L'esprit du Démon

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« Je suis aussi ancien que le monde mais lui n’a qu’une cinquantaine d’année, telle est la première différence qu’il y a entre nous. La deuxième pourrait être nos deux natures profondément opposées quoi que… la voie qu’il a choisi laisser planer le doute. Pourtant, nous sommes étroitement liés… que dis-je étroitement liés ! Nous sommes presque fondus l’un dans l’autre depuis le rituel d’initiation bien que je ne pense pas qu’il connaisse et connaîtra jamais mon existence.
Il est tellement jeune que ses frères le considèrent encore comme un enfant. Ha ha ha ! Un enfant ! S’ils savaient ce que recèle au fond de lui son corps et de son cœur, une force telle qu’il ne m’avait plus été donné de sentir depuis bien des millénaires, le courage non pas irréfléchi mais froid et calculateur et enfin le pouvoir. Le pouvoir… source primordiale de sa vie, de la mienne aussi. Il est enfoui tellement profondément que moi-même je n’ai pu le réveiller qu’une fois pour le moment…
Il est temps de le dire : je suis l’âme noire de Fen. Enfin… ce n’est qu’un titre, je suis loin d’être aussi sanguinaire que mes confrères qui, une fois en possession du corps de leur porteur-apprenti, deviennent tels des berzerkers ivres de sang et faisant des dégâts tout bonnement effroyables. Je le répète, je ne suis pas comme eux. Je suis le démon dont il tirera ses pouvoirs.

Il est temps aussi de présenter un peu Fen. Fenril Winterdeath est un apprenti Chasseur de Démon entrant sa vingtième année d’apprentissage.
Heureusement pour moi – et pour lui – il n’est pas semblable à la plupart des autres elfes apprentis, grands et si musclés qui paraissent aussi noueux que les treants et d’une agilité si restreinte que je n’hésiterais pas à comparer à celle de ces demi-chèvres galeuses de gardiens du bosquet…
Bien sûr, ce n’est qu’une opinion personnelle.
Les cheveux bleu-noir solidement noués en queue de cheval par un lacet de cuir, il ne porte en tout et pour tout qu’un pantalon de cuir sombre. Il a les yeux verts. Curieux n’est-ce pas ? Je dois avouer que cela m’a toujours surpris mais qu’importe, ils n’y resteront plus très longtemps. Le haut du corps couvert de tatouage symbolique noir, il est plutôt élancé, relativement fin comparé aux autres mais musclé. Son arme favorite est le grand sabre mais il se débrouille bien avec les doubles-lames de son ordre.
De plus en plus, je me permets de l’observer en laissant mon esprit flotter en dehors de son corps.

Je sens que le temps approche où je pourrais me dissoudre dans son être. Lui léguant mes pouvoirs sombres contre une possibilité peut-être infime mais pourtant incomparable : celle de me venger de ses démons qui m’ont banni.
Pour le moment, je ne peux pas même lui prêter mes yeux et conséquence, je suis atrocement diminué par ses perceptions si restreintes lorsque je l’habite mais qui pourtant, comparées à celles de mes anciens porteurs, six au total pendant dix milles ans, depuis la création de l'ordre, se révèlent plutôt satisfaisantes. Mais le temps viendra…
Un sceau d’eau glacé, tirée d’une source souterraine, vint réveiller Fen, jeté sans vergogne par un autre novice. Meurtri de toute part, aucune partie de son corps ne semblait vouloir lui accordé un repos sans douleur. La pire vrille se situait sans nulle doute dans le dos après cet assommoir cuisant…

Flottant au-dessus de la salle, seulement visible pour son maître et les autres âmes dans la même situation que moi, je le laissais se battre seul. Il serait bientôt puissant mais il devrait y parvenir seul pour avoir une vraie valeur. Je l’empêcherais simplement de perdre la vie.
Pour la énième fois depuis une heure que durait ce combat, son adversaire l’avait envoyé au tapis et je sens sa colère monter. Je ne suis pas vraiment étonné. Le gros tas de muscle devant lui, devant nous, résiste à tous ses coups aussi fort et précis soit-il, et si au début de la manche, il esquivait sans peine les contre-attaques, la fatigue le fait à présent se déplacer comme un escargot ventripotent.
Il fut sans pitié remis debout et d’une voix tonnante, le maître-entraîneur annonça la reprise. Il reste encore trois manches. J’espère que je n’aurais pas à intervenir. Rien n’est moins sûr : en face de lui, Dhol’Erzar Darksorrow, l’apprenti devait faire une quinzaine de centimètre de plus et lui rendre vingt bons kilos. De plus, il avait déjà tué à mains nues.

Fen chancela, les yeux presque entièrement fermés et gonflés par les hématomes. Un filet de sang gouttait au coin des lèvres et il en avait la bouche presque pleine. Il cracha au sol une salive bleuie avant de lever les yeux vers son adversaire. Celui-ci affiche un sourire confiant, presque moqueur et la colère commence à poindre. Il se mit en garde. Les mains devant lui pour parer, les jambes largement écarter pour bondir à tout moment. Le sourire de son adversaire s’élargit et je pus sentir son âme noire trépigner d’impatience.
Elle n’eut pas à attendre longtemps.
L’affaire fut promptement réglée. Durant les premières minutes, ils semblaient presque à égalité, je dis bien presque car Fen reculait, il ne faisait que parer. Dans une belle danse, ils parcoururent ainsi en long et en large le périmètre de combat. Il tenta bien une attaque, un peu maladroite. Appui sur jambe et coup de pied tendu vers le menton que son adversaire esquiva sans mal. Puis, ripostant du tact au tact, Fen fut envoyé deux mètres plus loin, roulant sur les dalles de la salle. Je voyais les efforts notoires qu’il faisait pour se remettre debout. Je ne sentais que trop bien sa faiblesse, ses muscles rechignaient à lui obéir. Un nouveau filet de sang barrait sa joue, la peau de son front avait éclaté sous l’impact.
Lorsqu’il fut à nouveau sur pied, il ne se mit pas en garde et resta immobile.
Sûr de sa victoire, Dhol chargea. Fen m’épata une nouvelle fois. Il ne bougea qu’au dernier moment, esquivant souplement sur le côté, trop lentement à mon goût mais son adversaire n’était pas un rapide non plus. Il agrippa le bras de Dhol, le soulevant presque avec délicatesse et porta deux atémis violents dans les côtes. L’apprenti ouvrit la bouche et souffla une bonne partie de son air, la main au côté, il tomba à genou mais d’un geste rageur, il lança son autre bras en arc de cercle. Fen croisa les bras devant son visage et accusa le coup. Il saisit ce même bras tendu et sans plus de délicatesse, remonta brutalement son genou sur l’articulation. Il n’y eut pas de craquement, seulement un hurlement de douleur. Fen bondit en arrière tandis que son adversaire repliait son membre meurtri contre lui.

L’expression de Dhol avait changé, elle n’était plus moqueuse mais bien haineuse. Il enchaîna les attaques qui toutes, exceptées les deux premières percutèrent rudement Fen. Désespéré, à bout de force, il lança son talon en arc de cercle vers la gorge mais il sentit son pied agripper puis tirer. Il retrouva de justesse un semblant d’équilibre qui lui permit d’être juste à la bonne hauteur pour recevoir un tranchant de main dans l’estomac. Il se plia en deux mais rejeta brusquement son haut de corps en arrière pour éviter un coup de genou dans le visage. Il découvrit largement sa gorge, ce qui n’était guère préférable.
Chose que je venais de remarquer, Dhol utilisait ses deux bras. Impossible, Fen lui avait meurtri le bras droit ! … A moins que… . Je me souviens encore de la colère qui m’avait assailli. Contre cette fourberie mais aussi contre moi-même : je laissais sans réagir mon porteur se battre face à un elfe croyant faire preuve de talent et de résistance mais qui en faite était totalement soutenu par son âme noire qui lui insufflait force et guidait chacun de ses mouvements. D’un autre côté, je me félicitais de la résistance de Fen mais s’en est assez !
Alors même qu’il rejetait la tête en arrière, je me ruais dans son corps où je lui masquais sa propre douleur vrillant son bras droit. Il ne me déçut pas. Vif, imposant le mouvement à ses muscles maintenant engourdis, il saisit juste à temps le poing de Dhol qui fusait vers sa gorge et lui tordit violemment le poignet. Se laissant glisser au sol, il faucha vers les jambes mais l’autre, d’un bond, esquiva.

Cela suffisait, je l’abandonnais à nouveau. L’âme noire de Dhol me jeta un regard haineux puis à son tour, laissa son porteur se débrouiller seul…
D’un claquement de main, le chasseur de démon signala la fin de la manche. Ils s’écartèrent l’un de l’autre et prirent les deux minutes de repos accorder. S’asseyant en tailleur, ils calmèrent lentement leur respiration. Je ne suis pas mécontent, il y a une certaine amélioration depuis le dernier round…


Deux minutes venaient de s’écouler si rapidement que j’eus l’impression que Fen s’était à peine détendu. Je crois qu’il souffre. Il marcha d’un pas qui se voulait tranquille mais qui ne dissimulait que mal son véritable état. Il tenait à peine debout. Dhol, même si son bras le cuisait, avait meilleure mine. Un claquement annonça la reprise. Plus que deux tours, c’était ce que Fen se répétait sans cesse et je ne peux lui en vouloir face à cet elfe.

Les deux adversaires se tournèrent autour comme deux loups, comparaison intéressante puisqu’ils avaient exactement la même attitude, se jaugeant, s’affrontant pour le moment du regard. Nul doute que sa déculotté avait modéré le zèle de Dhol et une fois n’est pas coutume, ce fut Fen qui brisa l’attente. Ses mains tranchèrent l’air vers le visage d’abord puis après une feinte, il visa l’estomac. Plus précis que puissant les coups atteignirent Dhol qui faisait preuve d’une résistance étonnante en accusant les coups sans broncher ne, reculant que de quelques pas. Ils enchaînèrent par une série d’attaques et de contres assez communs qui témoignaient plus de leur fatigue que d’une quelconque maîtrise.

D’un coup de pied tendu, Dhol effleura la joue de Fen qui avait de nouveau éviter la catastrophe de justesse. Mais dans son esquive, il baissa sa garde déjà précaire et son adversaire enchaîna par un coup de poing magistral à en fendre une poutre. Se contorsionnant pour parer le coup, mon porteur le dévia des deux mains en s ‘écartant puis retint le bras de Dhol. Sentant venir une autre attaque vers les côtes, Dhol se baissa au sol et saisit à son tour les bras de Fen puis bascula en arrière. Sa force, ajoutée au poids de Fen, fit exécuter un vol plané à ce dernier mais par une roulade, il se rétablit. Juste à temps, il put se retourner et Dhol était déjà sur lui.

Il ceintura mon porteur, lui emprisonnant un bras par la même occasion et comme s’il n’était qu’un fétu, le souleva puis resserra sa prise. Je voyais ses muscles se tendre à l’extrême, devenant d’acier alors que Fen, broyé, enchaînait les coups de sa main valide pour ne serrait-ce que desserrer un peu cet étau. Il laissa échapper un grognement de douleur et saisit la gorge de Dhol puis la serra.

Je voyais les tendons saillir sous leurs peaux et les veines se gonfler sous l’effort. Le visage de Dhol se colorait de gris alors que son cerveau cherchait milles solutions : s’il lâchait, tout serrait à refaire, s’il ne lâchait pas… Comme pour le pousser à choisir rapidement, Fen accentua encore sa pression. La menace le décida, il ne lâcherait pas.

Une quarantaine de seconde s’écoulèrent. Oppressantes.
Dhol ouvrit la bouche et sa respiration siffla, il étouffait mais je voyais aussi le corps de Fen se tordre sous l’action violente de ses bras. Les visages étaient tendus et je remarquais brièvement l’attroupement qui se formait contre les murs. Je reportais à nouveau mon attention sur la scène. Elle s’éternisait beaucoup trop. Une grimace de douleur déforma le visage de Fen mais un filet de bave sortit de la bouche de Dhol. Ses bras se desserrèrent. Fen lâcha sa prise et atterrit sur les dalles. Dhol tomba à genou, reprenant difficilement son souffle. Un faible râle avait remplacé sa respiration. Fen recula, chancelant, se tenant précautionneusement les côtes. Je le sondais pour connaître son état : deux côtes cassées et un bras pour le moment inutilisable… rien d’étonnant.

Leur maître claqua à nouveau des mains. Les yeux vitreux, Fen s’écroula plus qu’il ne s’assit sur le sol sans prendre le temps de s’écarter plus. En face de lui, Dhol lui jeta un regard non pas assassin mais brillant presque de plaisir. Il faut dire que peu de personne mis à part le maître ne pouvait lui en imposer durant un combat à mains nues. Il tira un faible sourire auquel Fen répondit. Je suis fier de lui. Il avait tenu tête seul. Marcher avant de courir, bientôt, il gagnerait.

Ils se dévisagèrent pendant deux minutes ainsi puis, le signal de la dernière manche retentit et brisa ce moment étrange. Plus résistant, Dhol avait plus ou moins bien récupéré alors qu’à l’opposé, mon porteur avait atteint les limites de son endurance. Il allait perdre, cela ne faisait maintenant plus aucun doute. Il ne se leva qu’avec difficulté et se mit en garde de façon un peu pitoyable. Dhol se tenait droit, fermement campé sur ses jambes. Son âme noire me regarda intensément attendant manifestement que je prenne part moi aussi au combat. Je secouais la tête à sa grande surprise car je suis plus puissant qu’elle et j’aurai renversé le cours du match.

La respiration saccadée, encore irrégulière, Fen attendait l’attaque qui le clouerait au sol définitivement. Il en avait pleinement conscience mais par orgueil, je suppose, il refusa de se retirer. Un premier coup le rata. Dhol déchaînait ses forces, un geste louable car il montrait ainsi la valeur qu’il accordait à Fen. Il saisit le bras de mon porteur et lui tenta de le bloquer dans le dos d’une poigne sévère mais Fen tourna sur lui-même puis profitant d’un surcroît d’élan, lança son genou en arc de cercle visant le ventre. Dhol le contra rudement. Bloquant une nouvelle attaque, mon porteur poussa un cri de rage et bondit en assénant un violent coup de coude sur la nuque de son adversaire. A demi assommé, Dhol se baissa et balaya le sol de sa jambe. Pas assez rapide, Fen fut fauché et s’étala sur le sol. Ses muscles se crispèrent et il esquissa un mouvement pour se relever mais Dhol l’attrapa par la nuque et le remit debout en lui assénant un coup à l’estomac. Il termina son combat par une grande gaffe si puissance qu’elle aurait sonné un ours et Fen roula deux mètres plus loin pour ne plus se relever, inerte.


Dhol resta un moment immobile, reprenant son souffle et contempla d’un regard presque hagard le corps. Il attendit comme le veut la règle, la fin du duel pour quitter la pièce. Ce fut vite fait, un claquement retentit. Fen fut traîné hors de la piste pour laisser la place à un nouveau combat. Alors que le choix des nouveaux adversaires était en cours, les commentaires allaient bon train. Sans m’en occuper, je regagnais le corps de Fen pour constater les dégâts. Ce n’est pas très brillant mais je m’applique de mon mieux à lui faire retrouver au plus vite ses esprits…
la grande bobo a aimé !!!
<--- moi


Dhol resta un moment immobile, reprenant son souffle et contempla d’un regard presque hagard le corps. Il attendit comme le veut la règle, la fin du duel pour quitter la pièce. Ce fut vite fait, un claquement retentit. Fen fut traîné hors de la piste pour laisser la place à un nouveau combat. Alors que le choix des nouveaux adversaires était en cours, les commentaires allaient bon train. Sans m’en occuper, je regagnais le corps de Fen pour constater les dégâts. Ce n’est pas très brillant mais je m’applique de mon mieux à lui faire retrouver au plus vite ses esprits…


Quand il reprit enfin conscience, il était assis dos au mur dans la salle d’arme où un autre combat se déroulait. Il laissa ses yeux errer un instant sur les alentours. Les deux novices en plein duel avaient déjà leurs bandeaux. Je sentis soudain une vague d’inquiétude le submerger. Son attention fut déviée par l’entrée de Dhol qui marcha droit vers lui. Il considéra mon porteur avec étonnement.
- Tu n’as déjà presque plus de marque… Comment est-ce possible ?
Bien évidemment, vous aurez compris que c’est grâce à moi. Le visage de Dhol était tuméfié et des marques noires le coloraient en certain endroit, s’étendant jusqu’à la base du cou. Fen marmonna un vague « Je ne sais pas » un peu méfiant et un hurlement détourna l’attention générale.
Sur la piste, un coup sur le front violent avait réouvert les plaies aux yeux d’un des apprentis et des larmes de sang barraient ses joues. Un vent d’effroi parcourut la pièce et discrètement, Fen s’éclipsa. L’esprit ailleurs, il parcourut les couloirs souterrains et marcha au hasard.

Les flammes dansantes des torches étaient trop éloignées pour réellement éclairer les lieux, et une pénombre surnaturelle avait élu domicile. Je restais à l’intérieur de lui. Plus pour ne pas le perdre que pour connaître ses sentiments. Il était complètement écœuré à l’idée de donner ses yeux… je m’en doutais mais voilà, il n’avait pas le choix…
Les jours qui suivirent ne furent pas des plus exceptionnels. Comme d’habitude, Fen flanqua une raclée à son adversaire les armes à la main et à l’inverse, reçut une nouvelle raclée en corps à corps… Cette fois-ci, ce n’était pas Dhol mais un novice déjà aveugle. Je suis de nouveau fier. Son adversaire était beaucoup plus puissant que lui mais il avait tenu…
Comme naguère, il émergea rapidement et à nouveau, Dhol le regardait gravement. « Décidément… »
- A nouveau, tu n’as plus de marques…
Fen remarqua à cet instant de nouvelles marques de coup et il lança un regard interrogateur à l’apprenti.
- Mon combat, répondit-il en désignant un novice à terre. Le tien n’est pas dans un bel état non-plus.
Fen se décala pour apercevoir son ancien adversaire, lèvres fendus, bras en compotes et ne put s’empêcher un sourire sans joie.
- Et ? Demanda Fen.
- Et alors, je voulais te prévenir qu’il n’avait pas apprécié ta prestation et qu’il risquait de revenir à la charge dans un combat un peu moins officiel pour retrouver un semblant d’intégrité auprès de ses amis.
- J’ai l’ai perdu ce combat. D’ailleurs, ce serait plutôt à moi de te mettre en garde…
- Non, car je leur fais beaucoup trop peur mais toi, tu as failli battre un novice et ils ne se laisseront pas humilier tout comme ils ne permettront pas à quelqu’un d’autre de prendre le dessus sur eux.
- Pourquoi me prévenir ?
- Parce que… J’ai envie de garder en vie un adversaire correct…
Fen ne put réprimer un ricanement mais son sourire se figea en croisant les regards derrière eux.
- D’ailleurs, continua Dhol, il paraît que je vais être ton partenaire pour la chasse alors cela m’arrangerais beaucoup de ne pas me retrouver seul…
- Je ne savais pas.
Dhol le regarda d’un air grave.
- Il y a beaucoup de chose qui semble t’échapper, Fenril Winterdeath, tes rétablissements si rapides ne sont pas aussi communs que tu voudrais le croire.
- Chacun ses capacités n’est-ce pas, Roc-ardent ?
- Oui, je sais d’où me vient ce surnom mais toi ? Connais-tu le tien ?
L’étonnement qui se peignit sur le visage de Fen et sur le mien par la même occasion, tirèrent des sourire à Dhol et son âme noire.
- Démone-lame.Se régénérant plus vite qu’un démon, au moins aussi agile et insaisissable, utilisant le mieux les doubles-lame, ne parlons pas du grand sabre…
Je ne sais pas lequel de nous deux fut le plus surpris mais l’âme noire de Dhol me regarda soudain d’un air des plus graves.
- Démone-lame ! Cria-t-il. C’était ton nom. Roc-ardent était le mien. Comprends-tu ?
Je comprenais. J’étais trop abasourdi pour lui répondre de manière cohérente…

Je m’envolais loin de la cité souterraine, vers les abîmes du néant, passant par ses portes invisibles que seuls les esprits peuvent emprunter. J’avais besoin de réfléchir. Même nom, même pouvoir. N’ai-je jamais dit que j’étais fier de lui parce que je retrouvais en lui ma maîtrise des lames et ma ténacité ? Ce piège, car cela m’apparaissait comme un piège à présent, venait de se refermer. Je repensais à Roc-ardent et Dhol. Même nom, même pouvoir, même résistance, même maîtrise du feu de l’âme… C’était rare, très rare… Le temps ne comptais pas vraiment ici mais bientôt, Roc-ardent m’y rejoignit.
- Que faire ? Demandais-je soudain.
- Je pensais que tu pourrais me le dire, Démone-Lame.
- J’ai abandonné ce nom, de même que mon honneur de démon et voilà qu’il ressurgit du passé dans le corps de mon porteur ! Cela signifie que je ne pourrais jamais me diluer totalement en lui. Cela signifie que je resterais toujours conscient en lui, que je pourrais influencer ses actes et augmenter encore ses pouvoirs !
- Oui, c’est ce que je craignais aussi…
Je le regardais intensément. Son calme me mettait hors de moi. Il ne comprenait pas !
- Nous sommes au seuil d’un choix… dis-je d’une voix plus calme que je ne l’espérais. Je ne sais pas où je vais !
Encore aujourd’hui, le choix me hante, que se serait-il passé si j’avais choisi l’autre voie ? Que serait-il advenu de moi ? En fait, je le sais, je le savais… j’aurais renoncé à savoir et j’aurais trouvé un nouvel apprenti…


Une nouvelle semaine passa sans que je regagne le corps de mon porteur. J’errai loin de sa dimension, entre néant et mondes inconnus des résidents d’Azeroth. Les êtres m’y vénéraient car depuis des millénaires à présent, la Légion les avait détruits ou asservis. Un faible échos résonna autour de moi… je me figeais, je cherchais d’où il pouvait provenir mais rien… pas un signe autour de moi… Les secondes s’égrainèrent lentement et soudain, un cri déchira mon âme et mon esprit sous l’effet d’une violente douleur. Mon cri fut reprit loin, très loin d’ici par Dhol.
- FEN !
Entouré de cinq chasseurs de démon novices et apprentis, Fen gisait au sol, le corps martelé de coups. Sans hésiter, Dhol se rua sur ses adversaires. Il les percuta comme la foudre, se jetant sur trois d’entre eux, il les envoya au sol tandis que les deux autres reculaient d’un bond, surpris.
- Fenril ! Réveille-toi ! Hurla Dhol en parant un premier coup de son bras.
Mais Fen n’était presque plus ici. Il sentait le combat mais ne pouvait pas se relever, si son âme voulait encore se battre, son corps ne le pouvait plus. Il s’était passé presque une heure durant lesquelles il avait fait face à ses adversaires mais à présent, c’était fini.

Dans un élan de puissance, Dhol lança une brûlure de mana. Son attaque toucha un novice qui s’écarta momentanément du combat en tenant son bras brûlé par les énergies mais les quatre autres avaient profité de son bref moment d’immobilité. Il reçut deux ou trois coups de poing dans le visage puis un autre dans l’estomac. Roc-Ardent fit déferler sa puissance en lui et lui permit de se relever sur-le-champ. Ses adversaires eurent un moment de recul, trop abasourdis pour répliquer immédiatement. Dhol en tira les deux secondes qu’il lui avait manqué la dernière fois et tranchant des deux mains, il se déchaîna sur l’un des elfes avec une violence décuplée par son âme noire. Le chasseur de démon fut promptement assommé. Plus que quatre.
- Démone-Lame !M’appela Roc-Ardent, il va mourir !
J’étais encore loin de lui, je volais comme jamais je ne l’avais fait depuis des siècles mais ces mots stoppèrent ma course. S’il mourait…
Un éclair de douleur, celle de mon porteur, celle de Fen me traversa de part en part. Ma décision était prise. Je me ruais vers Fen, une vague de rage contre ses lâches de chasseurs de démon fit étinceler son âme et le feu du démon brilla dans mes yeux. Dans quelques secondes, les dernières attaches allaient se rompre et Fen mourait. Non ! Cela ne serait pas ! J’envoyais mon énergie à Fen pour maintenir son état mais inexorablement, il faiblissait. Je ne pris pas le temps de ralentir en arrivant dans ce couloir sombre où Dhol combattait comme un lion. Lorsque j’entrai dans le corps de Fen, irradiant de pouvoir, il eut un spasme violent et un cri de rage, le mien et le sien résonna contre les murs.

Les combattants se figèrent et se tournèrent tous vers nous. Il était debout et mon pouvoir refermait à vue d’œil les plaies sur son corps. Son front cessa de saigner, les deux lèvres de la plaie frémirent puis se resserrèrent totalement. Enfin, toute trace disparut.
- Vous allez me le payer ! Tonna-t-il.
D’un coup d’œil, il croisa le regard de Dhol et je suis prêt à jurer que ni moi ni Roc-Ardent n’étions pour quelque chose dans ce qui suivi. L’image de Fen, déchaîné se grava dans ma mémoire. Ses yeux verts devinrent progressivement luisants et lorsqu’il se mit en garde, son expression fit frémir les quatre chasseurs de démon. Ce n’était plus le visage presque doux d’un elfe un peu insouciant mais celui d’un vrai tueur. Dhol et lui attaquèrent ensemble, au même moment, avec le même mouvement. Fen remonta brutalement son genou sur le menton d’un elfe et sa rapidité d’action ôta toute parade à son adversaire qui en fut à demi-assommé. Au même instant, Dhol envoyait un violent coup de poing, son adversaire interposa une parade qui ne put soutenir la puissance du coup.

Il ne resta rapidement que deux adversaires en face d’eux. Ils avaient pris pas mal de coup entre-temps et Fen se tenait les côtes en grimaçant. Dhol en revanche paraissait ne pas en souffrir.
- Tu permets ? Demanda-t-il avec un sourire carnassier.
Fen tira un sourire un peu crispé. Ces adversaires avaient été redoutables pour lui…
- Bien sûr…
Dhol avança au corps à corps. Il n’avait pas le dessus mais tenait face à deux adversaires ce qui représentait vraiment un exploit et comme Fen, je ne pus retenir un sifflement d’étonnement. Enfin, jugeant que la situation avait tourné à leur désavantage, les deux elfes firent demi-tour et disparurent. Dhol cracha avec mépris dans leur direction. Son expression se détendit de manière surprenante lorsqu’il se tourna vers Fen.
- Merci…
- Pas de quoi, je t’avais prévenu…
Fen quitta à regret l’appui du mur et d’un pas chancelant, il suivit Dhol à travers les couloirs.


Dans les dix jours qui suivirent, Fen se retrouva une vingtaine de fois face à de petits groupes de novice qui le défiaient dans un couloir vide. Le passage à tabac en devenait presque un rituel de la journée. Je n’y faisais rien, évitant juste que cela dégénère trop pour Fen. Celui lui forgerait un caractère et une résistance supérieure… c’était parfait !

Cela commençait et terminait toujours de la même façon. Fen les repoussait mais ne gagnait pas. Il prenait trop de coup à la fois et ne pouvait pas riposter assez vite… Heureusement, Dhol n’était jamais loin et prévoyant ce scénario, il s’arrangeait pour garder un œil sur Fen, je ne sais pas vraiment si c’est à cause de la chasse à venir ou s’il se sentait en devoir de s’en mêler. Quand il arrivait, les novices se débinaient. L’explication était simple : Dhol avait depuis longtemps prouver qu’il n’était pas bon de se mesurer à lui en dehors d’un combat officiel car il tuait sans remord.
Avec un soupir de soulagement, Fen se laissa tomber sur une paillasse sentant le moisi, les côtes en feu. Son estomac se tordait horriblement et semblait sur le point de le faire vomir tant les coups avaient été nombreux. Dhol s’assit quelques mètres plus loin. Dans la pénombre, ses yeux luisaient faiblement comme ceux d’un félin mais là s’arrêtait la comparaison. Ils ne parlèrent pas pendant une dizaine de minute mais le silence n’était pas gênant, Fen le savourait pleinement et retrouvait peu à peu ses forces. Je restais sans bouger, acceptant moi aussi ce bien-être.

Le temps s’égrena lentement. C’était agréable et reposant. Un îlot de tranquillité. Enfin, Fen brisa l’immobilité. Dhol était assis en tailleur, la tête pendant en avant, il semblait presque dormir. Mon porteur se leva sans un bruit puis partit vers la salle d’entraînement. Je ne savais que trop bien ce qu’il ressentait… excédé, rageur, il aurait voulu en finir, régler seul ce problème… Par-dessus la fatigue physique, son âme bouillonnait. Il perdait systématiquement tous ses combats, trop épuisé pour faire face réellement mais paradoxalement, il avait besoin de se vider la tête par un bon affrontement dans les règles.

Dans la pièce, un combat se déroulait entre un apprenti et un novice, le premier se faisant littéralement plomber de coup tandis que son adversaire continuait inexorablement à porter ses attaques au visage. Avant que la situation ne dégénère trop, le maître mit fin à l’affrontement. Le vainqueur leva un bras en signe de triomphe et je sentis à ce moment un flot de colère ruisseler dans le corps de Fen. Je compris soudain ce qu’il voulait faire.

Il avança sur la piste, le visage complètement neutre mais déterminé, et se campa en face du novice. Celui-ci n’était même pas amocher par son dernier combat vu la différence de niveau qu’il y avait eut. Fen le toisa longuement. Dans la salle, il n’y avait plus une parole d’échangées. Dès qu’il fut sûr que tous avait l’attention fixé sur lui, Fen porta sa main droite contre son cœur. Signe de défit. Signe de combat. En face de lui, le novice tira un sourire à son tour. C’était l’un de ceux qui l’avaient systématiquement attaqué et je fus surpris de sentir à quel point Fen maîtrisait sa rage. Dans la salle, tous retinrent leur souffle. Portant à son tour main droite au cœur, le novice accepta le défit.
- Comment t’appelles-tu ? Demanda Fen.
- Kaeldanor. Je vais te massacrer !
Fen ne répondit pas. Le maître donna le signal, son visage n’exprimait qu’un peu de surprise mais sans plus.
Aussitôt, Fen bondit en arrière et se mit en garde, son adversaire attaqua immédiatement et lança son poing vers le menton de mon porteur. Celui-ci plia les genoux et le coup passa au-dessus de lui. Il lui faucha les jambes puis avec une rapidité effroyable, il bondit en avant, serrant le poing et Kaeldanor le reçut dans l’estomac, tomba à la rencontre du coup. Puis, sans lui laisser le temps de s’en remettre, avec des gestes flous tant ils étaient rapides, Fen d’un coup de pied tendu le projeta au sol un mètre plus loin. Le novice se releva en grognant. Avec un flot d’injure, il repartit à l’attaque. Sa stupidité n’avait pas d’égal. Fen accusa rudement un premier coup et bondissant dans les airs, il donna deux violents coups de pieds sur les épaules de son adversaire. J‘étais à l’écart, ébahi malgré moi de la technique qu’il déployait, je ne comprenais pas comment cela avait pu m’échapper. Pour la première fois, Fen voulait gagner.

Il encaissa deux coups de poing en pleine face, sa lèvre se fendit sous l’impact mais faisant fit de la douleur, il trancha avec sa main droite vers le cou de Kaeldanor. Celui-ci n’évita que de justesse et dans ses yeux aveugle, je savais qu’il y avait de la peur.

Le combat dura encore longtemps, très longtemps et plusieurs fois, je crus que le maître allait l’interrompre. Les deux adversaires étaient au bord de l’épuisement mais ni l’un ni l’autre ne voulait renoncer. Fen, blessé en plusieurs points faisait preuve d’une ténacité étonnante. Il n’abandonnerait pas. Kaeldanor était dans le même état et je voyais la colère remplacer la concentration dans son esprit. Il était plus grand mais en cet instant, il me paraissait difforme en face du corps souple de Fen.
Ils se toisèrent encore une seconde puis le combat reprit avec encore plus d’ardeur qu’avant. Enfin, après un puissant coup de pied, Fen l’envoya au tapis puis avant qu’il ait pu se relever, l’immobilisa sur le ventre, un genou en travers du dos et lui tordant fermement le bras.
Les défis ne comprenaient qu’une seule manche, et celle-ci allait finir. Fen murmura quelque chose et Kaeldanor secoua la tête en se débattant violemment. Mon porteur serra sa prise plus fort et l’elfe tira une grimace de douleur. Il attendit. Enfin, Kaeldanor détendit ses muscles, s’avouant par la même, vaincu. Fen le lâcha. Sans plus s’intéresser à son adversaire, il se releva et toisa les novices présents dans la salle.
- Quelqu’un d’autre ? Cracha-t-il avec cette agressivité qu’il avait jusque là refoulé.
Personne ne dit mot. Le message était vraisemblablement passé. Après avoir saluer le maître et son adversaire, Fen quitta la salle avec il faut le dire, le sens du spectacle… Cela me fit sourire. A présent, bien courageux celui qui oserait l’agresser de nouveau. Dhol était dans l’encadrement de la porte et lui sourit.
- Bien joué, Lame…
Je sursautais à ce nom mais il est vrai qu’il lui allait tellement bien… Cela finit de mettre les bases d’une solide amitié entre eux bien que je me suis toujours demander si Roc-Ardent y était pour quelque chose…

Enfin, je n’étais pas intervenu pour ce combat et il avait battu un novice… j’étais à nouveau très fier de lui…
Une nouvelle semaine passa car ici, dans ses souterrains, on ne pouvait pas compter le temps autrement. Une semaine, c’était le temps qui séparait le retour à la lumière, le moment où les apprentis et les novices pouvaient remonter un moment à la surface pour respirer l’air pur des forêts d’Ashenvale sous condition qu’il n’y ait pas d’êtres dans les parages.

Pourtant, cette sortie là serait très différente car c’était le temps de la chasse. Je me souviens encore de l’excitation qui précédait cet événement… Excitation pour les autres car nous, nous qui étions directement concerné trouvions cette attente horrible… mais pas autant que ce qui précédait…
Sang Rouge ! Je comprenais parfaitement ce que ressentait Fen mais je ne comprenais par contre pas le moyen qu’il avait choisi passer le temps. Il passait ses journées à participer à des combats alors que les autres comme Dhol méditaient de longues heures. En fait, il ne faisait que noyer le poisson, c’est inexorable, ce n’est pas parce que le temps passe moins quand on prend les coups qu’il ne passe pas !

Durant les dernières heures d’attente, le temps passa lentement, très lentement. Les disputes éclataient pour un rien, la tension était trop importante.
Le moment arriva, la légèreté que Fen se mettait en devoir d’afficher se dissipa dans une bourrasque, un mélange de colère et de peur. Dhol était entré juste avant lui. Lorsque son nom fut prononcé, je vis ses muscles se tendre et sentis sa volonté vaciller.
Il se leva, marcha doucement, sans émettre le moindre bruit et les regards qui se tournaient vers lui, aveugles ou non était autant d’encouragement muet. Il est des instants étranges dans l’apprentissage des chasseurs de démon où tous se retrouvent exceptionnellement unis alors que la compétition est le maître mot le reste du temps.
Moi-même, je sentais mon âme bouillonner. Son ombre le précéda dans le long couloir humide et il me précédait, ses pas résonnèrent dans le silence de l’éternité. Enfin, l’ouverture apparut au bout du long couloir. Issue fatale pour une partie de lui-même. Il entra, le corps tellement tendu que les jointures de ses mains étaient blanches. La seule chose que Fen n’ait jamais redouté était sur le point d’arriver.
La seule lumière de la pièce était produite par un feu infernal à l’aspect verdâtre qui trônait dans une niche de pierre noire. La Flamme noire de Kalimdor, l’essence même de l’ordre. Ce fut un immense bonheur de la contemplé à nouveau quand je pense à tous les sacrifices qu’il nous avait fallu faire pour la conserver.
Devant le feu démoniaque, cinq coupelles renfermaient cinq liquides en fusion. Or, Argent, Bronze, Orichalque et Lave. Même moi je ne connaissais pas son choix.
Dans le fond de la salle, le maître de Fen était là. Il ne bougerait pas et semblait effrayant, statue de granit éclairé par les reflets verts de la Flamme. A sa droite, un autre chasseur de démon, si ancien que même moi, je l’ai toujours vu ici.
-Fenril Winterdeath, gronda la voix de l’ancien. Ton choix ?
Je retenais mon souffle.
- J’ai choisi l’Argent, répondit Fen d’une voix lugubre mais ferme.
Alors l’ancien lui désigna ce que la pénombre avait gardé cachée. C’était une table de pierre disposant de quatre anneaux de fer. Fen s’y allongea tendu comme un arc. Deux officiants refermèrent les anneaux autour de ses poignets et de ses chevilles et se postèrent de chaque côté de lui. Pendant ce temps, l’ancien s’était rendu à la flamme et il saisit la coupelle renfermant l’Argent en fusion puis revint vers Fen. Mon porteur frissonna d’effroi. Ses yeux écarquillés contemplaient le récipient. Leurs éclats verts faisaient échos aux flammes, leur donnant une lueur de démence.

Les officiants se rapprochèrent de lui, agrippant son visage et ses épaules avec une brutalité qui n’avait d’égal que la force qu’il allait déployer. L’ancien, après avoir prononcé une série de formule autant démoniaque qu’elfique, s’approcha de lui, tenant haut la coupelle.
- Par ses mots, reçois le souffle du démon avec la bénédiction d’Elune et d’Aviana, murmura l’ancien d’une voix sourde, que tes yeux se ferment pour t’ouvrir à une autre perception. Reçois l’Argent : le vif et l’esprit.
Fen ne regardait plus, les yeux fixés au-dessus de lui, sur ce cristal de lune encastré dans le plafond qui brillait comme Elune. Sa dernière image.

La coupelle fut amenée au-dessus de son visage, Fen serra les poings. L’Argent frémit et l’ancien versa lentement le mélange sur les yeux de Fen.
Il poussa un hurlement qui fit trembler les fondements de la terre.
Son corps eut un spasme violent et se souleva de la table, seuls les anneaux le retenaient ainsi que la poigne des officiants qui maintenait son visage droit alors que l’ancien inondait ses orbites du précieux liquide. La douleur était telle qu’il sombra dans l’inconscience.
J’eus la vision fugitive de Fen, ses yeux étaient devenus d’argent et ses paupières se fermèrent sur le métal encore tiède. L’ancien posa un bandeau noir sur ses yeux, ce bandeau qu’il ne quitterait plus jamais.
Ouah !

Félicitation !
La douleur arrivait par vrilles successives et finirent par le tirer de son cauchemar de forme étrange.

Il se redressa brusquement, sentant l’herbe sous sa paume, l’humidité de l’air avait disparu pour laisser la place à un vent chaud. Il se rallongea sur le dos, appréciant la fraîcheur de l’herbe tendre et odorante. A sa main droite, il sentait l’attache aussi, il ne tenta pas de la bouger. Sa tête le cuisait et il pressa son front de l’autre main. Ses doigts rencontrèrent le tissu et il prit conscience du bandeau sur son visage.
- Ainsi… c’est fait, murmura-t-il pour lui-même.
- Oui, répondit la voix de Dhol, c’est fait
La menotte cliqueta quand Dhol se redressa. Ils se mirent debout. Il y avait un vertige, une impression de néant autour d’eux. Fen éclata de rire, cette sensation lui plaisait terriblement. Et dans ce néant, un démon se tenait, il était là, de chair et d’écaille rougeoyante. Il pouvait presque l’entendre respirer. Il ne faisait pas que le sentir malgré l’odeur écœurante qu’il avait apprise à reconnaître, il le voyait !
- Tu le vois ? Demanda-t-il à Dhol.
- Oui…
J’étais aux anges (pour ainsi dire…) je restais à flotter au-dessus d’eux alors que déjà, Roc-Ardent était entré dans le corps de Dhol pour s’y dissoudre. Fen voyait sans moi ! Mon rire se joignit au sien et il leva la tête vers le ciel, sentant la chaleur du soleil sur son visage. Je m’engouffrais dans le corps de mon porteur, j’étais trop heureux pour exprimer la moindre parole sur le moment. Il m’est toujours difficile de l’exprimer car cette fois-ci, c’était différent. Quand j’entrais en lui, je remplaçais ses yeux en lui prêtant les miens, mes yeux qui voyaient le visible et l’invisible. Mes pouvoirs sont ses pouvoirs. Mon âme se mêle à la sienne et je me dissous…

Pas totalement… cela je le prévoyais depuis que je connaissais son nom… Je gardais la vue des âmes noires pour moi, pour protéger ce secret que toutes les âmes se doivent de garder pour elles-même dans la fusion, sans la partager avec Fen. Mais je gardais ma conscience ! Roc-Ardent me regardait lui-aussi et je lui dans ses yeux la même joie que la mienne. C’était formidable, j’étais et je n’étais pas Fen à la fois !
Dhol était la Main Droite, il tenait une double-lame dans sa main valide et Fen dans sa main gauche, portait la seconde. Il leva l’arme devant lui, le métal brilla sinistrement. Je le sentais enfin libéré de sa peur.
Ils restèrent immobiles, debout dans l’air du petit matin d’un commun accord pour attendre le signal de la chasse. Leurs cœurs battaient plus vite car l’échéance était proche. Dans deux minutes tout au plus, le signal retentirait.

Un sifflement grave emplit l’air pendant une longue minute, il n’était pas terminé que les deux chasseurs de démon s’étaient déjà élancés. Ils avaient une heure devant eux. Leurs pieds agiles franchissaient les obstacles sans difficulté, les branches se pliaient devant eux ou se tranchaient sur les lames qu’ils tendaient devant eux. Ils coururent ainsi, le plus vite possible tout en économisant leur force, pendant plus de trois quarts d’heure. Ils savaient exactement où ils devaient se rendre.
Leurs nouveaux « yeux » leur ouvraient de nouveaux points de vue, l’invisible les entouraient en permanence et il fallait faire la différence entre l’hostile et l’ami sans s’arrêter.
Quelque chose les attirait inexorablement. Devant eux, apparut enfin ce qu’il cherchait. Une ombre tout d’abord puis une odeur de plus en plus présente et enfin, ils le virent.
Leur adversaire. Celui qui les tuerait ou celui qu’il tuerait. Le démon attendait au centre d’une clairière de jeunes bouleaux. Sa présence était autant anodine que normale. Une patte attachée à une chaîne, il ne pouvait quitter l’endroit, attendant ses bourreaux qui pourraient aussi lui servirent de nourriture si l’occasion s’en présentait.
- Plus que dix minutes, Lame…
Fen hocha la tête, calmant sa respiration. Le démon se tourna vers eux et son sourire découvrit de longs crocs blancs, une langue de flamme sortie de sa gueule comme un avertissement qui n’était pas nécessaire. Sa queue fouetta l’air dans un sifflement et il brandit un large cimeterre sombre. Son dos hérissé d’épine interdisait toute attaque par derrière. Ame noire de Fen, je connaissais sa pensée et en ce moment même, il se demandait où leur maître avait bien pu aller chercher cette créature de cauchemar…


Dhol se mit en garde, un pas à peine devant Fen, c’était une bonne tactique, car Fen ne pourrait pas encaisser les coups. Accompagné d’un souffle de vent, ils bondirent ensemble en avant. Avant d’avoir pu s’approcher suffisamment, la queue du démon fouetta l’air et ce n’est qu’au prix d’une pirouette qu’ils esquivèrent. Sans s’arrêter pour autant, ils recommencèrent leur approche.

Les lames sifflèrent et l’acier s’entrechoqua. Dhol accusa un violent coup tandis que Fen, rapide comme la foudre portait une attaque. Le démon la repoussa à mains nues. Il se passa de longues secondes avant qu’ils ne portent enfin une première blessure à leur ennemi.

Je voyais Roc-Ardent soudain très inquiet et je compris rapidement pourquoi… La chaîne empêchait Dhol d’utiliser l’immolation sans brûler gravement Fen… nous avions un sérieux désavantage. La chaîne gênait les mouvements, nous n’étions pas en phase.
Le fouet passa très près cette fois-ci, arrachant la peau à l’épaule de mon porteur. Profitant de l’amplitude du mouvement, Dhol franchit l’espace le séparant du démon et d’un large arc de cercle, attaqua. Le démon écarta son attaque d’un revers de lama et entre-temps, le fouet de sa queue revenait vers Dhol. Heureusement, Fen était là, il ne pouvait pas l’arrêter mais interposa sa lame, entaillant la chair du démon. Le choc le fit reculer de trois bons pas.
Dans un rugissement, le démon cracha un jet de flamme mais d’un même bon en arrière prodigieux, ils se mirent rapidement hors de portée. Sans se concerter, ils lancèrent simultanément une brûlure de mana.
La chair du démon rougit, des cloques apparurent sur ses mains griffues. Il n’était pas sérieusement blessé ce qui laisser supposer de l’importance de ses réserves de mana…
Cinq minutes. Je sentis son cœur s’accélérer subitement. Le fouet attrapa la cheville de Dhol, et l’envoya au sol, l’attirant vers la lame mortelle qui déjà se levait pour frapper. Ne cherchant pas à résister, Fen avança à son tour et passa devant Dhol, interposant de justesse l’acier contre l’acier. Il plia un genou, incapable de résister à la force brute que déployait leur adversaire. Après une feinte, il passa juste derrière le démon. Pendant ce temps, Dhol s’était remis debout. Trop près d’eux, le démon hésita sur lequel attaquer et dans un rugissement, l’immolation enfla dans l’air. Dhol resta au contact pour infliger le maximum de dégât tout en maintenant le cimeterre loin de lui, pendant que Fen s’efforçait de rester protéger derrière le démon sans se faire empaler. Les hurlements de douleur s’élevèrent.
Moins d’une minute.
Affaibli, le démon ne pouvait plus faire face à deux attaquants. Le temps était leur ennemi et les deux chasseurs de démon redoublèrent d’intensité. Ce fut au tour du démon d’être gêné par son entrave et dans les dernières secondes. Dhol lui planta la pointe de sa double lame dans la gorge. D’un pas sur le côté, il laissa la place à Fen qui d’un arc de cercle trancha définitivement la tête immonde. Au même moment, l’effet du sort se dissipant, l’anneau de fer s’ouvrit mais ne laissant plus libre qu’un cadavre fumant. Son corps s’effondra, faisant ruisseler le sang noir dont les deux elfes furent malheureusement copieusement arrosés.

C’était tout juste…



Ses yeux le brûlaient. Comme par erreur, c’était à présent qu’il la ressentait le plus vivement, tardivement et le sommeil n’était dès lors plus possible. La douleur devenait illusion pour ses yeux aveugles. Des méandres d’images fantasmagoriques. Il avait chaud, terriblement chaud. Fen finit par se lever et dans le noir le plus complet, il sortit de la pièce en prenant garde de ne pas marcher ses compagnons. Il faisait nuit. Bien sûr, sous terre, il n’aurait pas pu le savoir si son séjour prolongé ne lui avait pas appris quelques notions du temps. De ses yeux jusqu’à son cerveau, la douleur lui vrilla à nouveau la tête et il dut s’appuyer son le mur pour ne pas tomber.

Il jura intérieurement puis continua sa route. Je venais de découvrir quelque chose. Il ne pouvait pas me sentir, que je sois en dehors ou en dedans de lui et je profitais de cet avantage pour rester libre. Fen marcha jusqu’à la salle d’arme où il s’employa méthodiquement à la destruction pure et simple de tous les mannequins d’entraînement. Des petits malins s’amusèrent à le provoquer et perdant rapidement son sang froid, Fen leur fit comprendre qu’il ne valait mieux pas le taquiner en ce moment. La douleur semblait décupler ses forces, je saurais m’en souvenir à l’avenir, cela pourrait toujours être utile. Sur le retour, suant et tremblant de fatigue après une dizaine d’heure de défouloir, Fen allait se plonger tout entier dans une source souterraine glacée. Le froid passa un baume, un baume traître qui disparaîtrait dans peu de temps mais qu’importe. Juste pour un instant, se détendre était un régal.

La plupart des chasseurs de démon qui avaient survécus à la chasse – c’est à dire pas plus d’une dizaine - avaient pris du pavot pour faire baisser la douleur mais cela les plongeait dans un sommeil artificiel et dans le pire des cas, les rendait complètement gaga pendant plusieurs heures. A nouveau, l’orgueil de Fen joua et il refusa de boire mais à présent, il le payait.

Je crois bien que Fen se débrouilla pour rester plus d’une vingtaine de minutes à faire la planche dans l’eau. Enfin, il sortit.

Encore trois semaines passèrent. Le temps de s’habituer à ses nouvelles capacités et les novices dont Fen faisait à présent partie, devaient enchaîner les mises à l’épreuve. Jusqu’à épuisement, jusqu’à la mort la plupart du temps. Pour tester leur efficacité, leurs pouvoirs et leur résistance. De nombreux succombèrent et Fen aurait pu mourir trois fois. En réalité, je pense qu’avec n’importe quelle autre âme noire, Fen serait mort depuis longtemps.
il y a bien une suite mais je n'arrive pas à la faire ou plutôt à me débloquer quand j'ai le temps de m'y mettre... c'est à dire pas souvent... (Beta US ^^ en priorité)
merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire
Tada ! voilà la suite !


Mais le prix de la souffrance était à la mesure de mon espérance. Le jour de la délivrance arrivait enfin, le début de ma vengeance ! Je jubilais et mon excitation se transmettait malgré moi à Fen qui débordait d’une énergie impétueuse et instable. Et malheureusement pour la personne en face de lui en ce moment, il maîtrisait parfaitement cet état…
Les lames tintèrent violemment et une étincelle jaillit du contact entre les deux fers. Fen, la lame en avant para sans difficulté une série d’attaque rapide et d’un magistral revers de lame, arracha son arme gauche au novice face à lui dans un raclement d’acier et un grognement de douleur. Son adversaire bondit en arrière pour éviter une première contre-attaque, son bras gauche replié contre lui, le poignet entaillé. Il y eut un flottement où tous deux étaient immobiles, la respiration de mon porteur laissait échapper des nuages de vapeurs dans l’air glacial et humide de la salle. En Ashenvale, un hiver s’installait, dans ces souterrains immondes, la mort elle-même semblait prendre possession des lieux. L’esprit de mon porteur dériva à ce moment sur son premier hiver ici, il y a si longtemps à présent que seul la sensation de son corps pétrifié restait présente. Un sifflement de lame le ramena à la réalité et c’est avec une sorte de rage éveillée par ce souvenir détesté qu’il écarta une nouvelle attaque. Ses pieds, enroulés dans des bandes de tissu pour les protéger le froid, touchaient à peine le sol quand il se déplaçait, ne faisaient plus le moindre bruit et seul les déplacements de poussière pouvaient témoigner de leur réalité. Fluides, hypnotiques et rapides, tels étaient ses moindres gestes. Quand il se battait, Fen ne semblait faire aucun effort. Le froid apaisait la température de son corps, relaxait curieusement ses muscles.

Autour d’eux, les autres novices analysaient chacun de leurs mouvements pour en trouver la faille et la parade. Cette jungle de duel était de plus en plus évidente à mesure que le temps approchait, la compétition devenait plus acharnée si cela était encore possible mais à une différence notable près, chacun conservait son énergie, les provocations et autres enfantillages de naguère n’avaient plus courts. D’un large arc de cercle de la main gauche, sa lame fendit l’air pour écarter violemment la dernière lame de l’autre tandis que du pied, il fouettait le talon de son adversaire. Déséquilibré, l’elfe partit en arrière tandis que la lame de droite de Fen se posait sur sa gorge, un battement de cil plus tard.

Le novice sourit et hocha la tête. Fen baissa ses armes et le salua avant de quitter la piste. Cette victoire n’éveillait en lui aucun sentiment, ni joie, ni fierté, rien qu’une certaine appréhension pour son duel suivant qui le confronterait très certainement à un adversaire beaucoup plus fort. Peut être même à Dhol mais rien n’était sûr encore. De l’autre bout de la piste, Dhol le salua d’un bref hochement de tête puis il ne se préoccupa plus que de son échauffement, détendant la moindre parcelle de son corps avant son combat.

Pendant ce temps, Fen s’efforçait d’étirer ses muscles mis à rude épreuve car même si l’affrontement n’avait pas été des plus long, l’effort déployé était intense. Alors qu’il regagnait avec soulagement l’espèce de dortoir où se trouvait une paillasse moisie, une odeur inhabituelle assaillit ses narines. Moi-même, je mis quelques instants à la reconnaître. Il leva les yeux et au-dessus de lui, accroché au plafond tel une araignée, une sorte de chauves-souris mutante aux yeux rouges le fixait.
- Démons ! Hurla Fen, donnant l’alarme. Il lança un long sifflement. L’écho n’était pas mort que déjà tombaient depuis la voûte plusieurs de ces créatures abjectes.
Une patte griffue se lança vers sa gorge mais d’un rapide mouvement, il saisit le poignet du démon et donna un quart de tour sec. Il y eut un craquement, suivit d’un sifflement strident. Les ultrasons, parfaitement intelligibles pour les elfes se répercutèrent sur les parois alors que la créature se dégageait violemment mais n’avait pas le temps de reculer que déjà, d’un coup de pied tendu, Fen la projetait au sol. Il bondit en arrière pour ne pas se retrouver au milieu de démon. En face de lui, un premier elfe surgit dans le couloir. Celui-ci était suivit d'un autre et moins d’une seconde plus tard, un engagement sérieux commença. Trois contre sept. Ces démons n’étaient pas puissants et les novices eurent tôt fait de les exterminer mais d’autres arrivaient de chaque côté. Je voyais les âmes noires des apprentis trépigner. Toute voulait tuer cette vermine, symbole indirect de ceux qui nous avaient déshonoré et banni. Cette envie de vengeance se communiquait aux chasseurs de démons et ce fut un véritable massacre… à mains nues. Griffes contre poings. Mais Fen garda son sang froid. Pourquoi me mêler d’une escarmouche aussi dérisoire ? Je ne suis pas comme les autres âmes noire,s je l’ai déjà dit, je ne suis pas un berzerker. Je vise bien plus haut dans la hiérarchie des démons et l’objet de mes foudres ne se trouverait certainement pas en ces lieux. Je saurais attendre…


Rapidement, les chasseurs de démons s’organisèrent et après quelques consignes de leur maître et l’éradication de la vermine agressive, chacun se saisit d’une arme et la traque commença. Il était indéniable que ces misérables larves s’étaient dissimulé dans tout le dédale. Les plus puissants ne s’étaient vraisemblablement pas encore montrés et quelques bons combats étaient encore à gagner… Entre jubilation et une certaine appréhension, tous se séparèrent pour sillonner les souterrains.

Pendant une bonne demi-heure, fouillant chaque recoin, Fen ne croisa pas âme qui vive. J’étais en contact permanent avec Roc-Ardent, lui et Dhol ne trouvaient rien non-plus. L’odeur immonde, cette puanteur démoniaque restait présente, faible mais présente. Des démons étaient passés par ici il y a peu. La tension de l’atmosphère monta d’un cran ou bien est-ce Fen qui se tendait ? Toujours est-il que je sentit mon énergie bouillonner. Mon porteur s’arrêta à un angle de mur. De faibles borborygmes se faisaient entendre de l’autre côté. Il traduisit quelques mots pour lui-même… au cas-où. Puis il tendit l’oreille pour évaluer leur nombre. Quatre… cinq de ces chauves-souris hideuses. Fen se concentra un instant, calmant sa respiration.
Et Démone-Lame s’élança vers ses adversaires.
Ben va-y traite-moi de débile je dirais rien !! c'est noté Dermaa ! ^^ et dans la foulée du post... (je me suis fait taper sur les doigt pour avoir couper juste avant un combat )


Ceux-ci n’eurent pas le temps de réagir que déjà, d’un allé-retour de lame, Fen tranchait deux têtes. Les corps restèrent debout un instant, le sang noir giclait depuis l’artère tranchée, puis s’effondrèrent. Déjà, se servant du sabre comme d’un bouclier, Fen parait une pluie d’attaque des cinq. Heureusement, leur nombre les gênait, trop pressés qu’ils étaient de goûté la chair d’un elfe. Il fut un temps où je les aurais compris. Je dissipais cette pensée pour me concentrer sur le combat. Ma philosophie était comme d’habitude de ne pas intervenir. Ce que je n’eus pas à faire. Valsant telle un tourbillon, sa lame semblait animé d’une volonté propre comme un puis deux démons tombaient. Son entraînement faisait ici des merveilles, trouvant de vraies, de belles cibles pour s’exercer ! Ils semblaient à peine effleurés par la lame mais des plaies béantes jaillissaient alors et les faisaient en réalité succomber. Fen se battait d’une seule main, le sabre dans la main droite, pendant presque nonchalamment sur le côté, le bras à peine levé.

Il se mit dos au mur pour faire face aux trois nouveaux arrivants, venant renforcés les rangs éclaircis des démons devant lui. De la pointe du sabre, mon porteur trancha la jugulaire d’un premier à sa portée tandis que sa main gauche saisissait la gorge d’un deuxième, il le projeta contre le mur dans un mouvement de pivot qui se transforma en mouvement de toupie pour ouvrir le thorax d’un autre monstre. Le démon s’écrasa contre la pierre et tomba inerte au sol quand Fen le lâcha. Les deux chauves-souris restantes, l’une étant blessée, reculèrent en sifflant. Des ténèbres du souterrain, émergea une créature beaucoup plus inquiétante. La puanteur qu’elle dégageait tira une grimace à Fen. Le démon était une sorte d’animal difforme, un chien mais la comparaison n’était pas évidente, en effet, deux gigantesques lames osseuses saillaient vers l’avant ainsi que deux tentacules terminés par un dard, depuis ses épaules musculeuses. Sa peau rougie était sur son dos, hérissée d’épine.

La bête du chaos grogna, heureusement, elle semblait être seule. Fen se mit en position de combat, bras droit tendu devant lui. La pointe de la lame comme rempart et la bête le chargea. L’éviter fut un jeu d’enfant et tournant sur lui-même Fen lui entailla légèrement le flanc mais son coup avait été dévié par l’épaisseur de la peau écailleuse. Enfin, je pouvais comparer les capacités de mon porteur à des démons que j’avais côtoyé et dont je connaissais la force. L’expérience était des plus intéressante.


J’aurai pu dire que cette bête du chaos faisait honneur à sa race si je ne détestais pas autant à présent ce qui se rapprochait de près ou de loin à un démon. L’animal faisait preuve d’une résistance impressionnante. De multiples entailles zébraient sa peau et je devais reconnaître qu’il était très grand. Son garrot atteignant facilement les premières côtes de Fen. Ses tentacules fusaient sur mon porteur qui ne se trouvaient déjà plus sur leurs trajectoires.
D’une roulade, Fen esquiva une charge du démon, se relevant immédiatement. Trop lentement, si cela avait été moi contre lui, je l’aurai déjà transpercé. La bête fit volte face et tomba littéralement nez à nez avec la pointe du sabre. D’un habile mouvement du poignet, Fen dévia la pointe puis d’un coup sec, l’enfonça dans l’œil rougeoyant de la bête. Le chien de l’enfer eut un rugissement en se dégageant violemment du fer glacé. Il secoua en hurlant la tête mais moins d’une seconde plue tard, douleur et rage dans son esprit, honneur de bête bafoué, il bondit sur mon porteur avec une rapidité terrifiante.
Fen sentit tout d’abord la première lame osseuse riper sur son arme et la résistance brutale quand le sabre s’enfonça profondément, entre deux épines, dans la peau plus tendre et fragile de la gorge. Il porta tout son poids pour l’enfoncer à mi-hauteur. La deuxième lame osseuse pénétrait au même instant dans son épaule. Quelle minable erreur d’appréciation ! Mais il ne bougea pas d’un poil. La bête, la respiration râlante, de plus en plus faible, de son unique œil où la lueur rouge mourait en même temps que lui, contemplait mon porteur immobile comme une statue.

Enfin, le corps se relâcha, trébucha et tomba lentement avec un bruit mat sur la pierre poussiéreuse et froide. Fen s’accroupit et dégagea la lame osseuse de sa chair avec un geste lent. Il y eut un bruit de succion et enfin, il se laissa tomber en arrière. Il leva la tête vers le plafond, les muscles de sont visage étaient tendus à l’extrême. Ne desserrant pas les dents ou à peine assez, Fen souffla longuement l’air emprisonné dans ses poumons et la douleur augmenta. Pourtant… elle ne dura pas longtemps, il finit même par ne plus la sentir. Il frôla son épaule et dans sa main, apparut une longue tâche d’un bleu sombre. Il soupira. Ce n’était pas la première fois qu’il était blessé, il fut d’ailleurs parfois bien plus gravement mais cette fois-ci…
Son regard aveugle se tourna vers la gauche où un deuxième chien de l’enfer apparaissait à son tour. Mon porteur sourit sans joie et se leva souplement. Il dégagea le sabre alors que la charge l’atteignait déjà et cette fois-ci, comme s’il avait prévu les mouvements du démon, comme s’il le connaissait déjà après avoir une fois seulement combattu l’un d’eux auparavant, Fen lui trancha la gorge d’un coup léger et rapide. L’animal tomba.

J’étais ébahi, je n’avais même pas eu le temps de régénérer sa blessure… Mon porteur continua sa recherche, quelques autres chiens du chaos surgissaient devant lui mais il les élimina. Son esprit enregistrait chaque mouvement. Froid, calculateur, rien ne lui échappait, le moindre souffle d’air résonnait à ses oreilles. Anticipation esquive et de quelques attaques, parfois une seule, précises et mortelles, il terminait l’affrontement. Je connaissais chacune de ses pensées et pourtant, je ne décelais ni rage, ni haine juste une volonté intense de supprimer la vie. Le plus vite possible. J’en frissonnais presque… de plaisir. Mon arme s’aiguisait, deviendrait parfaite. Une vague pensée traversa mon esprit : Argent, le Vif et l’Esprit. Peut-être n’avait pas assez pris cela en compte.
La chasse se terminait, quelques morts à dénombrer des deux côtés, la majorité des démons avaient eu le temps de vider les lieux avant que les elfes les plus expérimentés ne les atteignent. Fen rejoignit rapidement Dhol après être allé au renseignement. Roc-Ardent me regarda d’un air des plus satisfait, gonflé d’orgueil en vérité. Je jetais un coup d’œil à son porteur. Dhol avait le bras gauche sérieusement brûlé et une nouvelle balafre courait sur sa joue gauche. Les muscles encore gonflés par un combat, il arrachait avec lenteur des dards fichés dans sa peau. Fen arriva derrière lui sans faire plus de bruit qu’une ombre et Dhol ne l’avait pas senti. Sa main se posa sur une épine de bête du Chaos, logé au-dessus de l’omoplate. Dhol leva la tête en sentant un contact mais trop tard, déjà Fen l’arrachait d’un coup sec.
Darksorrow se contorsionna brutalement, retenant avec la plus grande difficulté un hurlement de douleur. Il se redressa d’un bond et pivotant, son poing jaillit vers la gorge de Fen qui se baissa brutalement près à faucher les jambes. Sentant venir le coup, Dhol bondit en arrière. Mon porteur s’assit en tailleur. Le visage de Dhol, marbré par la douleur se détendit quelque peu, y faisant même apparaître un sourire un peu crispé.
- Recommence ça, Lame et je te pulvérise…
- Encore faudrait-il que tu puisses te battre… Fen jeta un regard circulaire autour d’eux. De nombreux novices retournèrent à leurs activités. Combien en as-tu assommé ?
Dhol ricana pour toute réponse mais cela lui rappela son épaule cuisante. Fen le regarda longuement puis son visage se fendit en un sourire.
- Dois-je vraiment te poser la question ou bien te décideras-tu ?
- Il faudra me poser la question, répondit le porteur de Roc-Ardent, je suis légèrement occupé… En effet, en même temps qu’il parlait, Dhol nettoyait ses plaies puis y appliquait des bandes de tissus enduites d’une mixture noire et odorante.
- Tu vas puer plus fort que les démons avec ça… commenta Fen, alors… que s’est-il passé ?
Nous y étions enfin et nous avions compris tous les deux à quel point nos amis n’attendaient que cela. Roc-Ardent se gonfla de fierté tandis que Dhol commença son récit.
Arrivé dans l’aile Ouest des souterrains, ils avaient d’abord rencontré des lutins, puis des chiens de l’enfer. Plus ils avançaient, plus les démons se faisaient nombreux et bientôt, dans l’encadrement de la galerie, Dhol avait fait face à deux gardes corrompus. Je dus retenir une exclamation amusée, Fen les auraient parfaitement exterminés ! Je me retins cependant pour laisser cette gloire à Dhol et Roc-Ardent. Ainsi, nous connaissions la raison de ses blessures. Pourtant, ce que cet elfe n’avait pas précisé et que je découvris plus tard, c’était que non content d’avoir été le seul à trouver sur son chemin des Gardes corrompus, Dhol avait continué jusqu’à se retrouver face à…


Le couloir était plongé dans les ténèbres pourtant, ses yeux aveugles distinguaient parfaitement les mouvements du fouet de ronce. Le démon eut un battement d’aile secs, signe d’énervement ou comme tous deux le supposaient, de contentement. Elle était arrivée tranquillement devant Dhol et si ses deux accompagnateurs en la personne de deux chiens de l’enfer gisaient à présent aux pieds du chasseur de démon, elle n’en paraissait pas affecté. Elle avait une peau bleuté, de longues oreilles comme celles d’une elfe et un visage clos à l’expression douce. Mais ses yeux jaunes et luisant, barré par une pupille noir comme celle d’un chat, s’ouvrirent d’un seul coup, de même sa bouche se fendit d’un sourire révélant de longues canines de vampire. La succube, à la fois si belle et si terrible avança, un léger rire sortant de sa gorge, un rire de femme. Peut-être l’horreur de ses créatures résidait-elle dans cette similitude. Elle portait de hautes jambières noires lui arrivant jusqu’à mi-cuisse et une combinaison de cuir. Roc-Ardent ne put s’empêcher d’observer ses formes fort avantageuses mais l’expression de Dhol suggérait plutôt le dégoût. Sur le front du démon, se dressaient deux petites cornes, et une longue chevelure blanche, presque translucide, cascadait dans son dos. Dhol se mit en garde, serrant fermement ses doubles-lames. La succube eut un nouveau rire qui se transforma en un cri strident. Son expression devint effrayante et une onde de peur balaya l’espace autour d’elle tandis qu’elle écartait largement ses ailes de chauves-souris. Le chasseur de démon sentit un long filet de sueur couler dans son dos mais il ne bougea pas d’un poil, serrant les dents. Et le rire de la succube persistait, hypnotisant. Tour à tour, elle prenait la forme d’une femme humaine, d’une elfe, toutes deux désirables, puis d’êtres chers à Dhol mais il savait que ce n’était qu’illusion. Roc-Ardent dissipa son doute et Dhol attaqua.
bonjour les gens... ce qui suit n'a rien avoir ou presque avec la rox de succube qui précède... ^^



Peut-être devrais-je faire la lumière sur ce que je suis… Ame noire est âme de démon, errant entre le néant et les différents mondes depuis la destruction de mon corps. Toutes les âmes noires émanent d’une même race démoniaque. Nous sommes les Raukaros et notre histoire se perd dans les méandres de l’éternité, ma mémoire se brouille avec le temps qui passe mais je brûle toujours au souvenir de notre déchéance.

Il fut une époque où les Raukaros composaient la garde d’honneur d’Archimonde. Une race entière, tueurs et combattants ultimes, le protégeait. Un événement mit fin à cette collaboration… disons simplement que ce misérable démon eut la prétention de se servir de l’un d’entre nous comme défouloir. Il le tua. Aucuns mortels ne peut imaginer la colère qui nous submergea contre cette traîtrise et notre révolte fut comme un coup de tonnerre au milieu de la nuit. Bref mais terrible. Elle fut effroyablement meurtrière. Une attaque suicide visa le traître, peu importait combien allait mourir, nous nous étions juré de tuer Archimonde.

Mais nous fûmes vaincus car si un Raukaros valait quatre seigneurs noirs en combat singulier… ils y avaient dix seigneurs noirs pour un seul d’entre nous. Si mon sang pouvait encore bouillonnait, il le ferait à leur vue ! Ma haine envers eux, notre haine n’a pas de limite pour ces félons jaloux de notre puissance et de notre rang. Cela leur faisait honte, êtres misérables si faibles et si laids. Je sais qu’ils ne sont pas innocents dans le choix d’Archimonde qui fit tout basculer… Oui, je sais qu’ils ont organisé notre déchéance, pariant sur notre sens de l’honneur pour laver l’affront dans le sang ! Cela expliquerait bien des choses et dans un premier temps pourquoi tous s’étaient réunis si rapidement autour du lieutenant démon lors de notre attaque surprise… Je n’oublierais jamais la face répugnante de ses Seigneurs Noirs, marbrée de terreur quand je les pourfendais avec mes frères pour tracer un chemin sanglant dans leurs rangs jusqu’à Archimonde malgré toute leur mise en scène.

Mes frères et moi échouâmes, submergés par le nombre et la traîtrise. Ceux qui furent capturés presque vivants connurent des tortures innommables. La colère du lieutenant démon n’épargna aucun de nous. Nos noms furent effacés, nos corps brûlés, sauvagement défigurés. Tout fut mis en œuvre pour qu’aucun de nous n’en réchappe et notre race tout entière fut décimée. L’affront subit était trop grand pour être supporté, nous devions disparaître totalement. Notre souvenir même les faisait trembler !



Nos corps n’y survécurent pas mais notre colère, le désir de vengeance inassouvie habitant toujours notre esprit, réussit à maintenir notre âme consciente. Tous les fantômes, esprits, spectres errants se forment ainsi, quand une volonté animée de sentiments violents les maintient dans le monde des vivants pour accomplir quelques actes, malgré la mort…

Pendant plus de trente milles ans, notre existence se limita à chercher des porteurs, les posséder et les jeter contre tous les démons qui croisaient notre chemin. Le mépris et la haine se développaient avec nos échecs et nous nous organisâmes petit à petit. Invisibles, esprits meurtriers, nous annihilions les ombres se dressant sur notre chemin, plusieurs d’entre nous espionnaient sans relâche et bientôt, parvint à nos oreilles le projet d’invasion de la Légion dans le monde d’Azeroth. Nous apprîmes ainsi l’existence du puits d’éternité, des Kaldorei, de la reine des Biens-Nés et de leur culte naïf qui bientôt ouvrirait une porte entre les mondes dès que les démons le leur demanderaient...

Mais ce plan composait tant de lacunes évidentes, tant d’incertitudes que nous ne pûmes résister à l’envie malsaine de nous en mêler. Aucun démon n’a jamais suspecté notre existence, je doute même-qu’Archimonde comprenne pourquoi, sans prévenir, l’un de ses gardes se jetait parfois sur lui en hurlant de rage… Tentation trop forte mais ce maudit ne se laisser pas tuer aussi facilement !

L’un des grands défauts de la Légion en matière d’invasion est le temps de préparation. Il pouvait s’écouler parfois un millier d’années avant que l’armée ne se mette en mouvement et nous comptions bien profiter de ce laps de temps. Quelques Ames noires se rendirent en Azeroth d’abord avec mission de l’explorer et d’évaluer la force des êtres qui l’habitaient. Les êtres y étaient primitifs et il n’y avait guères que les elfes de la nuit qui pourraient s’opposer à l’invasion mais ils avaient peut d’espoir sans notre aide.

Nous nous croyions invisibles pour les êtres mais en ce monde-ci… certains nous vîmes, brume démoniaque ou êtres fantomatiques, reflets de notre ancienne apparence. Nos pouvoirs faiblissaient sans attache corporelle pour les fixer et nous n’en cherchions que plus fébrilement des porteurs. Il y eut un être en Azeroth qui non seulement nous vit clairement mais possédait le pouvoir de nous détruire. Peu en sont encore capables aujourd’hui, les chasseurs des ombres trolls, quelques prophètes et certains druides. Ce fut dans le filet de l’un d’eux qu’un Raukaros tomba. Aucun de nous n’imaginait alors que la force émanant de l’esprit d’un elfe, pouvait être si puissante… assez puissante pour nous supporter dans son corps. Le Raukaros tenta de s’en emparer mais il fut combattu. Le druide mit à jour chacun de ses souvenirs et toute sa connaissance, apprenant ainsi le début de l’invasion. Il se nommait Feänturi, un nom au combien justement porté.

Ce druide n’était pas un imbécile ce qui est assez rare de nos jours et l’écart de puissance entre les elfes et cette armée lui sauta aux yeux. Son corps était si faible par rapport à ce que nous avions été et en lisant dans l’esprit du Raukaros prisonnier, il comprit notre vengeance. Le démon et l’elfe s’entretinrent longuement et le premier pacte eut lieu. La Raukaros habiterait son corps, lui prêtant sa résistance et ses pouvoirs, et le druide l’aiderait dans sa vengeance. De nombreuses années furent nécessaires au druide pour s’habituer à ce changement, son corps lui-même s’était transformé et ses pouvoirs de druide, faisant obstacle à l’union des deux âmes furent perdus, il y perdit ses yeux, brûlé par la vision du démon. Revenant parmi les siens, Feänturi prévint ses pairs de l’invasion, tentant de leur expliquer son acte mais aucun ne voulut l’entendre et il fut rejeté. Sa nature était démoniaque, son apparence trop noire pour être accepter.

Ces évènements se déroulèrent bien avant que les Biens-Nés ne commence l’ouverture du portail mais l’heure approchait pourtant et l’entrée de la légion se profilait dans les brumes du futur. Nous autres Raukaros, suivions avec à la fois un vague dégoût et une certaine admiration, le parcours de ce premier chasseur de démon. S’abaisser ainsi, à pactiser avec des vivants pour nous la plus grande des races de démon, nous répugnait mais nous avions pourtant le même objectif : combattre des démons. Nous par vengeance et eux pour protéger les leur.

Même banni, Feänturi ne quitta pas le cœur de terres elfes. Agissant secrètement, il rassembla des elfes croyant en lui, en son avertissement sous notre conseil, chacun d’entre eux s’unit à un Raukaros. Ainsi, l’ordre des chasseurs de démons émergea, se détachant de celui des druides et pendant des deux cents ans, ils se cachèrent, s’entraînant sans relâche en vue de ce combat. Peu à peu, l’ordre grandit et vint même à compter dans ses rangs le frère d’un personnage important : Illidan Stromrage. Je me moque de ses actes, la seule chose que je puisse reconnaître est sa puissance mais il nous servit aussi bien que les autres. Voyant son frère devenu l’un des nôtres, Furion Stromrage fut bien obligé d’accepter l’existence des chasseurs de démon. Si Illidan était un partisan des Biens-Nés, nous nous servîmes de ce fait pour prévenir l’archidruide de l’ouverture d’un portail, ainsi, notre existence n’était pas révélée.

Feänturi mourut lors de l’explosion du puits d’éternité comme bon nombre de chasseurs de démons venus stoppé l’entrée de la Légion si les gardiens du bosquet, Furion et Cénarius, échouaient. S’en suivit une histoire des plus compliquée d’Arbre Monde et de Rêves d’Emeraude, durant laquelle les porteurs et leurs Âmes noires ne prirent plus part qu’en cachette, traquant les résurgences démoniaques aux quatre coins d’Azeroth, veillant à empêcher tout retour. Mais une réalité terrible nous rattrapait peu à peu, nos pouvoirs faiblissaient plus rapidement encore depuis notre entrée en Azeroth, coupés que nous étions de toute source de pouvoir. Les Raukaros tinrent conseil et il fut décidé à l’unanimité que les dix plus puissants d’entre nous se sacrifieraient, léguant totalement leur énergie et créant ainsi une source de pouvoir démoniaque pour que tous nous puissions nous régénérer à son contact. Ainsi, notre race fantôme perdit ses princes les plus puissants. La Flamme noire de Kalimdor. Ce qui nous est si chère et si douloureux à la fois. Le temps passa jusqu’à la deuxième grande invasion et le règne du Chaos fut annoncé par le Prophète. Les chasseurs de démons se battirent de nouveau mais dans l’ombre du traître Illidan, sortit de sa prison, sans que personne n’en ait réellement conscience.

Quant à moi, je fus lié au destin de dix porteurs différents pendant ces millénaires. D’aucun dirait que j’en fais une forte consommation mais ma vengeance m’appelle encore et toujours et je n’aurais de cesse que par ma destruction ou celle de tous ces maudits ! Oui je tuerais ceux qui s’en sont pris à nous ! M’entendez-vous, Seigneurs Noirs ! Démone-Lame, prince des Raukaros crie vengeance !
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