[2004-2-07]
Maudits morvalts...
C'est sous la menace que cette histoire a commencé. C'est sous la menace qu'elle a fini. Le plan semblait sans faille, Dendjekar avait su nous le présenter en minimisant nos risques, et, sous la contrainte, nous avons accepté de suivre sa folie.
Descendant de nos montagnes, les plus valeureux de nos braves prirent d'assaut les terriers des grands. Rapidement, sous notre nombre et la férocité de ceux qui risquent tout, celui qu'ils nomment Bjarken tomba.
Obéissant aux directives de Dendjekar et de sa meute, nous enfermèrent dans leurs huttes les habitants. Nous savions que seule la faim insatiable des sacrifices morvalts, de leurs perpétuelles expériences pour réanimer ce qu'ils pensent être leur Matriarche, avait retardé la mort de ces malheureux, mais que pouvions nous faire ? Mieux valait eux que nous.
Mais nous ignorons qu'une grande, native de l'île, de ces tribus primitives nommées Bergklan, dont l'alliance de Midgard avait jadis sauvé le fils, avait observé le massacre, et pu fuir... Elle sut s'aventurer jusqu'à la cité des grands, et là, put faire son récit. La garde fut sonnée, et sous la conduite du kobold Sfim et du garde Arild Erlandson, les braves de Midgard n'hésitèrent pas longtemps, et une contre-offensive fut créée. Profitant de notre base d'opération, nos éclaireurs partirent vers Djyrfell. C'est la que nous croisâmes les midgardiens, et que nous connurent notre première défaite.
L'invasion était stoppée. Mais il leur fallait délivrer leur ville, et les coiffes-rouges connurent alors une de leurs plus longues batailles. Le siège de la ville était terrible, chaque pas se faisait dans le sang, et pour un prix effroyable. L'ancienne terre de notre île fut gorgée de sang à en devenir boueuse, et à jamais les murs de Bjarken resteront souillés.
Et nous fûmes repoussés. Et c'est là que le plan de Dendjeka ne se déroula pas comme prévu pour la deuxième fois, ce qu'il apprit à ses dépens. Au lieu de fêter sa victoire dans l'alcool, sous une impulsion étrange, Midgard cria vengeance. Et au son des tambours de guerre troll, la horde remonta vers le nord, dans les montagnes. Ivres de fureur et de sang, nos gardes furent massacrés. Nos terriers violés. Nos femmes et enfants jetés dans le vide. Maudits morvalts !
Rapidement, ils défirent mes Gardes d'Honneur. Et face à moi, Inguldin, ils arrivèrent. Je tentais de leur résister, mais la horde était sur moi. Des bras puissants me soulèverent de mon plancher de glace. Mes joues brûlèrent des gifles qui s'abattirent sur moi. Mais la foule n'était pas avide que de mon sang, il leur fallait des explications.

Face aux menaces, je dus m'incliner. Des hachoirs furent sortis, et pour garder mes membres, je dus tout leur raconter. Le plan de Dendjekar. Comment il nous força, par la menace, à nous attaquer aux grands. Et surtout, comment il avait envoyé sa meute face à Aegirhamn. Son objectif : prendre la ville, et raser le portail reliant l'île au continent. Privé de renforts, en quelques semaines, la terre des anciens trolls tomberait intégralement sous domination morvalte. Son plan avait fonctionné : leurrée par notre diversion, la garde avait été envoyée sécuriser Djyrfel et Bjarken, et certains de ses membres étaient ici, face à moi. Midgard était perdu, et les héros envisageaient de rentrer à la cité pour mourir dans une dernière défense désespérée.
Mais l'un d'eux eut une idée. Les morvalts ne savaient pas encore que leur plan avait fonctionné, qu'Aegir était sans défenses. Ils attendaient sans doute l'ordre d'attaquer de Dendjekar. Éliminer leur chef, c'était causer la déroute, les troupes rentreraient à leurs campements, Midgard serait sauvé. Porté à bout de bras par un puissant troll, je fus sorti de la ville. Mon peuple tentait de me délivrer, mais il ne rencontra que l'arcanium des armes des héros furieux. Forcé, je les mena au campement de Dendjekar.
A ma vue, le chef comprit. Je l'avais trahi. Dans un hurlement de fureur, il empoigna sa gigantesque hache à deux mains, et les morvalts chargèrent. Je fus le premier à tomber sous les coups, payant ainsi ma trahison.

La bataille fut furieuse. Pendant quelques instants, le destin de tout Midgard ne reposa que sur les épaules de quelques combattants. Leurs armes entaillaient les chairs velues, leurs sorts frappaient de plein fouet la horde déchaînée, mais Dendjekar fauchait les corps avec rage, les braves tombaient un à un. Rapidement, il n'en resta plus qu'un. Un dernier troll, retardataire, qui ne put voir que la défaite de ses frères d'armes. Midgard était vaincu. Un rictus de haine aux lèvres, Dendjekar approchait pour le coup de grâce. Le troll leva les bras. Et, usant de la force d'Ymir, il releva un de ses compagnons. Et un autre. Et un autre. Qui en relevèrent à leur tour. La puissance des anciens atlantes fit affluer la magie dans leurs veines, et en quelques instants, la horde était à nouveau sur pieds, menaçant de nouveau le chef morvalt. Et ce fut la curée. Ils ne cessèrent de frapper que lorsque ce qui recouvrait la neige n'était plus que pulpe sanguinolante.
L'ordre ne fut pas donné. Les morvalts, pensant que le plan avait échoué, se retirèrent. Privés de leur chef, les coiffe-rouges regagnèrent leur cité d'Yss. Pour fêter la victoire, le garde remit à Sfim cinq anneaux, frappés des armes de la garde, qui furent répartis entre les héros.
Maudits morvalts...