Partie III
Pour vous dire la vérité qui sans doute vous a échappée, tout occupés que nous étions à contempler la Terre, cet Homme avait eu peur d'un autre. A l'époque, dans la ville de July, il avait croisé le chemin de cet autre que je ne puis vous décrire sans un certain frisson. Il était d'un noir à l'âme si dense, si profond, que son visage en était éclairé d'une aura inhumaine, d'une pure et cruelle inhumanité. De celle des Anges. De cette fixation de l'âme dans ses marées douloureuses, il ne sortait de son regard vitreux qu'une éphémère étincelle de rage (Ainsi, c'était un être à plusieurs visage dont la violence se fondait dans une bienveillance malheureuse, et ce en toute sincérité). Un être aux longs membres tombants, comme semblant chercher le sol, la fraîcheur du pavé pour adoucir la cuisson de sa fièvre, aux yeux jaunes comme la folie (Dans le désert, la folie est compnagnone de tous les instants. Ô exilés dans un monde de sable, fermez vos yeux et marchez sans espoir). Et Folie était précisément le terme à employer. Je ne vous raconterai ni sa formation au vice dans les rues de Londres, ni son exil pour July, la porte du désert, une ville désolée et aride, chaude et splendide, pour ses lauriers retombants, ses volutes de fumées odorantes, sa misère opulente et ses terrasses de pierre où, au plus brûlant de la journée, on croit voir, tomber du ciel, comme une averse de larmes célèstes, la lumière du ciel descendre jusqu'à nous. Ainsi, July se nomme également la Ville des Météores. Une ville ancienne et majestueuse, lovée dans un creux du temps, comme se fossilisant pour témoigner d'une gloire passée.
Et, comme nous le disions, c'est ici que le jeune Syrian et le monstre dont nous parlions se sont rencontrés, ou alterqués plutôt, pour la première fois.
Je ne vous raconterai pas cet épisode non plus, puisque vous l'avez tout d'abord raté, oubliez l'envie de l'entendre. Oubliez ce sang que jamais vous ne verrez. Allons nous asseoir dans le sable aux alentours, laissez la chaleur vous réduire en cendres et ...
Imaginez plutôt :
La lumière
La lumière.
Répétez pour vous en votre âme ce mot délicieux et chargez le, avec toute votre rage, votre colère de vivre, de ces choses les plus sublimes qui un jour ont taillé et ciselé vos pupilles à leur gloire..
Imaginez jusqu'à nous la lumière ...
Quel mot magnifique, quel mot magnifique
Son existence seule contient l'âpre et incroyable
Complexité, la froideur et la fougue diabolique
De l'âme humaine, aussi célèste qu'elle est misérable.
Oui, Tout autant. (J'entends des cris derrière ce mur d'argile)
Elle est à la fois l'odeur de la vie, la pureté (Et nous, l'argile rouge)
Le reflet sur l'eau, l'annonce d'un jour nouveau
Mais pour peu qu'à sa tête, étrange véhicule,
On change le L pour en faire une majuscule
Elle devient un fléau, tout à la fois juge et prédateur
Le reflet de nos méandres et de notre chaos.
Au milieu de tous ces êtres, elle serpente, elle erre
Passe entre nous et au soir, quand, lassés
Un abri de pierre nous tend les bras hors du feu du désert
Etincelle, toute de bonheur et de volûptés
Nous nous endormons dans l'angoisse, (Le vert amer et doux de la menthe)
Dans l'attente de ton retour, messagère de tous les jours (Mes yeux n'ont plus pu voir autre chose que ce vert ..)
Porte haut la vie, Porte-là jusque dans nos yeux
Qu'elle y brûle, nous ne nous en porterons que mieux !
Et chantons encore le sable quelques instants ...
"Qu'y a-t-il enfin qui t'empêche de sourire à tes semblables
Regarde la lumière tomber, ne pense pas à cette phrase
Que de ma bouche sans doute tu attends pour te sauver
Si elle existait il faudrait à chaque instant que tu la suives
Et tes yeux ainsi rivés sur le mètre de la droite action
De la docte parole et de la douce pensée
Seraient clos pour cette lueur liquide qui ne voudrait
Qu'y pénétrer. (Quelques insectes volettent autour de moi)
J'ai beaucoup remarqué que vous autres avez des difficultés à sourire.
Paix et tranquilité sur la Terre. (J'entends à deux pas, une orange rouler à Terre)
Ce n'est pas un rêve, mais la lumière que je déverse,
De mes yeux elle retombe et inonde les continents
Regarde ainsi le Monde. Ne pourrions-nous pas y être
Tous,
Tous heureux ?"
Une vieille légende du Continent, qui un jour ayant trouvé asile
Dans les faubourgs de July, avait pris le pli tous les jours
D'aller s'asseoir, fatigué mais digne, sur les rochers blancs
Mais déjà son regard ne cherchait plus à atteindre la ville
Il errait lentement, d'une étoile à l'autre ou vers un astre blanc
Lorsque notre créature près de lui vint avouer ses orgies de sang
Ce discours que vous venez d'entendre, il le lui tint à la porte du désert
D'un jour sur l'autre, plus personne n'eut à pleurer la perte de son frère
Par une main impie qui aurait transpercé sa gorge en plein cri
Plus personne, non. Et ce matin-là, on raconte que le ciel a décidé
Dans sa grande sagesse, que la lumière devait inonder les rues de la cité
Milles météores de lumières tombèrent dans la ville. Sur terre,
On raconte que ce fut le point de départ de ces exploits
Dont sans doute vous allez encore beaucoup entendre parler ...
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