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Aleiwena savait que les Ombres l’attendaient, les morts l’avaient prévenu.
La Valkyn embrassa du regard l’étendue gelée des Portes d’Odin qui lui rappelaient tant sa terre natale d’Aegir : froide, stérile, d’une beauté envoûtante. Plus encore, c’était le calme quasi surréel régnant aux alentours qui la comblait. La quiétude pour apaiser ses tourments, pour faire taire ses démons intérieurs… une libération ? Mais le silence lui était interdit, la Grande Majorité se rappela encore une fois à elle. Les murmures d’outre tombe se firent plus pressant, la ramenant au moment présent. Elle n’était pas en sécurité, bien que Bledmeer Faste soit en vue, la Tour de Recklos n’était pas un refuge suffisant, il lui fallait bouger, il lui fallait faire appel à eux, il fallait… Aleiwena serra son bâton d’invocation aussi fort qu’elle le put, et les voies se turent l’espace d’un instant. Tout en s’éloignant de la tour de sa démarche mi féline mi primitive, la Valkyn repensa au chemin qui l’avait conduit en ce lieu, la guerre qu’elle avait mené aux Morvalts pour la préservation de Djyrfell, les combats où elle avait pris part sur la Plaie d’Ymir, après avoir découvert non sans terreur les pouvoirs qui faisaient d’elle une créature à part. Tout ce chemin cauchemardesque jusqu’à cette rencontre avec ce viking fantôme, celui qui avait changé le court de son existence, lui avait donné un but, une chance d’apporter une réponse, une raison à sa vie, à ses capacités… Cet Assassin… Un bruit sur sa droite, tellement léger… Tous ses sens animaux aux aguets, Aleiwena sut que la chasse avait commencé. « Reste encore à savoir qui est le chasseur, et qui est la proie », lui dirent les morts. Le Lurikeen se demandait encore ce qu’il avait sous les yeux. L’étrange créature boitillante s’était arrêté au milieu de la croisé des chemins, cible parfaite. Profitant de son invisibilité, le petit Hibernien fit le tour de sa proie, cherchant un piège quelconque, et vit le symbole sur la cape : la Garde Noire. Ainsi cette espèce de boule de poils faisait partie de cette guilde tant crainte et haïe ? Bah, sa mort n’en sera que plus satisfaisante. Cependant, un détail mit de suite le ranger mal à l’aise. Les yeux de l’inconnue, jamais il n’en avait vu de pareils, des yeux pénétrants, un regard à la fois absent et indéniablement présent. Elle observait tranquillement les alentours, tout en reniflant délicatement, elle cherchait quelque chose !! Il compris en cet instant l’impossible, la créature avait conscience de sa présence, elle l’attendait…Un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale et il se mit à transpirer, inexplicablement. Le Lurikeen s’éloigna pour trouver la bonne distance de tir, et banda son arc. Une flèche fend l’air, sa trajectoire est parfaite, son but n’est rien d’autre que le cœur de la Valkyn. Mais, arrivée à quelques centimètres de sa poitrine, elle s’arrête net, reste suspendue en l’air quelques instants, et tombe, sans vie. « Diable de sortilèges ! Arrête donc celle la ! » Le ranger bande une nouvelle fois son arme, prêt à tirer, mais c’est au moment où il s’apprête à décocher sa deuxième flèche qu’il tombe en plein cauchemar. Alors que la flèche venait de toucher terre, la Valkyn tourna la tête dans la direction du ranger maintenant visible et montra les crocs en un rictus contrastant totalement avec son apparente fragilité. Le lurikeen la vit lever lentement les bras, une lueur bleuâtre, maladive, apparut dans chacune de ses paumes. Terrifié, il vit ses yeux devenir d’un blanc pur et sentit le sol commencer à trembler sous ses pieds. Sa terreur atteignit un degré sans nom quand il vit des mains squelettiques crever la surface terreuse du sol, suivies de têtes et de corps en décomposition… Elle invoquait les morts et ceux ci lui répondaient ! Rendu fou par la terreur, le ranger banda son arc et tira encore une fois, pour mettre fin au cauchemar dans lequel il était tombé. Avant que la flèche ne parte, il eu le temps de voir la créature lui sourire, et ce sourire resterait à jamais gravé dans sa mémoire, jamais il n’avait rencontré plus pure incarnation de malice… Cette chose ne pouvait apartenir à ce monde ! A sa grande horreur, sa flèche n’atteignit pas non plus sa cible, mais se figea dans un bouclier rouillé et plein de terre ! Le squelette d’un guerrier venait de s’interposer entre le ranger et la magicienne et avait bloqué le projectile. Toujours vêtu de la maille dans laquelle il était mort sur le champs de bataille, une épée démesurée à la main, le bouclier dans l’autre, un casque de guerrier viking trônant fièrement sur son crâne jauni par le temps, le squelette fixa le lurikeen de son regard mort, deux orbites vides et d’un noir d’encre, et partit d’un rire dément, alors qu’autour d’eux les morts continuaient à sortir de terre et commençaient à se diriger vers le ranger d’une démarche incertaine, odieuse. Pétrifié, le lurikeen vit la horde de morts vivants s’avancer vers lui, meute grouillante et hurlante d’êtres vivants ramenés à la vie par cette abominable magie. Ce fut trop pour lui, invoquant les esprit de la forêt, le ranger s’enfuit à toute jambe, courant pour sa vie, courant pour échapper à la folie. Derrière lui, les morts hurlèrent. ________ /HRP: inspiration principale : Necroscope de Brian Lumley.
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26/05/2003, 15h16 |
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