Les orphelins d'Ubersreik

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Introduction

Il est, en chacun de nous, de bien sombres souvenirs qui sont parfois impossibles à oublier. Des souvenirs parfois fugaces, mais persistants et traumatisants. Nous possédons tous nos côtés sombres, parfois liés à ces souvenirs, parfois inexplicables. Quelques fois, ce côté sombre peut prendre le pas sur soi, sur sa personnalité première. Bien souvent, lorsque ce côté sombre est dominant, il prend une forme courante, explicite, facilement reconnaissable aux yeux de la société. Mais d’autres fois, il est voilé, faussé, apparent sous une autre forme, moins évidente, mais peut-être plus dangereuse encore. Rares sont les gens qui se pensent mauvais, et bien plus rares sont ceux qui s’en déclarent ouvertement. Nous pensons, pour beaucoup d’entre nous, être bons, avec nos mauvais penchants, certes, mais fondamentalement bon.
Cependant, la nuance entre le bien et le mal est parfois bien plus infime qu’il n’y parait...


Chapitre I

Il faisait beau, tellement beau. Une telle journée était rare dans la région de la petite ville minière de Ubersreik. Les rayons du soleil réchauffaient le visage pâle de Paula. Friedrich et elle étaient comblés, assis tous les deux dans l’herbe du champ près de la mine. Leur fils aîné, Hiork, allait avoir 7 ans et promettait déjà d’être un bon mineur étant donné sa robustesse physique. Leur second fils, Duncan, venait d’avoir 4 ans et enchantait la petite fille par sa gaieté et ses pitreries. Un troisième enfant allait bientôt venir, très bientôt. Une fille espéraient-ils. La vie était certes pénible, la travail dans la mine étant des plus harassant, mais ils étaient en paix et se réjouissaient de leur modeste vie, honnête et humble.
C’est alors qu’ils arrivèrent, en plein cœur de ce magnifique après-midi d’été. Les prêtres et répurgateurs d’Altdorf. Que venaient-ils faire ici, à Ubersreik ? La ville avait déjà ses prêtres et même un contingent de Templiers de Sigmar. On ne connaissait que très peu de troubles à Ubersreik, les communautés naines et humaines vivant en parfaite harmonie depuis de décennies. Alors pourquoi étaient ils là ? Pourquoi des répurgateurs ?
Ils s’installèrent en dehors des murs de la ville. Rapidement, des tentes blafardes furent dressées, moins d’une dizaine. Deux acolytes étaient sortis de ces tentes, un prêtre-guerrier et un répurgateur. Ils s’étaient rendus en ville, dans les différents commerces, auberges et tavernes et ils avaient posé beaucoup de questions, des questions concernant les religions. Puis ils étaient repartis dans leurs tentes.
Le lendemain, Paula et Friedrich avaient croisé un répurgateur à l’entrée de la mine. Il n’avait rien dit, se contentant d’observer d’un œil inquisiteur tous ceux qui entraient et sortaient de la mine. Il leur avait donné froid dans le dos.
Le surlendemain, ils étaient partout : dans les tavernes, les auberges, sur la place du marché, partout. Impossible d’échapper à leurs regards dans cette petite ville. Mais que voulaient-ils ? C’était la question qui revenait sans cesse dans les discutions des foyers. Certains parlaient d’hérétiques, d’autres de sorciers. Au bout de quelques jours, toute la populace connaissait enfin le motif de leur venue : le Chaos. Ce mot était à présent sur toutes les lèvres. Ils étaient chargés de mener une enquête sur la ville et ses habitants, car des pratiques blasphématoires y auraient été observées par quelque informateur.
Au début, les habitants furent surpris par cette nouvelle. Ils n’avaient jamais entendu parler de pratiques autres que les différents cultes tolérés, comme celui de Sigmar ou d’Ulric. Mais petit à petit, des rumeurs commencèrent à circuler, rumeurs qui s’amplifièrent et se déformèrent en passant d’une bouche à l’autre. Rumeurs qui ne tardèrent pas à arriver aux oreilles des inquisiteurs. L’une de ces rumeurs disaient qu’un couple, les Vonsmann, adepte de Ulric, pourrait en fait vénérer une toute autre divinité, bien plus sombre et vile que le dieu guerrier...
***

Bom ! Bom ! Bom ! Deuxième fois qu’ils tapaient à la porte et que personne ne répondait.
« Ouvrez ! » Bom ! Bom ! Bom !
« Au nom de Sigmar ouvrez nous avons à parler ! »
Friedrich ne tint plus, il se leva de sa chaise et commença à se diriger vers la porte. Paula lui attrapa nerveusement le bras.
« N’ouvre pas ! Tu sais ce qu’on dit en ville ! Tu sais ce qu’ils pensent de nous ! » Friedrich s’arrêta quelques instants, sans oser regarder sa femme.
« Je sais, » dit-il simplement. Il se dégagea de l’étreinte de sa femme et posa sa main sur la poignée de la porte. Lentement, il fit tourner la clé et ouvrit la porte. Deux répurgateurs et trois prêtre-guerriers lui firent face, la mine sévère.
« Friedrich Vonsmann ? Veuillez nous suivre sans opposer de résistance ainsi que votre femme et vos enfants. » Sans attendre de réponse, celui qui avait parlé - un répurgateur – pénétra dans la pièce pendant que deux prêtre-guerriers entraînaient sans ménagement le père de famille. Paula se campa fermement devant ses deux garçons, le regard effrayé mais déterminé.
« Que nous voulez vous ? Qu’allez vous faire à mes enfants ? » Le répurgateur qui était rentré sourit sinistrement.
« Nous allons seulement vous poser quelques questions, ainsi qu’à vos enfants. » Il se dirigea lentement vers Paula après avoir fait un signe de tête au prêtre-guerrier restant. La main sur la garde d’une épée courte, il s’accroupit en fit signe aux enfants d’approcher, souriant de toutes ses dents malsaines.
« Approchez les enfants, n’ayez donc pas peur. Nous allons parler vous et moi, vous me raconterez des histoires, j’adore les histoires... »
Le prêtre-guerrier s’empara de Paula qui se mit en hurler en se débattant. Le répurgateur fit une moue dégoûtée et signala d’un geste de la main un ordre au prêtre-guerrier qui emporta la jeune femme au dehors. Les enfants ne purent voir le violent coup au crâne qu’elle reçut de la part du second répurgateur.
« Bien, allons du calme les enfants, assez-vous à présent. Ca ne devrait pas durer bien longtemps, je veux seulement vous parler. » Sa voix était étrangement douce, contrastant avec son aspect terrifiant et son visage couturé de cicatrices. Il alla fermer la porte de la maison et vint s’asseoir près des enfants. Il leur posa beaucoup de questions, des questions simples, aisément compréhensibles, essentiellement sur leur vie, leurs habitudes, les habitudes de leurs parents.
Après une heure de discussion, le répurgateur sortit de la maison, le visage sombre, mais paraissant étonnamment satisfait. Il se dirigea à vive allure vers son campement et alla trouver Heinrich von Keurher, le responsable des prêtre-guerriers. Celui-ci sortait justement d’une tente. Ses vêtements étaient tachetés de sang.
« Alors Wizenslas, quelles nouvelles de votre côté ? »
« Je pense que nous les tenons mon père. Les enfants m’ont décrit d’étranges rites religieux pratiqués par les parents. Ils disent prier Ulric, mais les rites semblent bien plus ténébreux. »
« De toute façon, ils se sont un jour détournés de Sigmar. Ils ont avoué, après quelques questions...incisives. »
Le répurgateur sourit. Il conaissait bien les méthodes du prêtre, ils avaient voyagé souvent ensemble pour des affaires similaires. Les hérétiques ne méritaient aucune pitié. Prôner un autre culte que celui de Sigmar était contestable lorsqu’il s’agissait du culte d’Ulric. Quand il s’agissait du Chaos, cela était impardonnable.
« Tant que j’y pense, prenez quelques hommes et dispersez moi donc ces imbéciles ! » Il désigna de la main la ville. Wizenslas se retourna et s’aperçu alors que de nombreux villageois s’étaient regroupés non loin du campement. Ils ont certainement été alertés par les cris.
Le répurgateur fit signe à deux prêtre-guerriers de l’accompagner et il se dirigea de mauvaise grâce vers la foule. Une pensée le réconforta alors. Avant demain soir, des hérétiques seraient brûlés...
J'ai bien aimé. J'abonde dans le même sens que Lahili : l'ambiance "Empire" est bien rendue.

Ca fait froid dans le dos le comportement de ces salopards

Une seule critique cependant ; ça manque de barbes et de bières!
__________________
"Frapper un Brisefer, c’est comme frapper une enclume. Tu as plus de chance de déformer ton arme que de le faire bouger… et que les cieux te gardent d’en croiser un...."
- Le Haut Roi Thorgrim le Rancunier
Citation :
Publié par Ragar
J'ai bien aimé. J'abonde dans le même sens que Lahili : l'ambiance "Empire" est bien rendue.

Ca fait froid dans le dos le comportement de ces salopards

Une seule critique cependant ; ça manque de barbes et de bières!
Lol, oui je sais mais ça va venir!^^

Merci pour tous ces compliments ça fait plaisir et donne envi de continuer

PS : les critiques servent aussi!
Citation :
Publié par Hiork Vonsmann
Merci pour tous ces compliments ça fait plaisir et donne envi de continuer.
PS : les critiques servent aussi!
Mais continue, continue... On demande que ça ; seulement ne te dépèche pas, fait ça à ton rythme, il ne faudrait pas bâcler cela pour assouvir l'appétit de tes fans

Pour les critiques, ben à part quelques petites fautes d'orthographe, y'a rien à redire, c'est un chouette texte, vraiment.
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"Frapper un Brisefer, c’est comme frapper une enclume. Tu as plus de chance de déformer ton arme que de le faire bouger… et que les cieux te gardent d’en croiser un...."
- Le Haut Roi Thorgrim le Rancunier
***

Heinrich retira le mouchoir de devant son visage. L’odeur de chair brûlée l’avait toujours dérangé et même après tant d’offices il ne parvenait pas à la supporter. Il avait même développé une théorie selon laquelle si les corps des suppliciés puaient autant, c’était une raison évidente de leur culpabilité : seul une engeance du démon pouvait empester ainsi.
Il poussa rudement un des novices près de lui en lui criant ses ordres à travers ses lèvres pincées de dégoût.
- Au travail imbécile ! Allez tous, remuez vous donc ! Nous avons d’autres âmes à ramener dans le chemin et la route est longue !
- Oui mon père, répondit le jeune homme en s’avançant vers les cendres encore fumantes d’un pair terrifié.

Les hommes du Prêtre-Guerrier s’affairèrent, et rapidement la populace fut dispersée et une stèle implantée à l’endroit même où avaient péris brûlés Paula et Friedrich Vonsmann, les « Infidèles d'Ubersreik ». Sur la stèle dressées à la hâte on pouvait lire : Dans les flammes, ils ont retrouvé la Lumière.
Des messages d'avertissement furent placardés sur de nombreux panneaux et autres support d'affichage de la ville avec interdiction de les ôter sous peine de réception de châtiment divin. Ubersreik servirait d'exemple dans la région qui, bien que peu peuplée, pouvait servir nid à la corruption.
Heinrich von Keurher fit un bref discours, venta les mérites du bûcher purificateur et menaça la population de subir le même sort que le funeste couple si des offices n'étaient pas pratiqués régulièrement. Il était un des plus zélés serviteurs de l'Église Sigmarite, et bien que ses méthodes fussent contestables, rares étaient ceux qui osaient les dénoncer ouvertement, le Prêtre-Guerrier jouissant d'une certaine influence dans les hautes sphères cléricales.

Wizenslas vint chercher le prêtre peu avant leur départ, avec lui les deux enfants rescapés de la purification. La troupe Sigmarite avait déjà brûlé des enfants, corrompus par le Chaos ou suspectés de l'être, mais après entretien avec les prêtres et répurgateurs, Hiork et Duncan avaient été déclarés « aptes à vivre ». Les deux enfants étaient néanmoins en piteux états. Le plus jeune, Duncan, ne cessait de pleurer et gémir en appelant ses parents d'une faible voix, tandis que Hiork le maintenait contre lui comme pour le réconforter mais il avait le regard hagard perdu dans le vague.
-Qu'est ce qu'on fait de ces deux là mon père?
Le prêtre les examina longuement, avec un dégoût non dissimulé. Il les tâtonna, les souleva comme pour les peser, leur ôta leurs vêtements et jaugea leur anatomie. Finalement, il se détourna des enfants pour se remettre à ranger ses affaires.
-Qu'un proche s'occupe d'eux. Si il refuse vous savez quoi faire.
-J'ai déjà cherché mon père, ils ont pas de parents semble-t-il. Aparemment, ils sont originaires de régions plus au sud et ils étaient seuls ici. Ce qui expliquerait d'ailleurs leur penchant pour le Mal.
Le Prêtre-Guerrier intima l'ordre de se taire au Répurgateur d'un geste de la main méprisant. Il saisit Duncan par ses cheveux châtains virant sur le roux.
-Que voudriez vous faire de ces rats? Regardez le celui là, il ne soulèverait pas un seau d'eau. Il sera faible, je l'affirme.
Le rejetant violemment en arrière, il saisit Hiork de la même façon par ses sombres cheveux bouclés.
-On prendrait celui-ci pour un Tiléen, voire même un des antiques habitants d'Arabie. Il est plus robuste néanmoins.
Le garçon se débattit et cracha sur la robe du prêtre, qui lui asséna un violent coup de pied botté dans l'estomac. Hiork tomba à genoux, suffoquant, et Duncan, gémissant et pleurant, vint l'enlacer fraternellement. Heinrich le saisit, le gifla et l'écarta de Hiork, à qui il donna une nouvelle bourrade au creux des côtés. L'enfant étouffa un cri et se roula sur le côté en se tenant son flanc meurtri.Un affreux sourire déforma le visage du clerc.
-Il a l'air robuste! Peut être pourrait on en faire quelque chose Wizenslas. Nous le prenons, relâchez l'autre.
Hiork se leva avec peine et se dirigea vers son petit frère. Il avait tellement hurlé pendant le meurtre de ses parents que Hiork en gardait encore un échos en lui, comme si ce cri désespéré combiné à ceux de ses parents suppliciés ne voulaient plus cesser de hanter son esprit. Lui n'avait pas crié, non pas qu'il se soit retenu, mais il était trop choqué pour avoir eu la moindre réaction.
-Je n'irai nulle part sans Duncan, lança-t-il au Prêtre-Guerrier.
Le Répurgateur le saisit au collet et le hissa jusqu'à son visage. Hiork pouvait sentir son haleine fétide passer à travers ce sourire de dents crasseuses.
-Tu veux parier petit?
Hiork le griffa au visage, lui faisant lâcher prise. En retombant, il se saisit d'une petite dague d'ornement posée sur un coffre du prêtre et, amenant Duncan à lui, la brandit bras tendu.
-Je vous déteste! Laissez nous! Vous touchez pas à mon frère! Vous touchez pas à mon frère! Laissez n...
Sa phrase fut interrompu par le poing ganté du répurgateur furieux. Hiork perdit conscience et s'écroula sur le sol.
-Saloperie va! Faut les crever mon père, ils sont corrompus!
-Non Wizenslas, pas ceux-là.
Il ramassa la dague et la rangea dans le coffre, puis il regarda avec attention l'enfant inconscient. Il désigna le petit Duncan du doigt.
-Vous vous occuperez de celui-ci jusqu'à ce que nous soyons à Altdorf. Je veux le plus grand, il est intéressant, et si pour qu'il n'obéisse je dois garder ce freluquet en vie avec nous je le ferai.
-Mais qu'est ce que vous voulez en faire mon père? Je veux pas d'un gosse de cultiste moi!
-Nous nous débarrasserons de celui-là dès que possible! Peut être intéressera-t-il quelqu'un à la Capitale. Mais l'aîné pourrait bien servir Sigmar une fois purifié et éduqué. Je ne sais pas Wizenslas, je ressens quelque chose autour de cet enfant, de la foi semble émaner de lui pour ainsi dire. Je ferai ce qu'il faut pour être sur qu'il ne sera pas une menace en grandissant.
Il le regarda à nouveau un instant, le visage grave et empli d'incompréhension, puis il secoua la tête, comme quelqu'un émergeant d'un rêve éveillé et il recommença à s'affairer.
-Bien, vous avez vos ordres Wizenslas, je ne vous retiens pas. Vérifiez aussi que tout le monde soit prêt à partir dans moins d'une heure.
-Oui mon père.

Le répurgateur s'inclina et emporta les deux enfants avec lui, laissant seul le prêtre dans sa tente luxueusement aménagée.
Je ne dois pas briser cet enfant si je veux qu'il me serve. Que s'est-il passé? J'ai vu en lui, par Sigmar j'ai vu en lui! Tu me serviras jeune Hiork, et tu serviras Sigmar.
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