"Mes problèmes, je les avais moi même oublié, sans doute par excès de confiance, mais puisqu'ils ont ressurgi, voici mon histoire. Peut être que tu me comprendras un peu plus après."
Théranthil s’assit confortablement et pris une longue inspiration avant de commencer :
« Il y a de nombreuses choses que j’ai tues sur ma famille, mon passé et moi. La plupart étaient trop dangereuses pour être révélées et j’aurais aimé pouvoir les oublier, mais commençons par le commencement.
Il existe au monde des objets magiques dont la puissance dépasse celle de tous les autres. Crées par des dieux ou des demi dieux, ils renferment un pouvoir extraordinaire. Ton arc pourrait en faire partie Glorinfeld, c’est aussi le cas des lames de lune des plus grandes familles. Certains permettent de propager le bien autour d’eux, d’autres en revanche ont été forgés par des divinités maléfiques et corrompent toute personne les utilisant. Ma famille… en possède un.
Il y a quelques millénaires, une race d’homme découvrit les plus grands secrets de la magie : les nétherisses. Grands magiciens, ils étaient capables de construire des cités volantes, des champs de protection beaucoup plus puissants que les Mythals, mais aussi capable de lancer les sorts les plus destructeurs qui soient. La situation restaient néanmoins stable. En fragile équilibre peut être, mais ils avaient confiance que laisser leur magie couler librement pouvait détruire le monde. Jusqu’à ce qu’un des leur fut pris d’un rêve de grandeur. Il projeta de capturer l’essence de Myrtill, déesse de la magie, pour prendre sa place. Le résultat fut catastrophique. La quantité d’énergie magique était telle que la Toile se rompit, rendant la magie instable et provoquant la chute de l’empire Nétherisse. Il ne reste plus rien de leur gigantesque empire, si ce n’est des ruines dans le désert, et si ce n’est quelques objets magiques ayant survécu au cataclysme. Parmi eux, une main, celle de l’homme qui osa défier les dieux. Par un coup de chance, ou de malchance suivant les points de vue, elle fut retrouvée par mon ancêtre qui la ramena à Eternelle-rencontre. Mais, la savoir intacte créa toute sortes de réactions dans la cité. Certains voulaient la détruire, d’autres l’utiliser. Mais, elle est remplie d’une telle énergie que la détruire provoquerait une catastrophe sans pareil et risquerait de déchirer une nouvelle fois la toile. Alors, il fut conclut un accord terrible.
A ma famille fut confiée la garde de cet objet maudit. Puisque nous l’avions retrouvée, nous avions la charge de la préserver des elfes…et des hommes. Pour préserver le secret, le Haut Conseil décida de souiller le nom de notre famille. Nous fumes accusés des pires fautes : invoquer des démons, vénérer Shar, jusqu’à pratiquer des sacrifices humains.
La voix de Théranthil se durcit, mais il ne réussit pas à cacher totalement sa peine.
Tous ces mensonges n’avaient qu’un but : nous permettre de disparaître et de continuer une vie « normale » sous un autre nom. Mes aïeuls furent arrêtés, jugés et condamnés à mort devant le peuple elfe. La mise à mort fut un simulacre, mais suffit à abuser les esprits. Ils étaient désormais condamnés à vivre dans le déshonneur et à quitter l’île. Le nom de Leal’nemril, mon vrai nom, fut effacé des mémoires, des écrits et si il est parfois évoqué aujourd’hui, c’est à voix basse et sous cape, comme si l’on craignait d’invoquer la colère de la Seldarine en le prononçant.
La main fut cachée dans un endroit secret, protégée des sorts de divination. Avec furent enfermés les objets les plus puissant appartenant à mes ancêtres. Tous ces objets portaient le dessin d’une épée et d’un bâton entrecroisés devant un croissant de lune. Il les identifiait irrémédiablement comme appartenant à la famille Leal’nemril et nous ne pouvions par conséquent plus nous en servir. Le seul objet qui fut conservé est la ceinture que j’ai encore aujourd’hui.
Les premières années hors de l’île furent difficiles, mais la vie, même dans le déshonneur restait préférable à la mort. La ruse semblait avoir marché et ma famille, connue désormais sous le nom de Tir’rensen finit par s’installer à Lunargent, ville libre et multiraciale où les étrangers n’étaient pas considérés comme des pestiférés. Grâce à leur talent pour la confection de potions et d’objets magiques simples, ils menèrent une vie confortable.
C’est là bas que je suis né. J’ai grandi comme n’importe quel enfant, encore ignorant du lourd passé des miens. Et même après avoir appris mon véritable nom et le secret qui l’accompagnait, le danger semblait lointain et la vie continuait paisiblement.
Ce n’est qu’un soir que tout a de nouveau changé. La main étaient passée d’une génération à l’autre toujours dans le secret, mais, j’ignore toujours comment, des mages rouges ont réussi à savoir qu’elle existait toujours et que nous en étions les gardiens. Ils profitèrent d’une nuit pluvieuse, un peu comme celle ci, pour se téléporter chez nous. Ce fut mes grands parents qui les retinrent suffisament longtemps pour nous permettre de fuir. Plusieurs mages rouges moururent pendant le combat magique qui se déroula, mais ils avaient l’avantage du nombre et mes grands parents utilisèrent le peu de magie qui restait en eux pour mourir dignement et éviter la torture pour ne pas révéler le secret de la famille. Mais la ruse étaient éventée et ces humains avaient réussi à retrouver nos traces. Il n’existait plus d’endroit sûr désormais. Mais pour ne pas prendre plus de risque, nous primes la décision de nous séparer. Ce fut 2 jours avant mon 150ème anniversaire. Mon père gardait avec lui les deux objets qui servaient de clé pour le lieu où était cachée la main et avant de s’éloigner, il les lia à moi par un enchantement. Si il venait à mourir, ils seraient aussitôt téléportés jusqu’à moi.
Ce fut au petit matin que je dis adieu à mes parents. Je savais intérieurement que je ne les reverrais plus, mais nous avons fait semblant de prendre cela à la rigolade ; un « au revoir » qui avait des goûts de « on se reverra bientôt ». Je n’ai jamais été doué pour les adieu, alors je les ai raccourcis et je suis parti de mon côté. La dernière image que j’ai d’eux est celle de deux silhouettes se tenant par la taille et d’une main se levant en signe d’au revoir, juste avant que la route ne fasse un coude. J’ai erré quelques années, de village en village. Je pensais au hasard, mais en fait je savais déjà où je voulais aller. Des humains nous menaçaient toujours et pour vaincre un adversaire, il faut d’abord le comprendre. C’est ainsi que je cherchais un homme qui accepterait un apprenti. Je l’ai trouvé vivant reclus dans une maison aussi tordue que lui , surmontée d’un côté par un morceau de tour, comme si un bébé géant l’avait arrachée à un château fort pour la greffer ici, par jeu ou par curiosité.
Les années passées au service de cet homme furent sans doute les pires de ma vie. Même si je disposais déjà de plus de capacité magiques qu’un apprenti normal, il me força à effectuer les pires corvées et ne dispensait son savoir qu’au compte goutte. Malgré cela, c’est là bas que j’appris à utiliser les pouvoirs les plus sombres de la magie : la nécromancie, mais aussi les enchantements pour forcer quelqu’un à accomplir sa volonté. C’était un maître intraitable qui n’hésitait pas à m’utiliser comme exemple pour ses leçons.
Un frisson de terreur parcouru l’échine de l’elfe qui repris quand même son récit.
En contrepartie, j’apprenais vite, très vite, trop vite même. Sans m’en rendre compte, je commençais à apprécier cette magie. Je pense que je serais devenu aussi fou que lui si un matin je n’avais pas découvert dans mon étroite chambre la tiare et le bâton de mon père. La mort de mes parents fut un choc suffisant pour me faire retrouver la raison. J’ai sus que j’étais désormais seul, et en danger et sans un mot ni une explication, j’ai quitté ce vieux fou et suis retourné sur la route. Je pense qu’il a essayé de me rattraper, mais j’avais pris mes précautions et il n’a jamais réussi à retrouver ma trace. Cachant le bâton sous l’apparence d’un banal bâton de marche, j’ai repris mon errance, pensant qu’en me déplaçant sans cesse, je rendrais beaucoup plus difficile les recherches sur moi. Le cœur serré, j’avançais sans réfléchir, porté par mes jambes. La dernière vision des 2 elfes au loin sur la route agitant leur main en signe d’adieu me hantait et sans m’en rendre compte je suis instinctivement revenu à cet endroit où nous nous étions séparés et où je les avais vu pour la dernière fois. Je m’apprêtais à repartir lorsque j’ai aperçu la petite chapelle dédiée à Mystra. C’est là que mon père nous avait téléportés en fuyant Lunargent. M’avançant vers la pierre centrale qui faisait office d’autel, je fis quelque chose que je n’avais pas faite depuis des années : je me suis mis à genoux et j’ai prié. Plusieurs heures se sont écoulées alors que j’étais à genoux car lorsque je suis ressorti, le soleil se couchait déjà, mais une partie de ma peine avait pu s’échapper et je me sentais mieux. Ce moment de paix n’avait pas pour autant fait disparaître toutes mes inquiétudes et je savais les mages rouges capables de retrouver ma trace. Il existait pourtant un moyen et j’ai dirigé mes pas vers la ville de mes origines : le Joyaux du nord, Lunargent.
Le voyage fut long et éprouvant surtout avec l’hiver qui arrivait, mais attendre le printemps prochain aurait revenu à signer mon arrêt de mort. J’essayais d’user le moins possible ma magie pour ne pas attirer l’attention sûr moi. Fort heureusement, je croisais une caravane en retard qui se dépêchait de rejoindre la ville avant que les cols ne soient bloqués à cause de la neige. Il y a dans Lunargent, un grand temple dédié à Mystra et c’est la que je me rendis aussitôt après avoir franchi les portes de la ville. C’est avec le grand prêtre que je conclu au bout de deux jours un accord.
L'elfe se permit un petit sourire.
Evitez à tout prix de faire des affaires avec un prêtre, ce sont les pires négociants que je connaisse. Il acceptait de cacher mon identité de façon à ce que personne ne puisse plus faire le lien entre le descendant Leal’nemril et moi. En revanche, je devais abandonner une partie de mes connaissances magiques pour les céder au temple et à la place user du pouvoir que m’accordait Mystra pour la servir. De plus, l’enchantement risquait de se briser si je lançais un sort de puissant. J’ai pourtant accepté car c’était ma seule option.
J’ai passé l’hiver au temple, à apprendre ma nouvelle tache et à découvrir une déesse que je n’avais jamais réellement servie et lorsqu’au printemps, la fonte des neiges a enfin débouché les cols, je suis reparti sur les routes comme un apprenti magicien tout juste sorti des girons de son maître. Malgré tous mes malheurs, une nouvelle vie s’offrait à moi. Je n’avais pas encore 2 siècles et la plus grand partie de mon existence était encore à vivre. Le bâton et la tiare avaient pris l’apparence d’un bâton de marche et d’un simple bandeau. C’est quelques années plus tard que je rejoignis un étrange groupe : les gardiens des éthers.
Vous connaissez la suite. J'ai passé avec vous les années les plus heureuses de ma vie depuis mon enfance. J'y avais même trouvé l'amour jusqu'à une certaine nuit. Tout aurait pu bien se passer si l’enchantement qui me protégeait n’avait pas été dissipé. Les mages rouges ont retrouvé ma trace et je ne crois pas qu’ils me laisseront tranquille.
[HRP] Je suis tout à fait d'accord (Glo l'est également) [/HRP]
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