On fuit la peste au 3 rue DeLavette.

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Lui (inquiet): Chéri.. Tu sais quand le téléphone a sonné tout à l'heure ?

LuiBis (captivé par son programme télé):
Hmm ?

Lui: Eh bah, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle..

Luibis: Mais encore ?

Lui: La bonne, c'est qu'on n'est plus obligé d'aller manger chez ta mère dimanche prochain.

Luibis: Cool. Et la mauvaise ?

Lui: C'est parce qu'elle est morte.





Allez mes agneaux, soyez créatifs.
(Le but est de continuer l'histoire. Je me suis dit que les homos/bis devaient pas être laissés en reste. On m'a dit "fais une scène de la vie quotidienne", j'ai décidé de faire quelque chose d'extraordinaire. N'hésitez pas à jouer sur les clichés etc, nous sommes là pour ça.)
Lui 2, quittant du regard la télévision : Mais de quoi est-elle morte ?

Lui 1: De chagrin.

Lui 2
, surpris : Mais la semaine dernière encore ... non, ce n'est pas possible. J'entends son rire cascader en me racontant le mariage raté de ma cousine Sophie.

Lui 1 : On lui a dit.

Lui 2
: On lui a dit quoi ?

Lui 1
: Pour nous.

Lui 2 : Eh bien ?!

Lui 1 : Que nous n'étions pas seulement collocataires.

Lui 2 : Où est le mal si, de surcroît, nous nous entendons à merveille ?

Lui 1 : C'est que ... nous dormons ensemble, nous couchons dans le même lit.

Lui 2
: Cela nous libère une pièce pour ton bureau et les amis de passage.

Lui 1 : Tu ne te rends pas compte ? Ce qui arrive certaines nuit quand ... tu sais ... j'entre en toi ou toi en moi. Cela ne se fait pas.

Lui 2 : Mais cela nous fait plaisir !

Lui 1 : Ce plaisir a tué ta mère.
LuiBis : Bon, ça fait 8 fois que tu me fais le coup de cette blague vaseuse, change un peu de disque. Puis tu sais que je n'aime pas cela, ça porte malheur.

Lui : Bah, elle, elle souhaiterait bien que je crève. Toujours à faire de remarques sur mon hygiène intime. Oser me demander si cela ne fuit pas à la longue et si je mets des tampax !

LuiBis : Ne sois pas méchant. Elle a lu cela dans un magazine pour les vieux.

Lui : Sont gores, les magazines pour les vieux, de nos jours. Comme ton copain Albert, d'ailleurs.

LuiBis rougit.
Lui2 : Voyons, tu exagères toujours tout. On ne peut raisonnablement pas mourir de chagrin. Ne disais-tu pas qu'elle avait quelques problèmes pécuniers ?

Lui1 : Oui en effet mais..

Lui2 : Et bien voila, elle est sûrement morte de tracasseries financières !

Lui1 : Mais enfin nous..

Lui2 : Tu n'es pas le dernier à savoir combien l'administration sait être assassine.

Lui1 : Tu dis cela pour te déculpabiliser, parce que nous.. enfin, toi et moi c'est.. notre faute..

Lui2 : Je ne vois aucune raison de se sentir coupable. Du reste, rassure toi, nous faisons lit commun, prenons nos douches ensemble, partageons nos sous-vêtements, autant de petites économies qui nous mettent à l'abri des ennuis financiers ! Ta maman est morte de manière bien sotte, mais nous en sommes loin.

Lui1 : Oh je savais que c'était une erreur le jour où nous nous sommes mis en ménage tous deux, Rudolph m'avait prévenu que tu avais un cœur de pierre et que tu n'assumais pas du tout ta sexualité, que cela nous poserait rapidement problème et que.. sanglote.. que bien vite tout ça me rendrait malheureux..

Lui2 : Rudolph, ton copain PD ?

Lui1 : Et bien oui, Rudo..

Lui2 : C'est un con.

Lui1 : Comment ça, un con ?

Lui2 : Et bien oui, il est PD. Tu ne devrais pas fricoter avec ces gens, ils sont de la mauvaise espèce. De plus, je ne vois pas comment un homme qui porte les sous-vêtement de sa propre mère serait en mesure de te donner des conseils sur la manière de gérer notre collocation.
Lui1: Tu n'es bon qu'à rabbacher cette sotte histoire. Il ne l'a fait qu'une fois. Oserais-tu prétendre que tu n'as jamais essayé ?

Lui2: Oui, je le revendique même, il existe une différence entre Michou, Steevy et Anakin Skywalker.

Lui1: Mais.. Il n'est pas gay Anakin.

Lui2: Ne change pas de sujet.

Lui1: Mais..

Lui2: Chut. Tout ça pour te dire que ce sont des gens comme ton ami "Rudo" qui stygmatisent notre communauté.

Lui1: Rien que le fait que tu nous définisses comme une communauté prouve que tu ne nous considères pas comme n'importe qui.

Lui2: C'est faux. C'est une façon de nous..

Lui1: Distinguer ? Mettre à part ? Isoler ? Reconnaître ?

Lui2: Assez. Si tu n'es pas content, va pleurer dans les jupes de ta "Môman" qui t'a élevé comme une tarlouze digne de la cage aux folles.

Lui1: Si tu ne te tais pas tu vas vite aller t'expliquer avec elle en face à face, sache-le.

Lui2: Je ne te le conseille pas.

Lui1: Et pourquoi ?

Lui2: Je n'ai pas payé l'assurance vie.

Lui1: Damned, il avait tout prévu.
Un temps.

Lui 2
: Allons, faisons la paix. Cette querelle est absurde.

Lui 1 : Oui.

Il se lève.

Lui 2 : Pourquoi nous déchirer si la vie est courte, les journées sont longues et les boxer-shorts moulants ?

Lui 1 : Chaque jour, chaque heure, nous approchons d'un pied tremblant le trépas. Chaque moment où je tourne la tête, il se pourrait bien que tu ne sois plus là.

Lui 2
: Soudain, j'ai peur. Serre-moi dans tes bras.

Lui 1 s'approche et l'enlace.

Lui 1
: Comme il est bon de te sentir palpiter entre mes bras qu'aucune musculation ne vient sculpter alors que ton corps s'abandonne, je le sens.

Lui 2 : J'ai toujours aimé ton odeur. Je ne parle pas de ton parfum, je l'ai choisi. Non, cela qu'exhale ta peau.

Lui 1
: Ta joie, je la sens.

Lui 2
: Non, c'est mon couteau.
Lui1 : Un couteau ? Mais diable, pourquoi faire ?

Lui2 : Une envie de découper le gigot.

Lui1 : Un gigot ? Oh nous recevons ce soir et tu m'en fais la surprise. Je vais aller mettre la table et je..

Ammorce un mouvement pour se libérer de l'étreinte

Lui2 : chhhh.. du calme, nous avons tout le temps. Ne bouge pas, reste sage, la viande n'en sera que plus tendre.

Lui1 : Tu as raison, prenons le temps. Sert moi fort, encore.

Lui2 : Avec plaisir mon petit agneau.
On entend la minuterie du four annoncer la fin de la cuisson du gigot

Lui2 : Tiens, ça sonne.

Lui1 : La cuisson doit-être bonne. Je vais voir. (Il va voir, ouvre et revient) Non, ce n'est pas prêt.

Lui2 : En ce qui concerne ta mère, écoute voir cette autre explication..

Sonnette

Lui2 : Tiens, ça sonne.

Lui1 : La cuisson doit-être bonne. Je vais voir. (Il va voir, ouvre et revient) Non, ce n'est pas prêt.

Lui2, qui a oublié où il en est : Heu..

Lui1 : Tu disais avoir une autre explication concernant le décès de maman.

Lui2 : Ah oui..

Sonnette

Lui2 : Tiens, ça sonne.

Lui1 : Je ne vais plus regarder.

Lui2 : Mais ça doit-être prêt !

Lui1 : La première fois, ce n'était pas prêt. La deuxième, non plus. Pourquoi crois-tu que ce serait prêt maintenant ?

Lui2 : Mais parce que ça a sonné !

Lui1 : Ce n'est pas une raison.

Lui2 : Comment ? Quand on entend la minuterie du four sonner, c'est que la cuisson est terminée.

Lui1 : Pas toujours, tu as bien vu tout à l'heure !

Lui2 : La plupart du temps, si.

Lui1 : Et cette autre explication ?

Lui2 : Hum ? Ah oui, celle concernant le décès de ta mère.

Lui1 : Oui. Je t'écoute.

Lui2 : Je ne m'en souviens plus.

Lui1 : C'est malin !

Silence planant

Lui1 : Tu ne trouves pas qu'il y a comme une odeur de cramé ?

lui2 : Ah, pourquoi ? Tu as mis quelque chose au four ?





(Gardons les bonnes habitudes et pardon Ionesco)
Lui 1: Un gigot d'agneau, je crois.

Lui 2: Oui.

Lui 1: C'est bon, l'agneau. L'amour.

Lui 2: Il dit "oui".

Lui 1: Mais il est mort, l'agneau. Et le gigot, il a brûlé.

Lui 2: Comme les morts de Calcutta.

Lui 1: Cette odeur de fleur.

Lui 2: La lèpre.

Lui 1: Et ma mère ?

Un temps.

Lui 2: Je pense que ta mère est morte de la lèpre.

Lui 1: C'est peu probable.

Lui 2: Qu'en sais-tu ? Tu es médecin ?

Lui 1: Non mais elle habitait la Sarthe.

Lui 2: Les chances de contracter la lèpre ne sont pas nulles dans la Sarthe.

Lui 1: J'ai l'impression que tu me caches quelque chose. Tu cherches à gagner du temps.

Il s'approche de l'autre.

Lui 2: J'ai une révélation à te faire.

Lui 1: Fais.

Lui 2: Je suis amoureux.

Lui 1: De moi ?

Lui 2: Pas vraiment.

Lui 1: D'un garçon qui me ressemble ?

Lui 2: Pas vraiment.

Lui 1: Mais alors ? Ne me dis pas ...

Lui 2: Ta mère ...

On entend une musique triste venue de la rue. On imagine un mendiant jouant à l'orgue de Barbarie; un chimpanzé en salopette juché sur son épaule tend une sébile.
Lui1 : Ma mère ?

Lui2 : Ta mère..

Lui1 : Ma mère ?

Lui2 : Ta mère..

Lui1 : Ma mère ?

Lui2 : Ta mère..

Lui1 et Lui2 battent la mesure avec le pied

Lui1 : Merdre, de par ma chandelle verte, ne me dis pas que toi et ma mère..

Lui2 : Et si..

Lui1 : Non !

Lui2 : Et si..

Lui1 : Non !

Lui2 : Mais ce n'est pas tout.
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