Je sais pas si j'aime vraiment ces pinaillages , mais comme je suis faible je participe quand même.
Le monde de Tolkien est bien un monde manichéen, pas au sens où les Bons naissent gentils et vivent gentils sans jamais se rapprocher des Méchants pourris jusqu'à la moëlle (ça c'est une déformation tellement étroite qu'elle en devient effectivement inutile), mais au sens où il y a bien deux principes qui s'opposent dans le monde et au sein de chaque individu.
Dans une lettre que je vous traduirais un jour tellement c'est brillant comme analyse littéraire, Tolkien appelle le passage de la Lumière aux Ténèbres la Chute.
Tout individu (et en particulier les Elfes, dont on parle plus longuement et qui sont plus puissants
donc plus exposés selon le principe "plus dure sera la chute") déchoit lorsqu'il confond puissance et pouvoir (comparez Gandalf et Saroumane), lorsqu'il préfère la possession à la création (Morgoth ne veut que diriger un peuple, et pour cela il doit briser les Elfes pour en faire des Orcs, alors qu'Aulë ne voulait que créer un peuple à aimer, pas à diriger, et cette humilité plaît à Illuvatar) lorsqu'il croît avoir un droit sur sa création alors que la Beauté appartient à tous (Feänor est l'incarnation de cette Chute)...
On peut naviguer entre les deux côtés (sinon c'est encore de la caricature, ce que refusait effectivement Tolkien
d'ailleurs cette caricature est chrétienne, et Tolkien refusait absolument toute analogie chrétienne dans son oeuvre, comme quoi tout ça est d'une cohérence géniale), mais chaque action effectuée de chaque côté est irrémédiablement bonne ou mauvaise.
Un auteur cynique aurait pu faire que la pitié de Bilbon n'engendre que le Mal, et que Gollum triomphe de Frodon. Mais non, en ultime analyse, la pitié est récompensée pas un dénouement heureux : sans Gollum, l'Anneau n'aurait pas été détruit.
Hurin maudit par Morgoth, et qui ne voit que sa douleur, amène la fin de Gondolin, les insultes et la violence jusqu'au coeur de Menegroth, mais sitôt libéré par Melian il retrouve l'humilité, la gratitude et l'amour...
Le manichéisme, celui qui a un sens du moins, c'est ça, et c'est tout à fait l'esprit de l'oeuvre de Tolkien.
PS 1 : j'ai retrouvé où j'avais lu ça : la lettre dont je parle est publiée en intro de la VO du Silmarillion.
PS 2 : cette vision est explicite dans le Livre 2 du SdA, lorsque Galadriel se demande comment on peut appeler d'un même nom ("magie") les artifices des Ténèbres et les enchantements de la Lumière. Les uns servent à tromper, à dominer, à corrompre, les autres à protéger, à soigner ou à révéler.
Et puis pour pas être complètement HS, j'ai voté pour l'ambiance du film.

Je suis pas prêt à payer 15 €/mois juste pour balader un tas de pixels dans un plus gros tas de pixel, et je trouve que Jackson à trouvé un bon compromis entre l'action (et l'action c'est important dans un jeu, parce que LotRO reste un MMOG) et les mystères des Terres du Milieu.
Si je joue, je passerai pas du temps à pêcher dans le Brandevin, mais je rêve de pouvoir rien qu'une fois lancer mon guerrier nain à l'assaut d'Orthanc aux côtés des Gardiens des Arbres... Et tant pis si c'est pas ça qu'il y a marqué dans le bouquin. Dans le bouquin il y en a que 9 qui s'amusent et voient du pays !