[Kirin Tor] Ignorance

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Tanaris. Le désert. Une mer de sable qui s’étendait à n’en plus finir. Le jour, une brûlure infernale. La nuit, une morsure cruelle. Peu de place pour la vie. La survie plutôt. Des squelettes au loin. J’étais le désert.

« Le feu ! Tu t’es nié trop longtemps mon frère. Abandonne l’eau.. Ne te laisse plus manipuler par ton entourage ! Tous contre toi ! Ils veulent te faire du mal ! Ecoute ton frère qui t’aime ! »

Ma famille, mon frère. Un soutien, un pilier. Un guide, un modèle. Jamais mon frère ne me trahirait ! Jamais ! Toujours là pour moi !

« Je suis toi ! Sans moi tu meurs ! »

Me faire souffrir ! Ce démon de Môr’haun voulait me faire souffrir. Un démon aux paroles douces. Un diable aux actes trompeurs. Trahison !



« Vous avez confiance en lui ? »

Clelya regardait les flots se tordre et se distordre.

« Mon petit-fils croit en lui. Je ne sais pas pourquoi. Leur lien est fort…il le connaît mieux que quiconque… »

La vieille gnome prit une pierre et la jeta dans le lac. Le caillou s’engloutit dans la rivière sans aucune ondée.

« Et si il échoue ? »

Clelya se redressa et passa sa main éthérée sur la tombe de Thellos.

« Je ne veux pas le croire. Je ne peux l’envisager. »

La gnome se rapprocha du spectre. Elle débroussailla quelques mauvaises herbes qui envahissaient la tombe du conjoint défunt.

« Ignorer. C’est dangereux de jouer avec le néant. Des mensonges, des actes cachés…l’intention devient distordu et flou. La sincérité…elle se perd. La pureté également. »

Clelya fit mine de ne pas prêter attention aux pensées de la gnome. Môr’haun savait ce qu’il faisait…oui il devait savoir. La gnome regarda la lune qui trônait au milieu des arbres.

« Contactez-la. Ayame doit comprendre… »



Un anneau de lune. Il y avait cet anneau dans une lettre. Un cadeau que j’avais donné à mon frère. Un anneau comme un lien. Dans sa lettre, il disait qu’il « partait vers d’autres tourments ». Abandon.

« Détruis ce cadeau mon frère ! C’est un piège du démon ! Ecoutes-moi ! »

« Il » m’avait trompé. « Il » m’avait rendu fou après que Môr’haun soit revenu de son long voyage. « Il » avait exploité mon manque, ce besoin d’être avec mon frère, de pêcher des poissons avec lui, de le voir les cuisiner, de lui livrer mes songes. De pouvoir ressentir ses désirs et ses déceptions, de pouvoir le sentir tout simplement à coté de moi. « Il » m’avait fait croire qu’ « il » était mon frère, et que mon frère était ce démon, « il ».

« Je vais disparaître, et toi seul peut me faire revenir. » Je me souvenais des pensées de Môr’haun alors que j’étais dans les montagnes d’Alterac. Effectivement, il avait disparu de ce monde. Et j’ai tout fait pour le faire revenir. J’essayais de rester à ses cotés alors qu’il me rejetait. Je l’ai cherché, en vain. Il n’était plus qu’une ombre. Je refusais de baisser les bras. Je devais le faire revenir ! j’ai essayé de lui redonner son essence, cet « ange » qu’il m’avait confié, j’ai même donné une partie de moi-même. J’ai sacrifié mes rêves et mes espoirs. Je voulais l’aider…ainsi il me respecterait. Je voulais être « fort » pour lui.

Je me suis perdu. Je n’ai pas réussi à le faire revenir. Il est revenu de lui-même. Ses songes remplis d’accusations.

« Tu as tué mon fils…tu m’as manqué de respect…tu n’as pas su protéger ma compagne… ». Non…non…tout ce que je voulais, c’était que tu sois fier de moi…je voulais ton respect…mes actes…j’ai fait tout le contraire. J’étais fou furieux contre moi-même. Je l’avais trahi, lui que j’aimais tant…et lui qui attribuait de l’importance aux actes, il ne pourrait jamais me croire…

Je revenais de ma folie. Cette lettre…la volonté de mon frère…je devais respecter son choix. Je devais accepter qu’il m’ignore. Je devais me plonger dans ce néant si je voulais enfin avoir son respect. Je sentais une fissure en moi s’ouvrir…un puits sans fond…mon essence s’y engouffrait peu à peu… « Il » était furieux. « Il » faisait parti de moi, et si je m’anéantissais, alors « il » disparaîtrait aussi. Tout s’allongeait, puis se rétrécissait, la matière était difforme…plus de sens…plus de désir…plus de volonté…si ce n’est celle de ne pas trahir encore mon frère…m’anéantir pour lui…m’anéantir pour les autres aussi…la malédiction qu’ « il » m’avait donné… « Trahis ceux qui t’aiment. »… « Trahis ceux que tu aimes »


Clelya était nerveuse…elle ne sentait plus son petit fils. Elle faisait des aller-retours incessant sur le petit îlot. La gnome s’approcha de sa tombe…

« Alors ? « Il » est mort n’est ce pas ? Et Môr’haun a pu sauver Loerys ? Sa « grâce » accordée par Elune, il l’a utilisé ? Il est venu ? »

« Loerys est mort. Le mage est mort. « Il » est mort. Et non il n’est pas venu. »

Clelya ne pouvait pas y croire…elle ne devait pas y croire…son amour, Thellos, son fils, Azul, et maintenant son petit-fils, Loerys…

« Môr’haun n’a rien fait ? Rien du tout ? »

La gnome hésita à répondre…

« Si il a coupé le lien avec le mage. Il a envoyé une elfe, Felyndiria à sa place. Une elfe bienveillante, mais sans lien avec le mage. Une elfe qui ne savait pas vraiment quoi faire. »

Clelya était furieuse…et résignée. Elle avait trop espérée de Môr’haun…mais rien…il n’est même pas venu…

« Alors…c’est…fini ? »

La gnome n’osa pas répondre à cette question.

« Il lui reste un corps. Et des bouteilles vides. »



Je m’accrochais désespérément à la margelle du puits. Je sentais une main crochue s’agripper à mon pied, un poids de plus à supporter pour mes bras. Il y avait juste cette margelle. Rien autour. Un puits sans fond, sans forme. Un trou béant.

La main crochue lâcha mon pied…je « l »’entendis hurler sa haine…sa colère contre mon frère…puis plus aucun son. Le puits n’avait vraiment pas de fond. C’était le néant. « Il » n’existait plus.

La margelle commençait à s’effriter peu à peu. Mes doigts se dérobaient à sa structure…J’espérais que Môr’haun viendrait…non je ne devais pas espérer cela…respecter sa volonté…son ignorance. « Aimer, c’est mourir. » Non bien plus que cela…aimer c’était s’anéantir…

Je croyais le voir. Je croyais le sentir. Je voyais son visage…toujours cette expression figée…je tendais avec détresse ma main gauche vers lui…

« Trahison du cœur et du sang. » Le lien se brisait.

Son dernier murmure. Il repoussa ma main et me déséquilibra. Je chutais…je voyais son visage se distordre à son tour…j’appelais…sans réponses…

Je pensais alors à Kerandhil, à Ayame, à Miline, à mes compagnons de guilde…eux je les avais trahi…mais toi mon frère…mon « moi »…comment ai-je pu te trahir…j'ai respecté ton souhait...ton ignorance...pourquoi tu me rejetais encore…pourquoi tu te sentais encore trahi...pourquoi...









….pourquoi….










.
Kerandhil l'avait toujours su, Môr'haun cette bête, ce démon...

Il était à la base de tous nos problèmes, il le savait depuis le début. Mais plus qu'un démon, un effroyable manipulateur, un manipulateur talentueux qui s'était attaqué à Kerandhil, lui aussi blessé, enclin au même désespoir que Loerys...





Cette nuit, Kerandhil rencontra Loerys, à Tanaris. Il savait qu'il le trouverait là-bas... Son désert, ses vastes étendues désertiques...


Il voulait lui parler, il voulait essayer de l'aider. Il ne voulait pas l'abandonner. Mais ce qu'il vit fut trop fort, trop effrayant. Le vide, le néant... Loerys n'existait plus.


Kerandhil dut fuir, ne pouvant faire face à l'évidence. Il n'en avait rien à faire de la disparition de Loerys... Non, cela lui importait peu. Si loerys devait s'évaporer, il l'oublierait, il le remplacerait s'il le fallait même. Ce n'était pas de la tristesse qui habitait son coeur, c'était de la rage, du désespoir... Il ne pouvait se faire à cette pensée, pourtant tellement véritable, révélatrice de sa vraie personne... Le temps aurait eu raison de ses sentiments, instables, continuellement en changement. S'il avait essayé d'aider Loerys, c'était seulement pour lui. C'était pour se prouver qu'il pouvait donner de l'importance à quelque chose, se donner un objectif, un but quelconque... mais ce n'était qu'un simple mensonge... une pitoyable tentative de fuite... il ne voulait pas écouter ses songes...



Pourquoi ne pouvait-il ressentir de l'affection ? Pourquoi ne réussissait-il pas à se lier aux personnes qu'il croyait apprécier ? Toutes ces émotions, des mensonges, des malentendus... Il avait menti à Loerys, il lui avait menti... Il lui avait dit qu'il ne l'abandonnerait pas, qu'il comptait pour lui, mais c'était faux. Rien ne peut compter, plus rien n'a d'importance pour Kerandhil... plus rien...
En lui mentant, Kerandhil savait qu'il avait participé à la décrépitude du mage... Il se sentait coupable. Il l'avait trahi.


Cela devait cesser. Les sons, les musiques, les complaintes lancinantes, elles s'insinuaient dans son esprit. La lumière s'en est allée, ce n'était qu'un mirage... Mais maintenant, les visions des cauchemars, elles ne l'aggressent plus. Elles l'appellent, elles veulent le réconforter de leur étreinte glaciale.


Il faut arrêter de mentir. Tout lutte est vaine. "Je suis chaos, je suis instable, je suis dangereux, je dois suivre les conseils que je donnais à Loerys... Cesser de fuir !"


L'anarchie, le chaos, le néant, ses essences pures, ces essences véritables, elles le caressent, elles le cajolent, le consolent.


"Je dois accepter ma vraie nature, je ne dois plus me battre contre elle, cette lutte est vaine, inutile... Je dois..."


La musique, mélodieuse, insistante, inéluctable, elle emplit son esprit, elle lui dicte sa conduite, elle résonne d'un glacial écho dans toute son âme.


L'elfe court, il ne prend même plus la peine de se transformer, il jette ses vêtements, il veut se détacher de tout. Il marche, lentement, ses yeux fixent l'horizon. Ses pieds nus foulent le sol des Tarides, bientôt, il approche... il le sent...


Les chants sont de plus en plus forts, les visages déformés par la douleur se mettent à chanter, leurs complaintes sont dures, froides et tristes, malgré leur apparence répugnante et effrayante, ils ne lui veulent aucun mal. "Il me faut accepter leur nature, je ne dois plus me battre contre elles, je ne dois plus les nier."


Il fait froid, mais Kerandhil n'a plus de sensation, des hyènes l'attaquent, lui arrachant des morceaux de chair, mais l'elfe reste stoïque, il se contente d'avancer, sans changer son allure, sans réagir, fixant toujours un point à l'horizon. Les mélodies sont de plus en plus présentes, elles le réconfortent, leur froideur lui semble presque accueillante.


"Oui... voilà... ce pour quoi je suis né... voilà ma vraie nature... Le néant..."


Les cavernes des lamentations se dessinent devant lui. Il s'y introduit alors, provocant l'étonnement de quelques autochtones qui semblaient explorer les alentours. Il rentre enfin dans les cavernes...



Là... un autel de pierre... il s'y couche. Quelques pensées lui traversent alors l'esprit, des souvenirs...


"Kylhi ? Toujours à vouloir paraître... tout va mal... mais tout doit aller bien... Faire semblant... encore... Il ne m'a jamais vraiment aimé... Chez Bruuk... jamais je ne l'aurai pensé capable d'une pareille machination pour me sous-tirer des informations..."

"Cette elfe druide... cet amour pourtant tellement merveilleux... ? Qu'une simple rencontre, un malentendu... Une idylle stupide qui n'aurait jamais du être... Mais je dois la remercier... sans elle je n'aurai jamais compris la vraie nature des relations entre les gens : futile et fausse..."

"Fréawine ? Je l'ai blessée, elle était très gentille, mais je ne l'aimais pas... je ne pouvais plus... Encore une fois... j'étais victime de mes sensations, de mes sentiments trompeurs, le chaos... l'anarchie, je ne pouvais le gérer..."

"Felyndiria ? Une nouvelle rencontre, je ne devais plus la voir, je l'aurai blessée, mes sentiments inconstants, irréguliers auraient fait une nouvelle victime, l'amour... faux, menteur, impossible !"

"Ayame... Loerys... Môr'haun... Asline... Dhaeronsul... Miline... Plus d'importance... c'est du passé... je veux accepter ma vraie nature, me détacher de ce monde futile inondé de masques, je veux rejoindre les essences, les vraies, les véritables..."


Mais une dernière larme, une ultime larme gorgée de toute sa tristesse, de tout son désespoir perle alors le long d'une de ses joues.


Ses yeux se ferment, tout s'agite autour de lui. Il rêve, le voilà à nouveau, dans ce rêve d'émeraude, dans ses cauchemars. Mais cette fois quelque chose change, il ne lutte plus contre ses cauchemars, il veut ne faire qu'un avec eux, il veut rejoindre ces complaintes lancinantes, il veut les embrasser de tout son corps, de toute son âme.


La larme, qui brillait alors d'une tristesse infinie tombe à terre, et se met à scintiller.


Tout se trouble, Kerandhil semble devenir transparent, il semble s'évaporer, il rejoint son rêve, il va le vivre pleinement... La musique aux sons discordieux se fait alors de plus en plus mélodieuse, elle le berce, elle le cajole. Des essences dansent et tournent autour de lui, elles l'enlèvent. Le chaos et l'anarchie s'insuffle en lui, son âme en est continuellement imprégnée, il a disparu...


La larme se cristallise alors, elle se transforme en un éclat brillant. Un éclat rempli de toute sa tristesse, de tous ses souvenirs, de toutes ses déceptions, de tout ce qui avait fait de lui quelqu'un de "rempli". De tout ce qui faisait de ce druide... quelqu'un. Maintenant... il a rejoint le vide... il est le vide...

Une créature dégoûtante sort alors du bassin, c'est un Murlock, massif, très grand. Il s'empare de ce trésor, et décide de le garder, attiré par la lumière qui en émane. Il retourne ainsi dans les eux, en possession d'un bien très précieux...



Et Kerandhil lui... n'est plus...
Message roleplay
- La noirceur de l'âme cache souvent le rayonnement d'un coeur déchu.

*..Lorsque l'on est sans cesse torturé pour apprendre les secrets de la chair, lacéré dans son honneur pour survivre des autres. Quand l'amour s'efface usé de sentiments divins joués des hommes, alors nous devenons "Saigneur Nocturne", une ombre insaisissable...*
La jeune elfe s'agenouille au bord d'un cours d'eau, troublée, ne sachant si elle doit se fier à ses impressions, son instinct.. ou sa raison. Ses pensées vagabondent..

J'aurais pu dire qu'hier je ne les connaissais pas, et qu'ils n'auraient donc aucun intérêt pour moi. J'ai voulu apporter ma flamme vive à ceux qui marchaient dans le noir.. A ma manière sauvage et spontanée...

Elle secoue doucement la tête, comme toujours, des mèches folles viennent lui barrer le visage sans qu'elle ne fasse un geste pour les chasser, sa main glisse dans l'onde. Elle semble se tendre la main à elle même.. Un sourire plein de douceur se dessine sur ses lèvres.

J'ai échoué sans échouer je suppose.. Je ne pouvais rien faire, trop d'ombres en Môr pour qu'il me donne la clef, trop d'aveuglement.. Ou pas assez d'intérêt personnel ? Rien à "gagner" ? Qu'importe.. Je ne ressent plus leurs présences, ou.. si, différente, infime.. Mon imagination ?

Elle secoue sa main, laissant les gouttelettes rider la surface de l'eau, puis remet en ordre sa chevelure. Elle se relève, remettant un peu d'ordre dans sa robe. Lorsqu'elle s'en va finalement, son visage est serein.

Tant de gens craignent de me blesser, pourtant c'est en eux que l'on voit des blessures.. Kerandhil, j'espère t'avoir tout de même porté un peu de lumière, même si tu as fait le choix de la refuser. Ce que j'apporte.. je ne demande rien en retour.

Peut-être un jour, je serai là pour vous aider.. Et peut-être, j'y arriverai..
Comment était-ce possible une telle ressemblance ?
Les yeux de Felyndiria avaient cette même stupeur, l'une et l'autre hébétée de tant de similitudes...leurs habitudes, leurs paroles, leurs connaissances...
Comment était-ce possible...



Je secoue la tête pour chasser mes pensées, les réponses viendront en temps voulues, d'autres questions sont plus pressantes, car elles peuvent disparaître avec ceux qui les portent...

Une main levée vainement vers le firmament, rayonnant comme chaque soirs, comment fait-il lui aussi pour ne jamais se ternir ? Une étoile..une constellation, proche de la lune..L'alpha du centaure...Elle aussi, elle apporte des questions.
Citation :
Publié par Ayame
Comment était-ce possible une telle ressemblance ?
Les yeux de Felyndiria avaient cette même stupeur, l'une et l'autre hébétée de tant de similitudes...leurs habitudes, leurs paroles, leurs connaissances...
Comment était-ce possible...
Empathie, effluve de mots, d'intuitions.

*..Maintenant tu sais, tu a la réponse, pourquoi je t'ai... Melane le indo. Des images et des songes traversent mes pensées, d'autres terres, d'autres lieux, mais toujours la même âme.

La méditation apporte un peu de paix, j'espère pouvoir donner à quelqu'un qui m'est cher un peu de sincérité et d'honneur, oui du respect et de l'honneur mais pas encore, non.. pas encore. Je veux et j'exige "qu'il" succombe avant.
*

Môr aveugle, assis sur le rocher du port de Menethil passe ses doigts au dessus des inscriptions gravées à même la lame de légende : La rédemption Ombrelune.
__________________
"Je n’obéis à aucune règle, aucune injonction...
Si je dois honorer un contrat, je décide
seul, pour qui et quand ! "

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