Sur mon balcon il y a une araignée, depuis des mois que je la vois tout les jours et elle est devenu mon amie. Je la regarde tout les matin pendant que mon homme prépare mes deux tasses de thé - oui car des fois je le préfère chaud, d'autres fois tiède. Alors il me sert une tasse, la laisse tiédir, puis un peu après il sert une autre tasse et il me les apporte toute les deux sur un plateau. Ainsi, je peux choisir de boire mon thé tiède ou chaud.
Au début elle était minuscule, quelques millimètres à peine et sa toile de la taille d'un post-it. Maintenant qu'elle a plusieurs mois, elle mesure quelques centimètre et sa toile une feuille A4. C'est beau de la voir grandir. Regardez là comme elle est belle.
Je la regardais et je me demandait à quoi bien elle pouvait penser toute la journée ainsi sur sa toile. Elle ne peut quand même pas rester passive toute la journée ainsi. Elle pense à quelques chose, c'est obligé.
Un matin, elle s'est trouvée un gentil mari. Ils ont fait l'amour, puis après comme elle avait très faim elle l'a dévoré, et il s'est laissé faire car il l'aimait. Et j'ai alors comprit que les animaux aussi pouvaient avoir une conscience très poussée de l'amour. Combien d'hommes seraient prêt à se laisser dévorer autre chose que le pénis par leur compagne ? Très peu. Trop peu. Car les hommes ne comprennent pas l'amour, et c'est justement le devoir de la femme que de le lui faire découvrir.
Plus tard, elle aura pleins de petits, et elle se laissera dévorer par eux aussi car elle les aimera infiniment. Bien au delà de sa propre vie, et ça aussi c'est magnifique. J'espère de tout cœur être là et assister à la scène en buvant mon thé, le matin sur mon balcon.
Et c'est alors que j'ai comprit à quoi elle pensait. Elle pensait à l'amour. Elle passe toute la journée immobile sur sa toile car elle est plongée dans ses pensées à réfléchir à ce que c'est que le véritable amour, à comment emplir sa vie d'amour, celle de son mari, et celle de ses enfants. Et c'est ainsi après des milliers d’heures à réfléchir sur le sujet qu'elle est parvenu à une telle exaltation de l'amour, à en transcender la notion.
Le sacrifice suprême : celui de la vie, pour l'amour. Aimer son mari à vouloir l'en dévorer. Aimer sa femme et ses enfants à préférer se laisser dévorer plutôt que de les voir avoir faim. Quelle abnégation, quelle beauté tragique et cruelle. J'étais subjuguée d'une telle sagesse trouvée après une existence entière à philosopher sur l'amour, au centre d’une toile de soie.
Le monde animal est plein de sagesse, et j'ai pensé nécessaire de vous en transmettre, aujourd'hui un fragment. Car bien des hommes et bien des mères aujourd'hui ont oublié ce que c'est que l'amour et devraient s'inspirer des araignées.