[Ex-Libar Edition 28][Revival] Les textes

Affichage des résultats du sondage: Pour quel texte votez-vous ?
Texte n° 1 3 9,68%
Texte n° 2 3 9,68%
Texte n° 3 4 12,90%
Texte n° 4 7 22,58%
Texte n° 5 2 6,45%
Texte n° 6 7 22,58%
Texte n° 7 5 16,13%
Votants: 31. Vous ne pouvez pas participer à ce sondage.

Répondre
Partager Rechercher
La récolte est bonne. Sept textes en tout et pour tout parmi lesquels vous pouvez faire votre choix.

Le sondage est public, on sait qui vote pour qui. A priori, une durée de quinze jours devrait suffire, mais ce sont les vils censeurs qui en décideront au final.

Voilà les textes:

Citation :
Publié par Texte 1

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.
« Alice ! Qu'as-tu encore fait ? »
C'est ma mère, son obscurantisme ferait peur à un chrétien en plein jour. Elle est farouchement opposée à tout ce qui sort de la norme, son refus de tout avant-gardisme est tel qu'elle se dresse même contre tout ce qui ne respecte pas « La Tradition Familiale ». Là, par exemple, elle préférerait me savoir en train de revoir mes gammes sur le fichu piano à queue qui trône dans le salon. « Il appartenait à ton Bisaïeul Hortibus ! Nous avons toujours joué et répété sur cette pièce de collection, jamais nous ne changerons la tradition familiale ! » me rabâche-t-elle quand je lui oppose la vétusté de l'instrument. Mais je n'en ai cure, dernièrement j'ai plutôt bien réussi à me faire oublier, je passe mes journées enfermée dans ma chambre, prétendant avoir besoin de calme pour étudier les ouvrages de botanique que m'a apporté un oncle lointain d'un voyage ennuyant dans des contrées absolument pas lointaine.
Heureusement que ma mère n'a pas vent de mes véritables activités, si elle savait que je passe mes journées à tester différents mélanges d'explosifs pour le compte du Vicomte Varcelieux, afin de détrôner la reine « Qu'on Lui Coupe La Têêête » de la tête du Pays des Merveilles, elle en avalerait son dentier (que les femmes de la famille se transmettent de génération en génération, pardi).
« Aliiiiice ! Qu'as-tu fait ? »
Ma mère est en train de grimper les marches trois à trois.
« Rien, mère, j'ai fait choir le dictionnaire botanique d'oncle Bartimore ! réponds-je enfin.
– Oh, bien, tu descendras pour le thé, n'est-ce pas ?
– Bien entendu, mère ! »
Elle redescend.
Je continue de courir, puis arrive à un couloir se finissant en une bibliothèque. Avec la précision de l'habitude je donne un coup d'épaule dans un exemplaire de Guerre et Paix de Tolstoï. Les deux premiers étages du meuble pivotent alors pour laisser paraître une galerie tapissée de velours. Les révolutionnaires ont des moyens, au Pays des Merveilles. Je me jette à corps perdu dans la cavité accueillante, repensant avec nostalgie à mes journées passées à y lire des romans d'aventure, blottie dans le doux velours vénitien, à l'abri des tracas du monde. Mais pas aujourd'hui, je dois renverser la reine. Ayant atteint la fin du tunnel, j'entre dans l'air chaud de cette fin d'après-*midi estivale et une bouffée des senteurs du jardin me caresse le visage, le soleil m'aveugle quelques secondes, mes pas se font erratiques, mais je redouble de vigueur et dépasse bientôt notre potager.
Je sors ma montre à gousset, je suis en retard. Pas question de traîner, c'est aujourd'hui que la Reine fait sa visite annuelle dans ses champs de pavot* et son trajet est déjà prévu, c'est toujours le même : elle fera la moitié du royaume en carrosse, longeant la rivière Sanretour, puis empruntera le pont de l'édenté afin d'atteindre la ville de Géminicole. C'est à ce moment-là que je jouerai mon rôle. Avec la recette d'explosif que je viens de mettre au point, une charge bien placée devrait être suffisante pour faire s'écrouler la structure toute entière.
J'entre dans le terrier.

*
* *
« Alice ! Te voilà enfin ! Le ragoût va bientôt être prêt et personne ne s'est encore pointé, c'est un désastre, un véritable désastre ! Appelez la garde, l'état-major, la reine, le chat botté ! Faites quelque chose ! »
C'est le chapelier, il parle de l'opération prévue juste après. Sa vision du monde peut parfois être fantasque, mais je l'aime bien, et j'ai un chic pour déchiffrer ses paroles les plus énigmatiques maintenant que j'ai le coup de main.
« Ne vous en faites pas monsieur le chapelier, réponds-je, le vicomte nous avait dit de l'attendre sous l'arbre aux boas, suivez-moi.
– Vous êtes une gentille jeune fille, Alice, une gentille jeune fille... »
Il est de retour dans ses pensées et me suit sans faire d'histoires, mais sans non plus prêter attention à mes tentatives de communication. Le trajet se fait donc relativement silencieusement et, quand nous arrivons au rendez-vous, le Vicomte y est déjà, pianotant sa montre de poche.
« Alice, nous n'allons pas avoir le temps de mettre notre plan à exécution, avez-vous ce que vous deviez préparer ?
– Oui, vicomte, dans cette fiole. Utilisation basique pour un effet des plus impressionnants ! Je viens de finir de le mettre au point, vous pardonnerez mon retard.
– Oui, oui bien sûr, comment en vouloir une seule seconde à une si charmante enfant ! Bon, suivez-moi » ajoute-t-il, après avoir fait disparaître la fiole dans son manteau.
Le chapelier et moi lui emboîtons le pas, essayant de rivaliser avec ses grandes enjambées; la forêt est enchanteresse, comme à son habitude, et de petits oiseaux bleus caricaturaux s'en envolent à chaque fois que nous passons un buisson. Nous arrivons bientôt au pied d'une structure bancale que je suppose être le pont de l'édenté, une foule y est déjà présente, pas très discret. Je fais part de mon appréhension au Vicomte :
« Monsieur Varcelieux, autant de monde n'est peut-être pas une très bonne idée, nous allons nous faire repérer !
– Vous avez parfaitement raison ma petite, répond-il après une courte pause, puis, à l'intention des autres, il ajoute, allez vous cacher dans le bois ! Nous n'avons pas la moindre chance d'attraper une prise avec autant de malotrus qui piétinent le rivage. Allez, disparaissez ! Sauf vous, là, vous nous aiderez. »
Il désigne un petit groupe de souris assez bien habillées, sûrement de la petite noblesse, qui n'en reviennent pas du soudain intérêt qu'on leur porte et essayent toutes de se cacher les unes derrière les autres, sans grand succès. Varcelieux n'y prête pas attention et se tourne vers moi :
« Ma chère Alice, pourriez-vous me donner ce que je vous avais demandé de me préparer pour aujourd'hui ?
– Mais, Vicomte, je vous l'ai déjà donné, souvenez-vous, c'est la fiole dans votre poche intérieure !
– Une fiole ? Quelle drôle d'idée ! Enfin bon, c'est vous le génie, délicieuse amie. Allons, allons, dépêchons-nous, je n'en peux plus d'attendre de commencer cette délicieuse partie de pêche, je l'attends depuis si longtemps ! »
Il s'empare de l'objet et sort d'une valise qui semble avoir toujours été là - mais que pourtant je n'avais pas encore remarquée - une grand canne à pêche. Il s'empresse de nouer la fiole au fil de nylon quand un doute s'empare de moi.
« Monsieur Varcelieux ? Faites bien attention à ne pas faire entrer la fiole en contact avec l'eau... »
C'est trop tard, avant que j'aie pu finir ma phrase, le Vicomte a lancé la ligne en plein milieu de la rivière, apparemment persuadé que nous étions venu ici pour pêcher dans la rivière. Un « Ooooh » admiratif venant du groupe des souris accompagne le lancer, bientôt suivit d'un énorme « Boom » et d'une gerbe d'eau, de poissons et d'autres habitants de la rivière venant s'écraser sur le rivage et sur, je vous le donne en mille, le carrosse de la Reine, qui vient justement de faire son apparition sur le pont adjacent.
« Au meurtre ! à l'attentat ! au viol ! Qu'on leur coupe la têêête ! »
Le Vicomte, passablement surpris mais ayant le sens de la répartie, lui rétorque :
« Mais absolument pas, très chère, nous sommes ici en plein milieu d'une admirable partie de pêche, si vous voulez vous joindre à nous ? »
Les souris se sont carapatées depuis longtemps, et j'essaye moi-même d'entraîner le Vicomte qui semble persuadé d'être ici pour pêcher, mais il ne veut pas bouger. Il se tourne enfin vers moi et me dit :
« Voyons, Alice, vous n'avez tout de même pas cru que l'attentat était prévu pour aujourd'hui ? C'est la semaine prochain ! Je vous l'avais pourtant dit, ce week-end, c'est pêche, le week-end prochain, c'est l'attentat, quelle tête de linotte » fait-il, d'un air bienfaisant, puis, s'adressant de nouveau à la reine : « Exquise Reine, tout cela est un terrible malentendu, ma jolie Alice que voici s'est trompée de date, elle a cru pour aujourd'hui l'attent- »
J'ai juste le temps de lui couvrir la bouche et de l'entrainer de force avant qu'il n'ajoute un mot. Je le pousse vers l'entrée de la forêt par laquelle tous les animaux se sont sont rassemblés et entends derrière moi : « Qu'on leur coupe la tête ! Qu'on leur coupe la tête ! C'est inadmissible, une robe toute neuve ! Qu'on leur coooupe la têêête ! ».
Nous atteignons une clairière où semblent s'être rassemblés tous les animaux congédiés plus tôt par le Vicomte. Au centre se trouve un parc de jeux où des enfants s'amusent, sans se préoccuper de l'air occupé des adultes les entourant. Tout le monde est en train de parler, de brailler, de gesticuler, un tintamarre emplit l'espace et je décide de me faire entendre :
« Silence ! Écoutez-moi, vous allez faire exactement ce que je vais vous dire, criè-je en essayant de mettre toute ma volonté dans ma voix, vous devez disparaître, vous cacher, je ne sais pas moi, faites comme vous voulez, mais disparaissez !»
Ces derniers mots retentissent comme un écho, se répercutant sur les arbres environnants. Mon discours semble les avoir médusés, plus aucun son ne se fait entendre, même les enfants sur les jeux s'arrêtent et me regardent, l'air vide. Soudain, un grand « Pop » se fait entendre, ils sont partis, éclatés comme des bulles de savon, la clairière est vide.
Le tourniquet au milieu continue sa rotation pendant quelques instants, puis s'arrête.
La balançoire oscille encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total règne pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : « Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût »
Citation :
Publié par Texte 2

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre. Marcelino la poursuit en riant,
«- Je vais t’attraper ! » crie-t-il.
Lila, sa petite sœur, commence à être épuisée, elle est toute rouge et ses cheveux dorées lui collent au visage. Elle continue à courir, passe une porte, entre dans la cuisine et VLAN ! Elle s’étale par terre en emportant de la vaisselle.

«- Quelle empotée celle là ! » aboie sa mère.
«- Aller viens là, tu vas recevoir la fessée de ta vie ma petite ! ».
Joignant le geste à la parole elle l’empoigne par le col de sa robe et la tire vers elle. Marcelino est resté à la porte et n’ose pas dire un mot. Au fond sa maman est gentille, mais la cuisine c’est sacré, il ne faut pas y toucher. D’ailleurs il a déjà reçu des fessées d’elle, c’est loin de faire mal. Lila ferme les yeux pendant que la main de sa mère s’élance dans les airs. CLAL. Lila commence à pleurer. Marcelino veut faire quelque chose, mais il n’y a rien à faire. Sa mère lâche enfin Lila. Marcelino la prend par une main et la guide vers le salon.
«- Ne t’inquiète pas, c’est fini. »
Cependant, cela ne semble pas l’aider, il décide alors d’ajouter :
« Et puis tu as presque gagné ».
Lorsque Lila répond, un sourire semble déjà s’être retrouvé sur son visage :
«- Non ! J’ai gagné, tu ne m’aurais jamais attrapée ».
«- C’est pas vrai ! », rétorque Marcelino.
La dispute continue de plus belle se finit par terre en bataille de chatouille. Il monte dans le salon un entremêlement de cris et rires.

Une nouvelle fois essoufflé, Marcelino se dit qu’il aime bien sa sœur. Ils s’amusent souvent ensemble. Finalement sa constatation n’ira pas plus loin. Leur mère les appelle :
«- Papa est rentré, on mange ! ».
Elle est encore énervée pour tout à l’heure, se dit Marcelino. Il se dépêche d’aller vers la cuisine, Lila flanqué à ses talons.
«- Ne courre pas ! Idiot ! Tu vas faire comme ta sœur ! ».
«- Qu’est-ce qu’elle a fait encore ? »
C’est la voix grave de son père.
«- Elle m’a cassé deux assiettes cette nigaude. »
«- Encore !
Mais il laisse là la discussion, il fait une pause et annonce sèchement :
«- Bon, la tante Yvette est morte ce matin ».
Marcelino reste quelques secondes sans réagir. Yvette, elle était gentille aussi au fond. Mais il ne la verrait plus. Sa mère, elle, ne l’aimait pas. Il suffit d’entendre sa réflexion :
« Ah ! La grosse ! Elle nous a laissé quelque chose ? »
«- Rien ! Rien ! Elle n’avait plus rien d’après le notaire. La canaille ! Le vieux ronchon, je suis sur qu’il nous cache quelque chose. Et en plus on doit s’occuper du corps, il l’amène cet après midi. ».
« La salope ! La salope ! La grosse truie. »
Marcelino se dit qu’il ne faut par rester ici. Il a raison, son père lance :
« Les gosses ! Allez dans votre chambre, il faut qu’on parle avec vot’ mère. »
Leur mère, elle qui ne s’est pas arrêté de déblatérer :
«- Et son corps, qu’est-ce qu’on peut bien en foutre ! ».
Il répondit :
«- Non, mais ça c’est moi qui est proposé. »
«- J’ai toujours su que tu étais un gros con mais là ! »
« - Tu sais ce qu’il te répond le gros con ! Il te répond que si il ne ramenait pas la bouffe tous les jours tu serais crevée depuis un moment ! »
L’escalade de la dispute a bloqué Marcelino dans la cuisine, il n’ose pas bouger, n’ose pas faire un geste. Sa mère reprend :
« Ah ouai ! Et pourquoi tu nous as ramené le cadavre de cette connasse, hein ! Tu peux me le dire ? »
«- Je viens d’te le dire pétasse, j’ai ramené la bouffe, alors tu vas nous faire un bon ragoût et tu va commencer à fermer un peu ta gueule pour une fois.»
Marcelino prend peur, il ne veut pas manger Yvette, enfin il n’est pas sur, est-ce que c’est ce que papa voulait dire ? Il a besoin de savoir.
« Je ne veux pas de ragoût ! » lance-t-il dans la pièce.
Le tonnerre éclata :
« Toi, tu la fermes comme ta mère ! Tu veux pas manger ! Tu mangeras pas ! D’ailleurs tu ne mangeras plus ! J’en ai marre de te nourrir, tu sers à rien, petit con ! »
Son père l’attrape à deux mains, Marcelino sait ce qui va se passer. Et les fessées de son père c’est bien plus que la dizaine cul nu que donne sa mère. C’est au martinet et jusqu’au sang.

C’est à ce moment là que l’oncle Martin décide de rentrer par la porte du jardin, bien souriant. « Bonjour ! ». Marcelino vient d’avoir un peu de répit. Sa mère prend une voix toute douce « Ah ! Martin ! Entre donc ! Tu connais la nouvelle ? ». Son père lui fait un signe de tête. « Ah ! Martin ! Tu m’excuses mais ce petit con fait encore des siennes. » SLACH. Le premier coup. SLACH. Le deuxième coup.
« ARRETE ! ».

C’est Lila qui vient de crier en sautant sur son père. Marcelino se demande pourquoi elle a fait ça. Elle n’aurait pas du. Peut être qu’elle croit qu’avec l’oncle Martin, ça peut m’aider. Mais Marcelino le connait l’oncle Martin…
En plus ça n’a fait que mettre son père plus en colère.
« T’approche pas ! »
Il envoie à Lila un revers de la main qui la projette de l’autre coté de la pièce, provoquant une exclamation horrifiée de l’oncle Martin.
«- Mais ! Fais gaffe un peu ! »
Il s’approche de Lila et lui enlève une mèche de son visage.
«- L’abîme pas, elle ne pourra plus faire le tapin après. Et moi je te le dis dans dix ans, allez ! cinq ans, elle va te rapporter gros. »
« - Mouai tu as raison » avoue son père.
Marcelino ne sait pas ce que c’est le tapin, mais le tapin doit vraiment être merveilleux pour éviter le martinet à Lila. Il se rend compte qu’il est le seul encore en danger. Il veut tenter sa chance et profite de ce moment d’inattention pour s’échapper.
« -Hop, reviens là ! Toi ! »
Son père lui courre après. Au fond, se dit-il c’est comme ce matin avec Lila, il faut juste qu’il pense à ne pas tomber dans la cuisine. C’est pourquoi il décide de sortir dehors, au moins il saura où il mettra les pieds. Son père est derrière lui, il va le rattraper. Il pense alors à passer sous la balançoire, son père est trop grand, ça le ralentira. Il continue, sors du jardin, traverse la route.
BAM. Un camion le percute. Tout le monde est dehors. Ils restent immobiles, le conducteur aussi.
La balançoire oscille encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total règne pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : "Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût"
Citation :
Publié par Texte 3

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.

Un grand coup de masse s'écrase sur le mur, BLAM, seul Luis l'a vu partir, les autres sont occupés à faire leur besogne. Il a le temps de hurler:
«Charli il est pour toi!»
A l'autre bout du couloir, une barre à mine dans la main, couvert de sang, mais pas le sien, Charli voit passer cette silhouette devant lui, le regard hagard il le laisse passer comme si c'était un fantôme, avant de comprendre son erreur.

Il nous échappe! Putain Charli tu l'as raté, tu paies le ragoût à midi.
Mais Charli était parti à sa poursuite, cette action il l'avait mené du début à la fin, c'était plus que pour le travail ou la passion, c'était une question d'honneur.
Après avoir vécu les quolibets de sa direction, les remises en question de sa femme, son seul exutoire c'était leur prouver qu'il était là, présent dans ces traques. Toujours un homme, lui qui rendait ses victimes dans un état animal.

Et le ragoût...manger avec ces gros porcs, Luis, Mathias et surtout Patrice, cette idée lui était impossible. Imaginer leur haleine fétide, leur conversation de racistes refoulés qui lâchent à partir de quelques verres des bribes haineuses, non il se devait de le rattraper.

C'était un petit jeune, sans papier. La routine.
D'habitude on contacte son unité dans la nuit, un peu après minuit. Cette fois c'était différent, l'appel avait eu lieu entre trois et quatre heures du mat', sa femme avait eu peur, pour sûr vu que sa soeur est à l'hôpital pour un cancer du sein.
Au moment de partir elle avait lâché des insultes, comme si elle pouvait s'en dédouaner de part cette situation exceptionnelle, son regard irrationnel voulait tout dire. Pas moins affreux à observer, ne serait-ce qu'une seule seconde, que le regard des personnes à qui on ôte la vie.
Ce plaisir de tuer, il ne l'a jamais connu, il leur fait comprendre, de part un regard avec de la compassion. Au final c'est bien plus pathétique que de tuer en prenant du plaisir, tout du moins lorsqu'on a le choix.

Et le gamin qui prends de la distance, cette situation n'aurait jamais pu se produire si cet imbécile de Mathias avait gardé la porte au lieu d'aller parler aux putes en face. Non Mooonsieur considérait que cette opération c'était du menu-fretin.
Il avait pas totalement tort, le con. On devait juste rentrer avec des barres à mines, et faire mal.
Enfin, la version officielle c'est un règlement de compte pour un non-paiement à leur marchant de sommeil. La version officieuse c'est le maire de secteur qui délivre sous des pots de vins, d'aller leur casser des jambes, mais dans la réalité on les tuait.
Pas de preuve, pas de témoin. Un voyage pour ma femme pour tenter de sauver mon couple.
Un climat chaud, des massages, je fantasme en pensant à ma femme. Quelle galère, le pire dans tout ça c'est qu'il fait froid ici, plus froid que lorsque je me regarde dans la glace.

La proie, autant l'appeler comme ça, on évite le sentimentalisme, entra dans un terrain vague.
Seulement à quelques blocs d'immeubles, à l'abris des regards.
Normalement la procédure veut qu'on attende que le reste de l'équipe nous rejoigne, vu qu'ils me suivent par GPS. Mais si il s'échappe et parle c'est la merde.

En entrant sur ce terrain, je compris aussitôt qu'il était pris au piège.
Flash-back, impossible de le contrôler, je me revois une vingtaine d'années en arrière, lors d'un stage en Corse où j'ai rencontré ma femme.
C'était aux abords d'un terrain similaire, elle était en panne. Après l'avoir aidé on avait parlé toute la nuit au bord de la route, le coup de foudre. L'envie irrationnelle d'avoir des enfants, sans succès, avait bouffé notre couple.

Le fait d'avoir mis un pieds dans une flaque d'eau glacée, fit cesser ce soubresaut désagréable.
Ce terrain était entouré d'une grande clôture, et le gamin s'était caché derrière des ruines au fond.
Vite le téléphone, plus de batterie. Bon ils peuvent encore localiser le GPS mais comment savoir ce qu'ils foutent. D'ici une heure y'aura de la circulation, tant pis faut y aller.
Un flingue dans les mains, la respiration haletante, et si il n'était pas seul?

Après avoir contourné le monticule j'entrevis une balançoire, le gamin était dessus, il se tenait la tête dans ses mains, en train de pleurer.
On avait tué sa famille, comme des chiens. J'ajuste le viseur.
Il devait avoir moins de dix ans, les cheveux bouclés, un tee-shirt trop court et bien trop usé.
Ses doigts s'écartent, il croise mon regard, il a compris.
Il parle sans doute pas français, merde je suis en train d'hésiter, un de plus un de moins quelle importance au fond. Mais si c'était un message, moi qui vit dans un marasme de merde, pourquoi ne pas repartir sur de nouvelles bases?
C'est ce que j'étais avant, un mec bien, c'est pour ça qu'elle m'a épousé. Est-ce trop tard...
Mais si c'était trop tard, autant me flinguer, allez merde je pense trop.
En plus il a un grain de beauté sur la joue gauche, comme mon père. C'est vraiment un signe, je peux pas le tuer, il ne faut pas que je le tue.

BAM. Coup de feu terrible qui me sort de ma torpeur, c'est ces ahuris qui arrivent à la bourre, je vois la scène au ralenti, le sourire où se trouve un sentiment de fierté sur le visage de Patrice.
Ils ne comprennent pas mon regard haineux, j'ai envie de les crever, tous.
Un bruit derrière moi, le corps du gamin qui tombe par terre, parmi les ordures.
Je vois cette scène, comme un drame, l'échec final de ma vie.


La balançoire oscilla encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total régna pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : " Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût"
Citation :
Publié par Texte 4

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.

On a réveillé le chat chéri, tu devrais décaler le lit du mur quand on fait un calin. Enfin, je ne lui ai pas dit, c'est un tue l'amour, mais je l'ai pensé. Je suis vraiment une bête sauvage au pieu, mais ce n'est rien comparé à ce qui m'attendait ce jour-là...
Je m'appelle Bob, mais tout le monde m'appelle Bobby, faut dire que je fréquente pas la crème des cerveaux, passez moi l'image. Bref, aujourd'hui on doit se faire une bouffe entre potes, mais comme la ponctualité et moi ça fait quatorze, j'ai préféré prendre du bon temps avec ma femme avant d'entamer les préparatifs dans le jardin. C'est chaud, un peu comme le cacao, de préparer un plat pour quatre potes qu'on connait bien mais avec qui on sait jamais à quoi s'attendre. Ce con de Dédé m'a fait halluciner quand il m'a dit ne pas aimer les frites. Quel con ce Dédé. Dire qu'il est belge, ça la fout mal. Enfin bon, ça colle au background. Sinon parmi les branquignols de service, il y aura Momo, alias Maurice, bin ouai c'est comme ça tout le monde a un surnom pourri. Momo c'est le bricolo de la bande, il sait faire un radio-réveil avec une radio couplée à un réveil, fallait l'inventer celui-là s'il n'était pas là. Bref, notre MacGyver local quoi, les kilos en plus. Ah bin on lui avait dit qu'arrêter le footing c'était pas bon pour lui qui mange trop gras. On lui avait dis. Qu'il est con ce Momo. Après on peut s'attendre à voir la tête de ce bon vieux Loulou, alias Louis évidemment, le flic. Un pur, toujours en uniforme même à la maison, il s'y croit le Loulou. J'aimerais bien voir comment il brandit sa matraque devant sa femme, elle le gère au doigt et à l'oeil, il lui mange dans la main. Héhé, quel con ce Loulou. Avec lui la fête sera sous surveillance, ça va pas être triste.
Bref, ma femme commence à préparer le repas, moi je sais pas faire tout ça, alors je mets le couvert. C'est toujours ça, hein ! Donc une fois tout installé j'attends mes potos en buvant une bière, à l'ancienne. J'ai sorti le beau t-shirt offert avec l'abonnement à Playboy, ils vont en voir de toutes les couleurs les gars.
***
Or à ce moment-là, alors que je flanais dans mon jardin, pendant que les gosses jouaient dans le salon, je ne percevais pas encore la portée de ces paroles. Bon sang, qui parlait à ma place ? Qu'est-ce que je foutais dans ce jardin en fait ? Je suis sensé vivre en appartement, et j'ai 24 ans, pas une femme et des mômes !! Je voyais des gens arriver, je leur demandais comment ça allait, leur tapait l'épaule amicalement, mais ne savait pas qui ils étaient. Pourquoi ? Pourquoi je me voyais, en train de vivre la vie d'un autre mec, que je n'ai jamais vu ?! Merde c'est même pas un rêve, c'est quoi le problème avec moi ? Je rêvais, ou pas ? J'ai alors cherché pendant de nombreuses minutes à savoir, flottant à semi-conscient entre l'esprit de cet homme et son jardin. Qui suis-je ? Qui est cet homme ? Pourquoi tout ça ?
La réponse fut brève. Lorsque l'homme qui était moi il y a alors quelques minutes trébucha sur une cannette de bière et se cogna la tête sur la balançoire des enfants, je sentis un choc psychologique d'une violence inouïe. Flou, vertiges, je ne savais plus où et qui j'étais. Puis tout devint limpide, je sentais alors mon esprit flotter, s'éloignant petit à petit du jardin. J'étais donc mort... Putain de soirée, j'aurai dû dormir chez mon pote au lieu de prendre la voiture. Mince, j'ai 24 ans, c'est trop tôt ! Alors je pris mon courage à deux mains, enfin on se comprend, et j'entrepris de revenir vers le groupe de personnes attroupé autour du gars encore sonné par la chute. Un moment de faiblesse, une ouverture, profite profite ! Hop, j'étais revenu dans son esprit. Même s'il ne s'en rendra sans doute jamais compte, je serai mieux là que nulle part. Puis bon, elle est canon sa femme ! D'ailleurs elle venait d'apporter le repas.
Je me relevais donc, encore nauséeux, en remarquant la bosse énorme qui poussait sur mon front. La balançoire avait reçu un coup fatal, elle était pliée à un de ses pieds. J'ai alors rassuré mon assistance : « Ça va les gars, ça va... Je me suis jamais senti aussi vivant. »

La balançoire oscilla encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total régna pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : " Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût"
Citation :
Publié par Texte 5

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.
« _ Putain de chat ! Il m’échappe encore ! »
Renée arriva en sueur en bas de l’escalier, transpirant dans son débardeur, ses deux mains tendues couvertes par d’épais gants de jardinage. Sa ceinture serrait un pantalon de toile devenu trop large pour elle. Ses cheveux n’avaient jamais eu des pointes aussi fourchues.

Renée était chanteuse. Elle avait construite sa carrière en commençant dans le métro, puis dans des salles régionales, et enfin, elle connu le sommet de sa gloire à la télé. Elle avait repris tous les refrains populaires de l’entre-deux guerres et les avaient remixés en électro. Renée n’était pas du genre à abandonner, pour le chat comme pour sa carrière. Quand elle avait été jugée « has been », elle s’était lancée dans la reprise des chants communistes russes en mode ska. Ce fut un échec, personne ne parlait d’elle. Pour repasser à la télé à tout prix, elle s’était inscrite au « couvent des célébrités ».

Juste à côté, Max Twain était affalé sur un banc en bois. Il était sale, amaigri et sa coiffure structurée-déstructurée avait perdu toute structure. Il regarda Renée en ricanant. Il sirotait un alcool à base d’orties et de biscottes qu’il avait laissé fermenter dans une cuve d’inox au milieu du cloître. Il ouvrit la bouche, comme pour parler, puis son front se plissa, et il referma la bouche. Il reprit une gorgée de son alcool personnel et ricana une nouvelle fois en regardant le plafond.

Max Twain passait régulièrement en prime time dans l’émission « chacun sa merde ». Les invités, qui étaient des cas sociaux au bord du gouffre, cherchaient désespérément des réponses. Ils entraient dans un confessionnal où, selon le tirage au sort, les attendaient soit un expert à même de résoudre leur problème, soit Max Twain. Max Twain avait sa voix transformée par informatique. Cette prouesse technique pouvait lui faire endosser tous les rôles, même celui d'une femme. Incognito, il désinformait les invités et les embrouillaient pour les faire tourner en bourrique devant des millions de téléspectateurs. A la fin, l’invité devait deviner s’il avait eu affaire à Max Twain ou à l’expert. S’il trouvait juste, il gagnait 500 euros.
Max Twain avait mal vécu que « chacun sa merde » soit décalé sur le 22h – minuit. Quand les patrons de la chaîne lui ont proposé de compléter le « couvent des célébrités », il a accepté tout de suite.

« _ Tu pourrais lever ton cul du banc et m’aider, crétin !
Max Twain ricana et soupira, puis il but une nouvelle gorgée d’alcool.
« _ Pauvre con, si tu veux manger ce soir, lève tes miches, le relança Renée.
_ Bah… demande à Roger, moi je… Roger… tu peux lui demander.
Max Twain ricana encore, ses yeux balayant le vide. Il se sentit bien. Il avait transcendé le besoin de nourriture.

Roger était un producteur et un DJ qui s’était lancé dans la politique. Après l’échec de son parti aux élections, il avait voulu relancer sa carrière d’artiste en participant au « couvent des célébrités ». Ce choix allait bouleverser sa vie. Quinze jours après le début de l’émission, le virus de la grippe V, plus vulgairement appelée la grippe du pangolin ou la pangolite, frappait le monde. La pandémie fut rapide et mortelle. Seul un couvent perdu dans les montagnes, sans aide extérieur, filmé par 28 caméras 7 jours sur 7 fut suffisamment isolé pour être épargné.
Depuis trois semaines maintenant, la voix ne leur avait plus parlé, plus aucune mission ne leur avait été confiée. Sans vote du public, ils ne savaient plus qui devait sortir, qui devait rester ou qui devait revenir. Roger n’avait pas supporté ce silence. Sa raison l’avait quitté peu à peu. Depuis maintenant deux jours, il s’était enfermé à clef dans la salle du confessionnal, et n’en était plus sorti. La nuit, on l’entendait confier ses secrets à un public aujourd’hui décédé.

« _ Très drôle, Max, s’énerva Renée. Un drogué et un dingue, putain ! Je suis avec un drogué et un dingue !
Renée hurla d’un cri strident et hurla encore jusqu’à se vider les poumons. Un faible miaulement se fit entendre. Il provenait du jardin de jeu, cet espace aménagé pour des orphelins recueillis spécialement pour l’émission. Renée était une femme forte et elle n’abandonnait jamais. Elle ramassa une pierre sur le sol et s’approcha de l’entrée du petit parc. Elle vit le chat grimper à l’une des cordes de la balançoire pour se réfugier en hauteur. Renée resta silencieuse, visa et arma son bras. La pierre siffla en volant dans les airs et toucha sa cible en pleine tête.

La balançoire oscilla encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total régna pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : " Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût"
Citation :
Publié par Texte 6

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.
*

J’ai 32 ans, et elle vient de me quitter. Comme ça. « Je crois que je ne t’ai jamais aimé. » Quelques mots lancés au passage en attrapant son manteau, pour faire mal, avant de s’enfuir par l’escalier de l’entrée.
Je ne devais jamais la revoir.

Je me rappelle très clairement les deux premières choses que j’ai faites. Un, décrocher un portrait géant d’elle du mur du salon. Deux, allumer une cigarette.
J’ai essayé de joindre un ami par téléphone, mais ça ne répondait pas. J’ai donc dû me résoudre à aller boire un verre seul, sans prétexte autre que digérer la fin abrupte d’une relation de dix ans, dont six de mariage.

Au sens strict, j’ai bu bien plus d’un verre. La sono égrenait délicatement du Coltrane dans la nuit, le cendrier se remplissait. J’ai perdu le décompte autour du cinquième Springbank.
La brune au bar tournait au Daïquiri fraise. 23 ans, étudiante en histoire de l’art. Une fossette sur la joue droite, et une mèche de cheveux qu’elle remettait en place toutes les 30 secondes. La conversation a vaguement tourné autour du Quattrocento, au début. « Ah tiens, tu bosses dans la pub ? »
Autant dire que ce ne fut pas glorieux au lit, vu notre état. J’étais seul au réveil, dans cette suite trop grande pour mon malaise.

Je me rappelle parfaitement les nuances particulières de gris et de jaune, le camaïeu de verts éclatants à peine estompés par la brume, à mon retour, ce matin-là. Je suis très fier de mon jardin. C’est le belvédère qui attire l’œil en premier ; je l’ai construit moi-même. Entouré par une rivière de gravier zen sur trois côtés, on y entre par le pont qui enjambe le bassin à carpes. Tout au fond, par-delà la pelouse, le vieux saule, et divers bosquets. Jouxtant la terrasse, les massifs et autres parterres de fleurs de saison. Sans elle pour les entretenir, ils ne ressembleront plus à rien une fois l’hiver passé. Je m’y prends avec les femmes comme avec les fleurs : assez mal.

Il pleut sur ma vie comme il pleut sur mon jardin. Son portable sonne dans le vide, je ne laisse pas de message. Pourquoi rappellerait-elle, de toute façon ? « Ici ton ex-femme. J’ai bien eu ton message, mais je veux que tu disparaisses de ma vie. » Ridicule, vraiment.
Mes deux associés essayent de me joindre depuis ce matin. Enfin, je suppose que c’est eux. J’écoute les sonneries distraitement, en relisant les Nouvelles Exemplaires de Cervantès. De temps en temps, je change le disque, et j’efface la mémoire du répondeur.

Cela fait trois jours maintenant que je me nourris de crackers et de vieux whiskies – éditions limitées –, le tout équilibré par quelques paquets de clopes. Personne n’a osé venir me déranger chez moi, et c’est tant mieux. Quand la nuit tombe, je descends la route des coteaux, vitres ouvertes. J’aime traverser la ville et me garer dans une petite rue près d’Esquirol ; marcher jusqu’à l’aube. Je remonte les berges, j’entends les étudiants tenter d’épuiser les réserves de la place Saint-Pierre. Je ne drague plus dans les bars. La vue sur le Bazacle, au petit matin, m’apaise beaucoup. Parfois, un cappuccino en terrasse du Florida, pour profiter de la perspective de la place encore vide. Je regagne alors le calme du jardin, avant que la ville soit tout à fait éveillée.

Puis la vie a repris ses droits, en apparence. Je n’ai jamais vraiment quitté la terrasse, mes oreilles résonnant à l’infini : ses talons et ces portes qui claquent. Et ce silence, après ses mots assassins. Mon âme s’est enfuie dans des volutes de fumée bleue, ce jour-là. Définitivement.

Remariage, un peu par hasard. Très douce, je crois qu’elle n’a jamais claqué une porte, ou bien élevé la voix sur nos deux filles. Elle se serait presqu’excusée d’être emportée par un cancer avant que la cadette ne soit diplômée. Elle aimait flâner pieds nus sous les arbres, les soirs d’été. Le jardin la rendait belle.
Le mariage de mon aînée, aussi, je m’en rappelle bien. Un type plutôt banal, ingénieur. Très poli cependant : Il ne m’a jamais interrompu pendant mes rêveries assaisonnées au malt et à la nicotine, les yeux perdus dans les massifs complètement envahis d’herbes sauvages. « Il faut que tu engages quelqu’un Papa, au moins pour repeindre le belvédère et reprendre ces parterres à l’abandon. » Une grande tente près du bassin, le meilleur traiteur, un DJ à la mode. Quelques invités stupides ont marché sur les graviers et déplacé les pierres. Il m’a fallu trois semaines pour remettre de l’ordre dans les motifs. J’ai eu beaucoup de mal à ne plus en vouloir à ma fille.
J’ai pris ma retraite, revendu mes parts. Il y avait longtemps que je n’avais plus d’idées. Ça les a soulagé au bureau, d’une certaine façon.

Il n’y a que mon petit-fils qui aime le jardin comme il faut, je crois. C’est un enfant très calme. J’ai laissé l’ingénieur lui installer une balançoire, près du saule, l’année dernière. Debout sur la terrasse, je le regarde. Il vient doucement mettre sa main dans la mienne quand il en a marre de jouer seul, le dimanche après-midi. Nous nous asseyons côte à côte sur le grand banc, et j’éteins mon mégot. Ensemble, nous regardons les pierres grandir en écoutant le vent d’autan s’amuser avec les branches. Nous n’avons rien à nous dire, mais nous nous comprenons.

Du bruit nous parvient faiblement de la cuisine, par la baie vitrée ouverte. Mes filles ont envahi les lieux il y a plusieurs heures déjà, et la bataille des fourneaux fait rage. Elles adorent remplir le frigo pour la semaine. Peur que je me nourrisse uniquement de scotch, sûrement. Peur un peu justifiée, il faut bien l’admettre.

*

Citation:
La balançoire oscille encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total règne pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : « Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût. »
Citation :
Publié par Texte 7

BLAM !
Les murs en tremblent encore...
Des bruits...
BLAM !
Une porte qui claque.
Une silhouette s'enfonce dans le couloir à toute vitesse et dévale les marches quatre à quatre.

J'entrave que dalle ... Paf, abasourdi, des coups de feu, le bruit de la lourde se refermant, des bruits de pas qui résonnent au loin. Et moi? Immobile comme une vieille baderne, empoté comme un poireau sans sel. Je venais juste prendre le café avec mon pote Angelo. Ces paradis tropicaux, ça vous retourne les sens, on n'en oublie qu'on vit dangereusement. Je finis par rentrer dans la turne, cette fois on a visé juste et je crois bien qu'Angelo sentira jamais plus le goût de kawa.

Sortir de cette torpeur... Il faut que je me tire de ce trou à rat... Rester en mouvement, toujours sur le qui vive. Si tu t'arrêtes t'es perdu. Pas le temps de prévenir Clara, cette poule me plaisait bien pourtant. Bah elle comprendra! Personne n'a envie de claquer après tout. Prendre le premier avion pour Montpellier, me fondre dans la foule des allumés de l'écusson. Ça m'éclaircira les idées. Je sais bien que c'est de là-bas qu'on tire les ficelles, puis je je pourrais peut être enfin avaler quelque chose de correct. Une salade de cervelas ? Une tartine à la moelle? On verra. En tout cas j'en aurai fini avec cette putain de cuisine à l'ananas!

Enfin au bercail! A peine arrivé sur la Comédie, et déjà on m'emmerde: ce petit arabe essaie de me vendre ses cartes de vœux à la con, pour lutter contre la drogue et la violence dans les cités. Je lui décoche un regard digne des grandes heures de l'Algérie Française et le freluquet s'arrache tout penaud. Il est temps de reprendre contact avec les vieilles branches, savoir ce qui se trame, pourquoi on cherche à me trouer la couane et surtout me faire affranchir au sujet de celui qui fout ce bordel! Je vais me siffler un petit demi dans ce rade, où l'on trouve encore quelques vrais montpelliérains -espèce en voie de disparition- et qui se trouve être le QG des copains. Rien n'a changé, toujours là les lascars, à la même table, entrain d'user la même banquette de cuir fatigué. La fine équipe au grand complet, le fleuron des raclures de la région répond présent à l'appel. Ils ont une sale mine. Un petit silence, et, comme d'habitude, c'est Stanislas qui prend l'initiative. «On tombe tous comme des mouches. Pas plus tard que ce matin, il y a encore Paulo l'avocat qui a disparu. Certains gars pensent que c'est une malédiction. Une justice immanente quoi*». Il parle bien Stanislas mais moi, les histoires de guéridons qui tournent, ça a tendance à me serrer les rouleaux rapidement. Je prends mon air bravache et mon timbre de voix à faire voter les morts: «Les calamars, ce soir on va se la jouer comme au bon vieux temps: on va trouver l'enfoiré qui nous emmerde et lui faire cracher ses boyaux à coup de pieds au cul. Huit heure, jardin du Peyrou».

J'ai du temps à tuer; les dromadaires des Arceaux m'ont l'air de vieux paillassons fatigués; une séance de cinoche pour m'ouvrir l'appétit, puis je me taperai la cloche dans une bonne maison. Un peu de détente avant l'action, il n'y a rien de tel. Je rentre dans cette sale obscure à l'ancienne: pas grand monde un après-midi de semaine. Et puis, à notre époque, qui irait se taper «Les Parapluies de Cherbourg», à part quelques étudiants en lettre fainéants et poseurs. Le film commence, Mme Emery fait son entrée et je me dis, si les potes savaient que j'aime la comédie musicale, j'en prendrais pour mon grade. Impossible de me concentrer, je suis fatigué. Puis quel est ce bruit de fond? Une dameuse fait crisser la neige dans les travées du cinéma! Le pisteur descend de son engin et vient vers moi. Je comprends que l'on m'a drogué mais il est trop tard, je suis en pleine hallucination, je sombre...

Pouah, quelle odeur! Où suis-je? Visiblement, dans une arrière cour, un jardinet glauque, bref un lieu comme on les aime. Je refais surface, ma vision se fait nette et en un éclair, je comprend tout. Pour l'odeur, c'est le corps de Paulo, à peine reconnaissable et déjà moisi. Oh en ce qui concerne la pourriture, il était déjà atteint ante-mortem Paulo, si vous voyez ce que je veux dire. Mais quand vous visez le tableau, ça vous secoue tout de même. Puis il y a la bande, enchaînée comme moi à une canalisation rouillée. Et il y a elle. Elle, la source secrète de tout nos maux. C'est Lilla, belle femme-enfant, roulée comme une déesse... Comme sa mère qu'elle venge maintenant. Elle nous regarde, triomphante et mutine, tout en se balançant négligemment sur une balançoire décatie. Elle ouvre la bouche pour commencer son sermon, tout en dégustant nos gueules d'ahuris: «Alors les petits escrocs, les barbeaux minables, les Alphonses à la mord-moi-le-nœud, on regrette hein... On regrette d'avoir profité de sa candeur, de sa jeunesse, de sa beauté, de sa VIE! Vous ne vous dérangiez pas pou l'envoyer à l'abattage, à 50 francs la passe, elle, la princesse en exil dans ce monde de rats. Et toi, elle me regarde, tu es le pire! Le roi des rats! Le beau parleur qui lui a fait un enfant; moi! Et par ta race, celle des rats, tu vas périr».

Lilla, ma fille... J'ai du mal à déglutir. Mais la petite me laisse pas le temps d'assimiler les infos du jour: «Regarde le cadavre de Paulo, il a été mon brouillon tu seras mon chef d'œuvre! D'abord je te brûlerais avec cette barre d'uranium, puis par ta blessure je ferais rentrer des rats qui te rongeront comme tes remords devraient déjà le faire!». Rester calme, garder son sang froid. Je sens que je peux me libérer de mes liens... Dans son exaltation, elle a oublié de me fouiller. J'ai mon revolver. Pour l'instant, je fais la conversation: «Fichtre, de l'uranium! On trouve de tout à la Paillade! Tu sais, c'est joli quand ça brille dans le noir mais c'est dangereux, gamine. Tu risques pas de faire de vieux os avec ce genre de joujou». Pendant qu'elle m'expose fièrement ses connaissances en physique nucléaire, mes liens continuent de se relâcher. J'embraye aussitôt: «Tu sais, le pire pour moi c'est pas de clamser, c'est de clamser avant d'avoir pu avaler un truc correct. Je connais un petit restau qui paye pas de mine mais qui sert le meilleur Navarin de la création». Stanislas commence à piger, il me demande la recette du Navarin sur un ton détaché. En parlant de détachement, mes mains sont quasiment libres. Je lui répond que c'est un genre de ragoût, avec de l'épaule d'agneau... PAN! PAN! PAN!

Trois coups partirent. J'ai jamais perdu la main au tir au pigeon, pas même pour la môme, ma môme.

La balançoire oscilla encore quelques secondes, puis finit par s'immobiliser.
Un silence total régna pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un lance : " Eh ben on va enfin pouvoir aller se le manger, ce ragoût"
Message supprimé par son auteur.
Message supprimé par son auteur.
J'ai voté pour le 3ème texte.
L'ambiance, l'idée, le style : j'ai tout aimé.
Et ce petit pincement au coeur, le grain de beauté, la balle... Magnifique !
Je ne m'attendais pas à vibrer autant en lisant un texte de l'Ex-Libar. Merci et bravo !

Quant aux autres textes, ils m'ont tous plu, vraiment, mais je n'ai pas envie de décortiquer ce qui fait que le 3 plutôt qu'un autre a ma préférence.
D'une, parce que je ne suis pas critique littéraire, et que mon avis est forcément subjectif, et de deux, parce qu'on s'en fout, en fait, de mon avis, non ?

Félicitations à tous les participants, en tout cas !
Citation :
Publié par Sécotine
on s'en fout, en fait, de mon avis, non ?
Non, je ne crois pas. Je crois que chaque personne qui écrit aime que l'on donne son avis sur le texte écrit. Sans être critique littéraire, on peut dire ce que l'on aime, ou pas, dans un texte, ne fut-ce qu'avec quelques mots.



Allez, je commence à lire et donner mes avis.


Texte 1 :

J'ai bien aimé ce délire dans un pays de merveilles ! Pour l'instant, il a mon vote .


Texte 2 :
J'ai un peu de mal à accrocher au style et la fin me parait très irréaliste. Mais les portraits d'enfants se lisent bien et il y a une certaine tension.

Pour l'instant, le 1 garde mon vote. La suite bientôt.
Bon, OK, alors c'est parti :

1 - Pas trop accroché au texte, pourtant c'est pas mal écrit, mais.. bon, y'a pas de raison objective : c'est juste pas mon genre. Et je trouve les phrases un peu trop linéaires, sans accroche particulière, et ça nuit au rythme de la lecture : ça ne "colle" pas avec l'histoire... Je ne sais pas trop comment l'expliquer. Bref, pas mal du tout, dans l'idée et l'écriture, mais pas mon style.

2 - J'ai bien aimé, mais j'ai lu trop de textes dans ce style pour y trouver la touche d'originalité qui me séduise. L'écriture est vive, incisive, réaliste, le thème bien trouvé (quoiqu'un peu trop exagéré à mon goût), c'est sympa. Il est en bonne place sur mon classement personnel.

3 - J'aime bien ces texte où tout un univers, avec ces codes et son histoire, se laissent deviner sans être clairement présentés. Ça rend les choses vivantes, ça implique le lecteur, et là, en plus, c'est très bien écrit. Ajoutons à cela que j'aime tout particulièrement le thème abordé : boum, bingo.

4 - Pas du tout mon style d'écriture, et j'ai pas non plus accroché au thème. Ça fait beaucoup pour un seul texte... Je me suis forcée pour le lire en entier, et arrivé à la fin, ben, je me suis juste dit : "OK". Désolée pour l'auteur, c'est pas agréable à lire, j'imagine, mais bon, ça n'est qu'une opinion personnelle !

5 - Sympathique à lire, idée bien trouvée, c'est drôle et bien écrit. Me manquait juste la petite étincelle raflée par le n°3.

6 - Ce genre de texte m'ennuie profondément. C'est un genre, hein,e t pour le coup, l'auteur le maitrise bien, mais c'est pas mon genre de lecture. Je me suis également forcée à le lire, et à la fin, ben... Rien.

7 - Ah, le 7 ! J'ai longuement hésité entre celui-ci et le n°3. Pour départager, j'ai relu les deux en me concentrant sur mes ressentis. Et c'est l'autre qui m'a fait frissonner (ouais, sentimentalisme de merde !). Mais vraiment, j'ai beaucoup, beaucoup,n beaucoup aimé aussi. Le style est nickel, l'histoire bien trouvée, seul reproche : ça aurait mérité un texte un peu plus long. Les explications (la môme, la vengeance) arrivent un peu comme un cheveux sur la soupe, et trop rapidement. Ou bien il aurait fallu entrer plus en détail en prenant le temps, ou il aurait peut être mieux valu ne pas tout expliquer mais suggérer. Et la fin, inattendue, est pas mal du tout !

Voili, voilou...
J'espère n'avoir vexé personne, en général, si un texte ne ma pas plu, c'est juste une question de goût, je n'ai pas lu de "mauvais" texte !
Texte 3. Il y a de la tension dramatique, dans ce texte, et j'aime cela. Mais il faudrait faire un effort sur l'écriture. Des phrases comme "si elle pouvait s'en dédouaner de part cette situation exceptionnelle", c'est dur à lire. Et aussi, une situation aussi exceptionnelle, où on tue aussi facilement, aurait mérité que l'on comprenne mieux le contexte. Le 1 garde mon vote pour le moment !

Texte 4, deux points de vues très différents, dans l'écriture et la façon d'être, dans le même texte, c'est sympa. Mais je n'ai pas aimé la dernière phrase du texte. Non, je déconne . Le texte ne m'accroche quand même pas beaucoup, à mon goût il manque un peu d'émotion, peut-être. Pour l'instant, je préfère toujours le délire du 1.




La suite next time, je maintiens savamment le suce-pens.
À cette heure-ci, ce ne sont pas plutôt tes yeux que tu maintiens éveillés comme tu peux ? ^^

J'avoue, je finis de lire le 7 avant de me prononcer, mais le 6ème... Ce serait mon préféré, si...

Le 2 est très réaliste. Trop, peut-être ? Je vais devoir le relire pour me fixer l'esprit. Mais autant la conduite du texte est bien amenée, autant le sujet abordé n'est pas ma tasse de thé. Du tout.

Déçue par le 4ème texte, que je trouvais fort bien placé à côté du 3 ème. Dommage qu'on ne puisse choisir qu'un seul texte, et dommage aussi que le 6ème...

Voilà pour le 7ème. Étonnante, la fin.
Donc... Au final, j'ai mon vote.

Za.

Edition suite à demande de précisions : Je trouve pour le texte numéro 6 la fin.. pas finie.
D'où vient la citation ? Quel est son contexte ?
En revanche, sans ce détail, je trouve vraiment l'histoire bien amenée, le personnage est crédible, et attachant. (Coeur d'artichaud IRL Powa. Snaffou.)

En échange, j'ai voté pour le texte numéro 5, car il répond aussi (quoique moins pertinament) à cette petite chose que je recherche dans une lecture : des personnages crédibles, efficaces, parfois à côté de la plaque, et avec une fin inattendue mais sympatique !
Mon vote pour un sourire, ça se vaut ?
Incroyable, je croyais l'Ex-Libar mort !

Bon j'ai effectué une première lecture, il semble que mon vote aille au texte 6. Je relis cela dans la semaine, histoire de relancer ce bon vieil Ex-Libar.

Je suis vert j'ai raté cette édition.
Le délire Alice du n°1 m'a fait sourire, même si je n'ai pas trouvé le style particulièrement fabuleux.

Par contre j'ai beaucoup aimé lire le 7 ! Le langage roublard du "héros" tenu du début jusqu'à la fin m'a beaucoup plu. C'est donc à ce texte que va mon vote plutôt qu'au délire du 1. :)
Un texte de plus today, le texte 5.

Pas mal écrit, assez réaliste dans sa caricature, et une fin originale ! Mieux trouvé et écrit que le premier, en fait, mais bon... manque sans doute de tension, ce texte, pour moi. Mon vote reste sur le délire du 1, pour le moment.
Le Tempax, il temps de faire un pti tup.

Oui oui, je n'ai même pas honte.



Bon, allez, un texte de plus, le 6.



Alors, là... Voilà le premier challenger sérieux pour le texte 1, pour moi. Commençons par ce que je n'aime pas. Il n'y a pas vraiment d'histoire, ou du moins, ce n'est pas ce que j'appelle une histoire. Cela manque de quelque chose qui rende la progression intéressante, à mon goût.

Le neutre, neutre/positif, ensuite. C'est une sorte de MyLife, ça va bien avec le Bar. C'est un MyLife qui n'a rien de passionnant en lui-même, mais qui n'est pas ennuyeux non plus. En fait, j'ai une certaine résonance avec lui, mais sans doute est-ce du à un MyLife que je raconterai pas sur JOL.

Le positif. Cela n'engage que moi, mais à mon avis c'est le mieux écrit, jusqu'à présent. Nettement. L'écriture et une certaine résonance chez moi... Je le regrette un peu pour le délire du 1, que j'aime bien, mais désormais, c'est le 6 qui a mon vote !
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés