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Salut,

Pour être franc, j'ai été agréablement surpris de recevoir un si grand nombre de participations de qualité avec un thème que je trouvais un peu restrictif. Je suis donc heureux de vous livrer ces travaux et vous préviens dors et déjà que le choix sera difficile. Bonne lecture !

Texte 1 :

Citation :
Toutes les nuits sont pareilles.

D’abord la chaussure droite, les lacets, puis me passer la main dans les cheveux.
Enfin faire un double tour. Puis passer à l’autre chaussure et répéter ce rituel.

Puis la chasse commence. Le seul intérêt de ma vie.

Tu vois Jacky, ma vie est morne, et puisque tu sembles me regarder avec intérêt avec tes grands yeux, je vais t’expliquer.

Tu vois Elisabeth, ma vie est morne, et puisque tu sembles me regarder avec intérêt avec tes grands yeux, je vais t’expliquer.

Tu vois Lucien, ma vie est morne, et puisque tu sembles me regarder avec intérêt avec tes grands yeux, je vais t’expliquer.


Ce rituel est nouveau, ça m’excite, faire croire à mes victimes qu’elles auront peut être une chance en parlant avec moi.

Juste après avoir dit leur prénom je les tue.
Je fais pas durer, je suis pas sadique.

Enfait je suis plutôt simpa.

Tellement gentil que j’aide les policiers, ces incompétents.
Je signe mes crimes. Oui.

Toujours la même phrase débile que j’ai entendu à un bistrot.

Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce

C’était un serveur, je dis c’était car bon il m’a gonflé avec ses phrases genre je suis un poète.
Cet indice est de taille car il avait fait marquer la phrase sur la porte du bistrot, et vu que j’étais un habitué ils pourraient me retrouver.

Cette nuit est différente, il fait très beau pour une fois sur ce village de Bartown, j’y suis depuis peu de temps et tout le monde a déjà peur, cela t’ennuie Iris que je te dise ça ?

Puisque c’est ainsi je te coupe un doigt de plus. Bien fait salope.

Depuis que je traîne ma course

Umh il n’y a plus assez de sang pour continuer à écrire avec ce doigt, tant pis n’est-ce pas nous avons le temps.

Donc cette nuit est différente, il fait beau et je suis donc de très bonne humeur, tu es toujours vivante pour en témoigner.
Si tu veux tout savoir… pourquoi toi ? ET BIEN POURQUOI PAS. N’est-ce pas.

TU M’ETENDS ARRÊTES DE GEMIR.

Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorcaa

Tu m’as fait déraper sur la fin du mot, t’as pas honte ? Tu sers à rien. Comme ma mère d’ailleurs je l’aimais bien. Jusqu’au jour où elle a amené un allemand à la maison, il puait l’alcool et voulait se la payer. La pauvre elle qui faisait partie du secours catholique voulait juste empêcher ce soit disant SDF de finir dehors par ce froid.

Pourquoi aider ces gens ? Je te parle Iris ne m’ignore pas ou je vais m’énerver.
Il a voulu la violer. J’ai du intervenir tu comprends. Je suis simpa je te l’ai déjà dit.

Le problème c’est … que j’ai tué les deux… tu vois Iris… ça m’a marqué.

Et cet Allemand… il m’a dit …
Non tu dois PAS SAVOIR il n’y a a que LUCIE et MOI qui SAVONS !
Meurs espionne. Bien fait tu l’as bien cherché.

Mais.. que me dis tu Lucie ? Ah oui j’ai oublié de finir de signer.
Voilààà… un chef d’œuvre, une fois de plus. Le nouveau Picasso il faudrait m’appeler.

Bon trêve d’amusement il va être l'heure de me recoiffer... voilà.

Une très belle nuit décidément.
Texte 2 :

Citation :
Le soleil se lève en tremblotant. Les nuits d’hiver sont longues, glaciales même et les rares rayons ne parviennent pas à réchauffer la silhouette étendue par terre. La rue semblait tranquille pourtant, le quartier est calme. Quel sera le passant qui ira prévenir le premier les forces de l’ordre ? Pas besoin de passant, le talkie walkie à côté de la silhouette crachouille déjà des interrogations. Ce n’est pas le froid qui a tué cette nuit.

Lucie Fero est une énigme au sein de la police parisienne. Mignonne, relativement jeune comme pas mal de femmes à qui on n’oserait pas demander leur âge pour ne pas paraître goujat, personne à Paris ne sait comment elle est arrivée à ce poste. Elle semble avoir des connaissances en langue étrangère. A vrai dire sa propre langue est suffisamment acérée pour que personne ne l’interroge trop. Pas deux fois de suite en tout cas. Le mort était une morte. Une agente qui résidait à la caserne la plus proche. Aucun témoin évidemment.

Lucie Fero sait rester féminine, même dans un jean, elle garde une touche indéniablement féminine. Ce jour là, ses collègues daubent sur ses ravissantes chaussures d’un bleu étincelant. « Trop puissen ! » Evidemment, ils le disent à une distance respectable, pour que leurs propres défauts ne soient pas rapidement illustrés d’un mot cinglant. Mais Lucie n’en a cure.

- La victime a été sauvagement poignardée. Coups mortels à la gorge, entailles sur les bras, elle n’a pas pu appeler à l’aide à cause de sa gorge…
- Elle habitait où ?
- A la caserne de Malakoff, à deux pas. Les collègues n’ont rien entendus…

Les pierres de la rue par contre, gardent en mémoire le sinistre hurlement. « Muss es sein ? Muss es sein ? Es muss sein ! ». Et le petit papier couvert de sang séché pourrait lui aussi témoigner de la rudesse de certaines nuits parisiennes…

La journée passe sans autre accroc. La petite rue reprend sa tranquillité. Rien ne s’est passé. Pourtant, cette jeune femme ne hâterait pas tant le pas si c’était le cas. Elle est relativement jeune, indéniablement féminine. Elle se murmure des paroles réconfortantes avec l’accent du plat pays qui est le sien. Il fait encore plus froid qu’hier. Soudain, elle se heurte à un inconnu. Il s’excuse platement, entame la conversation. Elle se rassure, elle a vraiment eu peur. L’inconnu la regarde un peu et soudain…
- Pourquoi, pourquoi vous n’avez pas de jolies chaussures ?

Il hurle presque. Elle essaye de fuir mais le premier coup la prend au vol. Elle veut hurler mais l’air s’échappe déjà. Et il s’acharne en criant : « Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat à patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN ! »

La jeune belge se raidit encore un peu puis, se recroquevillant malgré elle, elle essaye de retenir les derniers souffles de sa vie qui partent. Les nuits d’hiver sont mortelles à Paris. Demain, Lucie Fero aura une sacré surprise.

En rogne. Personne n’ose l’approcher si ce n’est pour quelque chose de vraiment important. Les chaussures bleues marquent le pas. Clic, clic, clac, elles battent la mesure. Deux morts. Deux mortes même. Une agente et une touriste. Et l’éternelle question : pourquoi ? Lucie Fero a regardé les descriptions des cadavres. Rien en commun. La solution est pourtant là. Les souliers bleus marquent l’agacement, l’énervement. D’un coup, Lucie prend la décision. Ce soir, elle sera dans cette rue. Avec une protection évidemment. Mais aucun gilet ne peut tout protéger.

Une fois la décision prise, que la nuit est longue à venir. Les secondes deviennent des minutes, « comme la vie est lente » mais le pont mirabeau n’est pas vraiment dans le quartier.
Il fait nuit, enfin. Il lui reste à user ses talons bleus dans cette rue. Lucie Fero sait que ses pieds détestent les chaussures de ce genre. Les objets de désirs font mal.

Un kilomètre. Deux puis trois. A force d’arpenter cette rue, elle commence à la connaître par cœur. Et le passé revient sans qu’elle puisse l’empêcher. Ce petit bowling lyonnais, avec quelques amis … Les voyous à masque de poulet, chevauchant des poneys sauvages et chargeant au milieu du bowling avec leurs sabres de Kendo… Inconsciemment, elle frissonne. Seule survivante, miraculée, maculée de sangs qui n’étaient pas le sien ...

Un dernier passant arrive vers elle. Ce ne peut être lui, il parait aimable, agréable et tout. Il lui demande du feu d’ailleurs et, même si elle ne fume pas, lance maladroitement deux ou trois tentatives d’abordage. Il y a un bail qu’elle n’a pas été draguée mais ces tentatives maladroites à base de beignet et de pizza lui rappellent quelque chose.

L’homme la regarde et tout d’un coup baisse les yeux. Et là, il crie soudainement :
- Des Mellow Yellows !!

Lucie Fero sort son arme. Tout est si clair maintenant. Les souliers bleus lui ont évités le pire même si ses pieds en souffrent. L’homme a un regard surpris, essaye de nier mais les agents qui arrivent en renfort découvrent son poignard sous son imperméable.

Il hurle une dernière fois : « Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat à patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN ! »

Mais la course s’arrête. Lucie a une pensée soudaine qui lui vient à l’esprit.

« La diagonale Cherbourg – Paris – Strasbourg ne t’aura finalement jamais réussi, petit faucon ».

La nuit promet d’être encore plus longue et froide que les précédentes. Mais le prochain cadavre n’aura pas de coup de poignard.
Texte 3 :

Citation :
A Bartown, il y a un dinner. Quelques centaines d'âmes. Un village sans grand intérêt en somme. Les jeunes y sont désœuvrés. Les vieillards n'ont que peu de ragots à colporter. Mais les choses changent.
Caché dans l'ombre, aidé par une nuit sans lune, depuis quelques heures maintenant, l'œuvre avait repris ses droits. Il aurait aimé mettre la touche finale au 7ème coup, un chiffre symbolique. Mais il en était autrement. Le tueur, attentif, observait sa proie vivre ses dernières heures. Il l'avait laissée acheter son repas à emporter, téléphoner à son amie, il l'avait laissée se manucurer en vue de son rendez-vous le lendemain. Un frisson le parcourut. Grisé, il savait que ce tête-à-tête lui révélerait enfin le vrai dessein, la trame derrière ses pulsions. Il l'entendait respirer. Il la laissa entrer dans la salle de bains. La porte se referma.

Le loquet tourna et dans l'encadrure, un homme, la quarantaine solide, des yeux d'un bleu acier. Le shérif accueillit l'agent avec chaleur et une certaine bonhomie. La situation imposait cette aide des fédéraux. La plus grande crise que Truman ait eu à résoudre avait été le meurtre du chat par un vagabond simple d'esprit. Rien à comparer du monstre qui sévissait depuis quelques semaines. Des ailes avaient poussé à Miss Little, la journaliste du canard local. La monotonie d'une petite ville quasi rurale, des élections, des animaux écrasés, de la météo avait fait place à une excitation digne des polars les plus noirs. Sur la brèche, elle bouscula presque l'agent du FBI pour l'interroger. Sous les assauts de cette petite brune, John n'en menait pas large. D'autant qu'il n'avait pas encore eu le temps de consulter le shérif. La secrétaire, une blonde à la voix nasillarde, se chargea d'éconduire la journaliste efficacement. La porte se ferma sur la salve de questions d'Andrea.

Avec un claquement sec. Un crissement de chaussures neuves sur le gravier. « La légiste est arrivée, elle vous attend pour les premières constatations. » Il avait eu beau avalé son déjeuner sur le trajet, tout en conduisant et en téléphonant à Monica, il était quand même bon dernier sur les lieux du crime. L'officier s'écarta et lui laissa découvrir à hauteur d'yeux les murs maculés de sang, une traînée presque artistique, quelques fines gouttes et au sol un corps désarticulé, la gorge ouverte. On vous forme à beaucoup de choses mais l'horreur mêlée à l'art qu'il avait sous les yeux le laissaient perplexe. Le même modus operandi sur 7...8 crimes déjà.
« Salut Morgan, où est Grace? Ton verdict? »
Un gaillard aux cheveux châtains s'arracha presque douloureusement à l'observation du sang sur le mur. Il se retourna et sur son visage un grand sourire figé se dessina. Ce type filait carrément les jetons. Il lui fit rapidement un topo de la situation. Le tueur avait en plus d'immuables rituels, une méticulosité extrême. La victime était jeune, blonde. Il l'avait d'abord immobilisée avec une injection de curare – à vérifier lors du rapport toxicologique. Grace, la légiste, avait trouvé le point d'entrée de la seringue. Il pointa du doigt un endroit dans le cou de la victime. Puis le tueur avait maintenu son corps en station debout de façon non déterminée pour l'achever d'un coup de scalpel d'un bout à l'autre du cou.
Sam, elle, avait établi le profil. Morgan égrena les caractéristiques supposées du suspect. Un homme, la trentaine, vouant une haine féroce aux femmes sans doute née d'une relation conflictuelle avec sa mère, blablabla... John était pragmatique. Logique. Or, il manquait un ressort à cette logique meurtrière. Ils étaient forcément passés à côté de quelque chose. Ce tueur correspondait au profil de la ¾ des tueurs en série du pays. Comme si le tueur manquait foncièrement d'imagination : la signature au scalpel, le mot laissé sur tous les lieux des crimes écrit au sang de ses victimes à l'aide d'un pinceau :
« Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce
MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN ! »
John avait la sensation d'attendre le prochain crime, inéluctable. Un sentiment d'impuissance le terrassa. Il avait, tenace, éplucher toutes les pistes – même les plus invraisemblables, en l'occurrence celles de Monica. Rien n'y faisait. La nuit serait bientôt là. L'agent leva les yeux vers un ciel couvert et lourd.

Fondu au noir.
Voix off :
« Il vous suffit de voter pour tout changer. Votre reality show préféré vous attend en ligne pour modifier le mobile du tueur, son profil ou sa prochaine victime. Quand la réalité dépasse la fiction. Dark Bartown, le show que vous ne pouvez manquer. »
Texte 4 :

Citation :
Ophélie se rendait sur son lieu de travail, guillerette et heureuse d'avoir enfin trouvé le moyen d'échapper au joug parental. C'était la deuxième semaine et déjà ses patrons faisaient l'éloge de son travail. Certes, faire le ménage dans un petit hôtel miteux n'est pas forcément des plus valorisant mais cela accordait à Ophélie une indépendance financière qui lui était chère, et les hôtels miteux de Bartown sont suffisamment romanesque pour qu'Ophélie s'y trouvât à son aise.

Arrivée sur place, elle mit son costume de soubrette et partit dans les étages faire son oeuvre. Les chambres s'égrainaient les unes après les autres, similaires les unes aux autres, telles les billes d'un chapelet. Ophélie dépoussiérait, nettoyait, rangeait. Elle ne croisait presque jamais les clients, l'hôtel n'était pas de ceux où l'on reste plus que quelques heures. Ingénue, Ophélie s'imaginait qu'il s'agissait d'homme d'affaire pressés, qui dans l'urgence de leur voyage échouaient ici, où il y avait toujours une chambre de libre, quelle que soit la saison. Elle était confortée dans son histoire par l'occupant de la chambre douze. Premier étage, deuxième porte à gauche en sortant de l'ascenseur, elle entreapercevait régulièrement l'homme, qui rentrait sur le coup de dix heures pour dormir alors qu'elle venait de finir sa chambre.

Ténébreux, l'homme faisait s'emballer l'imagination d'Ophélie. Grand et la silhouette élancée, il se cachait sous un imperméable noir, une écharpe grise et un chapeau de feutre qui masquait son regard. Le salut discret qu'il accordait à la femme de ménage laissait deviner un accent étranger qui confortait Ophélie dans son idée que les clients étaient des hommes d'affaire. Ses patrons disait de lui qu'il s'agissait d'un maquereau mais Ophélie, ingénue, trouvait cela stupide : les maquereaux sont des poissons, ils dorment dans des rivières, pas dans des chambres d'hôtels.

Comme chaque matin depuis qu'elle avait été embauchée, Ophélie pénétra dans la chambre douze comme Ali Baba dans sa grotte. Comme chaque matin depuis qu'elle avait été embauchée, rien n'avait bougé. Le lit était fait de la veille, seuls quelques plis sur le dessus de lit semblait indiquer que l'homme s'y était assoupi. Aujourd'hui, Ophélie avait de l'avance sur son horaire habituel, et elle décida de s'intéresser de plus près à la chambre douze et à son occupant. Elle scruta les rares meubles de la chambre et son regard s'arrêta sur le bureau. Une simple table avec deux tiroirs, une chaise de cuisine en bois, et sur la table, une plume et un encrier. Ophélie s'assit sur la chaise et se mit à fouiller discrètement le bureau. Dans le tiroir gauche, elle trouva deux piles de papier, une vierge, l'autre déjà écrite. Ophélie, interloquée, se demandait quel intérêt on pouvait avoir à écrire son courrier en avance. Elle prit la première feuille du tas et lut. Une courte poésie, qu'elle trouva plutôt bien écrite, conclue par une phrase qui fit ressurgir ses quelques souvenirs d'allemand. Charmée, Ophélie lut à voix haute :

"Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !"

L'écriture était soignée, et en portant le papier à la lumière de la fenêtre, Ophélie se rendit compte que le poème était écrit à l'encre rouge. Elle porta l'encrier devant la fenêtre pour vérifier ce qu'elle supputait et l'encre qu'il contenait était aussi rouge. Ophélie fût intriguée par la consistance de l'encre, qui accrochait sur la paroi en verre de l'encrier quand elle le faisait pencher, mais rapidement, elle arrêta d'y songer pour se dire "Et si moi aussi j'essayais ?". Cela faisait longtemps qu'Ophélie n'avait pas écrit à la plume. Elle posa le courrier sur la table, pris une feuille vierge dans le tiroir et s'appliquant à en imiter l'écriture, recopia le poème. Malgré quelques difficulté qu'elle imputa à la mauvaise qualité de l'encre, Ophélie apprécia l'exercice, et prise dans son élan, décida de modifier la dernière phrase, en fouillant dans sa mémoire pour se souvenir de ses cours d'allemand à l'école.

Alors qu'elle achevait son oeuvre, elle fut surprise par un bruit de clé dans la serrure. Paniquée, Ophélie rangea rapidement son modèle et le courrier qu'elle venait d'écrire dans le tiroir qu'elle referma le plus silencieusement possible, et s'armant de son plumeau se remit rapidement à sa tâche. L'homme ouvrit la pièce, la salua, s'excusa de l'avoir dérangée et se posa devant la fenêtre pour regarder ce qui se passait dehors, intimant à Ophélie de finir vite son travail pour le laisser "en paix". C'est le coeur battant la chamade qu'Ophélie fit la chambre, et à aucun moment elle n'eut l'occasion de reprendre le courrier qu'elle avait écrit. Qu'importe se dit-elle, elle le récupérerait le lendemain.

Ophélie finit son travail comme à l'accoutumée, et en fin d'après-midi, elle quitta son costume de soubrette pour remettre sa tenue de ville, prête à aller dépenser sa solde de la semaine dans une jolie robe qu'elle revêtirait le soir même, au bal du quartier où ses amies et elle avaient projeté de passer la soirée.

Quelques heures plus tard, au commissariat de Bartown, le capitaine fût dérangé par un de ses lieutenants :
"Capitaine, il a remis ça!".

Quelques instant plus tard, après avoir traversé la ville en trombe, le capitaine se tenait debout, observant à ses pieds le cadavre d'une jeune fille en robe de soirée, qui semblait se rendre au bal qui battait son plein quelques rues plus loin lorsqu'elle avait croisé funestement la route de celui que le capitaine traquait depuis maintenant une semaine.
" - Pauvre fille... On connait son identité ?
- Non Capitaine, on cherche encore. Elle porte une gourmette au nom d'Ophélie.
- Est-on certain qu'il s'agit du même homme que d'habitude ?
- Presque Capitaine.
- Pourquoi presque ?
- La signature... Le courrier... L'écriture est étrange, plus appliquée que d'habitude et la dernière phrase a changé, vous savez, la phrase en allemand."

Le lieutenant tendit au capitaine un courrier sur du papier bon marché où en lettre de sang on pouvait lire :

"Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce

MUSS DAS SO ? DAS MUSS SO !"
Texte 5 :

Citation :
Encore un jour de pluie à Bartown, cela faisait déjà des semaines que cela durait. Il faisait très sombre aujourd’hui, le soleil était complètement voilé et le vent emportait avec lui les dernières feuilles d’automne. Une petite maison isolée se trouvait à la sortie du village. Une jeune femme laissait apparaître brièvement son visage à travers la fenêtre de son salon, elle observait visiblement ces gros nuages gris dans le ciel. Au loin, une ombre attira soudainement son regard. Elle fronça les sourcils, quelqu’un semblait l’observer depuis la ruelle d’en face.

« Voici votre thé Mademoiselle ! »

La jeune femme sursauta et se retourna brusquement. Le vieil homme en face d’elle fut surpris à son tour et laissa tomber sur le sol son plateau avec la théière qui se renversa.

« Oh Nestor, ce n’est que vous ! Excusez-moi, je ne vous avais pas entendu entrer.
- Ce n’est pas grave, Mademoiselle Jennifer, je ne voulais pas vous faire peur.
- Laissez, je vais ramasser, c’est de ma faute !
- Vous n’y pensez pas, hors de question, ceci est mon travail. Mais qu’est-ce qui vous rendait si distraite si je puis me permettre ?
- Venez voir, je viens de voir quelqu’un par la fenêtre, j’ai l’impression qu’il m’observe. »

Nestor laissa le plateau sur le sol et jeta un œil à travers la fenêtre du salon. Il ne vit rien, à part la pluie qui tombait à torrent.

« Il n’y a personne Mademoiselle. Il fait sombre, peut être aviez-vous vu l’ombre d’un arbre.
- Oui, vous avez raison, c’était probablement cela.
- Vous semblez particulièrement mélancolique aujourd’hui, Mademoiselle Jennifer, quelque chose ne va pas ?
- Bradley a décidé de continuer ses expériences au laboratoire botanique, cela me fait peur, il est devenu complètement obsédé par le nouveau projet.
- Pourquoi ne lui demandez-vous pas d’arrêter ? Vous commanditez pourtant toutes les expériences de ce laboratoire ?
- Les choses ne sont pas si simple, Nestor. Une énorme somme d’argent a été investi dans ce projet, nous ne pouvons pas y mettre un terme sinon notre laboratoire serait en faillite.
- Oui je comprends, bon je vais vous laisser. Reposez-vous bien, vous semblez être fatiguée.
- Vous avez raison Nestor, je vais finir d’analyser ces derniers échantillons. Vous pouvez disposer, regagnez votre demeure.
- Bien, Mademoiselle. Et votre thé ?
- Je n’en ai plus envie.»

Nestor ramassa la théière et nettoya le sol. Une fois que tout fut nettoyer, il quitta la pièce. Jennifer s’approcha de son microscope, y déposa un échantillon d’écorce et l’examina :

« C’est stupéfiant ! Il faudra que j’en informe Tracy dès mon arrivé au labo demain matin. »

Puis Jennifer jeta un œil sur son horloge, 4 heures du matin, il était temps pour elle de mettre un terme à ses expériences et d’aller se coucher.

Nestor mit sa veste, prit son parapluie et s’apprêta à sortir. Il ouvrit la gigantesque porte en bois qui menait au jardin, courba légèrement son dos, ouvrit son parapluie et sorti en trottinant. Arrivant près du grillage à l’entrée du jardin, il remarqua que la cabane qui servait à entreposer les outils de jardinage était rester ouverte.

« Je ne peux pas laisser la porte ouverte, les outils vont rouiller ! »

Il courut vers la cabane à contre-sens du vent, si bien qu’il eut du mal à retenir son parapluie. Arrivé à l’entrée de la cabane, il essaya de pousser la porte avec la seule main libre qu’il avait mais il n’y parvint pas. Il s’aida donc de son autre main mais du coup il n’arriva plus à retenir son parapluie que le vent emporta à l’intérieur de la cabane.

« C’est pas vrai !! Bon sang, mon parapluie ! »

Le vieil homme s’abaissa pour reprendre son parapluie lorsque la porte se referma brusquement derrière lui. Il se retrouva plongé dans l’obscurité complète.

« Mon dieu, le vent a refermé la porte ! »

Il essaya de pousser de nouveau la porte dans l’autre sens mais celle-ci fut encore coincée, puis au bout de quelques secondes il entendit quelqu’un pousser le verrou de l’extérieur.

« Qui est là ? Mademoiselle Jennifer, c’est vous ? »

Personne ne répondit, il n’entendit que le bruit de la pluie et du vent. Nestor commençait à être un peu angoissé, pourquoi l’avait-on enfermé dans cette cabane ?

« Je ne trouve pas ça très drôle ! Laissez-moi sortir ! »

Il y avait une petite fenêtre au fond de la cabane mais trop petite pour pouvoir laisser passer suffisamment de lumière pour éclairer la pièce. De toute façon, il faisait presque aussi noir dehors. Il s’en approcha, peut être arriverait-il à sortir par-là ? Il posa l’une de ses mains sur la clenche de la fenêtre. Lorsqu’il s’apprêta à l’ouvrir, celle-ci éclata en mille éclats. Le choc le fit tomber en arrière et il reçut plein de débris de verre sur son visage. En même temps la présence située à l’extérieur prononça des mots allemands que Nestor ne comprit pas. Essayant péniblement de se relever, le visage en sang, il vit deux grands yeux rouges de l’autre côté de la fenêtre. Au moment où il ouvrit la bouche pour crier, la chose qu’il avait en face de lui, et dont il n’arrivait qu’à voir l’ombre, s’emparât d’une pioche et la lui planta dans le crâne. Nestor mourut sur-le-champ.

Jennifer était sur le point de s’endormir lorsqu’elle entendit quelqu’un frapper à la porte. C’était peut être Nestor qui avait oublié quelque chose, se disait-elle. Elle se rhabilla et descendit les escaliers. Arrivée devant la porte d’entrée, elle repensa à l’ombre qu’elle avait vu par la fenêtre. Sur un ton hésitant, elle demanda :

« Nestor, c’est vous ? »

Personne ne répondit. Elle se rendit alors dans le salon et regarda par la fenêtre, elle vit quelqu’un qui se tenait accroupit à côté de la cabane. Etonnée, elle ouvrit la fenêtre et demanda :

« Qui est là ? »

Soudain le vent referma brusquement la fenêtre sur les doigts de Jennifer :

« Aaaaahhhh !!! »

La personne s’approcha alors en courant jusqu’à elle, elle prit peur et essaya de refermer la fenêtre mais elle avait terriblement mal aux doigts. Au moment où elle referma la fenêtre, la personne à l’extérieur l’en empêcha en la tirant dans l’autre sens.

« Laissez-moi ! Laissez-moi ! Fichez le camp de chez moi, s’écria Jennifer !
- Du calme, Jennifer, c’est moi ! Vous êtes en sécurité maintenant ! »

Jennifer reconnu le visage de Bradley, mais que faisait-il ici ?

« Bradley ? Mais vous êtes fou ? Que venez-vous faire ici si tard ?
- Il fallait absolument que je vous parle… puis j’ai découvert ce corps dans votre cabane.
- Le corps ? … Mais… Quel corps ?
- Venez-voir !
- Non, vous me faites peur ! Allez-vous en Bradley !
- Mais il faut prévenir la police, il y a un mort dans votre cabane ?
- Un… un mort ? Ce n’est pas drôle Brad. »

Jennifer se précipita alors dehors pour constater les faits. Arrivée près de la cabane, elle vit avec horreur le corps de son domestique. Elle s’effondra en larmes.

« Oh non, Nestor !!! Brad ! Mais qu’avez-vous fait ?!!
- Mais j’y suis pour rien ! Je l’ai découvert lorsque je suis arrivé.
- Vous ne vous en sortirez pas comme ça Brad ! j’appelle la police. »

Jennifer regagna sa demeure en courant et décrocha le téléphone de la cuisine mais elle n’entendit aucunes tonalités. Bradley la rejoignit à son tour mais Jennifer se saisit d’un couteau et le menaça :

« N’approchez pas Bradley !!! N’approchez pas !! »

Bradley resta immobile et tenta de calmer Jennifer.

« Je vous assure que je n’y suis pour rien. Je suis venu vous voir pour vous apprendre le décès de Tracy au laboratoire. D’ailleurs je parierai que l’homme qui a fait ça et également responsable de la mort de votre domestique.
- Comment vous croirai-je Bradley ?
- Tenez, on a retrouvé ceci près du corps de Tracy, un mot, une sorte de signature. »

Tout en pointant son couteau en face de Bradley, Jennifer se saisit du mot. Elle se mit à le lire à voix haute :

« Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce
MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN ! »

Jennifer regarda Bradley d’un air étonné :

« Et qu’est-ce que cela signifie ? En quoi cela peut-il me convaincre que Tracy a bien été assassiné comme vous le prétendez ? »

Avant que Bradley ne puisse lui répondre, la mélodie d’une musique classique résonna soudainement dans la maison. Cela semblait provenir du salon. Jennifer comprit alors que quelqu’un d’autre se trouvait dans sa demeure et que Bradley disait peut être la vérité. Elle se mit à trembler, ses nerfs commencèrent à lâcher et elle laissa tomber son couteau sur le carrelage de la cuisine. Au même moment, toutes les lumières de la maison s’éteignirent. Ils étaient désormais plonger dans l’obscurité. Jennifer et Bradley entendirent des bruits de pas bien lourds qui semblaient provenir du salon également.

« Restez là Jennifer, fit Bradley, je vais voir.
- Non, je viens avec vous ! »

Ils entrèrent tous les deux dans le salon, il y avait une présence dans la pièce mais il faisait bien trop sombre pour qu’ils ne puissent l’apercevoir. Jennifer retira le disque de la platine, elle prit un briquet dans sa poche et l’alluma.

« C’est un disque de Ludwig van Beethoven. Bradley, et si cela avait un rapport avec nos recherches au labo ? Tout ceci a forcément un rapport avec tous ces morceaux d’écorces que l’on a retrouvés dans la tombe profanée de Beethoven.
- Jennifer, je te rappel que l’on se trouve dans la même pièce que l’assassin, pense-tu vraiment que ce soit le moment de discuter de cela ?
- Bradley, j’ai analysé ces écorces, ils sembleraient qu’elles contiennent de l’ADN humaine… »

Jennifer continua d’observer le disque alors que Bradley cherchait à localiser la personne qui se trouvait avec eux.

« Bradley, regarde, une autre inscription ici : Je suis tellement heureux lorsque je me promène dans les bois, parmi les arbres, les fleurs et les rochers. Personne n'aime la campagne autant que moi. Ici, la surdité ne me préoccupe plus.
- Jennifer, il faut quitter cette pièce. Le temps n’est pas à la lecture ! »

Deux grands yeux rouges apparurent au milieu de la pièce, Bradley sursauta. Jennifer resta étrangement bien plus calme, elle commençait à comprendre.

« Bradley ! C’est la malédiction !
- Hein quoi, de quoi parles-tu ?
- Ludwig van Beethoven, c’est lui qui est dans cette pièce. Des personnes ont profané sa tombe et ont perturbé son repos éternel !
- Tu délires ma pauvre fille ! »

Un éclair tomba non loin de la maison de Jennifer si bien que celui-ci fit ressortir l’ombre de la créature située dans le salon. Pendant l’instant d’une seconde, Jennifer et Bradley purent voir la silhouette d’un arbre vivant situé devant eux. Il s’approcha lentement d’eux avec ses deux grands yeux rouges menaçant.

« Euh… Jennifer, comment on lève cette malédiction ?
- La procédure est indiquée dans la signature, Bradley, il suffit de l’apaiser à l’aise de cette expression : MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
- Bien Jennifer, je m’en charge, restez derrière moi ! »

Bradley était désormais à un mètre de la créature qui semblait terriblement contrarié. La créature interrogea alors Bradley :

« Muss Es Sein ? »

Avec un dernier effort de courage, Bradley prononça à son tour :

« Es Muss Sein ! »

Lorsqu’il eut terminé de prononcé ses mots, la créature balança l’une de ses branches dans la tête de Bradley. Le choc fut si puissant que la tête s’arracha du corps avant de tomber sur le sol et de rouler jusqu’aux pieds de Jennifer.

« AAAAHHHHHHHH !!!!! »

Jennifer tomba en arrière sur le sol, la créature s’avança alors vers elle. Ne sachant plus quoi faire, Jennifer tenta d’attraper un objet sur la table située derrière elle. Sa main effleura une feuille.

« Mais bon sang mais c’est bien sûr ! »

Jennifer chercha alors de quoi écrire et réussit à trouver. La créature était désormais située juste derrière elle et elle lui demanda :

« Muss Es Sein ? »

Jennifer présenta la feuille devant les deux yeux rouges de la créature. Elle y avait écrit en toutes lettres Es Muss Sein !

« Es Muss Sein, répéta à son tour la créature, Es Muss Sein ! »

Sur ces derniers mots, la créature disparu devant les yeux effrayés de Jennifer.
Texte 6 :

Citation :

Les Algues



La ville est verte « iridescente ». J’ai appris le mot la semaine dernière en cours de français. Le fleuve inonde les rives de sa drôle de lueur et les murs des maisons prennent la couleur du moisi. Il a plu trois semaines d’affilées et la Seine – « La Seine est un fleuve, pas une rivière. » souvenir du cours de géo - a débordé tout un lot de poissons morts et de carcasses sur les trottoirs.
Il faut enjamber des vélos, de vieilles poussettes, des cageots, des caddies, parfois une mobylette ou un scooter, recouverts d’algues chatoyantes et ne pas glisser sur les poissons. Le gag de la peau de banane version marée montante.

J’aime regarder la vue de ma fenêtre, j’ai « pignon sur rue » - expression de ma grand-mère - pour voir les éboueurs et le comité de quartier ramassant les déchets. Je leur en veux. J’aime tellement la couleur étrange des algues recouvrant ces restes, autrefois utiles, vomis par la Seine. Ca a quelque chose d’artistique. J’aimerais bien les prendre en photo. Mais sans tout le monde autour… Les cars de touristes ne désemplissent pas. On vient du monde entier pour admirer Paris noyée sous ses « décombres » - mot du cours d’histoire - C’est fou ce que l’école peut polluer le cerveau. Mais je m’en fiche. Paris sent le poisson pourri et moi j’aime ça. Ce changement d’odeur a quelque chose d’aventureux et d’extraordinaire, j’y ai pris goût. Dans les rues, les bars, les restaurants, les gens hurlent au scandale et se mettent à parler politique, comme si le gouvernement était responsable de la météo. Dans ce monde on n’échappe ni à la politique, ni à l’école. « La politique, c’est la punition des adultes. », elle dit comme ça ma grand-mère. Je l’aime énormément, même lorsqu’elle me force à jouer au scrabble avec elle. Sans elle, je serais « orphelin », quatorze plus cinquante, à cause du scrabble : soixante-quatre points… Et si le mot compte double ou triple, ça fait… Beaucoup plus.

Un soir où je ne fiche rien… Enfin pas vraiment « rien », j’observe, je regarde. Ce soir-là donc, je me décide à photographier sérieusement les algues et les objets tout partout. Dans les journaux, on dit que certains ont trouvé de très vieux objets tout enrubannés de la boue de la Seine. Un vrai paquet cadeau ! A part ça, on ne parle que de l’assassin qui tue tout le monde : "un psychopathe". Un vrai ! Pas un mot juste bon à insulter les potes. Même qu’il laisse des messages à côté des cadavres. Comme dans les films, il a un surnom : le Forçat. Rapport au message… Moi, je m’en fiche. Ce qui m’intéresse ce sont les algues.

Elles ressemblent à des étoiles ou à de petits poulpes. Certaines ont des nuances bleutées, d’autres jaunes sombres. Elles ont de longs filaments semblables à des manchons sculptés, d’autres de touts petits moignons, mais même à l’air libre, alors qu’elles vivent dans l’eau normalement, elles continuent de bouger. Cela forme comme une danse, une espèce de chant du cygne pour algue de fleuve pollué. On dit que ce sont des bactéries et que c’est à cause d’elles que le poisson de la Seine n’est plus « comestible ». Celui-là, je l’ai lu dans les journaux. Mensonge ! Les poissons morts n’ont aucune algue sur leurs écailles… Les journalistes ne savent rien.

Alors voilà, ce soir, je sors et je vais saisir à vif la danse des algues sur les objets abandonnés par la Seine aux trottoirs. Sans glisser sur les poissons… C’est incroyable comment la Seine a bien fait les choses. A un endroit : un monticule, à d’autres : des objets disséminés. Une espèce de jeu de piste. Je pense à l’histoire du Petit Poucet. J’adorais écouter ma grand-mère me raconter cette histoire. Dans mon lit, je m’imaginais tracer une immense piste, un peu comme celle d’atterrissage des avions avec pleins de lumières autour, et mes parents en la suivant me retrouvaient… J’inversais le conte mais je m’en fichais et ça faisait du bien. Grand-mère ne parle jamais d’eux. « Plus tard. Tu vois bien que je suis occupée. » Elle dit ça même lorsqu’elle épluche les légumes alors que je déteste la soupe.

Ces algues, elles me ressemblent, elles ont quelque chose de perdu et pourtant elles survivent.
Je me demande souvent comment des gens font pour survivre à la douleur. Ceux dans les camps, de la Seconde Grande Guerre et d’ailleurs, il y en a tellement d’après la télé.
Moi, j’ai ma grand-mère, alors, forcément, c’est différent. Et pour les algues ? Il paraît que les algues ne ressentent rien : elles n’ont pas de connexions nerveuses. Des fois, ça me plairait de devenir une algue.

Mon appareil de poche : mon téléphone portable. Il photographie, il filme, lui, il sait tout faire, alors que moi, pas encore grand-chose… Mais comme dit grand-mère « Chaque chose en son temps mon petit. », alors j’ai confiance. Je prends une photo et le flash fait bing. Les algues se rétractent… Elles ne bougent plus. Leurs petites membranes se ferment tout en se creusant vers l’intérieur, comme pour dire non, comme pour mourir. Je mets le portable en mode vidéo et j’attends. Certaines ne bougent plus, d’autres repoussent tout doucement leur extrémité. « Leur », parce qu’elles font ça une à une ; les petites "radicelles chitineuses" – cours de biologie - se tendent les unes après les autres, jamais en même temps. Elles palpent l’air, étonnées de ne pas y trouver d’eau, puis elles s’étirent et recommencent à valser. Je tends un doigt, juste un, et j’effleure l’une des excroissances. Immobilisation. Moi et elle, nous ne bougeons plus. C’est doux et frais, un peu comme un gant de toilette laissé trop longtemps sous l’eau froide. J’ai l’impression d’être le petit garçon dans E.T… J’avais toujours imaginé que toucher E.T cela devait être doux et frais comme une vraie peau de lézard. Mais là, c’est encore mieux, parce que ce n’est pas du cinéma et qu’en plus : c’est moi qui filme.
Je souris. Je ne sais pas ce que l’algue a senti mais elle retire son filament et l’envoie chercher ailleurs. Je pense que je ne suis pas comestible. En tout cas, pas pour une algue.

Pschiiittt
Le bruit a attiré mon œil… Sur la rive d’en face, sous le pont du clochard-salaud, – mot inventé par moi - celui avec les deux chiens qui mordent tout le monde, des méchants, et le clochard : ça le fait rigoler. Un vrai salaud. Ma grand-mère dit de lui en soupirant : « Il a une araignée dans le plafond », ce qui signifie qu’il est un peu fou. J’aime bien les expressions de ma grand-mère. Mais là, ce n’est pas le clochard-salaud. C’est un type. Il est habillé tout en noir avec une capuche sur la tête. « Pschittttt » plusieurs fois, en saccades bien espacées, comme quelqu’un qui à l’habitude. Le type, il écrit sur le mur avec une bombe de peinture noire. Je trouve ça marrant les types qui écrivent sur les murs. Ma grand-mère, elle dit que ce sont des cochons. Je ne suis pas toujours d’accord avec ma grand-mère.
Alors, comme mon portable il filme toujours et bien je lève la main et je regarde au travers de l’écran. Le type me tourne le dos. C’est la télé mais en mieux parce que je suis le seul spectateur et c’est moi qui tient la caméra.

J’ai une sensation de puissance. Cela part du bout des pieds, monte doucement dans la colonne vertébrale et finit derrière les oreilles. J’essaye de déchiffrer ce qu’il écrit. Avec la distance et la lumière verte, à cause des algues, ce n’est pas facile. Je me demande si l’on verra quelque chose à l’image. Je déchiffre les lettres en majuscule. « MUSS E… » Il y en a de plus petites au-dessus, mais je les distingue mal et comme le type est installé devant…
Le « E » me fait penser à E.T, même si E.T ne taguait pas sur les murs des ponts de Paris.
Il continue et ça fait « Pshittt » et des fois « Pschh… Pschh… » et moi je filme.

Entre nous il y a la Seine, le pont et les algues. Chacun sur un quai. Pas loin du type, deux gros tas d’objets rejetés par la Seine. Un marron et gris avec deux billes blanches et des espèces de poignées. Un vieux scooter… Sûr l’autre, des algues roses. Je n’avais encore jamais vu d’algues roses. C’est intéressant. D’habitude, elles sont vertes, évidemment, bleues ou jaunes. Celles qui ont trop de vases sont noires mais ça fait plutôt camouflage, un peu comme les vêtements du type.
J’aimerais bien aller de son côté, observer de plus près les algues roses. Je préfère attendre qu’il ait terminé. Les vrais tagueurs, ils ont un truc. Lorsqu’ils peignent les murs c’est un peu comme une prière. Ils communient avec le matériau et leur inspiration. Personne n’a le droit d’interrompre une prière. Je filme : témoin muet, je ne dérange pas. Le type se baisse et s’écarte vers la droite pour terminer ses pshitts...
Alors, je lis, très vite.
Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS…


Je n’ai pas besoin du dernier mot. Tous les journaux en parlent depuis trois semaines. Le tueur fou, le « psychopathe », je reçois son message en direct et c’est pas un SMS. Pour la première fois, je prends conscience que ce qu’on dit dans les journaux ça a une réalité. Je ferme les yeux mais je sais que cela ne changera rien. Je voudrais être ailleurs. Patibuler… Je ne sais même pas ce que ça veut dire. C’est trop bête. Je vais mourir et je ne sais même pas pourquoi. Ca n’a pas de sens. Je suis une algue… Les algues roses ! Dans mon cerveau, c’est la décharge d’adrénaline. Ce n’était pas une algue, ni un objet.
Le cadavre. Pire que dans les films… E.T ne vient pas à mon secours. Ce que je comprends fait trop mal. C’était un pull, un joli petit pull rose. Dedans, il y avait une petite fille. Et l’autre tas marron et gris, j’avais cru reconnaître un scooter : c’est la maman, la poussette de la famille couchée par-dessus elle. Tas informe dont ne dépassent que les poignées. Ce n’est pas ma faute si j’ai confondu ! Avec tous les objets tout partout… Les billes blanches, les yeux ouverts de la mère sur le grand vide. Elle regarde la Seine comme pour s’y noyer alors qu’elle est déjà morte. Et moi j’ai filmé tout ça. Je suis une algue. Si j’y crois, si j’y pense très fort ; il ne me verra pas.
Mais le type me regarde.

Il me fait face maintenant et il me sourit. Je ne vois que ça sous la capuche : son sourire. Pourquoi ai-je rouvert les yeux ? Mais c’est trop tard de toute façon. Il a remarqué le téléphone ouvert dans ma main. Tout est foutu. Quand mon portable filme, il a une loupiote qui clignote. Lorsque je l’avais acheté, j’avais trouvé ça vachement bien… J’ai envie de pleurer, de crier. Je suis un orphelin ! Personne ne devrait mourir sans connaître ses parents. Il existe forcément une loi… Tout reste coincé dans ma gorge. Ce type il n’en à rien à faire des lois. Si je survis, je deviendrais policier ou politicien ! Promis grand-mère, je ne punirais personne… Je suis une algue. Une algue !
Je lâche mon téléphone portable. Il tombe dans l’eau verte de la Seine, comme au ralenti. C’est mon offrande pour rester en vie. Le sourire du type s’accentue. Il a les mains dans les poches. Où est la bombe de peinture ? J’ai l’impression que ma vie ne m’appartient déjà plus. Je n’aurais pas du être là. Si seulement ce type pouvait comprendre !
J’ai envie de demander pardon. Mais je ne sais pas vraiment à qui... Au type ? A la mère et à sa fille ? A ma grand-mère ? Une algue…

Je me balance d’avant en arrière, comme un bébé.
Je tends les bras. Le portable est déjà loin. Il est tout au fond du fleuve. Il faudrait attendre une autre crue. Peu importe, à peine il a touché l’eau qu’il ne marche plus. Tout est foutu. Je suis une algue… Est-ce qu’il clignote encore ? C’est quoi la dernière image qu’il a emportée avec lui ? Je ne me souviens plus… Le type… L’eau… Une algue… Le type marche doucement vers le bord de son quai d’en face. Les journaux disaient que les meurtres avaient commencé lors de la première crue. Il y en a eu huit en dix-neuf jours. Huit crues, huit meurtres. Ce type n’est pas normal, il ne marche pas : il flotte, il ondule. Il ressemble à…

Au bord de son quai, les pieds juste à la bordure, il pose un doigt sur ses lèvres, comme pour dire « chut ». Je cesse d’être une algue et me transforme en statue de silence pétrifiée. L’algue, la vraie, c’est lui ! Une algue noire couverte de vase, une algue polluée, dégoûtante et effrayante, sans connexions nerveuses. Les journaux disaient vrai pour le poison…
Il pose ses autres doigts gantés, noirs aussi, sur sa bouche. Je ne vois rien d’autre de son visage. Je voudrais fermer les yeux, je ne peux pas : ils sont coincés. Alors, le type, l’homme-algue, m’envoie un baiser du bout de ses doigts fermés. Le baiser vole par-dessus la Seine et je sens quelque chose de visqueux m’atteindre les lèvres. Gluant et salé à la fois. Par réflexe, je passe ma langue. Quel goût ça a la mort ? Je déglutis. Goût de morve et de larmes. Et dire qu’aucune fille ne m’a jamais embrassé… Ca débloque tout. Mon cri sort comme une sirène. Je hurle tout ce que j’ai d’air dans les poumons. C’est incroyable la quantité…
Je ne veux pas me noyer. Je ne suis pas mort. Je suis vivant !

Des touristes passent sur le pont. Des curieux viennent jeter un œil du haut du parapet. Certains me regardent avec leurs caméras. Pleins d’yeux électro-numériques braqués sur moi. Et je pleure et je hurle et j’en ai rien à foutre que l’on me voit comme ça sur des milliers d’écrans à travers le monde. L’homme-algue cherche à disparaître. Mais des gens descendent, arrivent de tous les côtés des ponts, par tous les escaliers. Une masse compacte de curieux assoiffés de sensations. Je dois les prévenir. Attention c’est lui ! Les mots gargouillent.
Mais l’homme-algue ne peut plus avancer, il est coincé, obligé de rester là les bras ballants.
Alors je hurle encore et encore. Je glapis de joie, de douleur, d’espoir, de terreur, tout ça entremêlé. La foule marche, se presse. Plus vite ! Des dizaines, des centaines, des milliers de caméras, portables et appareils photos braqués sur moi et l’homme-algue. Des flashs…
Il monte ses bras vers l’ouverture de sa capuche, il se rétracte sur lui-même. Il cherche à repousser les gens, tendant un bras, puis l’autre, sans jamais laisser son visage découvert.
Une algue de chair ! Lui non plus n’aime pas la lumière. Je supplie E.T de me prêter ses pouvoirs. Je tends mon doigt vers lui et j’imagine qu’un rayon en jaillit. Ce n’est pas facile de réussir à faire comme dans les films lorsqu’on vit les trucs pour de vrai…Les gens se bousculent, amusés, ils s’imaginent que c’est une animation pour touristes. Je ferme fort mes paupières. La lumière brille sur mon doigt et la phrase se désengorge.
« Le Forçat ! C’est lui le Forçat ! »

Plus personne ne rigole.
Le mot se transmet de bouche en bouche, traduit dans toutes les langues et vole de plus en plus haut. Mon petit cri enfle, reprit en chœur par des milliers de souffles. Je pointe toujours mon doigt comme E.T et je sens… C’est brûlant. Une lave vivante et invisible se déverse de tous les corps et de tous les cerveaux réunis. Barrage de volonté dont je suis le centre. Tout le monde fait un immense cercle autour de moi et de l’homme-algue qui tourne sur lui-même comme une toupie. Il danse sur les pavés, tournoyant au ralenti. Il me regarde un instant. Je ne flanche pas. Comme choqué, il ploie sous l’invisible rayon prêté par E.T. Il tombe dans l’eau verte iridescente. Retourner à l’école...
Quelque chose gronde ; toutes les voix se fondent en une seule
ES MUSS SEIN !

Qui a dit ça ? Lui ? Moi ? La foule ? Je ne sais plus.
Demain, les journaux titreront : « Le Forçat ne patibulera plus! »
Pour moi, l’homme-algue est retourné chez lui, tout au fond de la Seine qui est un fleuve.
Je m’évanouis en souriant à E.T, le doigt du secret posé sur nos lèvres.
Texte 7, malheureusement hors concours car la signature du tueur, l'une des contraintes imposées, n'y est pas indiquée. Qu'à cela ne tienne, mis à part ce petit oubli, l'auteur a autant de mérite que les autres et a tout autant droit à vos votes et vos commentaires, même s'il ne pourra remporter cette édition.

Citation :
Philip dans un peignoir bleu se prélasse dans un transat de même couleur aux fines rayures jaunes, il profite du bienfaiteur soleil ainsi que de l’iode marine. Il fait beau en cette journée de fin juin, le ciel est dégagé, tout est calme même la mer n’inflige qu’un doux bruit apaisant à ses oreilles.

Après trois années de travail sans interruption, Philip profite de l’endroit pour se reposer dans cette ville balnéaire, c’est un accroc du travail mais il fallait bien que son corps reprenne des forces avant de repartir plus avant, il n’est cependant pas ici par hasard, se reposer oui, en connaître un peu plus sur cet endroit pourquoi pas. Car Philip est journaliste.

Une étrange rumeur circule sur Bartown, tous les 10 ans un étrange phénomène semble emporter de nombreux touristes au solstice d’été. Il n’en fallait pas plus pour que Philip soit intrigué et vienne voir sur place de quoi il en retournait. Il avait fait une petite enquête au préalable et avait appris que d’après certains astrologues locaux Bartown était l’épicentre de mouvement telluriques importants. Bien des fadaises pour légitimer des actions non encore résolues.

Il avait cependant pu apprécier le caractère assez étrange des habitants, habitués aux phénomènes inexpliqués, ils étaient très discrets et observaient les étrangers ou touristes avec une pitié désolante à leur égard. Une semaine qu’il était là, il avait déjà pu interroger les forces de police quand aux étranges phénomènes qui se produisaient tous les 10 ans mais en vain car les 3 policiers n’étant là que depuis 5 années tout au plus.

Et pourtant ces 3 derniers jours avait eu son lot de disparition, l’atmosphère prenait aux yeux de tous un caractère étrange et apeurant. Alors qu’objectivement aucune de ces disparitions ne semblaient avoir de lien entre elles, divers témoignages parlant d’avoir vus pour la dernière fois les victimes soient en compagnie d’un enfant ou d’un vieillard.

Grâce à son bonhomie et son métier, Philip avait su créer des liens avec la police locale, forts utiles à ce moment précis où son téléphone portable sonna :
- Mr Philip ?! Venez vite nous avons découvert un corps au 36 bd Kennedy.
C’était la voix de Georges, le commissaire du coin, qui trahissait une angoisse perceptible à ce moment précis.
- Ok j’arrive tout de suite.

Arrivé sur les lieux quelques minutes plus tard, il nota tout de suite que le corps de la victime était dans une position bien étrange, en effet celle-ci avait été mise à 4 pattes.
- Georges, rien n’a été bougé ?
- Non, Mr Philip, c’est Andrew qui a trouvé le corps il y a 15 minutes, nous avons sécurisé la scène aussitôt, nous vous attendions pour les photos.
- Ok, étrange cette position non ?

Personne ne lui répondit, au bout de quelques minutes il remarqua un morceau de papier coincé dans la poche arrière droite du pantalon de la victime. Andrew la retira avec ses mains gantées. Sans un mot il déplia le morceau et le tendit à George avec une expression d’incompréhension, Georges à son tour tendit le morceau de papier à Philip qui put lire :
Des vies comme les autres, des jours et des matins
D’apparence identique ? Et pourtant ils luttent en vain.
S.
- Un meurtrier qui se prend pour un artiste, voilà tout.
Philip photographia le morceau de papier et recopia le tout pour travailler dessus en rentrant à l’hôtel. La scène ne dévoila aucun indice supplémentaire.
Philip après avoir transmis les photos rentra aussitôt à l’hôtel, la recherche internet ne donna rien sur le poème ainsi que la position de la victime. Il fit un rapide constat sur les disparitions, la première victime retrouvée ce matin avait été vu pour la dernière fois en matinée avec un enfant, le second disparu vu pour la dernière fois en compagnie d’un vieil homme en début de soirée, le troisième disparu ce matin même en compagnie d’un enfant. Rien dans tout cela ne lui semblait étrange si ce n’est la signature un tant soit peu originale, le reste de la journée s’écoula sans que rien de notable ne se produisit.

C’était non sans une certaine fébrilité que Philip accueillait cette nouvelle journée, le portable sonna vers midi où la voix de Georges trahit la même angoisse que la veille. Quelques minutes plus tard, il découvrit la scène du crime, cette fois-ci la victime se maintenait debout de manière étrange, comme s’il allait bouger d’un instant à l’autre, de nouveau dans la poche arrière droite du pantalon de la victime un nouveau petit mot fut trouvé :
La mort éternelle plus grande que l’existence
Ce mal temporaire où toujours est la souffrance
S.
Une question taraudait Philip :
- Comment sont-ils tués ?
- Un coup de lame au cœur, le meurtrier attend que la victime se rigidifie pour les mettre dans ses positions.

Chaque jour eut son lot de disparition et de victime retrouvée avec des vers, la troisième fut retrouvée courbée avec une canne dans la main et les mots suivants :
En damné je vous offre enfin l’éternité
Où chaque soleil me retire la vérité
S.

Le quatrième disparu fut retrouvé à quatre pattes et un nouveau morceau de papier :
Ecoutez le sang d’une connaissance bienfaitrice
Résultat incompris d’une mission rédemptrice
S.
Il en alla ainsi jusqu’à la huitième disparition, où seulement 7 victimes furent retrouvées. Philip était le huitième disparu, un vieillard l’aborda dans la rue avec un sourire contrit et lui promit de lui en apprendre plus sur le meurtrier aux vers. Il ne se méfia pas assez du vieillard qui, arriver dans un hangar l’immobilisa à l’aide d’une forte décharge électrique.

Quand il se réveilla le lendemain matin pieds et poings liés, il fut réveillé par un bébé d’à peine 1 an mais qui parlait d’une voix d’adulte :
- Avez-vous déjà entendu parler de la maladie du Sphinx ?
- Pardon ?
- Oui une maladie très rare, bien plus que ces banales maladies orphelines.
- Mais qu’est-ce que ça peut bien me faire ?
- Qui a quatre pattes le matin, deux le midi et trois le soir ?
- Et ?
- Et le sphinx ne croyait pas si bien dire. Je suis la preuve vivante au mot près de cette énigme.

Le bébé finit par se redresser et marcher, il bâillonna Philip prétextant vouloir travailler en silence. Il put ainsi observer toute la journée extraordinaire qui se déroula devant ses yeux, le bébé se transforma rapidement en un jeune enfant, puis en adulte et quand vient le soir en vieillard. Il comprit à cet instant que c’était toujours le même « être » qui avait sévi tout au long de ces enlèvements. Il lui expliqua que Bartown était la seule ville de la planète où tous les 10 ans, de fortes perturbations telluriques avaient lieues au solstice d’été et l’affectaient au point de se transformer, tout en lui expliquant ces différents phénomènes, il observa que ce dernier extrayait une quantité de sang de ces victimes qu’il mélangeait à une substance verdâtre, plusieurs heures plus tard il en extirpa une certaine quantité via une seringue.

Le vieillard s’adressa à lui une dernière fois :
-Voyez-vous je vais vivre ma dernière vieillesse dans ce corps car je meurs cette nuit, vous ne savez pas qu’elle est la délivrance de ne plus souffrir des bassesses de son corps ! Ceci me permettra de délivrer à nouveau au monde entier mon message dans 10 ans.

Et il lui injecta le contenu de la seringue, ce fut la dernière fois qu’il fût Philip le journaliste. Au matin suivant Philip emporta la 7ème victime en glissant dans la poche arrière droite le poème qui y figurait dans son intégralité :

Des vies comme les autres, des jours et des matins
D’apparence identique ? Et pourtant ils luttent en vain.
La mort éternelle plus grande que l’existence
Ce mal temporaire où toujours est la souffrance

En damné je vous offre enfin l’éternité
Où chaque soleil me retire la vérité
Ecoutez le sang d’une connaissance bienfaitrice
Résultat incompris d’une mission rédemptrice

Donner à l’humanité une ultime liberté
Vérité assourdie par les idiots préjugés
Tout comme moi ce travail arrivera à sa fin

Rassuré d’avoir enfin accompli mon destin
Car si chaque jour je meurs et je renais
Le message où revivre au matin m’effraie.
Voilà ! N'hésitez pas à commenter les textes. Un commentaire, même petit, fait toujours plaisir aux auteurs qui se sont décarcassés pour vous pondre leurs chef-d'oeuvres.
Le plus beau compliment que je puisse faire aux auteurs, c'est que j'ai tout lu
Dommage, le texte le plus sadique n'est pas mon préféré mais les conditions pour me satisfaire étaient réunies...!
Est-ce une coïncidence que les textes 1 et 2 parlent tous les deux d'une Lucie?
Ou j'ai raté un train de jokes joliennes?

Je prendrai le temps de faire des pavés de commentaires après.

Keld
Texte 1 :
Pas mal ! Un peu facile, peut-être, mais on sent assez le tueur fou, déjanté.

Texte 2 :
Bien écrit, on se laisse prendre à l’histoire et au suspens ! Amusants clins d’œil au Bar, et je n’ai pas compris la fin, mais bon texte, je trouve !

Texte 3
Pas mal écrit, lui aussi, décidément ! Mais il me laisse un peu sur ma faim (sur ma fin, même). La fin fait un peu artificielle, et cela donne impression d’un extrait d’histoire plutôt que d’une histoire.

Texte 4
Bien écrit aussi, même si j’accroche un peu moins à la structure de l’histoire, qui semble très prévisible. Par ailleurs, j’ai la flemme de cherche ce que signifie la dernière phrase…

Texte 5
Là aussi, une aventure, et une vraie histoire, qui se lit facilement ! Le seul reproche que je lui ferait c’est d’être un peu tiré par les cheveux (comme je n’en ai pas beaucoup je suis sensible à ce genre de choses ) .

Texte 6
Je suis ennuyé. C’est le texte le plus fouillé, à l’écriture la plus maîtrisée, un niveau au-dessus des autres, clairement. Et pourtant… Il ne m’accroche que moyennement. Sans doute parce que le personnage ne m’attire pas.




Choix difficile, en effet ! Bien que je le trouve un peu court, je choisirai le texte 2, Pas vraiment meilleurs que les autres, en fait, mais parce qu’il faut bien faire un choix !





Texte 7
Vraie histoire, pas mal construite. Par contre, j’avoue ne pas accrocher au style un peu trop mou pour moi.



Félicitations à tous, car tous les textes, à mon humble avis, ont une certaine qualité ! Belle édition que voilà !
Alors...

Texte 1:
Un peu convenu et attendu mais il fonctionne bien. Un passage plus fouillé, sur la fin, où le tueur monologue avec sa victime, m'a manqué. Le "Et tu ne sauras pas!" m'a paru un peu trop artificiel. Dommage.
Et je suis incapable de comprendre d'où vient Lucie... La mère? Que rien, dans le texte, ne puisse expliquer cette apparition me dérange.

Texte 2:
Bien écrit. J'ai accroché au personnage. Les chaussures sont vivantes et c'est bien vu. Par contre la fin, je n'y ai strictement rien compris.
Des poneys chevauchés par des chinois du FBI dans un bowling?
On ne sait même pas pourquoi Lucie reconnaît l'assassin... Rien, pas un mot d'explication. J'ai été déçue.

Texte 3:
Bien ficelé. Un air dégagé qui ne manque pas d'aplomb. J'adore la chute. Et la critique des poncifs du serial-killer est plus que plaisante.
Seul regret, le personnage principal n'a pas assez de volume. Il est noyé dans la masse des autres, ce qui rend la fin délicate, puisque l'on rentre dans ses pensées. La transition n'est pas assez évidente pour mon goût.

Texte 4:
J'ai un faible pour celui-là. A mon avis, l'un des mieux construits et des mieux travaillés. Pas de temps mort, un personnage attachant, un style très agréable et une bonne idée. La fin, en dialogue, accomplit une bonne rupture, par rapport au reste du texte. Il fonctionne.
Le seul truc qui me chiffonne: le coup du "maquereau"... Elle n'est pas qu'ingénue à ce niveau-là mais carrément tarte c'te pauvre Ophélie...

Texte 5:
J'ai ri. Beaucoup... Trop. Lorsque Bradley arrive, il aurait été possible de faire basculer le lecteur vers une véritable angoisse et de jouer sur les deux tableaux: humour et trouille. Ce n'est pas le cas et je le regrette.
L'angoisse de la femme (elle le menace quand même d'un couteau!) fait trop guignol à mon goût et j'aurais bien aimé "y croire" un peu à cette peur bleue.

Texte 6:
L'appréciation de ce texte se résume à "On aime... ou pas."
Et comme je ne déteste pas c'est donc que j'aime.

Texte 7:
Beau travail. Poétique et pratique à la fois. Le personnage principal est consistant. J'aime bien l'idée farfelue de l'auteur, même si je ne suis pas certaine de tout avoir compris. Les explications du tueur manquent de clarté ou de développement... Mais cette réflexion, c'est du pinaillage. Je me refuse à voter pour un texte hors-concours... sinon c'est pour celui-là que j'aurais voté.

Me voilà bien embêtée, je n'arrive pas à choisir...
Une relecture s'impose donc.

Keld
PS: Alors, Lucie: référence jolienne?
textes 1 et 2 : vous partagez un délire forcément né à l'irl Je n'étais pas au bowling mais j'aurais dû

texte 1 : Bien rythmé, l'absence de ponctuation sert à bien s'imprégner de l'accumulation de pensées/actes sadiques du tueur.

texte 2 : Comme le jury de la N.S. à Charlotte : "FAINÉANTE!". Il y a une facilité d'écriture déconcertante mais on sent l'imbrication de délires pour le délire. Du coup, jeune fille (pour moi l'auteur est une fille ) cay mal de bien écrire mais de faire du caca pour rigolay!

texte 3 : je rejoins Keldhra sur la critique des poncifs. J'ai aussi apprécié les clins d'œil. Chute à revoir comme dirait Soir.

texte 4 : Ca m'embête là c'est bien écrit toussa mais franchement le personnage niaiseux C'est bien monté mais pareil que Soir j'ai pas compris la chute (j'ai pas cherché qwa ²) Et si le tueur s'est douté de quelque chose (au final il tue la soubrette), pourquoi n'a-t-il pas juste déchiré le papier signé?
Je décrète qu'un mâle a rédigé ce passage là!

texte 5 : Bien écrit aussi... encore une fois. Mais j'ai trouvé certains passages en italique assez faiblards (plus les fautes). Au final j'ai quand même été "emmenée" MAIS ça vire trop à l'invraisemblable.

texte 6 : Franchement, très bien écrit. Un format un peu long pour ce genre de contest mais quand on prend la peine de lire... Ça vaut le coup. La fin me déroute un peu même si je la comprends je la trouve trop confuse et pourquoi E.T. ?

texte 7 je ne t'ai pas lu mais promis je vais le faire...
Edition bien sympa dans l'ensemble merci du moment :]


Perso j'ai surtout accrocher au 1er texte et au 6eme.

Je vote pour le 6eme car l'écriture est plus soigné , texte plus long , l'auteur a fait plus d'effort.

Auteur du N°1 --> Si tu arrivais a préserver cette ambiance morbide tout en rajoutant un peu plus de texte/description ce serait parfait je trouve .

comment vous gerer le fait qu'un compte fake puisse voter ?
J'ai voté pour le texte4.
Enfin réussie à me décider entre 3 et 4...

@Je suis
Rien ne t'empêche de voter sous ton véritable pseudo même pour ton texte.
Après, je comprends le scrupule.

@Khaezer
J'espère bien que ça ne viendrait pas à l'idée de quelqu'un...
En plus, je ne crois pas que le vote serait pris en compte ou alors ce serait le nom du compte principal qui apparaîtrait non?

Keld
@Khaezer
Je ne cherchais pas à feinter... Je me suis aussi posée la question...

@Aux Modos
Je viens de passer dans la Bibliothèque du Bar... Et apparemment, les éditions du Ex-Libar s'arrêtent au n°8... Est-ce normal? Oui? Non? Qui s'en occupe? Ai-je mal regardé? La dernière hypothèse étant fort probable, vu l'heure, je fatigue...

Keld
Texte 1 :

Bien écrit, sympa, le caractère du tueur s'impose de manière crédible et sans fausse note.

Texte 2 :

On sent que l'écriture est aisée ce qui rend la lecture agréable. Je trouve toutefois le développement un peu classique et la chute difficile à comprendre, dommage.

Texte 3 :

C'est bien écrit mais l'américanisation trop évidente, sans doute voulue, m'a gênée durant la lecture. Chute originale.

Texte 4 :

Bien écrit et construit, l'histoire se suit sans mal mais comme il a été dit, je trouve le personnage principal un poil trop naïf pour quelqu'un qui semble habitué à voir du monde.

Texte 5 :

Je ne sais pas si c'était le but, mais j'ai beaucoup ri. On peut dire que l'auteur a le sens du théâtral ! Et, même si tout se précipite quelque peu, la touche de fantastique m'a plu.

Texte 6 :

Pour moi le mieux écrit et construit de tous, on sent un véritable investissement qui fait plaisir à voir. Tout, ou presque, s'imbrique parfaitement. Seule petite remarque, pour moi le personnage principal a trop tendance à évoquer sa grand-mère, ce qui me fait invariablement penser que 1) C'est une fille et pas un garçon, 2) Parfois sa manière de penser est trop "romancée", ce qui fait que je n'ai pas toujours l'impression que c'est celle d'un gamin du 21ème siècle.

Texte 7 :

Bien écrit et histoire originale. Par contre je n'ai pas tout compris du comment et du pourquoi.

Bon, il s'agit vraiment d'un choix difficile...
Allez, je vote pour le 5, un bon mélange d'humour et de fantastique.

Edit :

Citation :
Publié par Ed Wood


J'ai pas fini le mien...



Bon je vais m'atteler à lire ceux des autres alors...
Désolé mais l'allonge d'une date butoir n'est pas systématique, surtout quand les participations sont nombreuses. Tu aurais peut-être dû te manifester si tu tenais à participer à cette édition
Texte 1 : un rien sadique, complètement dans la tête du tueur, bien psychopathe, j'aime beaucoup, juste un peu trop "rapide" sur la fin...

Texte 2 : Pas compris la fin, comment elle reconnaît le tueur etc... Et puis les chaussures bleues c'est moche. Bref pas trop accroché au texte

Texte 3 : Sympathique comme idée, mais trop superficiel, j'aurais bien aimé l'histoire plus fouillée. Mais j'aime bien.

Texte 4 : elle est pas ingénue la gamine, elle est conne hein... Et puis je parle pas allemand je sais pas ce que ça veux dire de différent de l'autre phrase le "muss das so" à la fin.

Texte 5 : Le début était entraînant c'était cool. Jusqu'à ce que je devine arbre tueur aux yeux rouges réincarnation de beethoven... Après j'ai pas aimé la fin. jOr depuis quand les arbres ils savent lire !!

Texte 6 : wouhahahaha, le mal de crâne quoi. je pense que l'auteur est fou l'abus d'algues est dangereux pour la santé. Et je vois par Bartown dans ce texte donc c'est pas un peu hors-sujet ?

Texte 7 : sympathique, mais pareil la fin, j'ai pas trop capté, le "tueur bizarroïde" n'explique pas assez je pense ce qui s'est passé.


Bref, je pense que je vais voter pour le plus fou, c'est-à-dire le psychopathe du bar : texte N°1...
Citation :
Publié par Madee
Texte 6 : wouhahahaha, le mal de crâne quoi. je pense que l'auteur est fou l'abus d'algues est dangereux pour la santé. Et je vois par Bartown dans ce texte donc c'est pas un peu hors-sujet ?
Ce n'est pas le seul texte qui n'évoque pas Bartown mais une autre ville. Comme ce n'était pas une contrainte j'ai laissé couler.
Le texte 6 m'a plu car il était peut être le mieux construit, long mais très bien, etc. Les autres textes sont très bien, et j'avoue avoir hésité entre plusieurs, mais dans le 6 on sent un réel investissement de l'auteur (ce qui est aussi le cas dans les autres, mais un tout ptit peu moins)

En tout cas, bravo à tous les participants !
Texte 1 : Des phrases courtes, beaucoup de coupures j'ai l'impression que l'auteur voulait un rythme haletant mais ce n'est pas ce que j'ai ressenti, bien au contraire cet hachage est pesant.

Texte 2 : Certaines liaisons entre les passages concernant les victimes et Lucie m'ont semblé indistincts créant un décrochage. Dommage car lorsque la seconde partie s'attache à l'action, le récit devient prenant.

Texte 3 : Une telle profusion de personnage empêche l'immersion, surtout que tout va très vite. Quand à la chute elle m'a laissé pantois, même si cela est bien dans l'air du temps.

Texte 4 : Une vision essentiellement basée sur la victime, j'aime assez même si je trouve que la naïveté de la victime est un peu trop poussée par moments, un pamphlet à l'encontre d'Ophélie Winter ?

Texte 5 : Tout semble téléphoné, des descriptions hasardeuses nuisent au rythme du récit qui plus est.

Texte 6 : Un récit riche mais en même temps j'ai eu du mal à m'identifier à la victime ce qui provoque une indifférence vis à vis de la créature.

Texte 7 : Les vers manquent de liant avec le reste du récit et semblent incongrues avec l'histoire.

Le texte 2 et 4 sont mes préférés, trouvant le 4 plus équilibré j'ai voté pour ce dernier.
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