Bonne chance.
Le soir de la diffusion du premier film du cycle Kubrick, c'est à dire après "Les sentiers de la gloire", il y avait un reportage sur Kubrick. On y apprenait qu'il y était américain (arrrrrrrrrg ...
je meures ... ), né dans le bronx, dans une famille pas particulièrement favorisée. Il a quitté l'école assez tôt, pour aller travailler chez un photographe. Il était fasciné par l'image et force est de constater à travers ses différents films que les images de Kubrick sont uniques en particulier en ce qui concerne le traitement de la lumière. Point qui ramène la particularité de "Barry Lyndon", à savoir l'éclairage naturel, au rang d'anecdote finalement. Personellement, je ne sais pas si je reconnaitrais instantanément un bout de film ou une image tirée d'un film de Kubrick, mais quand je regarde un film de Kubrick j'y trouve des éléments qui me semblent n'appartenir qu'a lui. Barry Lyndon étant le sujet du fil et étant le film de Kubrick le plus récemment vu par tous, et pour la première fois pour moi, causons de celui là. Ce qui m'a marqué c'est que les plans sont longs et la caméra peu mobile. Tout le contraire de ce que l'on fait aujourd'hui dans les film pour djeunz en particulier. On fait plutôt des plans très courts avec une caméra extrêment mobile qui rend malade les vieux cétacés ... Une deuxième caractéristique des films de Kubrick c'est le traitement de la lumière. Alors évidemment sans doute encore plus dans Barry Lyndon que dans les autres. Je rappellerais ici simplement évidemment les nombreux éclairages naturels, à la bougie ou bien au lustre de cristal portant des dizaines de bougies, mais également cette scène où Barry Lyndon a son petit garçon sur les genoux en train de lire un livre et qu'ils sont sur un grand banc sous un immense tableau, éclairés sur leur droite par une fenêtre allant quasiment du sol au plafond ou bien encore cette scène où l'on voit pour la première fois le château de Lady Lyndon, la caméra est placée sous un arbre qui définit une zone d'ombre pendant que le soleil éclaire le château devant lequel passent des promeneurs ... Et encore le duel entre Barry Lyndon et son beau fils, dans ce qu'il semble être une ancienne grange ou un ancien pigeonnier, une lumière orangée de soleil couchant ou levant entre par les portes ouvertes du bâtiment alors qu'une lumière bleue filtre à trois quatre mètres de hauteur
...
Quand à l'histoire de Barry Lyndon, et bien il y a quand même quelque chose de touchant à voir la trajectoire de ce personnage qui admire un jour des militaires anglais pour défier noblement le lendemain leur capitaine, fuir après le duel, se faire dévaliser grossièrement dans une forêt, s'engager dans l'armée britannique, apprendre que son duel avait été truqué, déserter, se faire reprendre et enrôler par les prussiens, se racheter auprès d'eux en acceptant de faire l'espion et les trahir dès le premier jour, et finalement fuir de la Prusse pour L'Angleterre et plumer des aristocrates avec son maitre en trichant à des jeux de hasard
. C'est un anti-héros, c't'un looser fini ce Barry Lyndon. Au milieu de tout cela, ce qui le rachète c'est son amour pour son petit garçon, sentiment qui l'amène à se tourner à nouveau vers sa femme, à se bouger le cul sous l'impulsion de sa mère et sans doute pour de mauvaises raisons pour assurer l'avenir de cet enfant ... La scène ou l'enfant est bandé dans son lit et où ses parents l'encadrent est magnifique. Ce qui m'amène à dire d'une part, qu'il y a des choses dont on est touché quand on a un môme et aussi longtemps qu'on en a pas on ne pas comprendre ces choses, et c'est en particulier vrai pour le mal fait a un enfant et évidemment le décès d'un enfant. D'autre part, évidemment, y a le problème de la maturité du spectateur. Tous ici comprendront que de la même façon que le fan de "Léo et Popi" de 2,5 ans a du mal avec "Les maitres du temps" de René Lalou et Moebius, qu'il peut cependant regarder, et bien chacun de nous à différent moment de la vie peut être touché ou pas par certains films, certaines histoires. Pour fixer les esprit disons qu'il a selon moi un probabilité non négligeable, c'est un euphémisme, pour que le fan de Daredevil ait eu du mal avec Barry Lyndon. Heu ... Pour en revenir à Barry Lyndon, le dernier acte dont on a connaissance en ce qui le concerne est l'acceptation de la rente que son beau fils lui offre. Ce qui fait que toute la vie du personnage est une succession d'échecs tous plus cuisants les uns que les autres. Mais sa vie reste exceptionnelle à bien des égards. Double conclusion qui nous ramène à la considération de nos propres existences ...
Ce qui est remarquable également chez Kubrick c'est qu'il n'y a pas 2 films qui se ressemblent, et en fait ses films sont à des antipodes ... "Les sentiers de la gloire" est un film antimilitariste en noir et blanc se passant pendant la seconde guerre mondiale, "Spartacus" est un péplum, "Orange mécanique" une espèce d'anticipation sur une ultra-violence à venir (?), "2001 l'odyssée de l'espace", d'une part une tentative pour montrer le plus rationnellement possible ce que pourrait être la conquête d'un espace proche et d'autre part une réflexion sur la place de l'homme dans l'univers, "Shining" une incursion dans le film fantastique, "Full metal jacket" le film de guerre que n'était pas "Les sentiers de la gloire" et "Eyes wide shut" une réflexion sur la jalousie et les rapports de couple. Je sais que j'ai oublié "L'ultime razzia", premier film de Kubrick mais que je ne connais absolument pas. HA oui ... J'ai oublié "Dr Folamour, qui est finalement une comédie qu'on pourrait aujourd'hui ressortir à Bush, et "Lolita" de l'adaptation de Nabokov, une comédie de moeurs provocante, on pourrait dire. Ensuite Kubrick a apporté au cinéma une utilisation de la musique en tant que personnage à part entière et non pas en tant que soutient à une situation. C'est les musiques traditionnelle irlandaises dans Barry Lyndon, "Le beau Danube bleu" dans 2001 et depuis on envisage difficilement de mettre autre chose que du classique pour des images dans l'espace et même dans la guerre des étoiles c'est un orchestre symphonique qui nous rythme les entrées et sorties des vaisseaux de l'empire et des rebelles, les choeurs flippant de Ligetti en présence du monolithe, l'adagio suicidaire des scènes de solitudes, c'est Beethoven dans "Orange mécanique", et de nouveau le piano de Ligetti dans "Eyes wide shut". Enfin, Kubrick c'est aussi une avance technique sur son temps dans une certaine mesure, puisque par exemple, la steady cam, système permettant de courir avec une caméra tout en conservant un plan fixe, a été utilisée une des toute première, si c'est pas la première, dans shinning. A l'inverse dans Barry Lyndon il a utilisé de vielles caméras sur lesquelles il a fait fixer des objectifs particuliers de manière à obtenir le résultat qu'il désirait. A défaut d'un individus en avance sur son temps on a sans doute affaire à un individus ayant une connaissance technique lui permettant d'anticiper un résultat sur la base de spécification matérielle. Enfin, Kubrick était connu pour être perfectionniste en général et dans sa direction d'acteur en particulier. Dans le reportage à l'inverse il apparaît comme quelqu'un toujours en quête d'une suggestion, laissant toujours la possibilité aux acteurs d'improviser, de proposer. Mais dans le même temps, une simple scène d"Eyes wide shut" où Tom Cruise entre dans la salle de billard de Syndney Pollack, ben cette scène toute con, planifié pour une semaine quand même sur le papier, ben y z'ont mis 3 semaines à la faire ! Ma croyance est que Kubrick devait partir avec une idée en tête de ce qu'il voulait, et sans pouvoir réellement définir ce qu'il voulait il état capable de dire ce qu'il ne voulait pas. C'est sans doute pour ça qu'essai après essai il ne s'arretait que lorsqu'il saisissait la scène qui lui parlait correctement ("t'vas parler correctement oui ?
").
Au final, on a une flopée de films qui, a leurs sorties, pour une raison ou pour une autre n'ont jamais laissé le public indiffèrent. Mais une image de Kubrick, du point de vue de Kubrick, n'est pas une image ratée. Il passait trop de temps à choisir son sujet, construire son histoire, identifier la musique qu'il allait utiliser, sélectionner son matériel, diriger ses acteurs, pour lui, se tromper. En revanche, on peut passer à coté de l'un de ses films par manque de maturité, parce que le film ne te raconte rien. Quelque part, je dirais dans une expression allant à l'encontre du politiquement correct, ce qui n'aurait sans doute pas déplu à Kubrick, ce n'est pas lui qui c'est mal exprimé, c'est toi qui ne l'as pas compris. Voilà un gars qui ne se met pas à ta hauteur, mais qui cherche à te hisser à la sienne.
Sans prétendre être un fan d"Eyes wide shut", voilà un film qui est pour moi un objet énigmatique. A l'instar de Marc Jolivet, que j'aime bien, je me suis demandé si il n'y avait pas là une fumisterie de la part de Kubrick. Et puis je me dis que non. Pour la raison suivante. J'ai toujours trouvé que ce film sonnait faux. Tom Cruise (l'acteur aux 2 expressions) est encore moins expressif que d'habitude, pour tout dire je trouve qu'il joue franchement faux ... Au moins dans la première partie du film, jusqu'à sa discussion avec sa femme, l'espèce d'aveu de sa femme. Nicole Kidman (la femme avec plein de trucs qu'elle en a deux et que c'est vachement bien comme ça) elle aussi joue un peu faux, en particulier la femme ivre ... On sait que "Eyes wide shut" a presqu'entièrement été tourné en studio, y compris les scènes de rue de New York. Or perso ces rues j'ai toujours trouvé qu'elles faisaient un peu fausses, aussi. Bref, voici tout une première partie de film que je trouve un peu bancale et cependant c'est la partie qui présente la vie prosaïque d'un médecin New Yorkais avec de riches clients. A l'inverse je trouve beaucoup plus réelle la seconde partie du film, l'errance de Cruise, les différents personages qu'il rencontre, les lieux dans lesquels il est filmé, aussi bien en extérieur, qui ce coup ci sont de vrais extérieurs, qu'intérieurs. Et même Cruise je trouve qu'il sonne plus juste, certains diront que c'est parce qu'il porte un masque une bonne partie du temps
Mais voilà donc un médecin, marié, un enfant, riche, filmé en décors par un acteur faux, qui a l'issue de l'aveu d'une pensée adultère de la part sa femme se retrouve dans une errance quasi onirique mais d'un seul coup, selon moi, bien plus réel que sa vie précédente.
J'ai pas d'autre chose à rajouter. Peut être que j'ai là une clé de compréhension, peut être que non ... Peut être que je me goure complètement. Mais au final, je préfère de loin les films qui restent en partie au moins un mystère pour moi parce que ceux là me posent des questions, les films que je comprend ne m'intéressent pas. Qu'est ce qu'on s'en fout qu'on devienne plus intelligent à proximité des monolithes, que l'hôtel de Shinning soit hanté et cherche à pomper la force vitale des occupants
On s'en fout complètement, enfin je m'en fous complètement. C'est pas de la mécanique. Je préfère mille fois me régaler des images, de la transition symbolique dans 2001 de l'os jeté en l'air d'un premier homme à la navette spatiale reliant la terre à un satellite habité artificiel, de la naissance de la folie chez Nicholson ou bien d'une conclusion d'"Eyes wide shut" qui pourrait être "Ne soyons pas dupe, ne nous sommes que des animaux, baisons, ça résoud des problèmes".
Vous connaissez les bonobos ?