Mais que voilà un fort beau message ........
Provient du message de
Khronos
Ce
thread me gêne un peu, notamment parce que le sujet, qui pourrait être très sérieux, part en sucette pour des raisons sans doute beaucoup plus profondes qu'un simple rejet du plaisir anal, et qui ont trait d'une part à la manière dont chacun peut aborder sa part d'homosexualité, mais aussi au désir de se conformer au comportement attendu du mâle dans notre société (cad pourvu de tous les attributs de la virilité comme dirait le regretté pierre qui a finit de rouler l'an dernier).
Je me suis souvent demandé quelle pouvait être la moyenne des âges des posteurs joliens. Au-delà de cette trivialité statistique, il semblerait que des comportements bien ancrés soient toujours présents dans notre société française, qu'il s'agisse de la vision de l'homme ou de sa place dans les jeux sexuels. Mais continuons plus avant l'inénarrable dispute procto-freudienne :
Peut être la seule réponse qui montre une grande maturité est celle de Kuldar qui évoque poétiquement le massage prostatique. Vu que les femmes n’ont pas de prostate (et donc à fortiori la sienne si sienne il y a
) je suppose qu’il a donc essayé sur lui ou sur un copain, ça montre une meilleure connaissance de son corps que la plupart
Kuldar, me semble-t-il, fait montre d'une ironie assez acérée. Sorte de prise de recul, pour mieux enfoncer le clou de la vérité.
Les 2 réactions principales des posteurs :
- Le déni du sujet, trouvé ridicule (ou "génial" ou "malsain", ou alors qu'on me justifie pourquoi) et scatologique. J'attribue cet évitement du sujet en partie (je n'ai pas dit que c'était systématique) à une gêne quant à l'évocation du plaisir anal. Roh, c’est pas propre l’anus. Le Kamasutra est un favori JOLien mais quand on en vient à cette partie on a soudain plus gardé les cochons ensemble. D’ailleurs j’ai la faiblesse de penser que peu d’hommes sont intimes avec leur anus. J’y reviendrai, tout en notant que c'est une fille qui a lancé le thread.
Je reviens sur ma première remarque : les présupposés socio-culturels quant aux plaisirs et jeux sexuels sont bien ancrés dans les têtes, plus spécialement des "jeunes", qui, à mon sens, ont plus besoin de s'affirmer et d'avoir des repères. Khronos, tu dévoies notre bonne société bourgeoise, voyons, un peu de tenue, sapajoue !
- L’association à l’homosexualité, de préférence jointe avec un gros rire gras et parfois un fulgurant « ça sent le gayz » dont je suppose qu’il va encore une fois être inutile de tenter de faire comprendre le caractère péjoratif (ça l'est), et parce que chaque chose en son temps.
Tout dépend qui le dit, et comment il le dit. Cependant, le mot gay, surtout "in-game", a essentiellement remplacé efficacement les mots " lâches, fourbes, peureux ", entre autres.
Péjoratif oui, mais montre-t-il le relent homophobe qui habite 80% de la population française, ou doit-il s'appliquer avec une nouvelle sémantique, que l'on classerait dans la case des nouvelles insultes à la mode ?
Une recherche linguistique s'impose. Mais je ne la ferai pas.
Ces deux réactions se rejoignent comme scrotum et rectum vers le rapport de l'hétérosexuel masculin à sa part d'homosexualité, qu'elle soit petite ou grande, refoulée ou assumée.
Dire que le caca est sale, ne revient pas à refouler son homosexualité. Dire que l'anus l'est aussi, non plus, à mon sens.
Renier le plaisir que l'on peut potentiellement tiré de cette partie odorante de notre anatomie ne fait pas d'eux, nous, vous, des homo qui ne s'assument pas, ou des hommes qui n'assument pas ce fait ( le plaisir anale ). A la limite, cela démontre que peu de monde peut parler de sujets "sensibles" en gardant un minimum de sang-froid, par peur d'être taxé d'homo, de "gayzor" .... Tiens, mais pourquoi en aurait-on peur ?
Revenons un siècle en arrière.
1903. Tiens, c'est l'année du premier Tour de France. Bon ok, je te suis Khronos.
1900 et des brouettes...
Freud jette un pavé dans la mare et place la sexualité au centre de l'Homme, créant du même coup la psychanalyse et des tétrachiées de théories foisonnantes qu'on a pas encore finit de reprendre.
Gorthaur a dit
C'est quasiment ça (il y a environ
5 stades selon qu'on compte ou non la période de latence entre le stade phallique et la puberté) et surtout c'est très pertinent d'évoquer ces constantes du développement de l'enfant mettant en évidence un plaisir anal chez les garçons, alors que le surmoi n'est encore qu'embryonnaire.
Le stade anal, entre 2 et 3 ans correspond d'une part au sentiment de puissance que ressent un enfant qui peut se retenir (ou non) de faire caca pour faire plaisir (ou non) à ses parents, et d'autre part au sentiment de plaisir de l'ejection de l'excrément (excrément dont la vision initiale peut aussi traumatiser).
Comme le dit Gorthaur c'est parfaitement normal, chez les filles comme chez les garçons. En revanche comme le dit Freud les difficultés à surmonter un stade s'accumulent, et il est curieux que les hommes aient de manière générale beaucoup plus de mal à parler :
- de sexualité en général (quand je dis parler de sexualité c'est pas uniquement de masturbation devant sa PS2 ou du dernier film de Clara M. "Parler de sexualité" un peu comme les femmes en sorte, et oui, il y a une manière qui est plus évoluée que l'autre...une blague masculine pour s'en convaincre: quand est ce qu'on sait quand une femme a jouit ? réponse: on s'en fout)
- et de son anus en particulier.
A titre personnel, je n'ai aucun mal à parler de sexualité avec mes potes, même pas avec mes copines .... Mazette, suis-je une exception en ce bas monde ? On parle souvent de libération des moeurs, de pratiques sexuelles nouvelles .... Mais j'ai cru constater, au fil de ma, encore, jeune vie, que beaucoup de "jeunes" s'expriment peu sur le sujet, ou alors en termes vagues, étalant poncifs et banalités.
Je dois bien avouer que j'aime parler de sexe, sous beaucoup de ses formes, de mes pratiques avec ma copine entre copains, voire même ( oula, mais attention !!! Cela va faire de moi un adepte scatologue homosexuel en puissance !! ) de pratiques plus originales, comme celle exposée. Sans parler de pénétration, on préférera le terme "attouchement calculé et précis." Et non, désolé de vous décevoir, je ne suis pas homo.
L'homme peut il avoir du plaisir avec son anus ? Faut il en avoir honte ?
Tiens, outre que ça ferait un bon titre de sketch de l'ex-robin sur Canal, ces deux questions résument un peu la problématique qui aurait pu se poser sur le thread parti au bar avec l'eau du bain.
Hypothèses:
* L'homme
peut avoir du plaisir avec son anus. N'importe quel sexologue vous le dira, la région anale est sensible et
extremement érogène pour beaucoup d'hommes. Une pression juste en dessous de la racine du pénis, dont certains se servent pour retarder l'éjaculation, permet une retenue du sang et une mise en tension du corps caverneux. A partir du moment où la partenaire est à l'aise (et le problème ne viendra souvent pas de qqun d'autre que soi meme...) je ne vois pas en vertu de quoi l'homme devrait se priver d'un tel plaisir. Si dans l'espace personne ne vous entend crier, au lit personne ne vous voit mordre l'oreiller...
En effet.
En bref: il faut décorréler plaisir anal et homosexualité, et la confusion tout au long du thread est flagrante. Pourquoi ?
Tentative de réponse
C'est l'image de la virilité masculine dans notre société, qui se batit très tôt (à l'école, les stéréotypes, ou une vie auprès d'un père homophobe par exemple, mais ce n'est pas exhaustif), qui conditionne les hommes a refouler cette part de leur sexualité, et assure sa pérennité par le même moyen.
L'acceptation de l'homosexualité a varié selon les âges et les sociétés, et je ne suis pas sur qu'actuellement en France on soit au maximum de cette tolérance possible, JOL n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. A l'instar du féminisme ou de la lutte contre le racisme (qui sont des phénomènes relativement récents) la société n'est pas prête d'avoir intégré de manière harmonieuse les différences entre Hommes et sexes.
Notre société non. Mais d'autres l'ont fait. S'agirai-t-il d'un retour en arrière, d'une évolution juste des choses ? Un test simple est relativement efficace pour évaluer son niveau de tolérance et de compréhension : vous êtes papa ou maman. Kevin / Cindy vient vous annoncer son homosexualité. Comment réagissez-vous ? Voilà, concentrez-vous sur le sujet pendant 15 minutes, de façon honnête, en essayant de vous mettre en situation. Vous verrez, la situation est loin d'être celle que ce qu'on s'imagine, croyant que l'on pourrait simplement dire : " Mais as-tu analement du plaisir ? "
La plupart des sociétés définissent la place de l'homme à l'image de son phallus. Il est le relief quand la femme est le creux. Bourdieu l'a très bien démontré (dans "la domination masculine"): à l'homme est associé tout un registre de mots, d'expressions et d'actions positives, fortes. La femme, elle, est le sexe faible, elle est molle, en dessous, et plus pragmatiquement, à tout intérêt à jouir avant l'homme dont la petite mort définit quasiment la fin de l'acte sexuel.
Or le plaisir anal impose un retournement de la situation classique de la chignole masculine, une certaine soumission à l'autre en opposition avec la domination physiologiquement masculine de l'homme au cours de l'acte sexuel. Nul doute qu'une certaine honte puisse être ressentie par le garçon de 8 ans qui décide d'arrêter ses massages avec le bic quand ses petits camarades ont déjà commencé à associer l'image trouillard => lavette => tapette => homosexuel (plus tard sur daoc ça sera évidemment le "gayzor d'albionnais"). Quand l'homme ne conduit plus (je vous épargne la blague sur les femmes au volant) c'est le malaise. Malaise perceptible à tous les niveaux y compris dans le rapport aux rares femmes dans des postes dominants en entreprise.
Oui, je n'ai pas grand chose à ajouter. Même si cette position semble éculée ( puisqu'on en parle souvent, dans nombre de médias ), elle reste définitivement vraie.
Conclusion
Au final c'est étonnamment simple: le fait de se décomplexer vis à vis de son anus n'aurait que des avantages.
- Une variation du plaisir masculin
- Une meilleure compréhension de la sexualité féminine, et masculine du coup. Peu d'hédonistes peuvent se vanter d'avoir passé à l'as ce point sans perdre toute crédibilité.
- J'ai la faiblesse de croire que le déblocage de ces "barrages psychiques" érigés par l'environnement a des répercussions dans les relations avec le "sexe faible" (et probablement avec l'homosexualité en général, l'homophobie fait partie des mécanismes de refoulement de sa propre part d'homosexualité) qui vont bien au delà de la simple sexualité.
Pour conclure avec le bon goût qui s'impose, n'attendez donc pas noël pour que votre fiancée se fasse une belle bague avec votre trou du cul, sait on jamais ce que vous pourriez découvrir sur vous même...les voix de Dieu sont impénétrables certes, mais les vôtres ?
Khronos [/i]
Pour reconclure, j'ajouterais de façon passablement surabondante que les esprits des hommes, mais aussi des femmes qui nous voient de manière sexuellement phallique ( j'entends par là que l'homme n'aurait de plaisir que par son excroissance caverneuse ), sont encore loin d'avoir évolués.
Bien peu peuvent se dire hédonistes. Moi y compris.
Comme quoi, le missionnaire a encore de beaux jours devant lui.