[Kirin Tor] Des mots pour des maux...

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Quelque part près du lac Elune’ara…



« …Qu’est ce que vous voulez, mage ? »



Qu’est ce que je voulais…je ne savais plus trop. En fait, je ne l’avais jamais vraiment su. Je laissais flotter mon regard au dessus de ses eaux, l’esprit vague et l’âme agitée, dans l’espoir de la voir…le lac Elune’ara…



« …Est-ce si dur de croire en Elle ? »



Je refusais devant ses signes de m’incliner. A force de courber l’échine face à tout ce qu’on avait cherché à m’inculquer, je me dressais contre toutes formes de valeurs et de principes que l’on me montrait. Je m’obstinais à la rejeter. Sans doute était-Elle dangereuse pour moi…ou pour « lui ». C’est pour cela qu’ « il » a tout fait pour me séparer de mon « frère »…ou l’avais je souhaité. Fatigué, son emprise sur moi allait décroissante…mais bientôt il réclamera son dû ; et sa…et ma prochaine métamorphose risquait d’être la dernière.



« …En quoi ma vie vous intéresserait-elle, mage ? »



Parce qu’elle m’échappait. Parce qu’Elle était un mystère pour moi et qu’elle en était la clé. Parce qu’elle m’empêchait de « l »’accepter pleinement. Parce qu’en elle peut être je pouvais croire…



Stormwind, Dans la cathédrale de la Lumière



Je la suivais dans ces tunnels étriqués. La destination : une salle remplie de tombes. Mes habits trempés, je suintais la peur comme ces murs transpiraient le sacré. Mes sarcasmes calmaient mes craintes ; des blasphèmes pour l’elfe aux allures d’initiatrice. Mais elle était dans son royaume et moi j’étais à ma place, celle du profane.

Elle s’arrêta devant un mur. Sa lame s’enfonçait dans les entrailles de la pierre, pour transpercer ses secrets. Elle en retira une ruine poussiéreuse, un parchemin. Des caractères étranges qui résonnaient en moi…des lettres telles des notes, mais dont la mélodie m’était étrangère. Des mots, des sanctuaires inaccessibles à l’impie…



«…Peut-être écrit par la Déesse… »



Des mots capables de guérir des maux. Des mots de pouvoir pour ceux qui croyaient en Elle. Des mots qui m’échappaient et qui pouvait être une solution, la solution.



« …Un donné pour un rendu… »



Elle m’avait donné un frère qu’elle m’a reprit. Elle m’a permis d’atteindre une paix intérieure qui s’est changé en chaos. Elle avait ouvert mon cœur pour laisser s’engouffrer à l’intérieur ce démon. Une balance en déséquilibre perpétuel, ses deux bras oscillant entre les ténèbres et la lumière.



Elle prit avec elle ces mots pour les plonger dans d’autres abysses. Elle me laissa seul, perdu dans mon cynisme et mes questions insatisfaites…tout ceci n’était que de l’encre après tout, et cette Déesse qu’une illusion. Une brume que j’aimerais bien caresser…



Le lendemain, toujours dans la cathédrale…



Je ne les cherchais pas. Je m’en fichais. Des mots pour des fous, j’en avais assez d’être dupe. Trop de mensonges, de masques…

J’étais de nouveau dans ses boyaux mortuaires où dorment de nombreux secrets. Silencieux, je m’approchais des mystères que je convoitais. C’était bête, mais peut être les avait-elle remis au même endroit…

Et après ? Toutes ces histoires de dieux et de morts, je n’y croyais plus. Si j’avais ces mots, qu’est ce que j’en ferais hein ? C’était des contes pour des enfants manquant de lucidité, un alcool elfique pour dissoudre les douleurs lancinantes…

J’exécutai le rituel pour faire chanter les pierres afin qu’elles puissent me révéler ce qu’elles contenaient dans leurs ventres…

Rien.

Je me réjouissais d’être déçu tout en déplorant ma satisfaction. Oui je voulais revoir ces mots…mais je n’aurais rien pu faire avec. C’était sans espoir…pourtant un court instant, j’y avais cru.



Partagé entre indifférence et déception, je remontais lentement les marches séparant le monde des morts de celui des vivants. Ces sombres dévots de la Lumière semblaient me regarder d’un air inquisiteur ; à quoi bon, les mystères du divin étaient hors de portée, je n’avais pas besoin de leurs jugements. M’apprêtant à quitter ces lieux maudits, un couloir attira mon esprit embrumé…une aile parallèle à celle que je venais d’abandonner…les mêmes couloirs étroits, les mêmes caveaux, les mêmes escaliers…je m’engouffrai de nouveau dans ces enfers symétriques.

Le souffle court, le pas lourd, je manquais de trébucher dans ces escaliers interminables. Trop simple, elle n’avait pas pu les cacher de nouveau ici…j’arrivais devant une reproduction exacte de la salle…non c’était idiot, beaucoup trop idiot…je me plaçai au même endroit où reposait l’ancienne cache et violai ces pierres afin qu’elles accouchent de leurs secrets…ils ne pouvaient pas être ici…

Les Mots Interdits de la Déesse.

« Par Elune… »me surpris-je à suffoquer…de tout mon corps je frissonnais. Le parchemin était là. Moi le blasphémateur, le profane, l’impie, j’avais accès à ce secret.



N’y pense même pas...ne crois pas que tu pourrais me...nous...



« Il » craignait ma folie, « il » avait peur d’Elle…à « le » détester, à ME détester, j’étais devenu capable de n’importe quoi…renier mes idéaux, mon orgueil, mon essence…

Mais je ne tremblais pas à cause de « lui »…ni même à cause d’ « Elle »…je tremblais pour elle. Je ne voulais pas la trahir…je craignais de la décevoir…

Si j’avais pu retrouver ces mots, c’est qu’Elle l’avait voulu. Elle croyait en ses signes, alors elle comprendrait…j’avais honte d’utiliser ses croyances pour alléger ma conscience. J’étais libre de dérober ce parchemin. J’avais le choix de croire ou non à cette Déesse.

Je volai cette enfant à sa mère granitique et je me dérobai de ce lieux sacré.



En Ironforge, au cours d’une errance…



« Kyermë Isil… »



Isil…le seul mot que je comprenais. Le legs d’un astre ensanglanté, une étoile filante. Si un peu de son sang coulait en moi, alors sa génitrice ne pouvait m’être indifférente.

Mais le reste n’avait aucun sens…cette langue m’était inconnue…j’avais beau copier et recopier ses mots, jamais ils ne résoudraient mes maux si je ne les comprenais pas. Et si je ne croyais pas en Elle…

Si peu de temps… « il » se réveillera et là…

Je ne pouvais oser demander à Ayame de me traduire ce parchemin…mon « frère » cherchait à « le » réveiller pour se nourrir de sa haine…j’avais besoin d’aide. Et personne vers qui me tourner. C’était sans issue…qui serait assez vieux, qui pouvait avoir l’héritage elfique pour décrypter ce langage ancien…



« Comment allez-vous le mage ? Enfin je pose la question, mais je m’en fiche éperdument… »



Irhondril…
Une étincelle pour un souffle.
Ils dormaient là, derrière le marbre froid de la cathédrale, depuis combien de temps déjà ?
Tant de temps, trop de temps...
Un simple parchemin à la feuille usée, des mots qui semblent prendre toutes leurs ampleurs en des lieux sacrés.
Une écriture perdue, que peu parlent encore, même Irhondril l'avait oubliée, et pourtant, Oui..je n'avais pas rêvé, "Doux songes", mon habituel salue.."Doux songes" m'avait-il dit dans cette langue chantante, morte par le temps...Alors il comprenait..
En d'autres circonstances cela aurait éveillé mes soupçons, mais là, peut être trop heureuse d'avoir un Enfant de La déesse qui pouvait comprendre cette langue, ou peut être trop..confiante envers le mage.

Ils dormaient là, heureux d'être dans les abîmes, ils n'avaient pas été dit depuis bien longtemps, et même lorsqu'ils avaient été utile c'était dans le tourment.
Des mots pour des maux,
Un donné pour un rendu,
Une étincelle pour un souffle,
Trop dangereux..Mais ils existaient pour ça, s'approcher de la cruauté d'Elune et de son visage bienfaiteur dans un même et unique instant.
Qui les avait écrit ? était-ce l'un de ses Enfants à qui Elle avait confié ses secrets, était-ce Elle ?
Et surtout, surtout..pourquoi les avais-je gardé..

Ils dormaient là, dans la Cathédrale de cette pseudo lumière, où mieux qu'ici ils auraient pu être à l'abri.
Idéologie mièvre et insipide des peuples en déraison, mais c'était la lumière..Où mieux qu'ici les Ombres auraient pu trouver leurs places...
Je me souviens que j'avais voulue lui montrer, ..à Môr'haun..Mais rien n'y a fait, il n'était pas près peut être, il..était plus attiré par les caveaux qui trônaient là, que par un simple vélin..
Peut être était-ce mieux ainsi après tout.

Je dormais là, dans le temple de la Déesse, éloignée de tout et de tous..Pourquoi tant de retrait ? Dévoiler me faisait donc si mal ?
Pourquoi avais-je tout dit à 'lui' ?..
Pourquoi Irhondril s'était-il trop approché à cet instant ?
Pourquoi..Non, plus de questions, trop de questions..
Il me fallait revenir tôt ou tard..
Tout reviens..
Inlassablement..
Même eux..."Les Mots interdits".
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