Chroniques d'une fin annoncée

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Acte I : les Prémisses

Emergeant de l’horizon, le soleil levant éclairait de ses premiers feux, la place forte de Crauchon. Les rayons de soleil éclairaient quelques soldats désœuvrés, qui montaient la garde plus par routine que nécessité.

Ces derniers temps, la région d’Emain Macha était quasiment vide de combattants, comme d’ailleurs toutes les zones frontières.

De temps à autre, un groupe d’envahisseurs s’hasardait à pénétrer dans les territoires contestés d’Hibernia, mais l’escarmouche faisait long feu.

Le manque de motivation chez l’ennemi était flagrant, depuis longtemps les grandes armées des différents royaumes avaient déserté les champs de batailles. Même les guerriers les plus titrés faisaient défaut, les alliances étaient moribondes, et la plupart des guildes disparues ou sur le déclin.

Seul subsistait un dernier carré d’acharnés qui menait une guerre larvée, résiduelle, où l’ennui cédait souvent la place au découragement. La concrétisation fructueuse d’une recherche d’adversaires à combattre était un évènement rare et apprécié.

Soudain, un grondement sourd et lointain attire l’attention de la faune du rivage. En se rapprochant, il rend les créatures vivantes de plus en plus effrayées.

Des escadrilles d’oiseaux criant a tue tête ont commencé a s’éloigner du rivage pour s’échapper vers l’arrière pays.

Le niveau de la mer à brusquement baissé, les immenses masses d’eau salée se retrouvent comme avalées par l’horizon. La couleur du ciel passe d’un bleu orangé matinal, à un blanc spectral.

Puis le sol commence a perdre de sa substance, comme s’il devenait diaphane puis transparent. En une fraction de seconde, la forteresse de Crauchon disparaît subitement, et les quelques guerriers de faction tombent dans le néant, sans un seul cri.

Dans toutes les zones frontières, le même phénomène se produit, des régions entières tombent dans les ténèbres, qui dévorent impitoyablement aussi bien forteresses, que routes, reliefs montagneux, ou forêts denses.

C’est au tour des différentes îles d’Atlantis de connaitre un sort funeste. Une tempête de sable monumentale balaie le désert de Stygie et emporte tous sur son passage. Derrière son passage, il ne reste rien. Même les grandes pyramides disparaissent les unes après les autres, emportée par l’écoulement du sable qui se vide on ne sait où.

De sombre nuages noircissent le ciel des clairières d’Arbor. Puis dans un fracas assourdissant d’éclairs prodigieusement lumineux, un monstrueux vortex apparaît. Il en jaillit un siphon venteux qui attire les îles volantes d’Aérus vers le centre du vortex, pour les engloutir. Aucune n’en réchappe, puis c’est au tour du sol, terre, rochers, forêts, et collines, d’être aspirés dans un flot de poussières et de débris.

Au même instant, c’est la totalité de la superficie de Volcania qui s’échauffe, des nuages de vapeurs délétères s’échappent des anfractuosités qui craquellent le sol. La chaleur devient de plus insupportable. Les volcans connaissent un intense regain d’activité, des torrents de lave s’écoulent de plus en plus abondamment jusqu'à submerger toute la région, et même déborder sur la côte, refroidie par l’eau de la mer qui se vaporise au contact brûlant.

Dans toute l’Atlantide, l’océan se retire complètement, laissant les créatures marines s’asphyxier à l’air libre. Enfin, le sol lui-même commence a perdre de sa substance, il devient diaphane puis transparent. Les quelques survivants qui s’étaient réfugiés au dernier endroit sûr d’Atlantide, le Refuge d’Océania, tombent dans l'oubli du néant.

Une calamité semblable vient frapper l’île d’Avalon. La cité d’Avalon est secoué par un intense tremblement de terre qui fait s’écrouler tous les édifices sur des darkorans affolés. Un glissement de terrain sape les fondations de Caer Diogel, et met à bas la fière forteresse. Les cavernes de Krondon s’effondrent et piègent sous les tonnes de rochers les ogres qui y résidaient. Quelques minutes après la fin de l’interminable tremblement de terre, le port de Gothwaite se retrouve à son tour submergé par un tsunami, dont les vagues vont jusqu'à lécher les rempart de Caer Gothwaite. Les habitants de la forteresse ont a peine le temps de se lamenter. Et déjà toute l’île sinistrée commence a perdre de sa substance, devient diaphane puis transparente. Enfin l’île mythique disparaît dans le néant.

Acte II : Nul refuge en ce monde

La nouvelle de ses cataclysmes finit par atteindre les capitales des trois royaumes. A Camelot, le Roy Kystennin convoque les notables de la cité pour tenter de faire le point sur les plaies divines qui frappent l’ensemble du monde connu.

L’évêque de Camelot se lance dans une violente diatribe, et annonce qu’il s’agit d’un châtiment divin qui s’abattra aussi sur Camelot, si les habitants s’obstinent à se détourner de la sainte voie de la Lumière d’Albion. Il est l’heure pour tout à chacun de se repentir de ses pêchés.

Les mages de l’Académie se perdent en conjecture. Le maître de la loge des sorciers prétend qu’il avait prédit l’imminence de la catastrophe, grâce à la lecture du mouvement des astres. Il se fait aussitôt traiter de charlatan par les maîtres des autres loges.

Le père supérieur de l’ordre des moines combattants demande quant à lui si des mesures concrètes sont prévues pour venir au secours du bon peuple d’Albion si le cœur du royaume était touché à son tour.

L’intendant des finances Cromwell rétorque que les finances du royaume sont exsangues. Les guerres incessantes ont saigné le royaume de ces forces vives. Les réserves de vivres sont au plus bas car il est de plus en plus difficile de faire rentrer l’impôt royal. Bref, inutile de compter là-dessus.

Pour l’évêque il ne reste plus qu’a s’en remettre à la volonté de la Lumière d’Albion. La dernier mot est pour le Roi qui se range à l’avis du prélat : qu’il en soi ainsi.

Mais le pire semble à venir. Les ruelles de Camelot se font l’écho d’annonces de nouvelles de plus en plus mauvaises.

Ainsi un messager du relais de la ferme de Yarley annonce que la région de Cornouailles est submergé par des hordes de pygmées gobelins qui envahissent la contré comme une nuée de sauterelles. Ces ignobles petites créatures semblent fuir un danger imminent, suffisamment effrayant pour les faire abandonner leurs terriers de Lyonesse.

Et nul ne sait que depuis quelques jours, les guerriers télamon entonnent en chœur un chant lugubre annonciateur de fin du monde. Dans son antre de Dartmoor, Golestandt pousse un rugissement qui déchire l’atmosphère. Puis majestueusement, il prend son envol dans le ciel et part en direction de l’occident pour un voyage sans retour. Il ne sera jamais plus vu par quiconque.

Des colonnes entières de squelettes de légionnaires romains s’extirpent des catacombes de Carvoda, et déferlent des collines de Cornouailles pour marcher en direction du marais d’Avalon. Un ménestrel annonce qu’il vient de fuir la place forte d’Adribard qui était sur le point d’être submergé par ces armées revenues d’outre-tombe.

Dans les plaines de Salisbury, les pierres marquant les limites de Stonehenge ont vacillé sur leur base, et le tout s’est éboulé en dégageant un énorme nuage de poussières. Un cavalier passant par la route de Salisbury a remarqué de lugubres silhouettes s’extirpant de la crevasse creusé par l’éboulement. Il a déguerpit sans demander son reste.

A l’Académie de Camelot, on se plaint d’avoir tout perdu tout contact avec les mages de l’Association de Léthantis. Les liens avec la forêt de Campocorantin semblent rompus.

Les nouvelles ne sont guères plus brillantes au nord du royaume. Un froid glacial qui gagne sans cesse en intensité est accompagnée d’une tempête de neige qui a recouvert d’un manteau blanc toute la région des Monts ténébreux.

Les villageois d’Humberton et de Ludlow ont été chassé par ce froid surnaturel qui réduit en statue de glace quiconque ose s’aventurer à l’extérieur. Ils viennent grossir, à Camelot, le nombre des réfugiés provenant des quatre coins du royaume.

Acte III : le Dénouement

Le Roi siège sur son trône. Il semble résigné. Dans l’antichambre, les gardes font patienter les ménestrels porteur de messages plus catastrophiques les uns que les autres.

Le dénouement semble proche. A présent, les gardes postés aux rempart de la cité constatent qu’une étrange brume a entouré Camelot. Lorsque la brume se lève, le village de cotswold qui se trouve a proximité immédiate commence a perdre de sa substance, se dématérialise pour finir par disparaître complètement, accompagné par la végétation et le sol lui-même. Les gardes se frottent les yeux pour s’assurer ne pas avoir perdue la vue. Mais le paysage habituel a bel et bien laissé place à une vision qui défie l’entendement, comme si Camelot flottait dans l’éther, environnée par un vide absolu. Une partie de la garde sombre dans la folie, et certains se jettent du hauts des remparts pour disparaître dans le vide.

Nul ne se doute que Tir Na Nog et Jordheim subissent le même sort cruel. Une clameur de pure terreur résonne dans les ruelles des capitales des trois royaumes.

Et déjà le néant commence a ronger les rempart de Camelot, capitale d’un royaume réduit à sa plus simple expression.

La foule recule au fur et à mesure que le sol disparaît, car quiconque tombe dans le néant perd toute existence. Comme le couple des vieux Pritchard qui fournissaient des vêtements usagés aux nouveaux aventuriers. A cause de leur age avancé, ils n’ont pu fuir assez vite, et ont été rattrapés par l’avancée du vide.

Le bâtiment des Défenseurs d’Albion disparaît puis, c’est au tour de la loge des maître teinturiers d’être avalée. La science des teinture des armures et des armes est perdue à jamais.

Ensuite vient le tour de la Fraternité des Ombres, qui disparaît comme dans un tour magistral de furtivité.

A l’Académie de Magie, toutes les plus grandes sommités dans le Haut Art, rivalisent de contre-sorts puissants et complexes dans une tentative désespérée de conjurer la destinée. Hélas leurs efforts sont vains, et c’est une énorme masse de connaissance et d’érudition qui se volatilise en emportant ces représentants.

Dans « la Choppe », la plus célèbre taverne de Camelot, les client ont a peine le temps de finir leur dernière gorgée de bière qu’ils sont emporté par le néant qui grignote impitoyablement toute la cité.

A l’Eglise de Camelot, une assemblée dévote de Paladins et de Clercs prient en écoutant le dernier prêche de l’évêque. Celui-ci exhorte avec l’énergie du désespoir les derniers fidèles de la Lumière d’Albion. Mais toutes ces pieuses prières ne peuvent changer le sort qui fait disparaître les dernières autorités spirituelles du royaume en même temps que sa plus grande Eglise.

Dans la cour des marchands, la mère Michelle a une préoccupation plus terre à terre : elle cherche son chat. La pauvre veille n’a plus toute sa tête et ne comprend pas la raison de toute cette agitation. Quand elle l’aperçoit enfin, le matou imprudent est trop concentré dans une chasse au rongeur, il est choppé par l’avancée du néant. Alors une larme coule sur les joues de la pauvre vieille, et elle se laisse engloutir dans le vide sans chercher à s’enfuir.

La salle du Trône du Roy Kystennin déborde d’émissaires et de conseillers, mais cela fait longtemps que l’héritier d’Arthur Pendragon a baissé les bras. Seul Merlin aurait pu nous sauver marmonne t’il. Un peu à l’écart, le grand consul Kan-laresh regrette amèrement de n’avoir pu vivre ses derniers instants en compagnie de ses frères de race. C’est trop tard.

Il ne reste maintenant plus de Camelot que la salle de la Table Ronde, où se réunissaient jadis le Roy Arthur et ses chevaliers. Un dernier carré de d’officiers et de chefs de guildes s’est rassemblé pour un conseil de guerre extraordinaire. Un guetteur à l’entrée s’écrie « ça arrive » ce qui fait sursauter toute l’assemblé. Aussitôt après le sol se dérobe de sous les pieds des tous derniers habitants d’Albion, qui disparaissent en hurlant de frayeur.

Seule la grande Table Ronde subsiste, elle semble flotter dans un océan d’éther, seule présence matérielle dans un univers de néant infini. Elle brille d’une aura surnaturelle avant de s’étreindre progressivement en un petit point blanc.

Epilogue

Un homme en bleu de travail finit de débrancher le dernier des serveurs qui bourdonnaient dans la salle machine. Autour de lui, s’activent les manutentionnaires d’une société de déménagement, il s’agit de rapidement démonter le matériel et d’emballer le tout dans des cartons avec plus ou moins de précautions. Des classeurs poussiéreux et des feuilles de listing jaunies sont jetés dans de grands sacs poubelle.

Un technicien gueule dans le couloir : « Où sont rangés ces fichues sauvegardes ? On aurait du déjà les envoyer aux states depuis hier ! »

Un collègue lui répond « Attend je crois qu’on a une copie de secours sur DVD, mais y a peut être pas tout… »

Le technicien : « Bah, ils se démerderont avec, c’est plus nos oignons…, allez viens boire un caoua »
Beau ! Une ptite larme d'émotion qui coule ...

Mais n'oublions pas qu'il existe un double de tous ces protagonistes (même celui du chat de la mère Michel) en un autre lieu très loin d'ici et si proche en même temps ! Ils ne parlent pas comme nous, certes, (à part le chat peut être), mais je pense qu'on pourra y survivre pour ceux qui auront le courage de traverser le grand océan !

Ce nouveau lieu en miroir s'appelle US !

Vive DAOC et VIVE LES SOUVERAINS !
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