L’appel de l’innocent…
Le cri de l’immaculé…
L’hurlement du chaste…
Leurs funestes chœurs formaient la Complainte du Changement… La Romance de l’Incertain… La Mélopée de la Mutation…
Le Feu purificateur finissait sa sainte besogne. Wulfenstburg n’était qu’un chant de ruine. Le Guerrier se tenait immobile, en silence devant la scène de Désolation. Son regard noir percevait des nuances que nul homme ne pouvait distinguer. La Terreur avait marqué son empreinte dans cette ville maudite… Les âmes vacillaient sous sa vue dans un effrayant ballet morbide.
Urhiël le Sans-cœur. C’était son nom.
Le Combattant se déplaça d’un pas las à travers les décombres de la Cité Impérial. Tout autour de lui, ses combattants se livraient aux pires sévices. Les viols ainsi que les pillages étaient incessant. Ses imposantes bottines foulaient les pavés où se mêlaient les cendres et le sang des vaincus. De vils murmures lui vociféraient d’abjects conseils…
Cette Cité était sienne. Le Dieu-Corbeau l’avait exigé.
Certaines de ses troupes commencèrent à entasser les esclaves dans les immondes chars à bétail. Les fouets claquèrent en se mélangeant avec les cris effrayés des captifs.
Urhiël constata avec agacement qu’il y avait beaucoup trop d’enfants parmi le cheptel des impures. Ils ne résisteraient jamais là où il comptait les emmener… Dans les Régions Chaotiques. Le Guerrier à l’armure infernal avait besoin de mains-d’œuvre résistantes pour mener à bien La Grande Host. De ce fait, les enfants étaient inutiles.
-Contremaître Tellysse… siffla t’il d’une voix où se mêlait plusieurs intonation
-Seigneur ? Répondît-elle en tirant une révérence exagérée
Tellysse était la cultiste la plus puissante de sa cohorte. Certainement pas la plus fidèle mais son savoir et son talent pour les discours était un atout précieux pour faire respecter l’autorité d’Urhiël. Les défis et les tentatives de renversement étaient monnaie courante dans les Légions Chaotiques. Et certains des ses Guerriers avaient les dents longues… Trop longues
-Les enfants sont inutiles pour la Grande Host. Confie-les à Milthiade, il saura quoi faire.
Milthiade, son principal rival et son général le plus compétent. Un Elu tout comme lui. Un Guerrier d’exception qui alliait une maîtrise magique impressionnante et un sens tactique effroyable.
-Hum, Maître Urhiël, sans oser remettre en doute vos Ordres, ne croyez vous pas que ces chers chérubins feraient une magnifique offrande pour le Roi-Sorcier Malekith. Notre Alliance avec les Elfes Noirs est encore fragile, cela constituerait une par…
Le Sans-Cœur leva doucement la main. La Cultiste se mît à geindre doucement dans une plainte d’agonie. Elle sentît du sang couler délicatement de ses yeux alors que des centaines de voix l’assaillirent lui susurrant des menaces immondes… Une infecte bile noirâtre sortie de sa gorge dans un gargouillement pitoyable.
-Je me contre-fiche de tes états d’âmes ou de tes conseils cultiste. Sache que je ne tolérais plus aucune insubordination de ta part. Ton prochain manque de discipline se soldera par les tortures éternelles du Dieu-Corbeau. Me suis-je fait comprendre stupide parjure ?
Tellysse avala difficilement sa salive… Sa gorge était rêche et du liquide putride coulaient le long de ses seins nus.
-Ex..Excusez moi mon Seigneur… Ca n’arrivera plus.
-Bien. Trouve Milthiade. Et ordonne-lui de nous débarrasser de ses enfants.
La Cultiste se courba grotesquement cherchant à fuir le regard effroyable d’Urhiël.
Le Guerrier remonta doucement la longue file d’esclave silencieusement. Son plan se déroulait parfaitement, comme lui avait prédit
Änyrtölthfian le Grand Démon. Car les Lymbes du Destin appartenaient qu’à un Seul Dieu… Le Dieu Corbeau… Le Gr…
Un crachat ensanglanté s’écrasa contre le casque difforme d’Urhiël.
-Meurs ! Toi ainsi que toute ton abominable engeance ! Hurla un homme dont l’accoutrement le désignait comme un Prêtre de Sigmar.
Le Sans-cœur s’arrêta et se dirigea doucement vers l’insensé.
-Mourir ? Moi ? Pauvre fou… Ne comprend tu pas que je suis immortel, béni par le Grand Dieu Corbeau ? Demanda-t-il d’une voix grave, terrifiante où se mêlaient insidieusement plusieurs menaces à la fois.
-Je sers Sigmar le Pur ! Mes frères ! Mes Sœurs ! Ne nous céderons pas à la Peur ! Car elle mène inexorablement à la Faiblesse ! Et c’est de la Faiblesse que naît l’Hérésie !! Cria le prêtre.
-Nous nous batt… Sa phrase n’était plus qu’une complainte inaudible.
L’homme se sentit doucement décoller du sol. Puis les voix se mirent à parler… doucement d’abord… Elles disaient inlassablement les mêmes choses mais en changeant minutieusement de ton… Puis elles devinrent plus fortes… Elles se mirent à crier…
Si fort que le prête ne s’entendit même pas hurler.
Urhiël regarda l’homme beugler de terreur. Il cracha un sang épais alors qu’un infâme tentacule lui crevait les yeux. Son corps fût pris de multiples convulsions si violente que ses os se brisèrent un par un dans un craquement effroyable. Sa peau se déchira en plusieurs endroits laissant couler son sang sur les pavés de la Cité en feu. Puis le tentacule déchira le corps en deux dans une gerbe rougeâtre recouvrant l’armure du Guerrier d’un liquide chaud et visqueux.
Les seuls bruits qui transpercèrent la quiétude morbide fût des pleurs de femmes.
-Voila ce qui arrive quand on défie les volontés insondable du Dieu-Corbeau païens ! Dît le Sans-Cœur d’une voix forte.
Les esclaves baissèrent les yeux, apeurés et se remirent doucement en marche. Beaucoup pleurèrent en silence mais certaines mères devinrent hystérique, hurlant et se débattant pour savoir où se trouvait leurs enfants.
L’Host quitta doucement la ville en ruine.
Urhiël aperçut Milthiade. Celui-ci baissa doucement la tête en signe d’acquiescement.
Alors le Guerrier se retourna vers la Cité en flamme. En son centre se trouvait les corps sans vie de dizaines d’enfants.
Leurs visages étaient calmes…
Mais leurs yeux exprimaient une terreur insondable.
Ils étaient disposés de façon à former le signe du Dieu-Corbeau, le grand Tzeentch.
Car l’arme du Changement n’est ni le Sévice Slaaneshi… Ni le Carnage des Berzek de Khorne.
Encore moins la putréfaction des sbires de Nurgle.
Non l’arme du Changement est la Terreur. La Terreur de voir ses enfants arrachés à la vie. La Terreur de voir les habitudes s’écrouler. La Terreur de voir les Royaumes s’éteindre.
Urhiël sourit derrière son casque. Les premiers hurlements terrifiés s’élevèrent du troupeau d’esclaves.
Leurs funestes chœurs formaient la Complainte du Changement… La Romance de l’Incertain… La Mélopée de la Mutation…