Revue technico-historique: Le Tempest, un ship en bois.

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On ne rigole pas pendant le jingle.

On arrivait donc à un tournant stratégique de la guerre d'indépendance Minmatar. Longtemps efficaces face aux formations bien rangées des Amarr, les tactiques de guerilla Minmatar commençaient à s'essouffler et à perdre de leur utilité. L'avancée Amarr en territoire Minmatar avait été considérablement freinée grâce à ces dernières. Mais ils avançaient tout de même... lentement mais sûrement. Et leur présence de plus en plus profonde devenait alarmante. Il était temps de réagir.

Un an plus tôt:
L'amiral Alba était contrarié, il était même en colère. Sa flotte de Ruptures et de Typhoons s'était fait décimer par le feu laser d'Apocalypses ennemis placés à plus de 150km de la zone d'engagement. Il avait bien envoyé 3 escouades de stabbers en urgence, filer au travers des lignes ennemies pour atteindre le groupe d'une dizaine de battleships ennemis, mais le mal était fait. Les 3/4 des Apocalypses avaient eu le temps d'entrer en warp avant d'être atteints par les stabbers. Et en ce laps de temps ils avaient largement eu le temps de semer la mort au milieu de la force Minmatar. Ce n'était pas tant la perte des Typhoons aux coûts réduits qui provoquait son ire, non ils étaient facilement remplaçables. C'était le ridicule de sa flotte, lourdement armée de torpilles et d'autocanons, une puissance de feu indéniable à courte portée mais rendue obsolète par la portée ennemie. Il imaginait déjà le commandement Amarr au chaud dans ses vaisseaux de ligne se moquer de la facilité avec laquelle ils avaient éliminé sa flotte.



Le projet "urbanisation"

Or donc l'amiral Alba n'était pas n'importe quel amiral. Fils ainé d'un chef de tribu riche et prominente au sein du conseil de guerre Minmatar, il était au courant de moult projets du commandement et avait son mot à dire durant les votations. C'est pourquoi ce jour là il ressorti de la poussière le prototype HOWI-12. Le Tempest première génération, un vaisseau de ligne particulièrement adapté au pilonnage des positions ennemies à longue distance. Son seul inconvénient qui avait suffit à le faire mettre au placard: son coût de production très important. Les quelques modèles existants étaient tous réunis dans une escouade unique qui ne pouvait donc pas être présente partout à la fois.
Son état-major personnel lui avait préparé un projet de A à Z de production du vaisseau, à coûts abordables pour l'époque. L'amiral avait pris très à coeur l'idée proposée par ses conseillers qui l'avait pourtant laissé sceptique au premier abord. Et pour cause, une vague de de regards interloqués et de rires étouffés parcouru l'assemblée à cette annonce: "Nous allons faire des vaisseaux en bois!"

Le projet était clairement défini, pour réduire efficacement les coûts il fallait jouer sur 3 axes de la production: le matériel, la main d'oeuvre et l'infrastructure.
Une planète géante du système Frarn habitée par une branche de tribu Krusual réunissait tous les paramètres nécessaires au projet:


-Une population montagnarde très nombreuse et peu développée, prête à être éduquée et utilisée comme main-d'oeuvre au nom de la révolution Minmatar.

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Habitations locales à flanc de montagne des tribus Krusual


-Un paysage très escarpé fait de montagnes, canyons et étroites vallées verdoyantes. Les parois des canyons feraient office de soutien du chantier, de part et d'autre de la structure en construction du vaisseau. Cela permettant au projet de s'affranchir des chantiers spatiaux en orbite, méthode habituellement utilisée dans le cadre de la production de tels vaisseaux mais bien plus onéreuse. L'apesanteur apportant son lot d'avantages pour l'assemblage d'un vaisseau, en particulier le caractère totalement bénin d'un bout de tôle ou d'une poutre mal fixée dans un cas, résultant en la perte d'ouvriers qualifiés sous forme de charpie dans l'autre cas. On a du mal à imaginer le potentiel offensif d'un plaque de blindage de 1600mm tant qu'on ne l'a pas vue tomber du haut d'un tempest et projeter des membres divers à plusieurs dizaines de mètres du point d'impact.
La roche présente dans nombre de ces région montagneuses était également riche en fer, offrant un approvisionnement à proximité. Des galeries géantes seraient creusées au sein des montagnes, extrayant le minerai et formant par là même des poches dédiées à l'installation de fonderies et d'usines d'armement.

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Paysage général de la région choisie pour le projet


-Enfin, les vallées regorgeaient d'une espèce d'arbre de fer, au bois à la densité très haute, tel qu'il coule dans l'eau, mais surtout qu'il a une résistance mécanique exceptionnelle. Ce matériau remplacerai avantageusement tout l'acier de la structure interne du vaisseau, laissant par la même le précieux métal, beaucoup plus long à produire et usiner, pour toutes les autres utilisations (armure, armement, systèmes divers...)
Invisible en orbite planétaire et facilement camouflable au sol, l'ennemi n'y verrai que du feu. Les alliés aussi d'ailleurs mais comme dit le proverbe, Pour mieux tromper vos ennemis, commencez par tromper vos amis.

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Le salvateur arbre de fer


Lors de son allocution au conseil militaire, l'amiral avait en réalité déjà lancé les opérations depuis de nombreux mois sur la planète en question, utilisant la fortune familiale au grand dam de ses frères. Le projet avait été soigneusement camouflé, car en fait il était déjà sous les yeux de tout le monde, sans que personne ne le sache. Le fameux projet urbanisation, démarche apparemment altruiste de la famille Alba pour apporter modernité et civilisation, industrialisation et éducation à la population Krusual de Frarn. Mis devant le fait accompli, et n'ayant que peu d'arguments à lui opposer au final, les hauts responsables "laissèrent" l'amiral à son affaire. Eux-mêmes occupés sur un autre projet, celui du futur Maelström mais qui ne pourrait sortir des ateliers que bien des années plus tard en raison de l'infini soin du détail qui avait été mis dans son développement. Quelques investisseurs et patriotes crurent malgré tout au projet HOWI lui apportant un nombre notoire de fonds et de spécialistes supplémentaires.

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Échafaudages à flanc de falaise au tout début du projet



Un chantier de titans bien spartiate

Camouflé, mais non moins gigantesque, le chantier s'étendait sur des dizaines de kilomètres de canyons. Les échafaudages entourant les vaisseaux en construction étaient assez proche de ceux qu'utilisaient les tribus locales pour installer leurs habitations à flanc de falaise. Cela apportait une facilité de montage des infrastructures par les locaux d'une part, et présentait une façade complètement anodine pour la région d'autre part, n'attirant pas vraiment les curieux plus qu'à l'habitude. Les tribus avaient juste l'air de se développer plus rapidement sous l'impulsion du "projet".
Et pendant que les autochtones s'activaient à l'extérieur sur les structures, les techniciens spécialisés Sebiestor s'affairaient dans les grottes gigantesques creusées à l'intérieur des montagnes et siège de la manufacture des modules moteurs, armement et défense.

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Un groupe de villageois travaillant au chantier

Sous la pression de l'amiral Alba, toujours inquiété d'atteindre les distances couvertes par les armements longue distance ennemis, avaient été développés pour l'occasion une nouvelle mouture des canons d'artillerie pour supplanter les habituels 1200mm. Spécialement prévus pour ce navire, les artilleries de 1400mm donnèrent également leur nom au nouveau prototype de vaisseau, le HOWI-14.

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Schéma du nouvel obus à proton destiné à être utilisé par les flottes de HOWI-14


Concentrés sur l'efficacité en combat, les ingénieurs ne laissèrent que peu de place à l'amélioration du confort quotidien des futurs équipages, comme en témoignent certaines photos d'archives:

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Quartiers de couchage de l'équipage, ou l'on aperçoit la structure en bois apparente


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Plan des infirmeries prévues au départ.


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Aménagement réel des premières infirmeries



Ce qu'ils n'investirent pas dans le confort de vie, les ingénieurs du HOWI-14 le gardèrent pour le confort de fitting: Une nouveauté également sur le plan technologique, le réacteur Hellgate visait un rôle hybride de propulsion, d'apport du courant et d'approvisionnement de capacitor. Cela à l'encontre des conceptions habituelles qui séparent la propulsion de l'apport énergétique du vaisseau et qui multiplient le nombre de réacteurs pour assurer un flux stable. Un rôle tout en un qui a amené la construction du monstre qu'est le Hellgate : 15500 MegaWatts produits en continu lié à la tuyère centrale poussant la bête à 120m/s, le réacteur en bas de carlingue ne servant qu'à la correction de trajectoire mais pas la propulsion.

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Réacteur Hellgate en chantier


Particularité de l'époque donc, la structure en bois du HOWI-14 lui conférait un poids plume pour un navire de cette taille, jamais égalée aujourd'hui (principalement pour des raisons de sécurité), de 76 mégatonnes contre 103 mégatonnes pour les modèles que l'on connait. En conséquence les pilotes bénéficiaient alors d'une agilité et d'une vitesse d'accélération hors du commun pour un vaisseau de ligne. Capables alors de tenir à distance pratiquement tout vaisseau de même taille.
Alignant 6 batteries d'artillerie, la structure du vaisseau avait été extensivement étudiée par les plus grand ingénieurs Sebiestor pour supporter la pression exercée par la mise à feu de ces armes massives. Les sous-systèmes électroniques ayant été principalement dédiés à l'amélioration des performances de l'armement à longue distance: éjection des douilles d'obus accélérée, allongement de la distance d'engagement optimale, système d'absorption-restitution de la poussée de mise à feu électronique...



Un plan sans accros

Alors que le projet entrait dans son dernier quart de complétion, l'imprévu arriva: L'état major Amarr avait visiblement soudainement décidé qu'il était temps de frapper un grand coup maintenant qu'ils avaient avancé suffisament profondément en territoire Minmatar.
Une flotte massive de plus de 200 appareils s'était massée dans le système de Rens fraichement capturé et menaçait de passer dans Frarn sous quelques jours. Pas moins de 50 battleships avaient été aperçus dont plus de la moitié équipés en systèmes longue portée.

On armait déjà les typhoons jusqu'aux dents tout en vidant tout le reste de leur contenu pour leur apporter un vitesse maximale en espérant atteindre les positions ennemis éloignées coute que coute. L'escouade des 7 HOWI-12 avait été rappelée en urgence et les yeux se tournèrent alors vers la planète de Frarn-V...

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Echafaudages en fin de chantier


Ordre avait été donné de souder ou de fixer par quelque moyen que ce soit les échafaudages et armatures de soutien à même les appareils, là ou l'assemblage n'avait pas été finalisé. Il s'agissait principalement de l'avant des vaisseaux où se situaient les parties de vie communes, les coursives et les hangars d'approvisionnement en vivres, rien de vraiment essentiel somme toute.
Des charges d'explosifs furent installées à la base de toutes les structures pour les séparer des fondations lors du décollage des navires.
En parallèle, les équipages étaient rapatriés en urgence sur la planète pour intégrer au plus vite leurs contingents respectifs.

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Pose des explosifs sur les fondations des armatures

Trois jours plus tard, la flotte Amarr entrait dans Frarn. Les forces Minmatar s'étaient rassemblées autour de l'unique station orbitale du système à Frarn-VI, passage obligé de la flotte ennemie pour prendre le contrôle réel du système.
Au premier signe de mouvement dans Rens, l'ordre de décollage des HOWI-14 avait été donné. Dans un fracas d'explosions en chaine et du souffle des réacteurs Hellgate de grands masses informes tout en barres avaient commencé à s'élever dans les airs.
Des immeubles en construction volants. Voilà à quoi ressemblait la flotte longue-portée lorsqu'elle s'éleva au-dessus des montagnes au petit matin. C'est lors du passage en post-combustion nécessaire aux navires pour s'arracher à la gravité planétaire qu'ils révélèrent leur forme élancée. Sous la pression de l'accélération les armatures de construction tombèrent massivement en une pluie métallique alors que les engins mettaient le cap sur la station orbitale.

Les ingénieurs au sol se posèrent une question ce jour là: Où se situait exactement le miracle? Qu'ils aient réussi à livrer les vaisseaux dans les temps ou qu'aucun d'entre eux ne soit parti en pièces au décollage?





Un vent de panique

Les stratèges du camp Minmatar laissèrent la bataille s'engager, utilisant leurs manoeuvres de guérilla habituelles, ne laissant rien présager de spécial au commandement Amarr. Ces derniers se félicitant du chaos semé par leurs Apocalypses pilonnant le champ de bataille à distance. Mais c'est lorsqu'une masse de 44 signatures groupées de taille battleship apparut sur les radars à 200km dans leur dos, accompagnés d'une myriade de frégates, que le commandant Amarr eu un mauvais pressentiment.
De leur coté, les premières choses qu'aperçurent le groupe de pilotes d'Apocalypse sont les débris de 3 de camarades, instantanément pulvérisés par la puissance d'arrêt des artilleries de 1400mm.
S'ensuivit un mélange de changement de cibles en panique et d'alignement en urgence. Mais au moment où ils commencèrent à répliquer efficacement, la flotte de vaisseaux de ligne Amarr avait été réduite de moitié, diminuant nettement leurs possibilités de sortir victorieux de l'engagement.

La forme très particulière élancée des HOWI-14, accentuée par l'absence de finition de bon nombre de compartiments, révéla un avantage inattendu lors de cette engagement massif. Les Lasers ennemis avaient tout simplement du mal à atteindre leurs cibles. Une fois l'enveloppe du shield tombée, les navires avaient cette forme très particulière qui faisait que bon nombre des tirs ennemis à cette distance passaient entre les 2 longues coursives avant ou autour du bloc inférieur. La seule zone homogène et plus imposante que le reste étant le bloc-réacteur, plus simple à viser pour l'ennemi, mais extrèmement renforcé par de nombreuses plaques de fernite.
Cette forme élancée très particulière et destabilisante pour les opérateurs de tir ennemis fut donc conservée par la sutie, les modules et compartiments manquants à l'avant étant rapatriés contre le bloc moteur, renforçant d'autant sa capacité d'encaissement des dommages.

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On aperçoit nettement les vestiges d'armatures sur tout l'avant du vaisseau



Le futur modèle de vaisseau de ligne issu des HOWI-14 fut baptisé en l'honneur d'un équipage qui perdu la vie ce jour là. A la fin de l'engagement, 36 HOWI-14 avaient survécu et la flotte Amarr était en déroute complète.
Le vaisseau baptisé LR-Tempest fut le premier à tomber lors de cet engagement, non pas sous le feu ennemi mais sous la pression exercée par son propre armement. En effet, à la seconde salve d'artillerie 1400mm, la partie inférieure de sa structure se brisa simplement au niveau de la jonction avec le bloc-réacteur. Anecdote notoire: le consensus admet de nos jours que l'expression "ship en bois" pour désigner un vaisseau mal conçu proviendrait de cet incident.
Une enquète officielle sur le sujet déclara plus tard qu'il s'agissait d'un vice de fabrication et en rien de conception, qui avait amené la structure à se briser. L'utilisation de bois fut malgré tout abandonnée pour la construction des modèles suivants, par mesure de sécurité. De toutes façons, ayant montré leur efficacité en combat avec leur nouvel armement, les budgets nécessaires avaient été alloués à la production en série des Tempest.

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On imagine ici aisément la pression de cisaillement exercée par les artilleries du bloc inférieur sur la jonction avec le réacteur


Il n'existe à ce jour plus aucun modèle de HOWI-14 existant, faisant passer ce modèle pour une légende. Toutes les unités ayant été détruites au fil des combats puis remplacées par l'actuel Tempest. Seul le site de construction, relativement préservé, reste témoin de cet épisode de conception Minmatar tant décrié.

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Les vestiges des fondations du projet urbanisation sont aujourd'hui un site touristique très prisé de la planète Frarn-V.
Enorme !!

J'adore ce genre de news techniques

Citation :
Anecdote notoire: le consensus admet de nos jours que l'expression "ship en bois" pour désigner un vaisseau mal conçu proviendrait de cet incident.
l'arbre de faire, l'arbre a tout faire \o/
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