Publié par JorianMenelrana
L'armée au moyen âge est constituée de mercenaires, il n'y a aucune armée permanente en Europe après les croisades en dehors des quelques ordres de chevalerie comme les Templiers.
Houlà, minute, ce n'est pas si simple.
Au moyen-âge on a vu totues sortes d'armées. Quelques exemples :
A) Troupes mercenaires complètes vendant leur service.
Venant des cités très peuplées d'Europe ou d'armée semi-professionnelles démobilisées ces combattants se vendent au pus offrant et possèdent leur propre hiérarchie. Ils sont généralement excommuniés à cause de leurs forfaits. Ils sont originaires souvent du brabant, de gênes, d'Ecosse, de Navarre...
B) Milices et armées bourgeoises.
Certaines villes sont suffisamment peuplées et riches pour pouvoir aligner des armées de plusieurs milliers d'hommes bien équipés et capable de combattre en bon ordre. On peut citer en exemple les villes flamandes de Courtrai et de Gand.
C) Ost royaux.
Le roi, les chevaliers de sa mesnie, leurs hommes d'armes et sergents assistés des milices communales. Héritage de la constitution des armées franques des 7èmes et 8èmes siècles. De loin une des forces les plus redoutables du moyen-âge mais très coûteuse à entretenir, la guerre de cent ans signe son déclin non pas à cause de son incapacité à tenir le terrain mais à cause de l'incapacité de meneurs de l'époque à l'employer à bon escient. C'est une armée de ce genre qui met les germains et les anglais en déroute à Bouvines, qui écrase les mercenaires en France au cours du 12ème siècle, qui permet aux anglais decapture la Cornouailles, les Galles et presque l'Ecosse. La bataille de Bannockburn (1314) signe la première défaite de grande ampleur de ce type d'armée et sert de leçon aux anglais qui emploieront les même méthodes face aux Français pendant la guerre de cent ans.
Ces armées employaient parfois des régiments mercenaires, comme les arbalétriers génois ou les cavaliers lourds brabançons.
D) armées hussites
Les hussites sont les prédécesseurs des réformistes. Leur mouvement s'est essoufflé mais pas sans mettre en pièce plusieurs armées impériales.
Leurs armées étaient pour le moins surprenantes à l'époque car elles sont héritées de tactiques de combat nomades ou semi-nomades germaniques et hunniques.
L'unité de base de l'armée est le chariot. Chaque chariot est tiré par des bêtes de somme et emmène plusieurs combattants équipés d'armes d'hast et d'armes de jet. Le principe était de formé des murs défensifs avec les chariots et d'arroser les rangs adverses pendant que ceux-ci se brisent sur ces défenses (pour plus de flexibilité on peut appuyer ce dispositif contre le mur d'une ville ou une rivière. De la cavalerie lourde et légère (chevalier et sergent d'armes) fournie par les nobles liés à ce mouvement se mettaient à l'abri derrière les chariots et procédait à des charges dévastatrices dès que l'opportunité s'en présentait.
Les hommes appartenant à ces armées se payent en butin de guerre, il s'agit d'une force "révolutionnaire."
E) Cantons suisses
Les armées régulières des cantons suisses apparaissent à la toute fin du moyen-âge. Ce sont tout simplement des armées de conscrits. Ils ressuscitent les méthodes de combat des phalanges macédoniennes dans une certaine mesure.
F) les armées de "lances" à la française.
Pour reconquérir le territoire perdu aux Anglais Charles VII organise et professionalise l'armée de son royaume. L'unité en est la lance. Chaque chevalier est accompagné aux combat par un certains nombres de suivants (coutiliers, archers, vougiers) équipés à ses frais. C'est l'unité de base de la troupe. Il crée en plus des régiments permanents d'archers et d'artilleurs (ces derniers organisés par les frères Bureau.. oui, c'est de à que vient le nom.) Les lances ne combattent pas regroupées, chaque homme rejoint sa place dans l'ordre de bataille. Aucun n'est un mercenaire à proprement parler même si leur statut est ambigu. Il s'agit là des prémices de l'armée de métier qui permettra à François premier de tenir tête au reste de l'Europe 70 ans plus tard.
G) les armées tribales.
Le moyen-âge connaît encore des groupes tribaux celtes capables d'aligner des armées, surtout chez les scots (les fameux highlanders.) Ces armées se payent en pillant les terres ennemies et en dépouillant les cadavres. Les anglais mettront presque 500 ans à briser les tribus scotes (génocide et déportation) et à peine moins pour venir à bout des irlandais. Ces troupes sont indisciplinées, n'obéissent qu'à leur chef et sont capables de réduire une armée plus ordonnée en charpie si on les laisse faire à leur façon sur leur terrain. Historiquement leur rôle fut mineur sauf en trois occasions : la guerre d'indépendance écossaise, la "auld alliance" avec la France et la défense de la Loire pendant la guerre de cent ans tandis que les français reconstituaient leurs forces. En ces deux dernières occasions ils ont combattu en touchant des subsides de la part des français mais il est difficile de les qualifier de mercenaires car ils n'en ont jamais eu le statut. il s'agissait plus d'un dédommagement pour leur participation au conflit loin de leur foyer. Leur motivation première étant de briser l'anglais (la haine donc) plus que l'appât du gain. De toutes façons il s'agit de guerriers tribaux en premier lieu. Il est à noter que, la structure sociale écossaise étant ce qu'elle est, les armées écossaise n'étaient pas uniquement constituées de ces combattants mais aussi d'autres qui suivaient un mode de vie semblable à celui des anglais.
Il existait d'autres groupes tribaux mais je ne les connais pas aussi bien.
Je viens Juste de signaler quelques exemples.
En réalité on combat au moyen-âge comme on vit. Le modèle social de chaque peuple est rendu par l'organisation des armées. Chez les français les serfs formaient la milice, la bourgeoisie et les artisans les hommes d'armes et les sergents, la noblesse la chevalerie et les moines chantaient des cantiques en plein milieu des rangs.
Le coeur de chaque armée est formé par les troupes armées levées (de gré ou de force) dans la population et équipées à leur frais ou au frais du royaume, de la nation, du canton, du clan... PUIS viennent se greffer des mercenaires. Mais ce n'avait rien de systématique.
Pour revenir sur la prise des villes, les massacres, tout ça. A cette époque tuer un civil était un crime grave et pire que tout le meilleur moyen d'expédier son âme en enfer. Ce n'es pas pour ça que ça n'avait jamais lieu mais dans bien des cas les populations ont été épargnées. En plus des raisons religieuses il y plusieurs raisons d'ordre pratique à prendre en compte. La première c'est que les habitants des villes et villages disposent d'armes : massacrer la population est possible mais se coûteux en vies. L'autre c'est que le but d'une conquête et d'avoir des villes et des champs
entretenus. Massacrer leurs habitants est la dernière chose à faire si on veut tirer un bénéfice d'une conquête. Pour finir, massacrer une vile pour l'exemple est le meilleur moyen de se mettre à dos la population et donc de devoir dépenser des sommes folles pour maintenir l'ordre. Les anglais ont certes ignoré cette règle simple. Ils en ont perdu la guerre.
Il y a certes eu des massacres de grande ampleur, peu fréquents. Il y a aussi eu des coups de main, des massacres de 100 à 200 personnes. Ce qu'on oublie souvent de dire c'est que les responsables de ces actions ont souvent fini au bout d'une corde à faire pousser la mandragore. Pour certains le supplice fut plus ésotérique mais nous n'entrerons pas dans les détails, c'est assez peu ragoûtant.
On peut aussi citer la guerre des Flandres au douzième siècle qui à a fait moins de 20 morts dont la moitié accidentelles (chute de cheval, nuque brisée par la chute d'un objet, veine du cou qui éclate pendant qu'un homme souffle dans un cor...) ou ce conflit décisif entre l'Angleterre et la France clôturé par la bataille de Bouvines en 1214 qui a fait suivant les estimations de 1000 à 5000 morts (on parle bien sûr du conflit entier.)
Dernière chose importante, à cette époque un homme vivant et captif vaut une rançon. Un mort ne vaut rien. Cette simple règle a sauvé la vie de milliers de personnes. La mise à mort des prisonniers français à Azincourt fut qualifiée d'atrocité par les contemporains. A méditer pour tout ceux qui veulent faire de cette époque une ère de Barbarie (et à qui je répondrais que des massacres on en a commis au vingtième siècle et on en commettra encore. Cela fait-il des occidentaux aux sens général des barbares ? non... ou oui... mais avant de se donner bonne conscience en disant ces gens étaient des barbares contrairement à nous, il convient de ne pas oublier que si on met bout à bout les conflits orchestrés et livrés entre européens au vingtième siècle on pète allégrement la barre des 100 millions de morts. Parmi lesquels même pas un cinquième sont des combattants.)
Dernier petit détail : on mêlait des eaux usées aux liquides ou au sable jeté sur les assaillants d'un rempart car cela infecte les plaies et même si ça n'est pas toujours mortel cela ralentit considérablement la guérison.