Heu...au fait alors c'est quoi, selon toi ?
(J'ai dit "selon toi", pas selon les auteurs-étiquettes qui fournissent ta bibliothèque. Je parle de ta conviction profonde, personnelle et expérimentale. Vécue et non théorisées d'avance.)



Ma conviction profonde, personnelle et expérimentale se nourrit aussi des lectures.
La réalité ne nous est pas immédiatement accessible. C'est une interprétation et la réalité lui est préexistante. Cette interprétation nous est commune et partageable sur une base biologique d'espèce. C'est un invariant, qui fait que nous savons ensemble sur notre balcon où est le haut et où est le bas, que nous ne passerons pas à travers le mur, qu'avec la lumière on y verra plus clair, et que ce mort est mort. "Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas". C'est ce qui fait de l'autre un alter ego.
Les structures mises en place pour organiser notre interprétation du réel ne sont pas cette base invariable. Elles nous donnent une vision différente, une reconstruction de l'interprétation commune, universelle.
Ces structures seront notre historique personnel, nos variants culturels, politiques (c'est un peu l'acquis et l'inné, ce qui me reste d'essentialisme).....Critiquer cette reconstruction de l'interprétation commune n'est pas critiquer notre perception du réel et son interprétation primitive, c'est critiquer la structure. C'est critiquer l'opinion de l'autre, ce qui pour autant ne fait pas apparaitre plusieurs réalités.
Ainsi ce singe que nous observons tous les deux, tu pourras le trouver moche, et moi mignon parce qu'il me rappelle ma tante, pour autant il n'y aura qu'un singe (s'il est venu tout seul) et si nous y mettons le feu nous pourrons alors observer le même tas de cendres.
L'intervention de Sauce est très intéressante. Par sa construction même, SL recentre le monde sur l'ego. Your world. Chacun le sien, comme si avions chacun le notre. Our world aurait été plus ouvert, vers l'autre, vers le collectif.
Publié par
Poisson.Soluble
Mais, je ne comprends absolument pas en quoi, par quel raisonnement tortueux, il pourrait en déduire que cela fait de lui un être moral, un être vertueux par rapport aux autres.
SL, c'est ce tour de magie qui fait qu'être avatar - ce qui favorise l'épanouissement de l'individualisme donc - rendrait bon et vertueux. C'est ce tour de passe passe que je ne comprends pas dans ton raisonnement. Mais c'est une confusion partagée apparemment.
C'est vrai. Illusion encore.
Mais, de mémoire, le texte ayant disparu, je ne prête pas telle ou telle vertu morale selon tel ou tel inclination politique. Cela n'a même aucun sens pour moi.
Ton exemple de la charité et du sdf, et les considérations morales qui en découlent ne sont pas pertinentes à mon sens.
Certes il y a un besoin immédiat auquel l'une répond et l'autre non, c'est à dire de façon adaptée, immédiate.
Pour autant laisser penser qu'un geste charitable dédouanerait la responsabilité de celle qui donne (bon, d'un autre côté c'est à ça que ça sert aussi, acheter sa conscience) est faux : la responsabilité de celle qui donne et de celle qui ne donne pas est la même. On pourrait même penser que la responsabilité de celle qui donne est supérieure dans la mesure où ce don est un élément de consolidation, de lubrification des structures qui ont amené cet état de fait (la vaseline quoi, ou le genre "donnez moi tout et je redistribuerai généreusement les miettes").
En plus ce choix et la morale qui en découle, c'est un peu le retour d'un libre-arbitre que je pensais mort, tant l'exposé des structures en deçà et au delà de la conscience et qui la déterminent est longue.
Les deux protagonistes, celle qui donne et celle qui ne donne pas, ont agit égoïstement en fonction de ce qu'elles croyaient être leur intérêt, non pas en vertu d'un libre-arbitre conscient souverain, mais par les voies du hasard et de la nécessité qui les constituent.
Pour retrouver une part de liberté, dans l'inter-dépendance, il convient d'abord de se libérer de soi-même, c'est à dire d'essayer d'agir, de modifier les structures communes, d'agir sur ce qui nous détermine. Agir par du constructivisme structuraliste aurait dit Bourdieu, de sorte que la volonté nécessitante de l'individu coïncide avec l'intérêt collectif.
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Du coup, je m'interroge sur ce Narcisse égocentrique et altruiste qui rêve d'aider autrui mais qui finalement ne s'arrête jamais de regarder son reflet dans le miroir, et va jusqu'à oublier de nourrir son égoïsme. A tord, car il est sur Second Life... Est-ce que l'utilisation de son avatar sur Second Life est une façon de se regarder, de se soucier de soi et de s'illustrer dans une fresque virtuelle ? Comme une pub ? J'en conviens, mon argumentation est plus pessimiste que la tienne..
Je quote ça juste pour ne pas tout quoter.
Et là en effet avec la démarche slienne, on est mal barré pour se libérer de soi.
Intéressant cette vision de l'avatar, donc de soi en quelque sorte, dans une espèce de totalité enfermante (quelque soit la forme de l'avatar, cela importe peu).
Même dans la réalité on ne se voit pas en entier. Je dirai même que nous sommes la seule chose qu'on ne voit pas. Par morceaux peut-être, jamais en totalité.
Sur SL c'est le contraire. Nous sommes d'abord la première chose que l'on voit, en totalité.
Cela n'empêche pas d'aller vers l'autre, de voir l'autre, mais avec ce handicap initial incontournable. Comment rompre cet enfermement, si ce n'est en élargissant à rl.