Beaucoup estiment le groupe culminer avec
master of puppets, puis entamer un long déclin qui les mènera jusqu'aux abysses de
load et
reload.
Ce commentaire est justifié, dans la mesure où les horsemen n'ont pas vraiment su innover ni dans la structure de leurs chansons, ni dans le son leur étant caractéristique (oui, moi aussi, j'ai monté des emg 81 sur ma poële à frire
), cependant que la hargne des débuts s'érodait irrémédiablement.
Les horsemen ne jouissent pas du statut de "classique" de la musique énervée pour rien. Leur compositions sont bétonnées, pour le meilleur et pour le pire. On pourra dire d'eux que le temps les a vraiment vaincus : incapable de faire le deuil de ce qui fit leur talent, sans pouvoir pour autant le renouveler à d'autres sources, coincés entre passé défunt et avenir introuvable, ils sont probablement condamnés à se dessécher jusqu'à la fin.
Le tournant, douloureux pour bien des fans, déjà latent dans le
black album, furent vraiment ces exécrables
load et
reload. Alors même que le métal trouvait un nouveau paradigme à travers des nouveaux tels
Korn, nos héros se cherchaient une nouvelle façade, à coups de ballades et d'airs lourds de palinodie ("forgive me mother", yeah). Où est ma basse slapée, où mes hurlements psychotiques, déchirés, sur le foutoir interne ("inside I was beating me", oh man) ? Vous vieillissez, les gars.
Le petit dernier n'est pas désagréable. Mais il laisse un arrière-goût défraîchi en bouche. Il suffit de regarder les illustrations ornant la pochette : c'est bien les vieux thèmes du metallica d'antan qu'on entend réactiver, à la sauce nouvelle. Idem pour la musique, plus dissonante, plus aventureuse, mais, à la fin, toujours autant prisonnière des vieux cadres, des vieux symboles. Qu'ils n'arrivent pas à s'évader d'eux-mêmes, peut-on leur en vouloir ?
Leur point culminant selon le humble moi est vraiment
master of puppets : infiniment plus complexe et plus subtil que les tâtonnements qui le précédèrent, porté par une énergie prodigieuse et une virtuosité maîtrisée, toutes les compos sont d'une puissance jouissive. Ils en arrivent même à faire oublier que ce n'est ni vraiment dépressif, ni vraiment dissonant. Fort, très fort...