L'auteur semble faire passer pour un phénomène important quelque chose qui ne l'est pas tellement. Certes les échanges intrafirmes existent bien ainsi que les opérations de rachat de sous-traitants dans le but d'empocher le profit que celui-ci se mettait d'habitude honteusement dans la poche.
Mais seulement, les multinationales adoptent aussi des stratégies différentes. C'est bien joli de s'épargner 5 ou 10% de coût de production en bouffant les usines vietnamiennes ou marocaines, mais voyez vous ça a des désavantages.
C'est qu'un travailleur c'est emmerdant. Regardez moi, Phillibert de la Pastelière, honnête propriétaire de la firme Peûjo, casseroles sur roues. J'ai bouffé tous mes sous-traitants. Miam le sous-traitant. Miam les marges du sous-traitant dans ma bouche goulue.
Mais j'avais pas prévu l'os au milieu du gigot! L'os, c'est les animaux qui me servent de main d'oeuvre. Ils sont pas contents de leurs trente euros par mois, diantre! Pour tourner des vis, franchement, je ne vois pas comment on peut exiger plus.
Bon, là n'est pas le vrai problème. L'ennui c'est qu'avant, ils beuglaient contre le sous-traitant que j'ai avalé (et merde...) ou contre le Viet-Nam ou le Maroc. Maintenant ils crachent leurs miasmes sur Peûjo, casseroles sur roues et sur la noble République Française!
J'ai donc réfléchi...
Après avoir longuement pensé j'ai décidé personnellement avec l'aide de mes conseillers de céder l'activité de fabrication de casseroles et de roues à d'honnêtes entrepreneurs locaux qui sauront avec leurs méthodes convaincantes et... tolérées par l'autorité locale assurer une production continue.
Pour simplifier j'ai décidé de garder les activités propres (distribution, assemblage, publicité et patati et patata...) et de laisser les ennuis aux gentils sous-traitants qui savent faire comprendre aux travailleurs les exigences de la firme Peûjo... Eh oui, on les possède pas, mais comme on est le seul client, comme dit mon jardinier, on les tient par les couilles.
Pardonnez-moi mais dans mon exaltation, je me suis quelque peu emporté.
C'est que c'est fatigant la vie de grand stratège industriel!
Sinon sérieusement c'est typique de Ford de racheter toutes les activités subalternes. Henry Ford avait même racheté les plantations de caoutchouc en Asie du Sud-Est nécessaires à l'époque à la fabrication des pneus (à vérifier). Maintenant je doute que l'exemple Fort soit révélateur d'une tendance mondiale à cette pratique qui, il est vrai, est un frein au libre échange. Et puis personnellement je m'en carre que le libre échange soit gêné... Je ne suis pas de ceux qui croient aux bienfaits du Marché!