (bien regarder en détail tout ce qui est écrit dans les conditions particulières de l'offre, c'est là que ça apparaît). Dans ce cas, comme la sûreté réelle est attachée au bien, il faut enlever la garantie lorsque tu revends le bien. Si le banquier ne donnait pas mainlevée de sa garantie réelle, il serait en droit de saisir le bien dans les mains de ton acquéreur au cas où tu ne rembourserais pas ton prêt. Or, il est bien évident que personne ne serait assez fou pour t'acheter un immeuble à ces conditions. Et, en pratique, la banque ne donnera normalement mainlevée qui si on lui rembourse le prix sur le montant de la vente.
Or les garanties du type des cautions mutuelles ne sont pas des sûretés réelles, elles ne relèvent donc pas de ce que j'ai mentionné dans ce paragraphe.
D'autre part, le prêt peut expressément stipuler que les deniers prêtés sont affectés à l'acquisition de tel bien et en faire une condition essentielle du prêt. Et s'agissant d'un prêt bancaire, c'est toujours le cas des offres de base, avant négociation.
Pour vérifier si c'est le cas, il n'y a qu'un moyen, c'est de lire toute ton offre de prêt (conditions particulières et conditions générales). En général, cela apparaît entre autre dans la clause qui mentionne les cas de déchéance du terme (déchéance du terme, cela veut dire que l'échéancier tombe à l'eau et que le prêt devient d'un coup remboursable en totalité, ce qui oblige à rembourser avec le prix de la vente).
Les deux pratiques se retrouvent. La première, celle d'être super sévère, parce que le bien acquis est une garantie pour la banque. Sans sûreté réelle, la banque n'a pas de droit de préférence sur la valeur de ton immeuble. Mais comme tout créancier, il peut saisir tes biens (dont ton immeuble) au cas où tu ne paierais pas. Or, un immeuble se fait disparaître moins facilement que des liquidités. Donc, même sans garantie réelle, ta banque est rassurée quand le bien acquis reste dans le patrimoine et panique quand il en sort.
La seconde, celle d'être plus coulant, en considérant que c'est bon si tu acquières un bien de même valeur, la banque ne perd rien d'autre que des frais de dossier à refaire un prêt.
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