Assassiné

 
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v.3.5


Il faisait nuit. Le regard effaré, je sondais l'irrégularité de la fange qui s'étalait sous mes pieds. Une flaque reflétait paisiblement un précaire quartier de lune. Alentour se mêlaient tout à la fois le murmure impénétrable des ténèbres et l'éclat farouche de quelques torches vacillantes. Inexprimable chaos.

A côté, immergé dans la nuit, un vieux chêne dansait. Sûr de ses profondes racines, il oscillait, se tordait, me narguait.

Une mince filet venait de s'écouler. Fuyant et fragile, le disque vola en éclats alors que la flaque tressautait de douleur. Sa teinte, si insignifiante jusqu'alors, se troubla. Un tourbillon délicieux et inquiétant s'empara de sa quiétude.

Surpris par cette évasion inattendue, mes yeux se mirent à errer autour de moi, en quête de quelque lumière pâle et rassurante. Un corbeau se lança à sa poursuite. Il me sembla alors que jamais je n'avais senti d'oiseau s'envoler. Ebloui, je fermai les paupières.

Une autre goutte s'écrasa lourdement sur un petit caillou. Comme un tambour puissamment frappé, l'écho résonna longuement et me fit rouvrir les yeux. Afin de m'accrocher à une branche pourtant insaisissable, je levai la main. Elle ne dut se contenter que d'une navrante vacuité.

Surpris, je considérai ce membre, flou et voilé de rouge, qui ballait devant moi.

Puis, à son tour, le temps s'enfuit. La flaque m'effleura. Sa profondeur vengeresse m'aspira.

Au même instant, le corbeau croassa son dédain.

Je suis mort.




----------------------------pour les curieux, l'ancienne version-------------------------------
v1.0
Il faisait nuit. Le regard vide, je scrutais la fange qui s'étalait sous mes pieds. Sa douce irrégularité m'inquiéta. Autour de moi se mêlaient tout à la fois le silence obscur et les torches vacillantes. Insondable chaos.

Un peu plus loin, un vieux chêne dansait devant moi. Sûr de ses profondes racines, il me narguait.

Une goutte d'eau venait de tomber. Dérangée dans son statisme impénétrable, la flaque tressaillit de douleur. Sa teinte, si insignifiante jusqu'alors, se troubla. Un tourbillon délicieux s'empara de sa quiétude.

Mes yeux erraient alentours, mais ne voyaient plus vraiment. Une brise légère souffla. Il me sembla que je n'avais jamais senti pareille fraîcheur fouetter mon visage. Tant bien que mal, j'avalais le peu de salive qui me restait.

Une autre goutte s'écrasa lourdement sur un petit caillou. L'écho de l'impact résonna longuement. Afin de m'accrocher à une branche pourtant insaisissable, je levai la main. Elle ne dut se contenter que d'une navrante vacuité.

Surpris, je considérai ce membre, flou et voilé de rouge, qui ballait devant moi.

Puis le temps se perdit. La flaque sauta, sa profondeur s'affermit.

Au même instant, un corbeau s'envola et croassa son dédain.

Je suis mort.
(J'ai bien aimé

La description de ce que peut ressentir la personne qui va mourir m'a fait frémir

En tout cas on se met assez bien dans la peau du personnage (même si il ne vaut mieux pas pour nous) )
En fait, avec du recul, je trouve ça à chier.

J'avais volontairement fait en sorte de choisir un champ lexical inadapté pour faire ressortir le délire de la victime, mais en fait ça ne rend pas bien du tout.
Citation :
Publié par Uvea
En fait, avec du recul, je trouve ça à chier.

J'avais volontairement fait en sorte de choisir un champ lexical inadapté pour faire ressortir le délire de la victime, mais en fait ça ne rend pas bien du tout.
Chacun ses goûts après tout ^^ Mais moi je trouvais ça bien, peux tu expliquer plus clairement ce que tu trouves pas bien ?

Mais bon oh ! respect un peu l'auteur ! hein quoi ? c'est toi ? bon ok
Citation :
Publié par Uvea
Sa douce irrégularité m'inquiéta.
Citation :
Publié par Uvea
silence obscur
Citation :
Publié par Uvea
Une goutte d'eau venait de tomber.
Citation :
Publié par Uvea
Dérangée dans son statisme ((<== archi nul ça)) impénétrable.
Citation :
Publié par Uvea
Puis le temps se perdit. La flaque sauta, sa profondeur s'affermit.
((<== là j'ai voulu accentuer le délire, en fait c'est encore pire stylistiquement que tout ce qui précède))
Ca c'est pour ce que je n'aime pas dans le lexique que j'ai employé.

Citation :
Publié par Uvea
Mes yeux erraient alentours, mais ne voyaient plus vraiment. Une brise légère souffla. Il me sembla que je n'avais jamais senti pareille fraîcheur fouetter mon visage. Tant bien que mal, j'avalais le peu de salive qui me restait.
Citation :
Publié par Uvea
Au même instant, un corbeau s'envola et croassa son dédain.
Truismes navrants...


J'ai voulu essayer un truc et me suis raté, c'est fréquent quand on gribouille.


Pis ça sert à rien d'être indulgent avec soi-même.

"Malédiction tonifie, bénédiction lénifie" (W. Blake)
Ok certains des trucs que tu as cité ne sont peut être pas super.

Mais bon, je ne m'y connais pas trop, donc j'ai bien aimé lire... Sans forcement chercher ce qui ne va pas :/


Si tu le peux, te serai t il possible de faire avec le même sujet (mais en changeant ce que tu n'aimes pas) un second texte que je puisse me faire une idée de ce qui serai mieux ?

Histoire que je m'améliore moi même en voyant ce qu'il ne faut pas faire en fait...
Bah si ton texte ne te plait pas tu prends ca comme un premier jet et tu le retravailles , tu changes ce que tu trouves " qui cloche " et voilà.

Un bon texte faut le travailler , tu peux pas le pondre comme ca ( c'est ce que ma prof de français n'arrête pas de répéter mais en fait elle a raison, y a qu'a lire certaines " oeuvres d'arts " et on trouves plein de sens cachés/ jeux de mots/ supression du réel etc ( woot l'exam de français c'est pour après demain et ca se voit je crois ^^ ) .
v.3.5


Il faisait nuit. Le regard effaré, je sondais l'irrégularité de la fange qui s'étalait sous mes pieds. Une flaque reflétait paisiblement un précaire quartier de lune. Alentour se mêlaient tout à la fois le murmure impénétrable des ténèbres et l'éclat farouche de quelques torches vacillantes. Inexprimable chaos.

A côté, immergé dans la nuit, un vieux chêne dansait. Sûr de ses profondes racines, il oscillait, se tordait, me narguait.

Une mince filet venait de s'écouler. Fuyant et fragile, le disque vola en éclats alors que la flaque tressautait de douleur. Sa teinte, si insignifiante jusqu'alors, se troubla. Un tourbillon délicieux et inquiétant s'empara de sa quiétude.

Surpris par cette évasion inattendue, mes yeux se mirent à errer autour de moi, en quête de quelque lumière pâle et rassurante. Un corbeau se lança à sa poursuite. Il me sembla alors que jamais je n'avais senti d'oiseau s'envoler. Ebloui, je fermai les paupières.

Une autre goutte s'écrasa lourdement sur un petit caillou. Comme un tambour puissamment frappé, l'écho résonna longuement et me fit rouvrir les yeux. Afin de m'accrocher à une branche pourtant insaisissable, je levai la main. Elle ne dut se contenter que d'une navrante vacuité.

Surpris, je considérai ce membre, flou et voilé de rouge, qui ballait devant moi.

Puis, à son tour, le temps s'enfuit. La flaque m'effleura. Sa profondeur vengeresse m'aspira.

Au même instant, le corbeau croassa son dédain.

Je suis mort.


@Ganil : le problème quand on écrit, c'est qu'on doit donner un sens aux choses qui ne sont pas supposées en avoir, et pas simplement les trouver (j'ai envie de dire que ça, c'est facile). En l'occurrence, sur ce deuxième jet, j'ai cherché à imprimer une symbolique plus forte (la fuite, la haine, la peur, et j'en passe) tout en conservant la notion de délire (que j'ai tempérée par rapport à avant) et un vocabulaire plus adéquat.

Et je sais aussi pertinemment que dans 2h cette version me semblera tout aussi à chier que l'autre.
 

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