(roman) Sur la piste du Chasseurs

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Voilà le début d'un texte que en construction. Pour vous résumer, un groupe d'aventuriers de l'Alliance va se retrouver impliqué (suite à une simple affaire de drogue ) dans un complot mené par tous les plus grands bandits des Royaumes de l'Est. Ceci étant à la recherche d'une puissante relique, nos amis les héros vont se faire trimballer d'Elwyn jusqu'à Kallimdor, tout ça avec bien sûr de bonnes tripotées dans des bars mal famés.

Bonne lecture

PS : désolé je n'arrive pas à agrandir l'écriture j'essayerais de trouver un moyen plus tard.




Sur la piste du Chasseur

Prologue
Ce n'était pas une ville, à peine un bourg, quelques maisons au milieu de nulle part. Sa seule défense consistait en quelques pieux acérés disposés en rond autour de ses habitations, et quelques gardes à moitié endormis ; assez pour éloigner les loups, mais une bien maigre protection contre un groupe de cavaliers. Goldshire avait tout du havre de paix. Facile à piller.

La silhouette sur son étalon contemplait avec raideur la fumée d'une dizaine de cheminées qui s'élevait avec paresse, droite dans l'air glacial de ce début de matinée. Ses habits étaient blancs pour se fondre dans le paysage neigeux, mais ses yeux noirs brûlaient avec ferveur dans son visage émacié. Il décroisa ses mains du pommeau de la selle. Les chevaux derrière lui soufflèrent doucement en secouant leur mors.
Ils étaient vingt sur cette colline. Vingt hommes aguerris, au visage sombre et à l'expression fermée. Ils portaient tous plusieurs manteaux de peau de bête qui leur donnaient une épaisseur comique, mais il n'y avait rien de drôle dans leur regard. Les souffles givraient dans les barbes et sur les visages alors qu'ils portaient la main à leur épée.

L'un d'eux fit avancer sa monture de quelques pas pour se retrouver à la même hauteur que son seigneur. La neige crissait doucement sous les sabots de sa jument.
"L'aube arrive. Que fait-on ?"
"Allez-y, Smetash. Mettez le feu aux cabanes, et tuez-les tous."
Le seigneur avait une voix douce, le frottement du velours contre le métal. Aucune expression ne transparaissait alors qu'il levait sa main en visière contre les premiers rayons du soleil et vérifiait de nouveau que rien ne bougeait en contrebas.
Smetash resta un instant immobile. Malgré les apparences, il était encore jeune. Son visage glabre souffrait particulièrement du froid, et il avait remonté le col de son manteau jusqu'à ne plus laisser entrevoir que ses yeux.
"Vous voulez dire… les femmes et les enfants aussi ?"
Quelques rires éclatèrent derrière lui et il rougit furieusement. Cela ne faisait que deux semaines qu'il était monté dans le nord et il s'était promis de ne pas se faire remarquer. Pourquoi avait-il posé cette question ?
Le seigneur fit volter son cheval jusqu'à se trouver presque nez à nez avec le jeune homme.
"Je veux dire: particulièrement les femmes et les enfants."
"On peut se débrouiller sans toi si tu ne t'en sens pas capable" grogna un cavalier.
Les ricanements redoublèrent. Smetash serra les rênes jusqu'à ce que ses mains le brûlent.
"Je demandais juste pour être sûr, c'est tout. Pour être sûr."

Le seigneur se détourna comme s'il n'avait jamais douté de la réponse. Un signe de sa main et les torches furent allumées. Un autre et le petit groupe se lança au trot en direction du village. Alors qu'ils se trouvaient à quelques encablures de la palissade, un cri résonna dans l'air brumeux, puis une trompe se mit à sonner. Trop tard, semblait dire son chant grave et lancinant. Les chevaux passèrent au galop et parcoururent les dernières encâblures en quelques foulées. La neige explosa en poudre sous les sabots haineux.
Puis les soldats pénétrèrent dans le village.

Smetash eut à peine le temps de jeter sa torche sur un toit de mauvaise paille et de tirer son épée que déjà la bataille commençait. Les villageois s'étaient fait réveiller en sursaut, mais ils commençaient à s'organiser. L'incrédulité se le disputait à la fureur sur leur visage peinturluré alors qu'ils sortaient un à un des cahutes en flammes.
"Pour Bertholdton !" hurla Smetash en abattant sa lame sur le dos non protégé de l'un d'entre eux.
La lame déchira les muscles et s'enfonça de plusieurs pouces le long de la colonne vertébrale. Smetash dégagea son épée d'un mouvement circulaire. Le garde poussa un cri rauque avant de plier les genoux et de tomber de côté. Smetash poussa un cri d'exultation. Il sentait le sang lui battre les tempes. Sa salive avait un goût de métal. Fébrilement, il chercha un nouvel adversaire.

Un homme avançait vers lui, nu sous le froid mordant. Il n'avait pas pris la peine de s'habiller mais une lourde hache à double tranchants reposait dans ses mains et son regard était furieux. Il se jeta sur le jeune soldat dans un bond puissant. La hache siffla, et des étincelles jaillirent alors que les deux armes se rencontrèrent. Smetash grogna sous la force de l'impact. Il fit reculer son cheval d'une pression sur les rênes puis revint lui-même à l'assaut. Son coup d'estoc fit reculer le barbare mais le manqua d'un cheveu. Il se remit en position juste à temps pour recevoir sur la garde de son épée l'attaque qui aurait dû lui trancher la jambe. La violence du coup le déséquilibra une seconde, et son adversaire en profita pour avancer sa main et lui saisir le pied. D'un geste ample, l'homme lui fit vider les étriers.
Smetash heurta le sol avec un grognement de douleur. Il roula instinctivement de côté puis se releva, les jambes flageolantes. Tout d'un coup, cela ne semblait plus aussi drôle. Secouant la tête pour s'éclaircir l'esprit, il se remit en garde au moment où la hache s'abattait sur son crâne. Il dévia le fer de justesse. Sa main tremblait.

Un rapide regard circulaire lui apprit qu'il n'y avait pas d'aide à attendre autour de lui. Ses compagnons se battaient mieux que lui et tous étaient encore en selle, mais il semblait bien qu'ils avaient sous-estimé le nombre de combattants que ce village pouvait contenir. A moins qu'ils ne soient tombés dans une embuscade, raisonna Smetash. Mais dans ce cas, les villageois auraient probablement été mieux organisés pour les repousser. Non, cela devait être une coïncidence. De toute façon, ces fichus gars du nord se reproduisaient comme des lapins.
"Je vais te saigner !" siffla-t-il entre deux halètements. "Je vais te trancher ta sale petite tête. Qu'est-ce que tu dis de ça, hein ?"
Le villageois ne répondit pas. Il économisait son souffle, le regard concentré. L'homme leva sa hache… puis l'abaissa soudain. Une expression d'incrédulité envahit ses traits. Il ouvrit la bouche pour parler, la referma et s'effondra comme une masse.
Derrière lui, le seigneur dégagea son épée d'un mouvement souple. Il avait mis pied à terre et ses habits blancs étaient totalement couverts de sang. Pourtant, il ne semblait pas arborer la moindre blessure.
"Merci.." balbutia Smetash.

Il ne parvenait pas à déterminer quelle émotion prédominait, le soulagement ou la honte. Son bras l'élançait et son cœur battait trop rapidement à son goût. Il prit une grande inspiration, tâchant de se calmer. Le sang continuait de battre à ses tempes; c'en était presque douloureux.
Autour de lui, le combat était presque terminé. Les corps des paysans et des quelques soldats jonchaient le sol et la neige se repaissait de leur sang fumant. Une odeur de mort et d'excrément collait au village. Les maisons brûlaient joyeusement et la chaleur des flammes s'enroulait autour des bourrasques glaciales en un scintillement de lumière. Les femmes sortaient en criant de leurs demeures, tenant le plus souvent un ou plusieurs enfants dans les bras. Elles hurlaient comme des possédées. Certaines s'effondraient sur le corps de celui qui avait été leur mari. D'autres tentaient de fuir, mais les cavaliers étaient bien plus rapides. Le sol n'était plus qu'un bourbier carmin. Smetash déglutit.
"On a gagné ?" balbutia-t-il.
Le Seigneur hocha la tête. Même au plus fort du combat, il avait gardé une expression d'ennui profond.
"Evidemment. Même si je ne m’attendait pas à une telle résistance de la part de ces chiens de campagne, il faut dire que les défenses ont étées bien renforcées depuis notre dernière balade dans la forêt d’Elwyn ! Ha ! Ha ! Bien, il est temps de rentrer. Retrouve ton cheval, et…"
"Attention !" hurla Smetash.
Il faisait face à la maison en flammes, et pourtant il ne vit sortir les barbares qu'au dernier moment tellement ils s'étaient fondus dans l'épaisse fumée qui envahissait le village. Ils étaient quatre et avaient bien pris le temps de boucler leur armure. Ils portaient la sigle typique de l'Alliance, ainsi que le casque à ailerons qui les définissait comme des "grands combattants d'honneur". Ils tenaient leur hache dans les deux mains à la manière des terribles Orcs. Leurs yeux étaient révulsés.

Le seigneur pivota sur lui-même avec la grâce d'une ballerine et interposa son épée. Le premier guerrier écarquilla les yeux de surprise en constatant que malgré toute sa force il ne parvenait pas à faire bouger le fer de son adversaire ; il conserva cette expression stupéfaite lorsque la lame de son ennemi se dégagea et vint lui perforer la gorge. Le seigneur recula d'un pas. Parfaitement en équilibre, il esquiva un coup de hache et envoya son coude dans la figure de son ennemi. Le nez de l'homme craqua sous l'impact . Il hurla de douleur. Puis son cri se noya dans le sang et il tomba, le cœur perforé. Les deux autres se bousculèrent pour profiter du court moment où leur ennemi dégagerait sa lame. Déjouant leurs attentes, le seigneur lâcha son épée. Il était beaucoup trop rapide pour le lent mouvement de la hache et rentra dans la garde du troisième garde sans sembler accomplir le moindre effort. D'un geste fluide, il porta un coup de paume au menton de l'homme puis le frappa de la pointe du pied aux parties génitales. Smetash n'était que spectateur, mais il poussa pourtant un gémissement sourd en imaginant les dégâts.
Le dernier resta les bras ballants. Il recula même d'un pas lorsque le seigneur récupéra son épée en souriant tendrement. Mais c'était un brave, ou un crétin. Il se jeta en avant dans une vaillante tentative et ses imprécations se perdirent dans un gargouillis de sang lorsque l'épée glissa sous une écaille pour le transpercer de part en part. Il glissa au sol. Ses yeux refusaient de quitter ceux de son assassin.
"N'gash Naal…" murmura-t-il.
Le seigneur retira son épée et l'homme mourut sans plus de difficulté. Le combat n'avait pas duré plus de dix battements de cœur. Smetash referma lentement la bouche qu'il avait gardée ouverte.
"Vous les avez…"
"Ces imbéciles ont tout de même une langue fascinante" observa le seigneur. Il ne paraissait même pas essoufflé. "Que crois-tu qu'il ait voulu me dire par N'gash quelque chose ?"
"Je… ne sais pas" balbutia Smetash.
"Non, évidemment. Tu ne sais pas. Bien, comme je le disais avant d'être interrompu, essaie de retrouver ton cheval. Il a dû fuir ce brasier, tu devrais le retrouver non loin de la ville." Le Seigneur jeta un regard autour de lui. Tous ses hommes avaient déjà fui l'endroit. "Rejoins les autres. Nous n'avons plus rien à faire ici."

Smetash hocha la tête, muet. Il s'échappa de la fournaise avant que les premières planches ne s'effondrent et commença à tituber dans la neige épaisse. Le Seigneur avait vu juste. Son cheval n'était pas loin, la robe vaguement roussie mais l'air en parfaite santé. Comme dans un rêve, il mit le pied à l'étrier et sauta en selle pour rejoindre les autres.
Le petit groupe observa le village se consumer dans un silence religieux. Une trentaine de barbares avaient péri là bas, avec toute leur famille. C'était un magnifique bûcher funéraire. Une grande victoire. Pourtant, Smetash ne pouvait s'empêcher de sentir une certaine gêne.
"Est-ce qu'on avait vraiment besoin de faire ça ?" murmura-t-il. "De tuer tout le monde et d'incendier leur maison, je veux dire. Leurs femmes et leurs enfants n'avaient rien à voir ici. Nous sommes recherchés maintenant recherchés dans tous le royaume, des affiches sont placardées de Stormwind à Strangleronce. N’en avons-nous pas assez fait ? »
Le compagnon à qui il parlait haussa vaguement les épaules.
"Tu t'y habitueras. On s'habitue à tout, dans cet enfer. Il suffit de penser qu'ils ne sont pas humains, si ça peut t'aider. Ce sont des animaux."
Smetash hocha lentement la tête. Pour sa part, il savait qu'il dormirait mal cette nuit.
Il jeta un œil vers celui qu'ils suivaient tous. Rien qu'un homme, et pourtant tellement plus à la fois. Maintenant, légèrement en avant sur son étalon, le seigneur contemplait pensivement les flammes qui dévoraient le village. Peut-être éprouvait-il du regret ? Des scrupules ? Qui pouvait le savoir ? Pour un instant, rien qu'un, Smetash désira pouvoir lire dans son esprit.

Il aurait été très surpris de ce qu'il y aurait trouvé. Se grattant le menton d'un doigt rugueux, le seigneur avait déjà banni de son esprit le massacre qu'il venait d'organiser. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus de cauchemars. Plus ce genre-là, en tout cas.
Non, il pensait à sa fille, probablement la seule personne qui ait jamais compté pour lui. Il espérait que le Baron, leur chef à tous, tiendrait sa promesse, et qu'elle aurait une meilleure vie que celle qu'il menait lui-même. Qu'elle deviendrait une baronne, une duchesse, quelque chose de bien. Elle le méritait, sa petite gamine.
"Rentrons !" fit-il brutalement.
La fumée lui piquait les yeux.
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___...---> Chim on you, Chim for eternity <---...___
Euh désolé j'édite j'ai posté deux fois le même message (en attendant qu'un gentil modérateur supprime le post )
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Voilà la suite de l'histoire, et oui c'est un pavé pour un premier chapitre, mais je sais pas comment lancer l'histoire "-.-



Chapitre I





Ce n'était pas une nuit à mettre un garde dehors.
Il faisait froid, il faisait sombre, et une petite pluie fine tombait depuis près de deux heures,. C'était le genre d'humidité oppressante qui pénétrait les vêtements, trempait les pourpoints et glaçait la peau. L'épaisse cuirasse de mailles ne faisait rien pour arranger les choses.. C'était le genre de temps qui faisait regretter à Revor d'avoir rejoint la garde.
Grognant de dépit, il finit par poser de côté la pipe qu'il essayait de garder allumée depuis plusieurs minutes. Cela faisait la troisième fois qu'il jouait de son briquet à silex, et il commençait à se dire que le jeu n'en valait pas la chandelle. Le temps qu'il passait à tenter de préserver la flamme fragile de la pluie et du vent était autant de temps pendant lequel il ne pouvait réchauffer ses mains devant la chaleur de son brasero.

Le bruit assourdi d'une cloche sonna dans le lointain, et Revor resserra plus fermement les pans de sa cape contre lui. Douze coups. Il était minuit. L’une des deux lunes sœurs baignait la façade nord de Stormwind, tandis que l’autre, dissimulée par les nuages indigos, laissait le mur du sud noir comme de la poudre ; ce qui effrayait quelque peu Revor qui était cette nuit-là posté au mur sud.
"L'heure des démons et des farfadets" murmura-t-il, désabusé.
Cela faisait longtemps qu'il ne croyait plus à ces contes pour enfants, bien sûr, mais le son guttural de la cloche et l'obscurité intense qui envahissait la cité n'étaient pas particulièrement rassurantes. Machinalement, Revor s'empara de la lance qu'il avait posée contre le mur, et éprouva d'un doigt calleux le tranchant de la pointe. Des démons ! Des farfadets ! C'était ridicule !
Lorsque les ténèbres s'écartèrent et que la forme sombre apparut devant lui, comme surgie de nulle part, il étouffa un cri de terreur et recula instinctivement le buste, manquant renverser le brasero. La forme se pencha vers lui? puis éclata de rire.
"Du calme, Revor. Ca n'est que moi !"

Le nouveau venu rabattit la capuche qui couvrait son visage et le protégeait du froid, et le vent s'engouffra aussitôt dans les mèches brunes qu'il venait de dévoiler. Le garde resta un instant bouche ouverte, puis se détendit enfin.
"Mais qu'est-ce que tu fais ici à cette heure, petit ? La nuit est sombre et froide, et tu serais mieux dans ton lit !"
Malek grimaça, avant de lever les yeux vers la haute muraille qui les dominait. Une lumière unique brillait à la plus haute fenêtre, la seule étoile visible dans ce ciel nuageux.
"Je sais, mais il faut que je voie Maître Semos"
"Maintenant ?" Le garde souleva son casque pour se gratter le crâne. "Il doit déjà être au lit, pour sûr. C'est vraiment important ?"
"J'ai vu de la lumière chez lui. Il est encore debout. Et il faut que je le voie tout de suite"

Revor se mordit la lèvre inférieure, comme toujours lorsqu'il réfléchissait. Cela faisait plus de dix ans qu'il travaillait à Stormwind. Bien sûr, par des nuits comme celle-ci, il était pris de quelques regrets mais, au final, ça restait un bon emploi, bien payé et confortable. Il n'avait aucune intention de le perdre.
Le capitaine lui avait dit de garder la porte de la tour. Normalement, personne n 'était autorisé à rentrer à cette heure. Mais d'un autre côté? d'un autre côté, il connaissait bien ces fils de nobles, vaniteux et arrogants, capables de faire et de défaire les carrières. Il les avait vus braver tous les interdits, convaincus, avec l'arrogance de leur jeunesse, que le simple fait d'être bien né leur permettait tous les excès. Et il s'était vite rendu compte que la meilleure manière de vivre sans ennuis était encore de ne pas se mettre en travers de leur chemin, capitaine ou pas capitaine. Prenant sa décision, il s'effaça pour laisser entrer le jeune homme.

"Si on me reproche de te laisser passer, tu parleras en ma faveur, eh, petit ?"
Malek sourit froidement.
"Si tu ne m'avais pas laissé passer, j'aurais parlé en ta défaveur."
Revor grommela une obscénité alors que le jeune noble disparaissait dans l'obscurité de l'escalier en colimaçon de la tour est.

Malek jeta un dernier regard en arrière, avant d'étouffer un soupir et de commencer à monter. Il n'aurait pas dû se montrer aussi agressif avec le garde. Mais c'était plus fort que lui. Il ne supportait pas de se faire appeler "petit", comme lorsqu'il avait dix ans. Il en avait dix-sept, maintenant !
La montée était longue et pénible. Pour distraire son esprit de la confrontation à venir, il entreprit de compter les marches. Il était arrivé à cent soixante-trois lorsqu'il parvint enfin sur le dernier palier, transpirant malgré la fraîcheur de la nuit. Un rai de lumière filtrait toujours sous la porte de la chambre.
Malek prit une grande inspiration, autant pour compenser l'effort qu'il venait de fournir que pour rassembler son courage. Machinalement, il vérifia que sa cape tombait correctement et que son pourpoint était propre. Enfin prêt, il frappa.
Quelques bruits de feuilles tournées lui répondirent, puis une voix sèche:
"Entrez"
Il poussa la porte.

Il n'était jamais monté ici jusqu'à présent, et il avait bien souvent imaginé le confort et le luxe dont pouvait profiter le célèbre Maître de la Garde du Roi aussi réputée que celle de Musheim. La réalité était, en un sens, décevante.
C'était une petite pièce, basse de plafond et mal éclairée. Deux chaises, un lit, un bureau, deux coffres, une cheminée, et une hallebarde ancienne accrochée au mur. La seule concession au confort était le fauteuil profond et rembourré de plumes dans lequel Semos s'installait pour travailler. Il n'y avait pas grand chose à voir et Malek ne pouvait retarder le moment plus longtemps. Prenant son courage à deux mains, il leva les yeux vers le visage du maître des lieux.
"Tiens, tiens. Qui voilà ?" susurra Semos sans même lever la tête de ses papiers.. "Quelle plaisante surprise"
"Je souhaiterais vous parler"
"Je m'en doute. Tu n'es pas venu ici au beau milieu de la nuit pour me regarder travailler." Semos fronça les sourcils. "Qui est de garde, en bas ? Revor, non ? Cet abruti ne changera donc jamais.
"Il ne voulait pas me laisser passer" fit loyalement Malek. "C'est moi qui l'ai forcé"
Semos se pencha en avant.
"Forcé, vraiment ? Je devrais mieux choisir mes gardes. S'ils cèdent aux caprices d'un gamin de quinze ans, je n'ose imaginer ce qu'ils feront face à une menace véritable."
"J'ai dix-huit ans" protesta Malek, furieux.
"Quinze, dix-huit, cela importe peu. J'avais donné des consignes pour qu'on ne me dérange pas" Il soupira. "Mais laissons cela. Si tu es ici, je suppose que c'est important. Un verre de vin ?"
Malek se lécha les lèvres. L'émotion lui asséchait la gorge, et il acquiesça sombrement. Semos fouilla quelques secondes dans le coffre le plus proche de lui, et se redressa avec une bouteille et deux gobelets entre les mains.
"Tu as bien fait de venir, finalement, mon garçon" gloussa-t-il. "Quelles que soient tes raisons, ça me fera une pause inattendue. Ces problèmes me rendent fou !"
"Quels problèmes ?"
"Oh, rien qui puisse te concerner. C'est simplement difficile de tenir un budget, ces derniers temps. Mais tu n'es pas venu ici pour m'entendre radoter. Que voulais-tu me dire ?"

Malek déglutit. Masquant son expression derrière son verre, il entreprit de siroter lentement le vin pour rassembler ses pensées. L'alcool était un peu trop corsé à son goût, mais rafraîchissant.
"Je voudrais savoir à quoi riment les consignes que vous avez fait passer" finit-il par dire.
"Oh ?" Semos haussa un sourcil. "Quelles consignes ?"
"Vous le savez très bien !" rugit Malek. "Les consignes sur Deria ! Vous faites planer un secret absurde sur sa mort ! Pourquoi est-ce que personne n 'a le droit d'en parler ? Pourquoi est-ce que la cité n'est pas parée des couleurs de deuil ?" Il grimaça. "Le drapeau du royaume n'est pas en berne. Les grilles sont ouvertes comme si de rien n'était. Il n'y a aucune cérémonie, aucun enterrement. Pourquoi est-ce que vous faites ça ? Elle ne mérite pas un peu de considération ?"

Semos attendit patiemment que le jeune homme ait fini. Si la violence des mots le surprenait, il n'en montrait aucun signe.
"Ca y est, tu as fini, mon garçon ?"
"Non, je n'ai pas fini !" cracha Malek. "Sa famille n'a même pas été prévenue ! Vous ne croyez pas qu'elle a le droit d'être au courant ? A quoi jouez-vous ?"
Cette fois-ci, le maître haussa un sourcil. Une ride se creusa sur son front..
"Comment sais-tu ça ?"
Le jeune homme haussa les épaules.
"Je me suis renseigné au pigeonnier. Pas un seul message n'est parti depuis la semaine dernière. Et votre clerc n'a écrit aucune lettre en direction de sa famille." Il eut un sourire amer. "Je suis allé le voir en lui demandant de rajouter mes condoléances dans sa missive, et vous savez ce qu'il m'a répondu ?"
Semos soupira.
"Qu'il n'y avait pas eu de lettre du tout, je suppose ?"
"Exactement ! Alors, à quoi jouez-vous ? Comment osez-vous diminuer ainsi le souvenir de Deria ? C'est à croire qu'elle n'a jamais existé, pour vous ?"
Malek s'interrompit alors qu'un bruit sourd et répété venait déranger son discours. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que Semos tambourinait nerveusement des doigts sur la table.
"Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles, Malek" grommela enfin le maître. "Sache simplement que j'agis pour le mieux de la ville. Que crois-tu ? Que nous ne sommes de vils Morts-Vivants qui dévorent les cadavres de leurs défunts ? De toute manière, saches que je n'ai pas l'habitude de discuter de mes décisions avec un simple étudiant, Malek"
"Alors changez vos habitudes !" gronda Malek.
Semos fronça les sourcils, et son expression se durcit..
"Je veux bien être patient avec toi, mon garçon, mais tu ne me rends pas les choses faciles. Nous allons mettre tout cela sur le compte de l'émotion. Rentre chez toi, va dormir, et j'oublierai ce que tu viens de dire"
"Mais?"
"Va dormir, je t'ai dit. Le sujet est clos."
"Je?"
"Suffit !" trancha Semos. "Tu peux descendre seul, ou tu peux le faire entre deux gardes. C'est ton choix, mais fais-le vite. J'ai encore du travail, et il est très tard"
Malek resta un instant immobile, le visage rouge de confusion et de colère. Puis, sans un mot, il tourna les talons.
"Sage décision" siffla la voix derrière lui.

Malek était furieux contre lui-même alors qu'il descendait les escaliers quatre à quatre. Stupide, il avait été stupide. Il s'était pourtant promis d'être diplomate. Sa naissance impressionnait peut-être les gardes et les marchands, mais Semos était au moins aussi bien né, et infiniment plus puissant. C'était une erreur que de le provoquer de front ainsi.
Le jeune homme soupira. C'était facile de se le dire maintenant, alors qu'il n'était plus dans la petite chambre et qu'il pouvait rassembler ses pensées. Mais, là-haut, il s'était senti envahi par la colère devant l'apparent mépris qu'affichait le maître de la Garde vis-à-vis de la mort de la jeune fille. Par le souffle et le sang, il n'avait pas même paru ému ! Comme si cette mort ne l'affectait en rien ! Malek serra les poings. Pour sa part, la nouvelle l'avait dévasté.

Les filles n'avaient jamais été insensibles à son charme, et il en avait connu de nombreuses, les embrassant doucement sous la lune, ou les ramenant sous la chaleur de ses couvertures. Mais jamais il n'avait connu une fille comme Deria. Encore plus brillante et arrogante que lui, vive d'esprit, tour à tour sarcastique et ironique, et surtout tellement belle, tellement pleine de vie ! Et maintenant, elle était morte. Aussi facilement que cela. Elle avait paru immortelle, et une lame dans le ventre lui avait démontré le contraire. La seule fille digne de lui qu'il ait jamais rencontré, et il avait fallu qu'on la lui enlève.
"Ca s'est si mal passé que ça, eh ?" fit Revor, plein de sollicitude.
"Occupe-toi de ton brasero" grogna Malek, essuyant ses larmes d'un revers de main rageur.
"Moi, ce que j'en disais" murmura le garde, haussant les épaules.

Malek se haïssait d'avoir répondu avec brutalité, mais il ne se sentait pas dans le bon état d'esprit pour faire des politesses. D'un pas lourd, il traversa de nouveau la cour, trébuchant contre un mannequin d'entraînement et étouffant une bordée de jurons.

Deria était morte, et non seulement personne n'enquêtait sur sa mort, mais encore tout le monde faisait comme si elle n'avait jamais existé. Le pire avait été lorsqu'on lui avait solennellement remis la statuette de récompense de Première Lame qu'avait reçue Deria. Maître Semos avait même prononcé un petit discours pour affirmer à quel point il était fier de Malek, et à quel point il était rare que quelqu'un remporte trois années de suite ce titre prestigieux. Malek avait eu envie de lui crier dessus, de lui hurler qu'il n'avait rien remporté du tout, qu'il s'était fait battre à plate couture par une fille, par une jolie fille aux cheveux blonds, aux yeux rieurs et à l'épée meurtrière.
Malek n'avait pas l'habitude de se sentir impuissant, et pourtant il semblait n'y avoir rien à faire. C'était extrêmement frustrant. Le jeune homme aurait aimé pouvoir se raccrocher au souvenir de Deria, mais même cela lui était refusé. Toutes ses possessions avaient été récupérées, sa chambre réattribuée, et sa servante affectée à quelqu'un d'autre. Il y avait quelque chose de réellement étrange là-dessous, et le jeune homme ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Pourquoi souhaitait-on tellement garder cette mort secrète ?

Le jeune homme sourit. Il n'allait pas rester ainsi à se morfondre. Si Semos croyait qu'il allait se laisser abattre pour si peu, le réveil serait dur ! On ne le mettait pas au courant des raisons de cette décision ? Très bien ! Alors, il n'y avait aucune raison qu'il obéisse. Il hésita un instant sur la marche à suivre puis, à grands pas, se dirigea vers l'aile de service.

Tout le monde dormait, à cette heure-ci, mais les portes n'étaient pas fermées à clef. Il n'y avait rien à voler par ici, ou si peu. Le garde de faction sourit de toutes ses dents en voyant le jeune homme pousser la porte.
"Venu faire une petite visite nocturne ? Je n'ai rien vu, rien entendu, bien sûr"
Malek remonta le pan de son manteau pour ne pas que le rouge qui lui montait aux joues soit visible à la lueur du brasero. Evidemment, il aurait dû s'en douter. Pourquoi aller dans ce bâtiment en pleine nuit, sinon pour aller chercher une jolie servante sur qui on avait jeté son dévolu ? Malek sourit. En un certain sens, c'est ce qu'il venait faire.

Les couloirs étaient sombres et silencieux. Le jeune homme hésita un instant dans l'embrasure d'une porte, et soupira doucement. Il était ridicule. Il ne connaissait absolument pas ces quartiers, comment pouvait-il espérer un seul instant trouver une servante particulière parmi la centaine de domestiques qui dormaient ici ?
Son pouls s'accéléra alors qu'il reconnaissait soudain l'une des formes endormies près de l'âtre. Shareen était enroulée dans sa couverture jusqu'à ce que seule la tête dépasse, et elle ronflait doucement. Avec soin, il s'introduisit dans la pièce, prenant garde à ne heurter personne du pied. Il était inconfortablement conscient du bruit de ses bottes sur le dallage et du frottement de son fourreau contre sa jambe. Une fille grogna dans son sommeil et se tourna dans l'autre sens.

Malek resta un instant immobile, la sueur lui coulant dans les yeux. C'était une peur irraisonnée, car il avait parfaitement le droit d'être là. Mais il devrait fournir des explications, et la perspective ne l'enchantait guère. Doucement, il s'accroupit aux côtés de Shareen, et posa fermement sa main sur sa bouche.
"Chhhht" murmura-t-il alors qu'elle se réveillait en sursaut. Il porta son autre main à ses lèvres pour lui faire signe de ne pas parler. Elle le regarda, incrédule alors qu'elle le reconnaissait enfin. "Viens" fit-il encore plus bas, se penchant pour que sa bouche soit au niveau de son oreille. Elle hésita un instant puis, lorsqu'il retira sa main, hocha la tête et se leva.
Silencieusement, ils sortirent de la chambre. Malek gémit intérieurement alors que sa botte heurtait une côte. La jeune fille grogna et ouvrit les yeux. Le garçon se raidit en prévision du hurlement qui allait suivre, mais la servante se contenta de regarder Shareen et lui, un demi-sourire aux lèvres. Puis elle haussa les épaules et se retourna pour se rendormir. Malek respira de nouveau.
"Viens" répéta-t-il à voix basse. Docilement, Shareen suivit.
"Bon choix" ricana le garde alors qu'ils ressortaient.
"Tiens ta langue" siffla Malek, gêné. Il aurait aimé passer totalement inaperçu, mais c'était la seule porte. Enfin dans la cour, il poussa un soupir de soulagement.
"Qu'est-ce que… qu'est-ce qu'il se passe ?" balbutia Shareen, s'accrochant désespérément à son bras. "Pourquoi est-ce que tu m'as demandé de venir ?"
Il plongea son regard dans ses yeux, et se dégagea d'une bourrade.
"J'ai besoin de quelques informations. Toi seule peut me les donner. Il faut qu'on discute"
Shareen bailla sans pouvoir s'en empêcher.
"Quoi ? Maintenant ?" bredouilla-t-elle.
"Non, demain. C'est pour ça que j'ai pris la peine de te réveiller en pleine nuit" grinça Malek. "Bon. Tu discutais beaucoup avec Deria, non ?"
Aussitôt, les yeux de la jeune fille se voilèrent, et Malek sentit une pointe de remords. S'il avait mal pris la nouvelle, c'était Shareen qui avait pleuré le plus. La fille était beaucoup trop sensible pour un monde aussi cruel. Elle avait eu de la chance de pouvoir trouver une place de servante dans un endroit relativement sûr comme l'académie.
"Oui" murmura Shareen. "Pourquoi ?"
"Le pourquoi n'est pas important" fit doucement Malek. "Réponds simplement à mes questions. Est-ce qu'elle t'a parlé de sa famille ?"
"Sa famille ?"
"Oui, sa famille, tu sais, le père, la mère, les frères, les s?urs, ce genre de choses ?" Il haussa les épaules. "Je ne me rappelle pas qu'elle ait mentionné qui que ce soit en un an."
"Pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ?"
"Je t'ai dit que le pourquoi n'avait pas d'importance" grogna-t-il de nouveau.
Shareen le regarda un instant avant de hocher la tête.
"Toi non plus, tu ne comprends pas pourquoi ils essaient de tout cacher comme ça, n'est-ce pas ?"
"Ca me rend fou !" admit-il. "C'est comme si elle n'avait jamais existé ! Il y a une atmosphère de complot. Je ne comprends pas grand chose, et ça m'énerve. Mais ce que je comprends, c'est que Deria était une fille bien, et qu'on n'a pas le droit de lui faire ça"
Shareen hocha de nouveau la tête.
"Et que veux-tu faire, si je te parle de sa famille ?"
Il eut un rire amer.
"C'est encore une autre manière de me demander pourquoi, n'est-ce pas ? Très bien. Quelle importance, après tout. Ce n'est pas comme si c'était une affaire de vie ou de mort. Mais je pense que le minimum de la décence serait d'avertir ses parents. Une fois que tu m'auras dit de qui il s'agit et où ils sont, je vais aller les prévenir et leur présenter mes condoléances. C'est le moins que je puisse faire" Il soupira. "J'aimais cette fille"
"Je sais" fit doucement Shareen. "Mais je ne pense pas que tu puisses faire le voyage"
"Comment ça ?"
"Elle m'a uniquement parlé de son père, et je crois qu'elle est fille unique. Je ne sais pas si elle a toujours sa mère"'
"Son père suffira" fit sombrement Malek. "Qui est-ce ? Elle n'a jamais voulu le dire, et j'ai toujours été curieux de savoir qui pouvait inspirer un tel respect aux maîtres de Stormwind"
"Je ne sais pas son nom?" commença Shareen.
"Quoi ?"
"Mais je sais où il habite" termina-t-elle rapidement, "et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée que tu t'y rendes. C'est très loin, et c'est probablement très sauvage aussi"
Malek haussa les épaules.
"Ca ne me fait pas peur. Où est-ce ?"
"Elle m'a donné le nom du château, mais ça ne me disait rien, et je ne sais pas lire, alors je ne pouvais pas le trouver sur une carte. Mais toi, tu y parviendras certainement"
"Donne-moi le nom, qu'on en finisse" siffla Malek.
"Château Bertholdton" Il y eut une pause. "Ca te dit quelque chose ?"
"Non" fit doucement Malek, "et pourtant, je pense connaître tous les châteaux importants du royaume… enfin, ceux qui sont encore debout.. Il faut espérer que le Fléau, ou la Horde ne s’est pas déjà attaqué à cette zone.
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"Le château le plus au nord, c'est Carnogel. Elle serait la fille de Ternebrunt de Verner ? Je ne savais pas qu'il avait des enfants"
Shareen secoua la tête.
"Non, non, je lui ai fait la même remarque, mais elle m'a dit que c'était encore plus au nord"
"Eh bien, on n'a pas le choix. Il va falloir trouver une carte"
"Maintenant ?"
"Maintenant"

C'était une chance, finalement, que les jeunes nobles de l'académie aient pu commettre toutes les frasques possibles et imaginables dans l'enceinte de la cité. Les gardes étaient désormais bien éduqués. Comme les deux autres avant lui, celui qui gardait l'accès à la bibliothèque détourna ostensiblement les yeux et se mit à observer les étoiles alors que les deux jeunes gens s'introduisaient dedans.
"Niveau discrétion, je fais très fort, ce soir" observa amèrement Malek.
"Mais le garde n'a rien dit ?"
"Pour l'instant, non. Mais tu peux être sûre qu'il fera son rapport demain. Ou qu'il en discutera autour d'une chope de bière. Comment Malek a emmené une jeune servante dans la bibliothèque pour trouver un endroit calme"
Shareen rosit.
"Tu ne penses pas que…?"
"Moi, non. Lui, si. Bien, si nous nous mettions à chercher ?"
Sans plus accorder d'attention à la servante rougissante, le jeune homme entreprit d'allumer une à une plusieurs bougies pour éclairer un minimum la pièce. Les ombres refluèrent lentement.
"Comment est-ce que je peux faire pour aider ? Je ne sais pas lire" murmura Shareen.
"Ne t'inquiètes pas, c'est moi qui ferai la recherche. Mais je préfère que tu sois à portée de main, au cas où tu te rappellerais certains détails. Ce château doit être ridiculement petit pour que je n'en aie pas entendu parler. Espérons qu'il figure sur les cartes."
"Moi, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi un petit noble comme ça aurait autant d'influence"
Malek soupira.
"Je ne sais pas. Mais nous verrons bien une fois que nous l'aurons rencontré"
Se plongeant dans un des livres pour signifier que la conversation était terminée, il commença à tourner les pages. Un château dans le nord ? Bertholdton? Les cartes étaient magnifiquement faites et illustrées avec soin, mais il n'y faisait aucune mention d'un tel château.
"C'est quand même étrange" marmonna-t-il.
"Ca fait peut-être partie d'un autre royaume ?" suggéra Shareen.
"Au nord ? Ne sois pas ridicule, au nord, il n'y a que de la neige et des barbares. Je ne vois pas de quel royaume il pourrait s'agir"
De fait, les cartographes avaient tous interrompu leur retranscription quelques lieues au nord de Carnogel. On ne pouvait voir qu'une immense toundra, sans l'ombre d'une ville ou d'un bâtiment quelconque ? encore moins d'un château.
"Je commence à croire qu'elle s'est vraiment moquée de toi" soupira Malek. "Elle a dû inventer le nom de Bertholdton. Je ne vois pas d'autre explication"
Il se tourna pour souffler la bougie, mais Shareen poussa un cri.
"Sur cette carte ! Il y a quelque chose, au nord !"
"Montre-moi ça ?"

Le morceau de parchemin changea de main, et Malek sentit l'excitation le gagner. Deria n'avait pas menti, en fin de compte. Il y avait bien un château au nord de Carnogel et, si l'on se fiait à la taille du point, il s'agissait même d'un gros. Bertholdton, proclamait fièrement le cartographe.
"C'est ça. C'est là !"
Shareen grimaça.
"C'est tout de même bizarre que cela n'apparaisse sur aucune autre carte. Il faut dire que c'est vraiment situé dans un endroit perdu"


Elle n'avait pas tort. Carnogel marquait réellement la fin de la civilisation. Ensuite, il n'y avait plus que les bandes désertiques des Steppes Ardentes, et plus loin au nord, les villes enneigées des Nains. Pas de villages, d'exploitation, de domaine mentionnés sur la carte. Rien du tout hormis la forteresse. Et, un peu au-dessus, une inscription aussi féroce qu’étrange : Chasseurs Noirs, danger de mort.

"Je pense que les cartographes n'ont pas eu le courage de voir ce qui se cachait plus haut" murmura Malek. "Au temps pour leur professionnalisme" Il haussa les épaules. "Mais il faut dire que ça fait un sacré voyage ! Regarde, la route du nord jusqu'à Carnogel fait déjà plus de cinq cent kilomètres. Ca représente deux bonnes semaines de trajet, ou je ne m'y connais pas. Et il y a ensuite près de dix jours de plus pour atteindre ce château?"
"Tout ce temps ?" fit Shareen, incrédule. "Mais c'est le bout du monde. Tu veux toujours y aller ?"
Malek sourit.
"Plus que jamais. J'étouffe, dans cette maudite ville. Maintenant que Deria n'est plus là, l'entraînement n'a plus aucune saveur. Ca me fera du bien de voir un peu le monde." Il sourit. "Sais-tu, aussi étrange que ça puisse paraître, que je ne suis presque jamais sorti de Musheim ?"
"Moi non plus" observa Shareen.
"Oui, mais tu es une servante, c'est normal" Il frappa dans ses mains. "Bon, c'est décidé. Nous partons à l'aube pour Bertholdton. En prenant le bateau, nous pouvons atteindre le port de Guisam en une dizaine de jours. A partir de là, ce n'est même pas la peine de passer par Carnogel. Six jours de cheval, et nous y serons"
"Six jours de cheval ? Comment ça, nous ?" balbutia Shareen. "Tu y vas tout seul, n'est-ce pas ?"
Malek la foudroya du regard.
"Bien sûr que non. Deux gardes au moins nous ont vu ensemble cette nuit. Si jamais je pars, tu auras probablement des ennuis. Tu leur dirais où je suis parti, et je ne veux pas qu'ils le sachent"
"Mais je ne dirai rien" protesta Shareen, éperdue.
"Bien sûr que si. Je connais certains gardes qui ont des méthodes un peu… brutales pour faire parler les gens. Tu ferais comme tout le monde, et tu cèderais. Je ne te blâme pas, mais je ne veux pas en prendre le risque"
"Je sais que moi, je ne cèderai pas" souffla doucement Shareen.
Malek sourit.
"Je sais. Tu es courageuse. Mais Deria était ton amie, plus que ta maîtresse, non ? Tu ne veux pas aller présenter tes condoléances ?"
"Ca ? ne servirait à rien" protesta-t-elle. Les yeux de Malek se chargèrent de mépris, et elle s'empressa d'ajouter: "Mais je ne peux pas partir de la société comme ça. Je travaille, ici. Je ne fais pas partie des nobles. Si je disparais, je peux dire adieu à mes sept pièces d'argent par mois. Et puis, ils vont probablement croire que je me suis enfuie en volant quelque chose"
Malek secoua la tête.
"Ridicule. Tu es sous ma protection, et ils croiront ce que je leur dirai. Non, c'est décidé, il faut que tu viennes." Il eut un sourire désarmant. "Ca devrait prendre près de deux mois en tout, et j'apprécierai certainement d'avoir un peu de compagnie, quelqu'un avec qui discuter. Alors ?" Il la vit hésiter, et tendit la main. "Je double ton salaire"
"Tu me promets que tu me protègeras ?" fit Shareen, soupçonneuse.
"Je te le promets. Sur l'honneur de ma maison"
"Et si nous rencontrons des Peaux-Vertes ou des Morts-Vivants, ou même des bandits ?"
"Je les tuerai"
"Ah" fit Shareen. "Dans ce cas, je viens"
Malek sourit
"Brave fille ! Bien, ne perdons pas de temps. Je vais passer récupérer quelques affaires, un peu de nourriture à la cuisine, un sac, et assez d'or pour le voyage" Il ricana. "En route pour l'aventure, la vraie ! A nous les nuits à la belle étoile, la neige, le froid et les dangers !"
"Formidable" marmonna Shareen.
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j'aime beaucoup !!
vivement la suite !

pour agrandir l'écriture, il faut après le copier collé, reselectionné tout le texte et choisir dans la barre d'action (pour écrire le message) de nouveau paramètre de taille, caractère (ou couleur)
enfin d'habitude ca marche ^^^

ps : et la suite surtout !
est-ce que c'est le bg de ton personnage ou une fiction 'simple' ?
Merci beaucoup^^ Merci pour l'écriture ça commençait à me chauffer... et sinon je ne sais pas encore, pour être franc j'ai un peu la flemme de faire un reroll...
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