Je quittai Stormwind sans me retourner, partagé entre le désir de courir le plus vite possible et la fatigue dû à mon séjour dans les égouts. Finalement la fatigue l’emporta et c’est d’un pas lent que je parcourus la route de pavés puis de terre battue qui menait hors de Stormwind et de ses environs. Je marchai durant deux heures le long de la route, me dissimulant dans la nature environnante lorsque je croisai des gardes qui patrouillaient. Finalement je finis par arriver à Goldshire. Je songeai un instant à m’y arrêter mais c’était encore trop près de Stormwind à mon goût et il y avait trop de gardes aussi, néanmoins j’aperçus un panneau qui indiquait l’abbaye de Nothshire, et bien que je ne sois pas très pieu cette abbaye m’apparut comme l’endroit le plus sur dans les environs, aussi j’évitai d’entrer dans la ville et poursuivi mon chemin en direction du nord. Au bout de quelques heures de marche, je m’arrêtai et m’écartai de la route. J’étais épuisé, j’avais faim et la nuit commençait à tomber. Je laissai donc tomber mon sac, bu quelques gorgées d’eau à ma gourde et je commençai à chercher du bois pour faire un feu. Ce n’était pas discret mais j’avais un mauvais souvenir des loups et je ne me sentais pas encore bien remis du poison. Au bout d’une vingtaine de minutes, j’avais donc fait un petit feu qui brûlait devant moi, et un lapin en train de cuire, empalé sur une branche. Pendant ce temps je montai le reste de mon campement, je posai ma paillasse au sol puis sortais une couverture d’hiver. Une fois cela fait je revenais à mon lapin et commençais à le dévorer à belle dent. Je n’avais pas eu le temps de prendre de quoi boire aussi me contentai-je d’eau. Une fois mon repas de fortune terminé je rajoutai une bûche puis je m’allongeai sur ma paillasse après avoir vérifié que mes armes étaient à portée de main. C’est là que je pris conscience que je n’avais plus mon épée courte. J’avais du la perdre dans les égouts. Je jurai intérieurement devant ma dague qui constituait mon seul moyen de défense tandis qu’une partie de moi me rappelait que je ne savais pas me battre avec une épée et que je me débrouillai à peine mieux avec une dague. Je finis par m’endormir d’un sommeil sans rêve.
Je fus réveillé par les bruits d’un chariot qui passait sur la route et son conducteur qui jurait contre ses bêtes qui n’avançaient pas. Il faisait jour et manifestement on était proche de midi. Je me relevai rapidement et rangeai mes affaires en constatant que le feu s’était éteint. Puis, après avoir mangé un morceau de fromage et du pain rassit je repris ma route pour l’abbaye de Northshire. Je continuai à marcher durant une heure ou deux pour enfin arriver à l’abbaye. Elle n’avait rien d’exceptionnel comparée à la cathédrale de Stormwind mais il s’en dégageait une aura de sécurité qui me rassura un peu.

Je m’apprêtai à rentrer à l’intérieur lorsqu’une main gantée de fer se posa sur mon épaule.
- Hola, mon jeune ami, tu m’as l’air bien pressé!
dit un garde de Stormwind alors que je me retournais main sur ma dague.
- Hein? Quoi moi ? Heu non pas du tout, je voulais juste aller dans l’abbaye!
bredouillai-je en essayant d’échapper à la main toujours posée sur mon épaule.
Le soldat me dévisagea un long moment et je me tenais prêt à fuir dès qu’il ferait mine de m’attaquer ou quoi que soit. Mais il ne fit rien de tel.
Dis-moi tu m’as l’air de savoir te débrouiller… Et tu m’as aussi l’air d’avoir besoin d’argent. Tu peux nous être utile, on a besoin d’aide. Va dans l’abbaye mon supérieur offre du travail à ceux qui n’ont pas peur de se salir un peu les mains.
Je m’apprêtais à faire semblant d’accepter puis de m’enfuir dès qu’il aurait le dos tournait mais il ajouta
- De plus, tous ceux qui nous aident sont logés gratuitement et nourris.
Comme pour confirmer les bénéfices d’un tel service mon estomac se manifesta à ce moment précis. Le soldat sourit et finit par dire.
- Allez, mon supérieur t’attend, et je crois que tu as bien besoin de l’aide que nous proposons. Disons que c’est donnant donnant.
Je hochai la tête et me dirigeai vers l’abbaye. Je songeais à juste jeter un coup d’œil, et peut-être accepter un travail ou deux pour me remettre complètement de mon empoisonnement et gagner un peu d’argent. À peine étais-je entré dans l’abbaye que soldat m’interpella à nouveau. Celui ci semblait gradé et bien plus autoritaire. Dangereux aussi.
- Ha! C’est bien vous que j’ai vu discuter avec l’un de mes gardes dehors n’est ce pas? Bien vous venez ici pour un travail? J’ai justement besoin d’une épée!
Il m’examina et ajouta Ou d’une dague ça fera l’affaire. Vous connaissez les kobolds? Des espèces de fouines qui infestent les mines. Elles ne sont guère dangereuses, du moins celles qui me posent problème, mais elles sont trop nombreuses! Débrouillez-vous pour en éliminer quelques unes et cette bourse est à vous!
dit il en agitant une bourse qui émit le doux bruit des pièces de cuivres.
- Heu ben… J’vais faire mon possible… Mais j’aurai bien la bourse ensuite?
j’étais surpris qu’il n’ait pas encore essayé de me tuer et encore plus qu’il me promette de l’argent pour tuer des fouines! Mais je restai hésitant, jusqu’à ce que le doux fumet de la viande grillée chatouille mon nez et que mon ventre se mette à grogner de nouveau, ce qui n’échappa pas à mon futur employeur.
- Oui vous aurez la bourse… Et même le gîte et le couvert si vous en terminez avant ce soir! Ramenez-moi une dizaine de leurs oreilles comme preuve.
À peine avait-il fini que je lui confiais mon sac de voyage et que je partais à la recherche de ces fouines. Je les trouvais non loin dans la forêt aux abords d’une mine.
Et je me stoppai immédiatement, non seulement devant leurs nombres mais aussi devant leurs apparences. C’était indescriptible, ils étaient horribles!
- Une grosse fouine tu parles!
Néanmoins je continuai à m’approcher et finis par en repérer un qui semblait chercher des champignons à l’écart des autres. Je m’approchai doucement dans son dos et m’apprêtais à lui planter ma dague dans le dos quand une branche craqua sous ma botte. Il fit volte-face et je me jetais sur lui pour lui planter ma dague mais il s’écarta et ma lame ne fit qu’érafler ses cotes. Il laissa échapper un glapissement et se saisit de sa pelle comme d’une arme et m’attaqua avec. J’essayai d’esquiver mais il m’atteint à l’épaule, je laissai échapper un grognement et en profiter pour l’attaquer à l’un de ses bras. Il ne put reculer à temps et je l’entaillai profondément. Néanmoins cette blessure ne l’empêcha pas d’enfoncer sa pelle dans mon estomac et de me couper le souffle. Je posais un genou à terre et je le vis lever sa pelle pour me l’abattre sur le crâne. Heureusement sa blessure commençait à l’affaiblir et il mit un peu trop de temps pour lever son arme, j’en profitai pour me relever et lui enfoncer ma dague dans l’estomac. Il lâcha sa pelle et s’apprêta à hurler, mais sa bouche se remplit de sang et il éclaboussa mes vêtements. Puis ses yeux se voilèrent et il s’effondra à côté de moi. Je tirai rapidement le cadavre derrière un arbre et coupais une de ses oreilles puis j’abandonnai le corps ici, des loups se feraient un plaisir de s’en occuper.
Alors que l’adrénaline retombait je m’aperçus que si le coup au ventre n’était pas douloureux, mon épaule me lançait. Mais pas question d’abandonner et de passer à côté de l’argent, la viande, et le lit. Je fis donc le travail, je tuais une dizaine de kobolds isolés, parfois les appâtant avec un morceau de pain, ou bien en me dissimulant dans un arbre en attendant qu’ils passent en dessous pour que je puisse en surprendre un. Au bout de plusieurs heures de chasse, j’avais des bleus partout, de longues entailles sur les bras et mes vêtements étaient en lambeaux. Mais j’avais dix oreilles! Je me dépéchai de rentrer à l’abbaye, la nuit commençant à tomber et les loups à partir en chasse. Lorsque j’arrivais à l’abbaye, les soldats commençaient à fermer les portes et je me faufilai de justesse jusqu’à l’entrée. Je reprenais mon souffle quand j’entendis quelqu’un m’appeler.
- Ha! Alors ces kobolds?
C’était l’homme qui m’avait employé. Je n’avais pas la force de parler et lui tendis un morceau de tissu rouge de sang rempli de ces fameuses oreilles. Son sourire s’agrandit et il me jeta la bourse en retour.
- Le repas sera servi bientôt et les dortoirs vous sont ouverts! Bien je vais vous laisser. Restez dans le coin j’aurai peut-être d’autres services à vous demander.
Je hochai la tête, me dirigeai vers la cuisine et m’assis devant une assiette composée d’un morceau de viande et de quelques légumes. Je dévorai ce repas à belles dents puis je pris le chemin des dortoirs. On avait posé sur un lit mon sac de voyage. Je déballai rapidement ma couverture et m’endormis paisiblement, persuadé qui s’ils avaient voulu m’assassiner ils l’auraient fait et qu’ils n’oseraient pas le faire dans une abbaye. Une fois de plus je ne rêvai pas, et me réveillai en pleine forme le lendemain matin, pour retrouver mes vêtements non pas en tas comme je les avais laissés hier mais pliés au pied de mon lit. Après un examen plus approfondi je m’aperçus que ce n’était pas les miens mais des vêtements de rechange. Je les enfilai avec plaisir et me dirigeai vers la cuisine. On m’indiqua où trouver à manger, je prenais un morceau de pain et du gruau et me dirigeai vers une table. Au moment où je m’attablais je m’aperçus qu’il y avait quelque chose dans ma poche. Je plongeai ma main à l’intérieur et en ressortis une lettre que je dépliai avec curiosité.
- Bien le bonjour jeune homme, j’ai pu t’observer alors que tu tuais les kobolds pour le compte de l’armée. Tu m’as tout l’air de venir de la ville et manifestement, vu ta manière de te battre, ce n’est pas par plaisir que tu te retrouves ici. Néanmoins tu as eu quelques bonnes idées qui me laissent croire que je pourrais faire quelque chose de toi. Rejoint moi discrètement à l’écurie si tu veux en savoir plus. Cela ne te coûte rien et rassure toi elle est juste derrière l’abbaye aussi ce n’est pas un piège.
Je fixai cette lettre durant quelques minutes, mon cerveau réfléchissant à toute vitesse, ça ne pouvait pas être ceux qui me cherchaient personne ne pouvait savoir que je m’étais réfugié ici. Et cette lettre éveillait ma curiosité. Je froissai la lettre et la jetai dans le feu puis avalai rapidement mon déjeuner avant de partir revêtir mon armure de cuir, qui n’avait plus rien d’une armure vu son état, et me dirigeai vers l’entrée de l’abbaye. Devant, il y avait toujours ce caporal, ou je ne sais quoi, qui semblait guetter d’éventuelles nouvelles recrues. Néanmoins un prêtre de l’abbaye vint à mon aide en appelant ce garde pour l’aider à une quelconque tache et je pus sortir sans être vu. Je fis rapidement le tour de l’abbaye et me retrouver bientôt à proximité de l’écurie. Je rentrai discrètement à l’intérieur et aperçu un homme de dos dans la pénombre. Je commençais à m’approcher sans bruit mais je ne vis pas la fourche que je fis tomber malencontreusement, trahissant ainsi ma présence. L’homme se retourna dague à la main et je m’apprêtais à me battre à mon tour.

Mais celui-ci se détendit à ma vue et baissa son arme.
- Ha tu es venu finalement! Tant mieux. Bien tu as presque failli me surprendre c’est déjà un bon début pour la suite.
Il conserva sa dague à la main mais son visage se fit souriant.
- Quelle suite? Qu’est ce que vous voulez?
Je restai moi aussi sur mes gardes et n’écartai pas ma main dans ma dague
- Moi? T’aider voyons! Laisse-moi deviner… Tu as volé et tu t’es fait prendre? Ou bien tu as séduit une bourgeoise et le père n’a pas apprécié? Vu comment tu te bats, je doute que tu aies tué qui que ce soit. Bon alors, explique moi pourquoi tu as quitté la grande cité de Stormwind pour ce trou perdu, et pour travailler avec l’armée en plus?
J’hésitais à lui répondre, moi-même je ne savais pas pourquoi on voulait me tuer
- Qui me dit que vous n’êtes pas un informateur?
demandai-je, aussi bien pour gagner du temps que pour ma tranquillité d’esprit.
- Parce que si j’étais un informateur tu te serais fait réveiller par le doux bruit des fers autour de tes chevilles et que ce soir tu te serais retrouvé à Stormwind en prison. On n’a pas besoin de preuves concrètes pour t’arrêter, surtout si tu es en fuite. Les preuves ça se trouve pour le procès si on en a besoin.
Il me sourit tranquillement et je dus m’avouer qu’il avait sans doute raison.
- Bon, on a essayait de me tuer, je sais pas pourquoi. Manifestement j’ai commis un crime grave puisque les soldats m’ont pourchassés dans tout Stormwind.
Je rapprochais ma main de ma dague en attendant sa réaction. Celui-ci siffla admirativement.
- Hé bien j’ai touché le gros lot on dirait, tu as réussi à leur échapper? Bravo tu es peut-être meilleur que je ne le pensais. Bon écoute, je vais pas te mentir, je suis une de ses personnes de l’ombres. Celles qui se faufilent la nuit dans les demeures pour se procurer ce qu’elles n’ont pas. Et plein d’autres choses encore. C’est un cercle plutôt fermé mais si tu le souhaites je peux te prendre sous mon aile, t’apprendre à te battre, à voler et même à tuer et ça le plus discrètement possible. Je te conseille d’accepter tu m’as l’air dans la mouise et c’est pas les soldats de l’abbaye qui vont t’aider. En échange tu accepteras quelques missions que mes supérieurs te confieront et tu protégeras notre secret comme celui que tu as déjà. Oui ne me prend pas pour un idiot je sais que tu ne m’as pas tout dis et je m’en moque. Ne nous trahit pas sinon tu finiras ta vie dans les canaux de Stormwind crois moi. Alors?
Je ne réfléchis que quelques instants, j’avais déjà fait une partie de ce qu’il se proposait de m’apprendre, et ces derniers jours m’avaient clairement fait comprendre qu’il faudrait que je m’améliore si je voulais survivre à ce qui se tramait autour de moi.
- Bien, apprend moi ce que tu sais. De mon coté je ferais ce que tes supérieurs me disent. Et je garderai ce secret rassure toi.[i] Je le regardai droit dans les yeux attendant de voir sa réaction. Une fois de plus il sourit de toutes ses dents.|/i]
Bien! Alors chaque soir on se retrouvera ici après la fermeture des portes de l’abbaye. Je vais t’apprendre quelques trucs, du moins ceux que je connais.
Mais… Comment je vais faire pour rentrer dans l’abbaye ensuite? Je vais pas frapper à la porte!
- Rassure-toi tu devrais arriver à y rentrer sans trop de problème d’ici quelques jours, fais-moi confiance. Au fait, continu à travailler pour notre ami le soldat, ça t’entraîne et tu gagnes leur confiance et de l’argent. Mais pas un mot sur l’écurie. Ha oui et si tu as des informations à me communiquer n’hésite pas.
Puis il m’adressa une courbette et s’enfonça dans l’ombre, le temps d’un clin d’œil et il était parti. Je restai moi encore quelques instants ici sans bouger, avant de repartir vers l’abbaye en me demandant si cela commençait dés ce soir. Dans le doute je me rendrais là-bas.
Ainsi, pendant quelques semaines je menais une double vie, le jour j’aidai la milice, en autre en tuant des loups qui s’aventuraient trop près de l’abbaye attiraient par les cadavres de kobolds. La nuit je m’entraînais à tuer, rapidement et sans bruit. Mon maître me confiait des missions de vol de routine dans l’abbaye ou ses alentours. Voler un chandelier dans un bureau, un livre dans la bibliothèque, des bougies aux kobolds mineurs et assez souvent de l’argent. Il m’en demandait la moitié à chaque fois, jusqu’au jour où j’en eu assez et lui dit que je n’avais rien trouvé. En fait j’avais trouvé une vingtaine de pièces de cuivres mais il ne pouvait pas le savoir. Celui ci sourit de toutes ses dents à nouveau et me rendit tout l’argent qu’il m’avait pris jusque-là.
- Ne laisse jamais quelqu’un t’utiliser à des fins que tu n’approuves pas. Et ce que tu accompli tu le fais pour toi d’abord. Les autres te paient pour accomplir le travail qu’ils ne peuvent pas faire, ils ne courent aucun risque alors tout ce que tu trouves tu le gardes. Hormis le but de ta mission bien sûr. Et ne fais jamais rien gratuitement. Sinon les autres dévalorisent tes compétences.
Bien je crois que je t’ai appris tout ce que je pouvais. Maintenant il est temps que tu partes, d’autres personnes s’occuperont de t’enseigner le métier. Et ça risque de te ramener jusqu’à Stormwind alors tiens attrape ça!
Il me lança un pot remplit d’une substance noire.
- C’est quoi?
- De la teinture. Teint toi les cheveux en brun ça résoudra quelques problèmes, les gardes ont déjà dû t’oublier ou te pensent mort mais on va pas prendre de risques. Et évite tout contact avec ceux de ton ancienne vie, d’accord?
Bien je ferais comme tu m’as dit.
- Ha oui et essaye de te trouver un foulard comme ceux des défias! Ca dissimulera le reste de ton visage ce sera parfait! Tu ferais mieux de partir vite si les gardes te voient teint en brun ils vont se poser des questions. Rend toi à Goldshire! Je crois savoir que le caporal t’y a envoyé pour une mission déjà. Bien dans l’auberge l’une des clientes pourra t’aider si tu vois ce que je veux dire. Débrouille-toi et trouve là!
Cette fois-ci c’est moi qui me reculai dans l’ombre avant de disparaître dans la nuit.
Bien maintenant le Goldshire.