Un grondement sourd à peine rythmé par les pas de Goret embrumait Foxup. Celui-ci se mit à chanter doucement, puis de plus en plus fort, mais cessa de peur d'être ridicule. Il se prit à rêver à un voyage, un long et beau voyage... aux côtés de celle qu'il rejoignait. Sans trop savoir comment, il se retrouva devant la porte.
Sans attendre, il sonna. Quelques secondes s'écoulèrent. Les tempes de Goret battaient. Comme personne n'ouvrait, il sonna une nouvelle fois. Mais rien ne se passa. Il frappa, sonna, frappa, sonna encore et encore... puis il décida d'attendre.
Il attendit ….. désespéré, il se leva, et après avoir sonné une dernière fois, tourna les talons et s'en alla. Mais à peine fut-il en route qu'un bruit de verrou attira son attention. Il fit volte-face, et aperçut Arachnidia sur le pas de la porte.
- Je... excuse-moi, dit-elle. Je suis désolée, je... je...
- Tu es si tendre, la coupa Goret.
- Entre, ajouta Arachnidia.
Arrivé au salon, Goret s'assit dans un fauteuil et soupira.
Il ferma les yeux, et bailla.
- Viens sur mes genoux, dit-il à Arachnidia. Je vais te raconter quelque chose.
Celle-ci obtempéra, et fit comme si elle ne se doutait de rien. Mais elle savait exactement ce qui allait se passer. D'ailleurs, elle ne fut pas sitôt près de lui qu'il la serra dans ses bras Peu après, elle le regarda et lança:
- Tu es tellement prévisible que tu en es touchant!
- Ah oui? Fit Goret. Ça, c'est ce que tu crois. Car j'ai la preuve du contraire.
- J'aimerais bien voir ça!
- Viens, je vais te le dire en secret... dit-il.
Mais Arachnidia, pas dupe, se jeta sur lui avant qu'il n'ait eu le temps de tenter quoi que ce soit, et le serra dans ces bras à son tour.
Ils se regardèrent. Goret approcha sa bouche de l'oreille de Arachnidia et chuchota:
- Je t'aime...
Bien sûr, il lui avait déjà dit qu'il l'aimait. Bien sûr, il lui avait dit des milliers de fois. Mais ce sentiment était toujours le même. Il voulut le lui dire.
- Depuis maintenant deux ans que nous nous sommes rencontrés, tu es la seule personne que j'aie jamais aimée.
- Voyons... tu vas me faire rougir, murmura Arachnidia.
- Pourquoi? S'écria-t-il. Tu es la personne la plus angélique que je n'ai jamais connue! La plus angélique de tout Albion! Les gens ne t'arrivent pas à la cheville.
- Mais et toi, tu es si tendre...
- Cela n'est rien à côté de toi. Lorsque je t'embrasse, j'ai l'impression que je m'envole. Quand je te quitte, j'ai l'impression que mon coeur se fait piétiner par un féroce loup, ou transpercer par mille lances empoisonnées.
- Mais toi aussi, Goret, tu as beaucoup de qualités...
- Tu sais... j'ai aimé, tout à l'heure, lorsque nous nous sommes enlacés.
Il n'en fallut pas plus à Arachnidia pour saisir le bras de Goret et lui offrir un baiser enflammé. Les deux êtres eurent cette fois l'impression d'être emportés dans une tempête. Sur un océan rouge sang. Leurs souffles s'échouaient invariablement dans les hurlements du vent, et les gifles des vagues leur faisaient fermer les yeux. C'était beau, c'était puissant, comme ''Street Spirit'' de Radiohead. Tout rugissait autour d'eux, ils étaient enfermés dans une parenthèse qui les épargnait des griffes du cyclone, des griffes signant leur passage d'une trace de salive blanche et éphémère... tout tournait, des vertiges les prenaient, Goret ferma les yeux et eut l'impression de penser en haut d'un sapin. Et soudain tout s'arrêta.
- Si nous n'étions pas déjà mariés, je voudrais de nouveau t'épouser, dit Goret.
Toute la nuit, ils restèrent enlacés, à parler, ou à s'embrasser.
Puis ils se promirent de s'aimer éternellement, et l'éternité commença pour eux.
__________________
|