Kerandhil, encore bouleversé, le souffle haletant et le regard perdu, s'est laissé échoir sur le sol, la tête emplie de milles pensées.
Il a enfin réussi à quitter Durotar, le voilà maintenant en Ironforge, méditant sur ses actes...
"Pourquoi tant de haine... tant de violence... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Je ne contrôle plus mes pulsions animales, j'ai besoin de me battre, j'ai besoin d'être en perpétuel mouvement, il me faut des combats, toujours plus de combats. J'ai besoin d'adversaires, de gens contre lesquels je puis combattre, il me faut des défis difficile, j'en ai besoin...
Mais pourquoi... Je ne suis pas en colère, je n'ai rien contre ces créatures, au contraire, j'en trouve même quelques unes curieuses et je voudrai tant les connaître mieux, et pourtant... Il y a quelques heures, alors qu'il faisait encore nuit, j'ai combattu une mort-vivante et une trollesse qui ne faisaient rien de mal, elles semblaient jouer sur les collines, et moi je les ai balayées, j'ai déchiré leur chair et écorcher leur peau. Une fois leurs corps au sol, je n'ai pu m'empêcher de pleurer... Je ne voulais pas les tuer... Non, je ne voulais leur faire aucun mal, mais c'est plus fort que moi..."
Le druide semble maintenant s'être calmé, sa respiration est redevenue normale. Désormais il médite, réfléchit, tourne dans sa tête les raisons et les causes qui le poussent à agir ainsi, à répandre la mort dans les rangs de la horde aux portes même de sa capitale.
"Les combats difficiles... je ne pense plus qu'à ça... C'est pour éviter de penser aux cauchemars, ces satanés cauchemars... La mort même ne m'effraie plus, elle me rend fou de rage ! Lorsque je gis sur le sol et que mon esprit se trouve en d'autres plans éthérés, le temps passe beaucoup trop long, pendant ce temps mon esprit vagabonde, mes pensées s'égarent, et j'y pense, mes cauchemars, j'y pense, je n'aime pas cela, non je déteste ça !
La victoire même n'a aucune importance, c'est le combat... c'est la concentration qu'il me demande qui importe plus que tout. Durant ce temps, l'adrénaline monte en moi, et elle coupe ainsi toutes mes pensées... adieux cauchemars, adieux visages déformés par la douleur, adieux hurlements, seul ma survie compte... à moi la paix, à moi la tranquillité, c'est un court apaisement..."
Le visage de l'elfe s'assombrit alors.
"J'ai besoin de vivre... je veux vivre... je veux exister... je veux vivre... je veux vivre..."
L'elfe a maintenant les yeux fermés, il est blottit contre un mur, caché de tous, dans l'ombre. Les mains sur son visage, il balance son corps en avant et en arrière, il sanglote, répétant inlassablement les mêmes paroles:
"Je veux vivre... je veux vivre... je veux exister... exister... je veux exister... il faut que je vive... je dois vivre...
Le mage avait raison... il ne faut pas avoir peur de la mort, non, il existe quelque chose bien pire que la mort, oui c'est ça que je vois dans mes rêves, c'est cela torture mon âme et démembre mon esprit... c'est ma peur... c'est ma crainte du... néant..."
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