Découvrez le cycle d'Azeroth

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JOUR 7

" La chaleur semble s'être quelque peu atténuée et la région se fait plus accueillante. La nuit a cependant été éprouvante, contrastant par sa fraîcheur avec mon calvaire de la veille. Je n'ai pu fermer l'oeil avec toutes ces bêtes qui rodent"

Les difficultés du premier jour passées, il n'est pas si désagréable de traverser ces nouveaux territoires. La faune et la flore toujours aussi étranges à mes yeux sont passionnantes à observer. Je marche maintenant avec allégresse, la nature s'étant faite plus clémente à mon égard. En guise de repas, une sorte d'oiseau à longues pattes capturé le jour même. Cette chair est la bienvenue. Je continue de suivre la route qui me guide jusqu'à un embranchement. Un panneau indicateur indique deux directions à suivre: à droite la Croisée des Chemins, à gauche Durotar. Je lève les yeux vers la seconde direction. Un mince filet de fumée noire s'élève à l'horizon, révélant la présence du village dans le lointain. Je suis tenté d'aller observer ce lieu célèbre. Qui en effet n'a pas entendu parler de la Croisée, bastion de la Horde et centre de toutes les voies aériennes et terrestres du pays. Mon maître m'a tant parlé de ce petit village, résistant continuellement aux attaques répétées des elfes et de leurs alliés. Le souvenir du vieux chasseur me trouble et je me hâte sur la route menant à Durotar. La lumière du jour commence à s'estomper et les hurlements des bêtes s'éteignent avec le crépuscule.
JOUR 8

J'entends le chant familier des eaux. Je ne dois plus être loin de le rivière marquant mon entrée en Durotar. Des formes inhabituelles se dessinent à l'horizon. Je marque une pause avant de m'aventurer plus loin. Un avant poste orc se tient à quelques mètres, gardant le pont permettant de traverser les rapides. Des gardes marchent le long du fleuve, fiers dans leurs armures scintillantes. Je n'ose approcher. C'est la première fois que je dois entrer en contact avec mes congénères et j'avoue que cette idée m'inquiète plus que je ne l'avais imaginé. Je me résous cependant à avancer vers eux. Aussitôt les gardes m'entourent et s'enquièrent de mon origine. Suis-je un aventurier de la Croisée? Ai-je été en contact avec des animaux malades récemment? Je réponds par la négative. Rassurés ils s'écartent pour me laisser passer. Je demande alors la direction d'Orgrimmar. Un grand orc à l'aspect patibulaire s'avance vers moi. Il esquisse un geste en direction des gardes en direction des gardes qui retournent à leurs occupations. Les pauvres ne doivent pas avoir beaucoup de distractions par ici. L'orc m'invite à l'accompagner dans ses quartiers pour discuter. Nous nous installons confortablement tandis que mon hôte présente des excuses pour le comportement méfiant de ses subordonnés. Un maladie serait en train de se propager dans le nord des Tarides -c'est le nom de la région que je viens de traverser- et tout voyageur doit être examiné pour éviter que la contamination ne s'étende. Je lui demande l'origine du mal mais il me répond qu'elle est inconnue.

- Certains de mes orcs pensent que ce sont les elfes mais je n'y crois pas.

- Pourquoi?

Il est rare de rencontrer un orc qui ne soupçonne pas immédiatement les elfes.

- Pourquoi? Ce n'est pas leur genre. Même pour nous atteindre les elfes ne perturberaient pas ainsi l'équilibre naturel, non pour moi c'est autre chose.

Il me regarde d'un air soupçonneux.

- Dites moi, vous posez beaucoup de questions, d'où venez vous déjà?

- Il ne me semble pas vous l'avoir dit. De très loin c'est tout.

- Bien. Vous me pardonnerez mon indiscrétion mais... On ne peut pas laisser n'importe qui se rendre à la Cité. Heureusement vous ne semblez pas une menace, je vous propose donc de passer la nuit ici. Je vous donnerai une lettre demain pour que vous puissiez entrer à Orgrimmar. Calumet?

Il me tend une longue tige de bois en souriant.

- Il a été confisqué à un voyageur tauren et je dois avouer que je m'en réjouis. Vous devriez essayer ça vous calmera, vous me semblez assez tendu.

Je porte l'objet à mes lèvres par politesse et tire une bouffée. Le garde fait de même puis souffle un nuage de fumée rose. Ce n'est pas désagréable.
JOUR 9

" Ce garde m'aura rendu bien des services. Je suis parti très tôt avec la lettre -et le calumet- qu'il m'a donné. J'espère arriver à Orgrimmar avant la nuit. Durotar semble encore moins accueillant que les Tarides et ces canyons escarpés paraissent hostiles. Les habitants de Tranche Colline m'ont averti des créatures qui les hantent..."

Les heures passent et je continue à errer dans le gouffre sans fin. Quelle erreur d'avoir quitté la route! Soudain un battement d'ailes, je me plaque contre la paroi. La harpie passe à quelques mètres au dessus de moi sans me voir. Elle reste là un moment, scrutant les alentours avant de rebrousser chemin. Soulagé je me dégage et regarde autour de moi. Le boyau étroit débouche sur une vaste corniche dont le sommet est parsemé de formes noires. On dirait des sortes de cocons. Des harpies volettent autour d'eux et s'y agrippent avec des bruits de succion. Je comprends qu'il s'agit de gardes manger suspendus. Je m'approche intriqué quand mon pied heurte un objet dur. Des ossements. Tout devient silencieux. Je relève la tête; les harpies se sont tues et me fixent, leurs visages affichant tous une expression mi indignée, mi gourmande. J'ai encore le temps de penser: comment vais-je m'en sortir? avant qu'elles ne piquent sur moi.

Une brèche ouverte dans les terres de Durotar, telle une gueule dentelée. Un canyon. Des cris, des sifflements, puis plus rien. Seules quelques plumes restent en suspension en l'air, derniers témoins du massacre. Leurs propriétaires , muettes, gisent au sol, le corps distordu. Un orc s'extirpe de la montagne de chair ensanglantée. L'air hagard il ne semble pas avoir conscience de ses gestes. Une main gantée de cuir le rattrape avant qu'il ne s'effondre.
- Est-ce qu'il va mieux?

- Tu n'as plus à t'en occuper Kelch. Tu en as fait suffisamment en le ramenant ici.

- Cela fait déjà trois jours qu'il est dans le coma! Vous ne pouvez rien faire de plus?

- Il faut être patient. Dis moi plutôt ce que tu comptes faire à présent.

- A présent?

- Tu as mis toute la tribu contre toi en ramenant cet étranger ici. Tu ne connais m^me pas son nom! As-tu seulement songé au danger qu'il peut représenter?

- Il était mourant!

- Je sais. Mais ce n'est pas la première fois que tu agis contre notre volonté. Ce que tu as fait dans le passé ne compte peut-être plus aujourd'hui mais... Tu dois quitter le village.

- Ce n'est pas possible...

- Tu étais prévenu.

- Très bien. Je partirai dès que lui se réveillera. Mais vous faîtes une grosse erreur en me laissant partir.

- Nous en assumerons les responsabilités. Nous ne pouvons plus te garder ici désormais.
JOUR 10

"Me suis réveillé dans un endroit inconnu. Ne sait pas ce qui s'est passé."

Nous contemplons longuement l'océan. Le soleil finit sa course à l'horizon, sombrant dans l'abîme bleu. Ses derniers rayons donnent une couleur rosée aux nuages environnants. Je resterais bien plus longtemps à regarder ce spectacle mais mon compagnon se lève. In spirant une bouffée d'air, le troll courre vers la mer et plonge dans les eaux nacrées. Il réapparaît quelques secondes plus tard, un poisson frétillant à la main.

- Voici notre repas Drellath.

- Non merci Kelch, ta dernière prise n'a pas été très encourageante. Le troll a en effet péché la veille un poisson énorme mais non comestible qui aurait pu décimer tout le village. Il hausse les épaules, vexé, puis se rassit pour commencer à découper l'animal, décidé à le manger quoi qu'il en coûte.

- Tant pis pour toi. Tu ne peux pas apprécier mon bon goût de toute façon.

- Si tu le dis...

Je lance un regard vers Kelqui continue de dépecer son poisson. Il lâche un juron -en langue troll- alors que sa dague glisse sur les écailles lui râpant la main au passage. Je souris et m'étends sur le sable. Je me sens tellement bien ici; j'ai l'impression que ma mésaventure dans le ravin remonte à une éternité. C'est tout de même une chance que Kelch soit passé par là, il m'a récupéré juste avant que je ne tombe dans le coma. Un nouveau juron me sort de ma rêverie. Le troll s'empare de sa prise à la cuirasse récalcitrante et la lance dans la mer d'un geste rageur.

- Je crois qu'on ferait mieux de rentrer au village dit-il pour couper court à toute moquerie éventuelle.

Un quart d'heure plus tard nous arrivons au village de Sen'jin, petit hameau troll perdu sur la côte de Durotar. La tribu m'accueille chaleureusement mais évite soigneusement le regard de Kelch (Je crois qu'ils lui en veulent encore pour le poisson de l'autre jour). Mon ami m'invite à entrer dans sa case pour parler un peu. Nous discutons longtemps. Lui des merveilles de l'océan et moi de la beauté d'Ashenvale. Le voleur - il n'est encore qu'apprenti- est le seul à qui j'ai parlé de mes liens avec les elfes pour l'instant. Si il sait pour la mort de mon maître, j'ai préféré occulter le passage du druide pressentant que ce n'était pas encore le bon moment. Je reparle de mon voyage à Orgrimmar, malheureusement j'ignore la distance exacte qui me sépare de la capitale. Mon compagnon propose de m'accompagner, il n'a pas l'intention de rester au village toute sa vie si il veut poursuivre sa formation de voleur. Kelch précise cependant qu'il doit finir quelque chose pour le village avant de partir pour la Cité. J'accepte avec empressement cette mission imprévue, on n'a pas souvent le temps de s'amuser
JOUR 11

" Ah les Iles d'Echo... Quel magnifique endroit pour une partie de chasse."

Les vagues me portent sur le rivage, déferlant sur moi leurs embruns salés. Péniblement je me hisse sur la plage. A mes côtés, Kelch s'est déjà sorti de l'immensité glacée. Soigneusement le voleur retire les dagues attachées à sa ceinture avant de me prêter main forte. Une fois tous deux tirés au sec, nous commençons à explorer les environs. Encore un paysage insolite pour moi; l'archipel ne couvre qu'une faible superficie mais regorge de vie. La flore y abonde en de multiples teintes de vert ou de jaune et nous passons plusieurs fois près de nids signalant la présence d'animaux. Mon compagnon me recommande la prudence tandis que nous pénétrons plus en avant vers le coeur de l'île; malgré son apparence paradisiaque le lieu ne manque pas de dangers. Finalemet nous débouchons sur une vaste clairière et devant nous un village troll presque identique à celui que nous avons quitté quelques heures plus tôt. Kelch m'intime le silence d'un signe de la main. D'un geste discret il me demande de regarder attentivement les habitants trolls vaquant à leurs occupations. Une pulsation continue semble provenir d'eux. Un sortilège démoniaque. Je me demande ce que Kelch compte faire ici mais il me fournit la réponse de lui même, désignant un grand troll au milieu des autres. Celui-ci semble différent. Vêtu d'une longue robe sombre il déambule parmi ses congénères vérifiant qu'aucun ne se dérobe à son emprise. C'est donc lui le sorcier Zalazane... Mon ami esquisse le geste de tirer une flèche dans sa direction. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre.

Anciennes civilisations:

Les ruines l'attestent, les trolls furent plusieurs siècles (ou millénaires) auparavant la civilisation dominante de cette planète. Possesseurs d'une culture florissante, la race était alors bien moins primitive que celle que nous connaissons aujourd'hui. Comment et pourquoi a t-elle sombré dans l'obscurantisme le plus complet, nul ne le sait. Nous ne pouvons que tenter de deviner la terrible découverte de nos précurseurs, avides de savoir.

Les Oubliés de l'Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.
JOUR 12

" Enfin... Demain nous serons en vue de la fabuleuse cité d'Orgrimmar. Mais qu'y ferai-je?"

Kelch et moi nous arrêtons émerveillés devant la splendeur de la cité. L'imposant mur d'Orgrimmar se dresse devant nous marquant la fin de notre voyage.

Nous déambulons dans les rues de la capitale. Je garde l'esprit en éveil, tentant de graver dans ma mémoire chacune de ces images stupéfiantes. Les habitations et autres bâtiments orcs portent la marque des nombreux artisans ayant participé à leur élaboration. Toits de tuiles rouges, grandes tours de granit, l'endroit ne manque pas de charme. Partout aventuriers de passage, marchands, gardes courent, crient, se bousculent. L'expression la plus élémentaire de la vie semble se retrouver ici.

Kelch m'indique un attroupement qui paraît inhabituel. Au milieu de la foule, deux taurens se battent à mains nues, s'empoignant et roulant au sol si=sous les sifflements et huées des spectateurs en délire. Le duel a atteint un paroxysme de violence quand les gardes orcs interviennent enfin, séparant les deux adversaires en sueur et dispersant la foule déçue.

Passé cet épisode nous nous dirigeons à présent vers une grande bâtisse de pierre taillée où vont et viennent nombreux individus. Il s'agit de l'Hôtel des Ventes d'Orgrimmar. Tandis que nous observons ce centre des activités économiques de la ville, un éclair vert sort promptement de l'Hôtel et me percute de plein fouet. Lorsque je reprends mes esprits, Kelch est occupé à sermonner le petit être au visage moqueur: un gobelin.

- C'est bon, vous énervez pas dit-il de sa voix flûtée, tenez, pour me faire pardonner je vous offre à boire. La taverne est juste là.

Mon ami et moi nous entre-regardons avant d'acquiescer. Notre voyage nous a assoiffé.

- Ce breuvage est la spécialité de la maison s'exclame le gobelin en levant sa chopine. Un véritable délice croyez moi!

Autour de nous rires gras et bruits de mastication résonnent dans la taverne. Notre hôte nous fait un grand sourire dévoilant une rangée de dents pointues. Je me saisis d'une grande tasse fumante et hume son contenu avec méfiance, l'odeur est indéfinissable. A côté de moi, Kelch vide d'un trait la sienne.

- Tu ne bois pas Drellath? s'enquiert le troll.

- Je ne suis pas sûr que...

- Allez, ce n'est pas du poison que je vous offre dit le gobelin toujours souriant.

Je repousse ma tasse en signe de dénégation.

- Votre ami est prudent dit le gobelin en se tournant vers Kelch, c'est toujours utile en affaires. Au fait mon nom est Taldez. Taldez Boots pour vous servir.

- Je m'appelle Kelch et voici mon ami Drellath répond le voleur avec une politesse qui m'étonne, nous arrivons du village de Sen'jin.

- Ah, c'est donc la première fois que vous venez à Orgrimmar n'est-ce pas? Je l'avais tout de suite deviné. Si vous avez besoin de quoi que ce soit je connaît toutes les échoppes de cette ville. Je peux vous servir de guide si vous voulez.

Décidément le petit être ne m'inspire pas confiance, je m'apprête à refuser sa proposition mais Kelch me devance:

- Nous serions ravis de pouvoir profiter de vos services monsieur Boots, mais voyez vous mon ami et moi devons régler quelques affaires personnelles rapidement et n'avons malheureusement pas le temps pour du tourisme.

- Je vois dit le gobelin dont le sourire s'est subitement effacé, si malgré tout vous changez d'avis, voici ma carte.

Il sort un petit carton de couleur grise de sa poche et la tend au troll avant de sortir précipitamment de la taverne.

Taldez Boots, Faille des ombres.

- La faille des ombres? Qu'est ce que c'est que ça?

- Un quartier des bas fonds d'Orgrimmar je crois répond le troll, enfin ne t'inquiète pas nous nous passerons des offres de ce gobelin.

- Il ne m'est pas sympathique. Pourquoi t'es tu montré si aimable avec lui?

- La politesse est la meilleure façon de percer les défenses de sa future victime répond le voleur en me faisant un clin d'oeil.

Je le regarde sans comprendre.

- Au moins nous avons de quoi payer une chambre pour la nuit dit-il en sortant une bourse de cuir de sa veste.

Le nom de Taldez Boots y est brodé.
Une à une les lumières s'éteignent dans la cité endormie. Seules les étoiles et la Lune illuminent encore les allées silencieuses. Aucun bruit si ce n'est le cri de quelque oiseau nocturne. Des pas. Il reste encore une âme éveillée parmi les murs rougis d'Orgrimmar. La silhouette avance à l'aide d'une torche. Discrète elle surveille les alentours avant de repartir vers le poste de garde. Tandis qu'elle disparaît une respiration étouffée se fait entendre dans les ténèbres. Le voleur surgit de l'ombre sautant agilement de toit en toit. D'un bond il atterrit sur les pavés sans éveiller les habitations muettes. Le pas souple et rapide il se dirige vers une ruelle sombre. Reniflant avec dégoût les relents d'alcool qui en proviennent il s'engage dans la voie obscure. Le tunnel n'est éclairé que par la pâle lueur des torches disposées sur les parois. Peu à peu le voleur s'enfonce dans les entrailles de la cité, en ces lieux souterrains nommés par leurs familiers "faille des ombres". Même à cette heure tardive l'endroit demeure agité. Plusieurs individus discutent entre eux avec des mines de conspirateurs. Ils regardent passer l'intrus d'un air méprisant.

Voleurs, assassins, démonistes et maîtres de la magie noire, tous se retrouvent ici pour vaquer à leurs tristes activités. La silhouette s'arrête soudain devant l'une des échoppes à la vitrine crasseuse. Silencieusement elle pénètre dans la bâtisse et sonne une cloche dans l'entrée. Quelques instants plus tard un gobelin à l'aspect peu avenant apparaît.

- Kelch, je suis heureux de te voir.

Le troll prend place sur un fauteuil en face du gobelin.

- Moi aussi Taldez, comme tu vois j'ai répondu à ton appel.

Un grand sourire se dessine sur le visage du petit être qui s'installe sur une chaise trop haute pour lui. Le voleur lui tend une bourse vide.

- Je te rends ceci. Si tu me permets un conseil sois plus prudent à l'avenir.

- Toujours aussi agile de tes mains remarque le gobelin sans se départir de son sourire, mais j'imagine que tu n'es pas venu seulement pour me remettre mon bien.

Son interlocuteur prend une expression contrite.

- Tu me vexes Taldez. N'ai-je donc pas le droit de rendre une visite de courtoisie à un ex collègue de travail? Cela dit tu as raison. Je ne suis pas là pour ressasser de vieux souvenirs. J'ai cru comprendre que tu connaissais du monde ici? J'imagine que tu pourrais... Me rendre un petit service.

- Ne me dis pas que tu penses encore à ça dit le gobelin dont la face se décompose soudain, tu sais bien que ce serait trop dangereux ici. J'espère que tu vas plutôt me proposer une affaire rentable pour une fois. Tiens cet orc que tu as ramené avec toi nous pourrions l'utiliser, je connais quelqu'un qui...

Le voleur saisit le cou du gobelin et le plaque contre le mur, son visage à quelques centimètres du sien.

Tu ne touche pas à mes amis compris articule t-il lentement, non... On va continuer selon mes plans.

Le voleur lâche le petit être qui tombe sur le sol, les mains crispées sur sa gorge.

Il fouille dans les poches intérieures de sa veste et sort la tête coupée d’un troll qu’il jette aux pieds du gobelin. Celui- ci s’en écarte avec répugnance.



- C’est la tête du sorcier Zalazane, tu vas m’en faire extraire toute la corruption démoniaque reprend le troll, j’imagine que tu saisis pourquoi.



Quelques minutes plus tard Kelch ressort de la boutique un sourire satisfait aux lèvres. Il remonte vers la surface en sifflotant.
JOUR 13



« Aujourd’hui nous allons à la forteresse de Thrall. C’est la première fois que je verrai le chef de guerre. »


- Remontez vers la vallée des esprits, après la Herse et vous tomberez juste dessus. C’est la grande bâtisse entourée de gardes, vous ne pouvez pas la manquer.

La sentinelle s’éloigne d’un pas rapide, partant sermonner un groupe de réprouvés occupés à un rituel démoniaque.

Kelch et moi courons dans la rue, bousculant les passants, impatients d’arriver à la forteresse. Enfin nous débouchons sur l’imposant monument. Des orcs à la mine patibulaire patrouillent le long des murailles, grognant vers les rares qui oseraient s’approcher.

- Leurs haches sont trop volumineuses pour qu’on en tiennent pas compte me chuchote Kelch, je ne pense pas qu’il nous laisserons entrer comme ça.

Soudain un cri retentit en provenance du Hall de la forteresse.

- Vous regretterez de m’avoir humiliée, vous auriez du m’écouter. Ils causeront notre perte à tous !

La furie sort en trombe du bâtiment sous les rires des gardes, passant devant nous elle lance à nouveau :

- Mes actions se poursuivront après moi, je vous aurai prévenu.

Enfin elle disparaît dans un dernier avertissement.

Intrigués nous demandons à un tauren qui observait la scène non loin de nous ce que signifie l’étrange spectacle. Sans se faire prier le bovidé s’empresse de nous conter les dernières nouvelles. La troll –car s’en était une – serait le leader d’une secte extrémiste anti-morts vivants se faisant appeler « Les Annonciateurs ». Loin d’inquiéter les autorités, leurs actions font le bonheur de la populace toujours prête à rire à leurs dépend.

- Si vous voulez rentrer ne vous gênez pas. Je vous voie qui attendez sur le seuil depuis un moment, le chef de guerre Thrall sera, je pense, prêt à recevoir n’importe quelle visite après celle-ci.

- Voila qui est bon à savoir le remercie mon compagnon.

Nous nous avançons vers le bâtiment, franchissons l’entrée. Les gardes nous laissent passer sans mot dire.

- Mais… C’est le maître voleur Vol’jin !

Kelch se précipite sur un grand troll à l’aspect rusé en pleine discussion avec plusieurs grands officiers de la Horde. Ceux-ci échangent des propos inquiets sur la situation des conflits.

J’ai juste le temps de retenir le voleur par le col avant qu’il ne saute sur son idole.

- Excusez nous dis-je à l’attention du groupe qui nous regarde avec étonnement.

- Non mais tu ne te rends pas compte ! C’est Vol’jin, le chef de tous les trolls Darkspear, j’ai pu le voir enfin ! continue à crier le troll tandis que nous passons dans la pièce suivante, j’ai…

Kelch s’interrompt soudain. Devant nous un orc de haute taille et à la barbe drue nous observe fixement. Situé au fond de la pièce, au sommet des marches de pierre il continue de nous scruter de son regard de braise. Autour de nous le silence est complet, tous les individus présents étant comme figés par notre irruption. L’autorité du personnage est presque palpable. J’imagine qu’il doit s’agir de Thrall, ce nom souvent murmuré, toujours pensé lors de l’évocation des conflits ébranlant le pays.

- Heu, j’ai l’impression qu’on arrive un peu à l’improviste, Drellath me chuchote Kelch à l’oreille.

J’acquiesce d’un hochement de tête, les yeux rivés sur le chef de guerre.

- Je te laisse continue le troll, après tout c’est ton affaire.

Le voleur sort discrètement de la pièce sous le regard des gardes.

Sans trop savoir quoi dire, je m’avance vers Thrall et, me surprenant moi-même, m’agenouille devant lui.



Le jeune et le vieil orc discutent longtemps à l’abri des oreilles indiscrètes. Aucune émotion ne passe sur le visage du chef de guerre tandis que le chasseur lui raconte son histoire. Enfin il pose une main réconfortante sur l’épaule de son jeune interlocuteur l’invitant à sortir. Nul n’entend ce qu’ils se disent mais les paroles de l’ancien semblent redonner confiance au novice. Celui-ci prend une expression résolue avant de quitter les appartements du vieux chef d’une démarche sûre.

Poussant un soupir Thrall se retourne vers un orc affairé sur des parchemins non loin. Un masque de loup cache la partie supérieure de son visage révélant simplement la bouche et le menton de l’individu.



- Nazgrel tu as toujours été de bon conseil, j’aurais besoin de ton opinion sur cette affaire.

- Tout dépend si il s’agissait bien de lui ou non répond l’orc masqué d’une voix étrange, le troll qui l’accompagne pourrait également devenir sujet de nos préoccupations.

- Tout concorde, l’un d’eux choisiras cette voie sans doute...

- Nous n’aurions jamais dû laisser les elfes s’en occuper seuls.

- Si tu veux mon avis Nazgrel, nous approchons de temps bien sombres…



Je retrouve Kelch quelques minutes plus tard en pleine discussion avec le chef troll Vol’jin :

- C’est ma recette à moi, il suffit d’ajouter de l’essence de scorpide et… Ah te voila Drellath ! Ca s’est passé comment ?

Je saisis mon ami par le bras, libérant ainsi le maître voleur qui semble soulagé d’être enfin débarrassé de ce visiteur quelque peu envahissant. Son regard perçant me jauge tandis que j’entraîne le troll à l’écart.

- Qu’est-ce que tu lui racontais ? interrogeai-je.

- Oh seulement ma recette spéciale de poison répond le voleur l’air dégagé, tu sais le métier tout ça. Mais toi comment ça s’est passé avec Thrall reprend t-il plus intéressé, tu lui as tout raconté ?

- Si on veut…

Je reste évasif dans mes réponses mais le troll se fait de plus en plus pressant.

- Ca t’intéresse un voyage à la croisée lâchai-je enfin.

- Un voyage à… Oui bien sûr mais pourquoi…

- Très bien nous partons demain.

Sans donner plus d’explications je pars vers la taverne toute proche, j’ai besoin d’un bon remontant.
JOUR 14



Destin ?

Sommes nous obligés de tout recommencer à nouveau ? De disparaître comme ceux qui nous ont précédés ? Déjà les premiers signes annoncent notre déclin. Les civilisations plus anciennes vont vers la tombe tandis que les races naissantes reprennent le flambeau. Nos grandes villes tombent, comme témoignent la chute de Gnomeregan et la corruption, lente mais assurée des territoires elfiques. Sommes nous condamnés à laisser place aux nouveaux arrivants ? Orcs et réprouvés ne seront peut-être pas les seuls à se disputer nos ruines si cela se produit. Pour éviter de répéter les erreurs de l’Histoire je ne vois qu’une solution, nous devons redécouvrir notre passé.

Les Oubliés de l’Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.



« Les paroles de Thrall m’ont laissé dans le doute. Que dois-je faire ? Dois-je tout révéler à Kelch ? Non… Pas encore. »

Le vywerne grogne et manque de happer la main de Kelch.
- Dis donc s’écrie le troll en reculant apeuré, elles seraient pas un peu dangereuses vos bêtes ? On ferait peut-être mieux d’y aller à pied Drellath reprend t-il en se retournant vers moi.

- Ne soyez pas stupide lui répond le maître des cavaliers célestes d’un air impatient, avec ces destriers vous serez à la croisée en moins d’une heure. Si vous ne vous amusiez pas à les agacer comme vous le faites il n’y aurait aucun risque.

- Vous êtes sûr ? parce que moi ces bêtes…

- Ecoute le un peu Kelch ordonnai-je au voleur, il n’y a rien à craindre !

Pour démontrer mes dires je caresse le museau de l’animal qui ronronne de contentement. Je n’en suis pourtant pas moins désarçonné par l’aspect peu commun de la créature. Surmonté d’une tête de lion, son tronc est couleur fauve et parsemée de taches brunes en cercle. De larges ailes semblables à celles des chauves souris partent de son dos. Mais le plus impressionnant reste encore la queue de scorpide recourbée au-dessus de son arrière-train qui fouette l’air autour d’elle. Le vywerne s’étire, puis revient vers moi cherchant sûrement d’autres caresses.

Un cri de Kelch me sort de ma contemplation. Aux prises avec un deuxième animal, le troll se débat au sol cherchant à échapper à la gueule féroce.

- Ho, ho ! s’écrie le maître des destriers qui se précipite pour retenir la bête, venez m’aider crie t-il dans ma direction.

A nous deux nous arrivons à maîtriser l’animal qui continue de cracher vers Kelch qui se dégage en prenant soin de ne pas approcher des griffes tendues de la créature.

- Par la légion, mais qu’est-ce que vous fabriquiez ! hurle le maître qui ne contient plus sa colère, vous voulez vous faire tuer ?

- C’est que… balbutie le voleur hésitant, je voulais vérifier si il avait du venin sur sa queue, vous savez c’est la première fois que je rencontre des bêtes pareilles et…

Nous levons les yeux au ciel et retournons finir les préparatifs pour notre baptême de l’air. J’ajuste la selle sur ma monture veillant à ce que toutes les attaches soient bien nouées. A mes côtés Kelch tente de faire de même avec la sienne. Enfin nous sommes prêt pour le départ. Je frissonne à l’idée de me retrouver à mille pieds du sol, mais le dresseur nous rappelle qu’il n’y a pas de danger. Nous enfourchons les vywernes pour nous précipiter dans du haut de la tour des cieux. Avant de nous pousser dans le vide le maître me murmure à l’oreille :

- Faites attention à votre ami, j’ai l’impression qu’il va vous en faire vivre de dures.

Avec ces dernières paroles il donne une tape sur le dos de nos destriers qui s’élancent dans le vent.
Le ciel azur de Kalimdor. Deux ombres filent, ailes déployées, au-dessus des terres de Durotar. S’agrippant à la crinière de leurs montures, les deux voyageurs sentent l’air glacé leur fouetter le visage. Le tourbillon de couleur se fait de plus en plus flou alors qu’ils prennent de la vitesse. Enfin ils sentent un imperceptible plongeon vers le bas avant d’atterrir au milieu de la Croisée des chemins.
Le mythe du voyage :

Chez toutes les races, on retrouve dans les légendes et les contes le mythe du voyage. Un individu ordinaire partant soudain pour un long périple en quête de connaissance, de pouvoir, de pardon ou simplement pour l’aventure. La vie de ce héros est alors bouleversée voir brisée tandis qu’ils vit des épreuves épiques. Toutes les civilisations ont leurs héros qui suivent le même schéma malgré quelques nuances. Artas, Illidan ou encore Thrall sont des personnages vivants illustrant ces mythes. A la fin de son voyage, le héros revient après avoir acquis de nouvelles connaissances ou accompli un but. Il revient toujours radicalement changé, en bien, ou en mal. Peut-être les cultures créent ces légendes pour se convaincre qu’un individu exceptionnel veillera toujours à leur bonheur ou au contraire à leur malheur.

Les Oubliés de l’Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.





Je… Je ne comprends pas.

- Comment a-t-il survécu dans le ravin ? Il ne peut quand même pas s’en être sorti seul.

- Non assurément pas. Nos informateurs sont formels, il n’aurait pas pu tuer toutes ces harpies au niveau actuel de ses compétences. Il a dû recevoir une aide extérieure. Peut-être que le troll qui l’a sauvé…

- Le troll est arrivé après le massacre. Non, la vérité c’est que nous ne savons rien de ce qui s’est passé là bas et… Espérons qu’il n’en sache rien non plus.
JOUR 15



- Tu es sûr que tu ne veux rien me dire au sujet de notre venue ici ?

- Pas maintenant Kelch, je suis occupé. Laisse moi tranquille tu veux.

Le troll sort de la pièce en claquant la porte. Je mordille le bout de ma plume, anxieux. Je n’arrive décidément pas à retracer tous ces évènements sur mon journal. Et si Kelch le lisait ? Je m’en veux de ne rien lui avoir dit pour l’instant mais j’avoue être un peu perdu moi-même. M’essuyant le front je reprends la rédaction du carnet. Mon écriture est un peu hésitante, peut être suis-je tendu pour rien.

« Nous séjournons actuellement à l’auberge de la Croisée des chemins. Thrall m’a dit que je devrai y rencontrer quelqu’un pour je ne sais quelle raison. Cependant je pense que ce n’est pas en lien direct avec le meurtre de mon maître. Le chef de guerre m’a pourtant assuré qu’il rechercherait dans toutes les voies possibles. Je ne dois pas me préoccuper de ça pour l’instant. »
JOUR 16



- Monsieur Drellath ?

Je me réveille en sursaut pour me retrouver face au visage du tauren.

- Ce voyageur dit l’aubergiste, demande à s’entretenir avec vous et votre ami.

Il m’indique une silhouette dans l’embrasure de la porte.



Attablés devant un déjeuner consistant, nous écoutons les déclarations de l’inconnu assis face à nous. Le mort-vivant mord avidement dans le jambon posé devant lui. D’un geste machinal, il arrache un lambeau de chair en décomposition qui se détache de son bras, puis nous regarde de ses orbites vides.



- Vous dites venir nous enseigner demandai-je m’efforçant de dissimuler mon dégoût mais quoi au juste ?

- Le chef orc Thrall estime répond le réprouvé d’une voix où perce le mépris, que votre ami et vous devez poursuivre les études et exercices que nécessitent vos professions respectives.

- Vous voulez dire s’écrie soudain Kelch en se levant, que vous venez m’apprendre comment devenir un bon voleur ?

- Oui c’est exact, ainsi qu’à l’orc pour qu’il devienne un excellent chasseur.

Le troll se lève brusquement et quitte la table sans donner d’explications.

- Kelch criai-je en le rejoignant, mais qu’est-ce qui te prends ?

Le voleur se retourne, la fureur se lisant sur son visage.

- Je n’y crois pas ! s’exclame t-il avec colère, depuis quand décide t-on ce que moi je dois faire !

- Regarde le côté positif des choses Kelch, tu ne voulais pas trouver un instructeur justement ?

Le troll reste sourd à mes arguments, jetant un regard de dédain à notre visiteur il reprend :

- Ne sois pas aveugle Drellath. Tu l’as vu ? C’est un réprouvé, on ne peut pas leur faire confiance. Il nous poignarderait dans le dos.

- Excuse moi de te dire ça, lâchai-je avec humeur, mais il me semble que si Thrall l’a choisi il ne doit pas être bien dangereux. Fais ce que tu veux, moi je vais suivre ses conseils.

Kelch hausse les épaules, mais finit par me suivre jusqu’à la table où nous attend toujours le mort-vivant, occupé à redresser les os de sa main droite.

- Nous acceptons lui dis-je simplement.

Il sourit, dévoilant une mâchoire vide de dents.

- Vous faites le bon choix.


Nos racines :

Si il y a bien des êtres passionnés par la recherche de leurs ancêtres ce sont les nains. Aujourd’hui cette race en pleine expansion a envoyé ses explorateurs et autres archéologues au quatre coins d’Azeroth. Si beaucoup de ces enquêtes sont restés sans résultats, certains rapports évoquent des faits troublants voir inquiétants.

Les Oubliés de l’Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.
JOUR 17



Je plaque ma tête contre mon sommier, tentant d’oublier les ronflements de Kelch déjà endormi dans le lit voisin. Quelques heures de sommeil puis commenceront les cours de notre nouveau maître. J’ignore ces intentions, mais je ne demande qu’une chose : devenir plus fort.

J’entends des murmures inaudibles dans l’obscurité, Kelch doit se perdre dans un rêve qui n’appartient qu’à lui.





Des lumières. Des flammes. Des voix. Des cris. Où aller ? Les ombres m’entourent dansant devant mes yeux. Je cours. [1]


- Kelch, réveille toi !

Les premières lueurs du matin percent à travers les paupières du troll, le sortant de son sommeil.

- Quoi… qu’y a-t-il ? demande mon ami d’une voix encore endormie.

- Nous devons rejoindre Gazel à la forge dans cinq minutes, expliquai-je tout en enfilant mes bottes, tu le saurais si tu t’étais réveillé plus tôt !

- Qui est Gazel ?

Le voleur se lève à présent parfaitement réveillé.

- Ah oui j’oubliais, c’est le nom de notre nouvel instructeur. I l me l’a dit ce matin.

- Parfait. Mais… pourquoi à la forge ?

- Aucune idée.

Tout en parlant, je m’empresse de mettre mes derniers atours, puis file vers la porte.

- Tu ferais mieux de te dépêcher Kelch criai-je en sortant de la chambre.

- Je te rejoins tout de suite.

Je sors de l’auberge, au milieu de l’agitation habituelle de la Croisée. L’air brûlant semble ne point endormir les pulsions des aventuriers de passage. Duels et autres combats absurdes semblent constituer le quotidien de ce charmant village, que certains appellent même « village des fous ». J’en viens à me demander comment il a pu tenir si longtemps face aux asseaux massifs de l’Alliance. Un bruit de pas m’indique la présence de Kelch à mes côtés. Lui aussi regarde avec stupeur le spectacle de ces batailles internes. Le fracas des armes s’entrechoquant résonnent comme un encouragement tandis que nous avançons vers l’atelier à la limite des habitations. Ici le vacarme des épées sur bouclier laisse place à celui du marteau sur l’enclume. De la fumée s’échappe des braises rougeoyantes alors que les ouvriers forgent ici les outils de mort. J’ai l’impression de me trouver dans les usines de fabrication de la guerre.

- Je devine vos pensées chasseur.

Je me retourne brusquement, derrière moi se dresse Gazel, la mine étrangement réjouie.

- Je retrouve avec plaisir mes deux charmants élèves susurre le mort vivant d’un ton enjoué.

On dirait qu’il vient de recevoir de nouveaux jouets.



Le rituel de force :

L’une des épreuves les plus fréquentes chez les jeunes guerriers de la Horde est le rituel de force, visant à sonder la solidité et la puissance des individus. Sa particularité en fait l’un des tests les plus prisés dans les milieux difficiles. Pour retrouver son origine, on peut s’en référer aux anciens rites orcs qui consistaient à plonger la main dans le feu d’une forge. Si il a été quelque peu modifié au fil des générations, le sens reste le même puisque la forge demeure au cœur de ces exercices. La forge a toujours été symbole de guerre et aussi de progrès, ce à quoi aspirent nos plus jeunes recrues en ces temps sombres.

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Tchhh. La sueur tombe sur les braises incandescentes. Ting. Le marteau rencontre l’enclume. Je lève l’outil avant de frapper à nouveau. Ting. Mes muscles sont bandés au maximum, saillant sous ma peau. Ting.

Je sens la chaleur de la forge sur mon visage, j’inspire une bouffée d’air brûlant. L’oxygène rentre par les narines, irritant la muqueuse avant de se déverser tel une vague ardente dans les poumons.

Seul le tintement du métal résonne à mes oreilles. Parfois le bruit d’une respiration essoufflée vient troubler la douce musique.

- Allez, plus d’ardeur ça fait seulement une heure que vous avez commencé !

La voie de Gazel retentit derrière moi, pressante.

Je jette un coup d’œil à Kelch quelques pas plus loin. Lui aussi peine au travail.

- Ce n’est qu’un échauffement répète notre instructeur, nous ne sommes pas encore arrivés à la partie la plus intéressante.

Je n’ose imaginer ce que nous prépare le mort-vivant mais préfère taire la question qui me brûle les lèvres.

- En quoi ce que nous faisons est-il utile ?

Kelch vient de poser l’interrogation qui me taraudait. Pausant nos lourds marteaux nous nous retournons vers Gazel en attente d’une réponse.

Le réprouvé nous observe avec curiosité. Puis, constatant que nous ne réintégrerons pas notre labeur sans explications, il consent à répondre :

- Le travail de forgeron, il n’ y a rien de mieux pour développer la force pure. Vous en aurez besoin avant de poursuivre plus loin nos exercices.

- Ne devrions nous pas suivre des entraînements différents demandai-je pas très convaincu, à près tout je suis chasseur et Kelch est voleur. Nous ne nécessitons pas les mêmes aptitudes.

- Vous suivrez des entraînements spécifiques plus tard réplique Gazel une pointe d’irritation dans la voix, pour l’instant retournez à vos exercices !

Mon compagnon et moi reprenons péniblement nos marteaux mais le mort vivant nous interrompt d’un geste.

- Vous n’aurez plus besoin de ça à présent.

- Et nous continuons comment ? à mains nues ?

Je ris sans conviction.

- Presque répond notre instructeur avec un sourire pervers, vous utiliserez ceci.

Il nous tend deux paires de gants en cuir très épais.

- Vous les porterez pour protéger votre peau tandis que vous frapperez vos lames. De plus reprend t-il allègre, ça devrez vous encourager à accélérer : ils ne tiendront pas longtemps. Je veux que vous me forgiez chacun une arme, alors si vous ne voulez pas voir votre chair brûler, je vous conseille d’accélérer. Vous ne quitterez cette forge que lorsque vous aurez terminé, moi je vais prendre une collation à l’auberge.

Le mort vivant s’éloigne, riant de nos mines défaites. Après un moment de flottement, nous enfilons nos nouveaux outils de travail.







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[1] Pour ceux qui ne saisiraient pas, je précise qu’il s’agit du rêve de Kelch et non le mien (Drellath).
Mon cher Kelch,

Le travail que tu m’as demandé avance bien, j’ai enfin trouvé quelqu'un qui acceptera de m’aider. Malheureusement tout se paye de nos jours tu le sais. Je ne pourrai acquérir ses services que pour quelques pièces d’argent que je ne possède pas. Je te saurai gré de me faire parvenir un paiement d’avance puisque c’est toi le commandeur de ces travaux. Avec mes salutations distingués.

Taldez.

PS : La sécurité d’Orgrimmar a été renforcé pour je ne sais quelle raison, je vais devoir bouger. Je pense m’installer à Ratchet ou Booty Bay où je bénéficierai de la protection gobeline.


Le troll froisse le parchemin et jette un coup d’œil à Drellath toujours endormi. Il pousse un soupir. Il doit être plus prudent à l’avenir, l’orc pourrai tomber sur ces lettres n’importe quand.
JOUR 18



Je resserre les bandages autour de mes mains. Ce ne sont plus que des moignons brûlés depuis hier, à croire que notre instructeur nous avait donné exprès des gants de mauvaise qualité. Je me demande en quoi peuvent bien être utiles de telles tortures pour notre entraînement. Kelch ne m’a paru en meilleur état ce matin, il m’a évité toute la journée. J’espère qu’il ne me tient pas pour responsable de ses malheurs. Une journée de repos en plus aurait été la bienvenue, mais Galdez insiste pour reprendre les exercices dès demain. Il veut que nous lui apportions les armes que nous avons forgé « de nos mains » pour je ne sais quel usage. Je baisse les yeux vers ma propre œuvre : un bout de métal en demi cercle, noirci et bosselé. On ne peut pas dire qu’il ressemble à une quelconque arme.



Technologie de guerre :

La guerre est le moteur de toute civilisation, permettant de nombreuses innovations techniques et scientifiques. C’est ainsi qu’on été découvertes les plus grandes inventions de notre temps comme le métal et l’utilisation de la poudre, qui servent à présent également pour la paix.

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JOUR 19



« Une nouvelle journée d’entraînement qui commence, qui sait quels supplices allons nous subir aujourd’hui. »



- Nous battre contre vous ?

Je regarde Gazel avec surprise. A côté de moi Kelch ricane méchamment.

- Vous pensez vraiment être à la hauteur vieux débris ?

Le troll ne cache plus son aversion pour le réprouvé.

- Pourquoi croyez vous que je vous ai fait venir ici demande notre instructeur en montrant les étendues désertes des Tarides autour de nous, ici nous aurons tout l’espace nécessaire pour combattre.

Gazel nous observe parfaitement calme, attendant notre réaction. Je commence à m’avancer mais Kelch m’arrête d’un geste de la main.

- Je passe en premier, je vais lui donner une leçon moi.

Sans attendre le signal de départ, le troll se saisit de ses dagues et se jette vers le mort-vivant. Celui-ci ne bouge toujours pas, attisant le voleur dans sa haine. Soudain un imperceptible mouvement de l’air et il stoppe d’un bras la lame ennemie à quelques centimètres de son visage. De l’autre il empoigne la veste de Kelch, et d’une simple pression l’envoie valser une dizaine de mètres plus loin. Le tout s’est déroulé en moins d’une seconde. Mon ami se relève abasourdi, les habits recouverts de terre. Il semble prêt à repartir à l’assaut.

- C’est terminé pour cette fois.

La voix de notre maître a retentit avec colère. Son visage est transformé par la fureur. Une telle expression me surprend de la part de quelqu'un qui ne montre jamais aucun sentiment. L’exaspération fait trembler les plis de son cou, au point que des lambeaux de chair se détachent de sa nuque. La respiration sifflante, il s’approche de Kelch qui déglutit.

- La haine murmure le mort vivant soudain plus calme, tous les pores de ton corps empestent ce sentiment. Sais- tu que j’aurais pu te tuer ?

Kelch recule instinctivement.

- Tu as perdu tes grands airs. Comprends tu ton erreur à présent ? Tu t’es laissé emporté par la colère, négligeant ce que n’importe voleur sensé aurait fait : évaluer la force de l’adversaire.

Le visage du réprouvé est maintenant tout proche de celui du troll.

- Tu t’es lancé dans le combat sans réfléchir, aveuglé par ton arrogance. Tu m’as sous-estimé. Si tu es vraiment un étudiant de l’art des ombres tu devrais pourtant savoir que l’on ne doit pas se fier aux apparences. J’en ai assez vu. Désormais tu t’entraîneras seul, tu n’es pas digne de recevoir mes enseignements.

Le maître se retourne, et s’éloigne de Kelch pour venir vers moi.

- Drellath dit-il d’une voix beaucoup plus avenante, je souhaiterais que nous reprenions nos cours ensemble dès demain.

Il me pose une main sur l’épaule.

- Je t’attendrai ici à l’aube. Sois ponctuel.

- Je refuse de continuer sans Kelch protestai-je tentant de prendre une expression féroce. Le résultat est peu concluant. A ma grande surprise Gazel sourit.

- L’amitié… Voilà une idée bien noble. Soit, je respecterai ton vœu. Bats moi demain et je redonnerai une chance à ton ami. Mais en cas de défaite, aucun de vous ne bénéficieras de mes conseils.

Sans me laisser le temps de répondre il reprend, le regard perdu dans le vide :

- J’ai eu moi aussi des amis autrefois. On est toujours déçu. Finalement il vaut mieux être seul.

- Vous vous trompez affirmai-je.

- Vraiment ? Ce sera à toi de me le démontrer.

Le mort vivant s’avance un peu plus vers moi, tant que je peux sentir son souffle sur mon visage.

- Tu dois me haïr toi aussi. Ce ne serait pas étonnant. Sais-tu pourquoi je vous ai fait subir ce supplice l’autre jour ? Pour sonder vos âmes. Ceux qui ont la rancune facile ne sont pas souvent de bonne confiance.

Son regard se pose sur Kelch qui s’est approché de nous. Le voleur garde la tête baissée, les yeux fixés au sol.

- Néanmoins, je serais ravi de me tromper. Sois à l’heure demain.

Adressant un signe de tête entendu, le réprouvé s’éloigne en direction de la Croisée. Ses paroles m’ont laissé songeur. Un moment je repense à mon ancien maître. Une pression sur mon épaule.

- Viens Drellath, rentrons dit Kelch en retirant sa main.

J’acquiesce du menton et plonge mon regard dans celui du troll.

- Je te promets de gagner demain.

- Tu as intérêt réplique t-il en m’envoyant une bourrade, je compte sur toi !

Nous reprenons ensemble le chemin de l’auberge.



La dernière initiation :

Il arrive souvent qu’à la fin de son apprentissage, l’élève défie le maître afin de tester ses compétences. Si ces duels de « passage » sont pour la majorité amicaux, certains tournent à l’agression voir au meurtre. Soit le maître a peur que son disciple se retourne un jour contre lui, soit l’élève décide se supprimer celui qui lui a tout appris, effaçant ainsi les dernières traces de son passé.

Les Oubliés de l’Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.
JOUR 20



« Je dois...gagner. »



Les deux adversaires se font face. L’orc et le mort vivant. Le jeune et l’ancien. L’élève et le maître. Le vent chaud des Tarides tourbillonne, soulevant des nuages de sable qui vont se perdre dans les airs. Le salut. Chacun s’incline et attend. Enfin la main du maître se lève, donnant le signal de départ. En un instant la tension est levée, le chasseur se précipite sur son adversaire, toujours immobile. La dague part mais ses coups sont esquivés. Les mouvements de part et d’autre sont rapides, mais une certaine différence de niveau est visible. La respiration de l’orc est irrégulière, rauque. Le réprouvé continue de combattre sans montrer de signe de fatigue. Il assène un coup dans le dos du chasseur qui s’effondre. Est-ce la fin du duel. Quelques secondes passent, sans que rien ne vienne contester la victoire du mort-vivant. Soudain un éclair, le maître attrape une flèche à quelques centimètres de son visage qu’il rejette aux pieds de son adversaire agenouillé. Il sourit et sort de sa poche un éclat transparent comme du cristal. Déclamant une incantation il brise le fragile fragment entre ses mains osseuses. Un temps. Une main saisit les cheveux de l’orc et tire sa tête en arrière. Ce n’est pas celle du maître. Semblant sortir de l’ombre du réprouvé une silhouette se dessine, ses contours frémissants, sans réelle consistance. La créature des ténèbres resserre sa prise, bloquant le cou de l’orc comme dans un étau. Le sang coule, tombant en gouttes irrégulières sur la terre desséchée. Et soudain, c’est la terreur rouge.



Ma tête tourne, c’est horrible. Je suis glacé, comme baigné dans un lac gelé. Une sensation de grande solitude m’étreint

- Oueeeelaaah

Une voie étouffée me parvient. Je ne parviens pas à en comprendre le sens. La douleur m’empêche de repérer l’origine de la voix. Il me semble pourtant la connaître. Mon maître ? Non… Je tente de me souvenir. Mon maître est mort alors qui ? Où suis-je ? Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à bouger ? Je me battais je crois. Un ennemi ? Non, ce n’est pas un sentiment de danger que je ressens. Du respect ? De la tristesse ? Je ne sais pas. A nouveau il me semble qu’on m’appelle.

- Douelaaaat. Drellath.

Drellath ? Oui je me souviens. C’est mon nom. Je tente de rouvrir les yeux mais mes paupières sont comme soudées entre elles.

- Réveille toi, allez !

De la chaleur, on me touche. La voix m’est familière. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu cette scène. Je ne sais pas quand. Ce n’est pas la première fois que je ressens cette douleur, c’est comme si tout mon corps s’en souvenait. Je sens soudain un liquide glacé couler sur mon visage, mes paupières s’entrouvrent enfin. La lumière est aveuglante. Je vois deux silhouettes penchées sur moi.

- Il a ouvert les yeux.

- Oui il commence à se réveiller.

- Il faut le transporter à l’intérieur.

Je sens deux puissants bras qui me soulèvent et me portent sur plusieurs mètres. La lumière disparaît laissant place à l’ombre. Les silhouettes se font un peu moins flous et je distingue une chevelure rousse. Une main apaisante se pose sur mon front, je m’enfonce dans le sommeil.
Destinataire : Taldez Boots, Ratchet.



Mon cher Taldez,

Les choses viennent de prendre un cours tout à fait différent de ce que j’avais envisagé ; ce à quoi j’ai assisté aujourd’hui bouleverse quelque peu mes convictions mais je sais que je dois continuer. Abandonne l’objet que je t’ai confié, il se trouve que je viens de trouver un apport bien plus puissant en énergie démoniaque. Je ne peux rien te dire de plus pour l’instant, mais pourrais tu trouver des informations sur un dénommé Gazel ?

Amicalement.

Kelch
Destinataire : Nazgrel, Orgrimmar.



Tout se précipite. Je ne suis pas encore sûr pour l’instant mais si tout cela s’avérait vrai, ce serait peut-être la crise la plus importante depuis la dernière intrusion de la légion ardente.

Vous aviez peut-être raison. Veuillez prévenir Thrall que ses inquiétudes étaient fondées.

Mes deux élèves et moi allons devoir quitter la Croisée. Nous ne pouvons plus nous arrêter très longtemps dans le même lieu.

Nous partons pour un voyage. Un long voyage.

Gazel



PS : Je souhaiterai en savoir plus sur le dénommé Kelch. Faites moi parvenir son dossier quand nous serons à Thunder Bluff.





Nazgrel relit la lettre une deuxième fois et s’essuya le front. Ce qu’il craignait arrivait. Pourrait-il faire quoi que ce soit pour l’empêcher ? Il l’ignorait. Thunder Bluff.

- Donnez ce message au chef Thrall, je pars régler quelques affaires dit-il à l’un des gardes orcs qui l’entouraient.

- Bien monsieur.

Direction les archives de la capitale, il devait vérifier quelque chose avant de partir pour les cimes de Mulgore.
JOUR 21



Les archives de l’Histoire :

Chaque civilisation possède ses propres lieux de prédilection où sont entreposées les traces du passé. Bibliothèque, temple, archives secrètes, il n’ait aucune race qui tienne à perdre les racines de son identité. A travers les livres, les contes ou les métaphores orales, nous avons tous notre propre manière de conter notre Histoire à la génération qui suit. Les dirigeants des peuples ont toujours aimé à consulter ces trésors, ne serait-ce que pour ne pas répéter les erreurs du passé.

Les Oubliés de l’Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.

- Bon retour parmi nous Drellath !

J’ouvre les yeux et me retrouve face au visage souriant de Kelch.

- Ne force pas trop sur tes bandages dit le troll en désignant mes mains.

Les pansements ont été renouvelés, tu t’es presque déchiré les muscles l’autre jour !

- Que s’est-il passé ?

- Tu as fait preuve d’une bêtise exemplaire, c’est tout.

Je reconnais la voix qui vient d’intervenir. Gazel s’avance derrière Kelch, un sourire amusé aux lèvres. Je n’aurai jamais pensé être aussi content de voir un jour le mort-vivant.

- De quoi te souviens tu exactement ? s’enquiert t-il.

- Je ne sais pas très bien… Il me semble que j’étais en train de me battre contre vous. Et… Vous avez invoqué un marcheur éthéré ! J’ignorais que vous étiez démoniste.

- Chacun a ses petits secrets dit Gazel en riant. Tu t’es bien battu pour que j’en vienne à faire appel à cette sorte de magie.

- Vous… J’ai… Qui a gagné ?

Un silence. Le réprouvé et le voleur s’entre regardent. Est-ce du soulagement où de l’inquiétude qui se lit sur leur visage ?

- Toi, lâche soudain mon maître, le visage tendu.

- On peut dire que tu as assuré me félicite Kelch en me donnant une tape amicale dans le dos.

- Tu ne mérites pourtant pas d’être récompensé dit Gazel d’une voie subitement glaciale, tu aurais pu mourir à cause de ton imprudence ou… pire.

- Je ne comprends pas…

- Laisses tomber, notre maître adoré est simplement vexé d’avoir été vaincu se moque Kelch en lui lançant un regard en coin.

- « notre » ? Tu veux dire…

- Que j’ai repris Kelch comme élève ? Oui c’est juste reprend Gazel plus aimable, si il le souhaite toujours bien entendu.

Le troll acquiesce de la tête.

- Bien. Kelch tu ferais bien d’aider Drellath à préparer ses affaires pour le voyage de demain.

Le réprouvé se retourne et sort de la case à l’air libre.

- Quoi ? Nous partons ? demandai-je.

- Oui et tu sais où ? me dit le voleur le regard pétillant. A Thunder Bluff !
JOUR 22


« Voila trois jours déjà que nous avons quitté la Croisée ; mes compagnons et moi prenons grand plaisir à ce voyage. J’avoue que la force vivifiante des longues marches me manquait. La découverte de ce monde m’émerveille chaque jour, j’espère pouvoir bientôt marcher dans les prairies de Mulgore. »



Je relève un instant le regard de mon journal, observant la danse réconfortante des flammes devant moi. Le feu s’élève dans la nuit étoilée, lumière au milieu des ombres.

- Drellath tu rêves ?

Kelch s’est approché de moi sans que je l’aie entendu venir.

- Dans combien de jours arriveront nous à Thunder Bluff ? demandai-je sans me retourner.

- Gazel estime encore un ou deux jours au maximum, répond le troll. Tu es sûr que ça va ? Tu n’as presque pas parlé depuis notre départ, Gazel aussi s’inquiète pour toi.

- Ca va. C’est juste que… J’ai du mal à réaliser ce qui s’est passé durant mon combat contre lui.

- Ca se comprend… Qui aurait cru ça !

Je saisis une branche et remue les braises du feu de camp, laissant mon esprit revenir deux jours en arrière.



Le jeune orc écoute avec attention les paroles du mort vivant assis devant lui. Peu à peu son visage se crispe et ses yeux se baissent involontairement vers les bandages qui recouvrent ses mains.

- Je… Je ne peux pas le croire.

Le réprouvé pose sa main osseuse sur son épaule.

- Je suis désolé Drellath, mais tu dois accepter ton handicap. Tu ne supporte pas la vue du sang, c’est parfaitement compréhensible. D’autres personnes souffrent de la même phobie.

- Alors pourquoi… Pourquoi est-ce que je ne m’en souviens pas ? Ce n’est pourtant pas la première fois que je vois du sang. Mon maître…

Le chasseur s’interrompt, les lèvres tremblantes.

- Vous savez… Je ne vous ai pas tout dit…

Le visage du mort vivant se fait plus sérieux.

- Inutile, je sais. Thrall m’a raconté tout ce que j’avais besoin de savoir. Ma théorie va peut-être te sembler étrange mais il semble que seul ton propre sang provoque cette réaction.

- Alors… Lorsque nous avons combattu…

- Oui. Je ne t’ai rien dit jusqu’à maintenant pour ne pas te déstabiliser mais… Tu n’as pas gagné. J’ai dû interrompre notre duel en toute urgence pour te soigner.

- Serais-ce la malédiction du drui…

- C’est probable, je ferai des recherches à ce sujet.

- Mais… Comment pourrai-je combattre ? Avec cette maladie ?

- Il te faudra simplement faire preuve d’encore plus d’habileté pour ne jamais voir ton sang. Ce n’est pas forcément handicapant.

Le réprouvé dresse la tête soudain, humant l’air.

- Quoi qu’y a-t-il ?

- Rien, rien rentre au camp je te rejoindrai plus tard.

L’ orc s’éloigne peu à peu, laissant le démoniste seul parmi les ombres.

- Tu peux te montrer Kelch, dit-il avec calme.

Le troll surgit de l’obscurité, un sourire moqueur aux lèvres.

- Bravo, Gazel. L’ouïe fine à ce que je constate.

- L’odorat rectifie son interlocuteur.

Le voleur s’approche du mort vivant.

- Vous lui avez inventé une belle histoire, maintenant il est complètement démoralisé.

- Je n’ai fait qu’enjoliver la réalité.

- Vous croyez ? J’ai vu ce qui s’est passé et il ne s’agit pas d’une simple phobie.

- Nous ne sommes sûrs de rien.

- Quelque chose me dit que vous en savez plus que vous ne le dites.

- Peut-être bien, murmure le réprouvé le regard dur. Je dois faire des recherches.

« Tu ne sais pas à quoi tu t’exposes » murmure t-il pour lui-même.

JOUR 23


"Les révélations de Gazel concernant mon mal m'ont anéanti. Comment pourrai-je jamais me battre avec toujours la peur de voir mon sang? Mon maître dit que ça pourrait simplement être une motivation supplémentaire. Si un jour je parviens à apprivoiser cet handicap, je jure que je châtierai le responsable. Par tous les moyens."



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