[Allons au Cinema] Le silence de Lorna

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Partons pour un message sur mon gros coup de coeur de la semaine :

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Le silence de Lorna (des frères Dardenne - 2008)

L'histoire, en deux mots, sans rien dévoiler :

Pour devenir propriétaire d'un snack avec son amoureux Sokol, Lorna, jeune femme albanaise vivant en Belgique, est devenue la complice de la machination de Fabio, un homme du milieu. Fabio lui a organisé un faux mariage avec Claudy pour qu'elle obtienne la nationalité belge et épouse ensuite un mafieux russe prêt à payer beaucoup pour devenir belge. Pour que ce deuxième mariage se fasse rapidement, Fabio a prévu de tuer Claudy. Lorna gardera-t-elle le silence ? (source : allociné.fr)

Mon avis : non seulement la réalisation est redoutable, les acteurs impeccables, l'histoire est prenante, mais le fond est tout aussi bon. Pour moi, un très beau film sur la condition féminine, mais les choses sont bien faites, et tout est laissé au silence de Lorna.

D'où le titre.

J'ai fait ce message pour recueillir les impressions et les interprétations de ceux qui l'ont vu, et pour vous conseiller, voir vous motiver, d'aller voir ce film prenant du début à la fin.

Difficile de causer du nouveau Dardenne sans parler de ce que leur filmographie aura bien pu avoir comme impacte au fil des années sur ma petite personne. Parce qu'aller voir un de leur film, quel qu'il soit, n'est pas anodin, du tout. Chaque instant, chaque parole, voir chaque non évènement s'accompagne d'une forte pression sur ma poitrine. Tout cela est bien trop beau, bien trop mené, bien trop bouleversant pour ne pas ressentir la compression du peu d'air qu'il restait encore en moi. Ainsi je peux dire que voir un de leur film est à chaque fois une folle épreuve émotive. J'en sors toujours essoufflé.

Ceci étant dit, vous vous douterez qu'une fois de plus ce nouveau long métrage ne m'aura pas épargné. Ses qualités sont légions, et je ne vous ferai pas l'affront de les énumérer ici. Parlons plutôt des quelques petites nouveautés formelles.

Ces messieurs ont pour habitude de ne jamais utiliser de musique, ni de filmer autrement qu'a l'épaule, et encore moins de taper dans le surréalisme. Et pourtant cette fois, oui. Si le changement n'est pas frappant du premier abord, il est bel et bien présent. Il pénètre le film comme l'eau la terre. Quelque chose de progressif pour une évidence finale qui fini par faire germer cette petite idée nouvelle, ce champs grammatical jusqu'à lors inexploré.

Il m'est difficile de vous en parler sans révéler quelques secrets de l'histoire. Mais quand pour la première fois en plusieurs films vous vous retrouvez face à une scène accompagnée d'une petite musique ne provenant pas d'une chaîne hi-fi, radio, orchestre ou je ne sais quoi d'autre, vous voila bien déstabilisé. Pour les amateurs de mots nous voila face à une musique extradiégétique et non plus diégétique, parait-il. Rompre un tel dogme n'est pas anodin de sens, surtout quand il est accompagné par d'autres ruptures. Et si je comprends bien l'effet et le sens je reste pourtant désappointé. Avec ce final, pour la première fois leur cinéma n'est plus seulement sensitif, il s'intellectualise.

Si je me suis régalé, j'espère pourtant que cela ne marquera pas un virage futur trop prononcé. J'espère manquer d'air pour encore quelques années.
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