Reflets

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Enfin…
Il venait de quitter l’oppressante moiteur de la sombre foret, laissant avec elle, l’angoisse, la peur, et peut-être le regret d’un départ…
a grande et paisible vallée verdoyante lui apparut sous un fugace rayon de soleil de ce beau matin de Maisial
Sous ses yeux remplis d’admirations s’étalait une mer infinie de fleurs et de fougères aux couleurs chatoyantes et harmonieuses, de vifs camaïeux de bleu, de rose, de violet d’ocre contrastant avec l’éternelle blancheur des nuages.
L’ensemble des nuances, des teintes et des couleurs semblait avoir été réunis en ce lieu unique.
Une brise lui caressa le visage, le débarrassant de ses restes d’anxiétés et de fatigue :
Les vagues de pollen et d’herbe haute, provoquées par un vent chargé des embruns de fleurs sauvages, de chant d’oiseaux bariolés virevoltant dans un air d’une douce fraîcheur, rendais le lieu encore plus magique à ses yeux qui pleurais maintenant de bonheur.
« Cania… » Murmura t-il…

Au Sud…
L’homme hurla tandis que la dague déchirait sa chair.
« Désolé, je voyage toujours à petit prix »
Celui qui tenais l’arme effilée enduite du sang de ce qui fut un guide posa le pied sur la terre calcinée et noire, il se mit à rire, le genre de rire qui, glacerais facilement le sang d’un cadavre.
Voilà trois jours qu’il cherchait ce foutu passage, l’étroit chemin vers le célèbre cimetière des torturées, trois jours passé à errer dans cette stupide contrée d’amakna, contrée à l’image de ses habitants se dit-il en regardant le guide qui se vidait de son sang en agonisant…
Un bref coup d’œil aux alentours lui permis de confirmer son arrivée dans la nécropole :
De la végétation pourrissante à perte de vue, du lierre parasite s’enroulant autour d’odieuses tombes décharnées, gravées de noms cent fois maudits, d’impies mausolées dansants dans la pénombre du lieu rendu sinistre par les vols incessants des corbacs, et les hurlements sourds des cadavres en putréfaction jonchant le sol.
Un vent malsain souffla dans ses cheveux, charriant une épouvantable odeur de charogne et propageant les vapeurs de souffre brûlant la gorge desséchée des malheureux qui se perdaient dans le cimetière.
L’homme esquissa un sourire, pas de doute, il était chez lui.


L’horizon…
Les collines verdoyantes révélèrent les hautes et blanches murailles de sa destination. Baignées de soleil, les tours semblaient vouloir accrocher désespérément le ciel et ses nuages, et le cœur aussi léger que l’air, que le jeune homme pris la direction des portes de la ville en suivant la vieille route de pavés recouvertes de mousses et de lichens.
Il ne marcha pas très longtemps, une heure…peut être deux, il ne savais pas très bien, le temps lui-même n’avais plus d’emprise sur son émerveillement…
Et puis, il y eut ce regard, un regard impressionné, posé sur les inébranlables murailles de l’impitoyable cité, et qui dura une éternité…

Le feu…
Les murs de Brakmar lui apparurent enfin après d’interminables heures de marches.
La lumière du magma des douves troublait avec difficulté l’étouffante pénombre des landes de Sidimote, et illuminait pourtant une partie du sombre ciel.
Le voyageur s’avança lentement vers l’immense porte se dressant au-delà des douves enflammées : chaque pas posé sur cette terre stérile et malsaine, soulevait un nuage de cendres épaisses et noires.
Et il y eut cette chaleur insoutenable, presque palpable, qui lui fit tourner la tête : il tituba sur le rebord de l’étroit pont, se pencha brutalement, pour ouvrir des yeux emplis de stupeur et découvrir la fournaise qui vivait en contrebas.
« L’enfer à mes pieds » murmura-t-il.


Etrange…
L’attitude des gardes devant les portes aurais pût paraître étrange: des dizaines de questions lourdes en sous entendus, mais l’homme avait répondu distraitement, de simples formalités s’était-il dit.
Le jeune voyageur se dirigea donc vers le cœur de la cité rayonnante sans se poser plus de questions, avec, derrière lui, le regard inquisiteur de deux miliciens en faction.
Après avoir parcouru quelques allés, porté par la douce fraîcheur de l’ombre d’arbres fruitiers qui bordais les rues, le visiteur déboucha sur vaste place, entourée de petites échoppes fermées à la devanture mélancolique :
Un tableau magnifique s’offrit alors aux yeux du jeune homme émerveillé : Jouant avec l’ombres des statues, réchauffant doucement une atmosphère idyllique : le soleil baignait littéralement toute la place de ses rayons d’or.
La ville en elle-même aurait pût passer pour un paradis, havre de blancheur et de paix, refuge pour les affaiblis, offrant protection à ses citoyens dociles et soumis, un endroit presque idéal.
Le vent fruité de Cania souffla docilement dans les cheveux du nouvel arrivant quand, celui-ci soupira…
La guerre, lointaine et à la fois si proche : Le bruit des pas ordonnés des hommes du Guet de Bonta et de la milice de la ville résonnais sur les pavés de pierre blanche, troublant l’écoulement du paisible fleuve et, comme une vipère, serpentant avidement au détour des ruelles, des places, des carrefours de la cité tout entière.
Ce son maudit, le jeune homme sembla l’entendre résonner dans son cœur…

Voleurs !
Il se releva doucement et péniblement avec une atroce douleur à l’estomac : le coup de poing l’avait envoyé au sol avant qu’il n’ai pût sortir sa dague…dommage…
Il pensa aux dix milles kamas volés par les gardes aux portes, après que ceux-ci l’ai roué de coups en lui souhaitant bienvenue à Brakmar.
Finalement ça ne l’avait pas étonné de recevoir un tel accueil, il se dirigea donc vers l’intérieur de la cité, et plus précisément vers le tristement célèbre quartier des bouchers…
L’endroit, représentatif de ce qui se tramais dans toute la ville, n’avais pas volé sa réputation :
Le sang coulait de l’intérieur des boucheries, pour former de grandes flaques écarlates, les immondes quartiers de viandes en putréfaction s’entassaient dans les rues, et une abominable odeur de charnier remontait des égouts pour envahir l’air saturé par le vol incessant de nués d’insectes affamés.
Un peu plus loin, le visage d’un homme gras et sale, affublé d’un tablier couvert de taches de sang, s’éclaira d’un sourire malsain au passage du voyageur : la viande qu’on servait à Brakmar n’était pas qu’animale…

L’ordre…
Il y avait un endroit dans la ville où la guerre prenait le pas sur tout le reste, occultant le calme et la vie quotidienne des citoyens. Cet endroit d’intense activité militaire n’avait pas à proprement parler de nom, comme si la violence se devait de rester anonyme.
En plein centre de la cité, le bâtiment en question trônait fièrement au bord du fleuve, lieu quasi-sanctifié, où aucune armée de Brakmar n’avait encore posé le pied.
Ce qui frappe lorsqu’on s’approche de cet endroit, c’est les effluves de poudre qui flottent dans l’air, en levant les yeux, on trouve tout de suite l’origine de cette odeur : d’énormes bombardes disposées en haut de grandes tours blanches qui font office de sentinelles et de gardiennes, dispensant dans l’air leur odeur de soufre et de plomb si particulière.
L’accès à l’intérieur fut refusé au voyageur, cela ne l’attrista pas tellement, il ne manquais pas grand-chose : une prison vide, des dortoirs et un mauvais cuisinier…
Après avoir donné « par mesure de sécurité comme ils disent. » son nom, et des informations quand à ce qu’il comptait faire en ville à l’officier, le visiteur pris le chemin du plus haut bâtiment de Bonta.
Dans son dos, le capitaine donna des ordres très précis aux quelques miliciens en faction, qui emboîtèrent ses pas.

L’entropie…
Finalement il avait atteint la caserne, malgré tout les voleurs, les meurtriers, et les assassins qui courraient logiquement dans les rues de la ville.
Ce n’est pas qu’il comptait s’engager dans l’armée, mais le nouvel arrivant voulait voir les quartiers de la plus cruelle armée du monde connu.
Il traversa la cour intérieure du bâtiment à l’architecture hasardeuse pour se rendre compte que les portes étaient défoncées.
En écartant les débris de cette dernière, il pénétra dans le grand hall, qui envahi des gardes ivres morts, résonnais du fracas des armes de la salle d’entraînement.
En entrant dans la cuisine, le voyageur dû réprimer une atroce envie de vomir : sur les tables des dizaines de corps décomposés et pourrissants attendaient d’être découpés et cuisinés par un gigantesque type, couverts de cicatrices, coiffé d’une impressionnante toque qui s’acharnais sur ce qui restais d’une tête avec un énorme hachoir rouillé.
Toujours dans un état nauséeux, il refusa l’invitation d’un garde pour assister aux supplices des derniers captifs. La collecte d’informations comme ils disent.
En sortant de la caserne, le visiteur aperçut l’opulente tour : Couverte de sculptures aux visages grimaçants et haineux, elle dominait toute la ville de par sa taille.
Si il y avait quelque chose d’intéressant à visiter à Brakmar, c’est bien la tour des mages.
Mais l’homme n’avait strictement rien à faire de la magie, qu’il considérait comme une source d’ennuis perpétuels.
Il pris logiquement le chemin du débit de boisson le plus proche, avec dans l’idée de vider les poches de deux ou trois pouilleux en chemin.


Baroque…
Subjugué par le faste et la magnificence de la tour coloré, le voyageur entra dans le bâtiment le souffle coupé par tant de beauté.
En ouvrant les grandes portes de la tour de magie, une lueur blafarde lui apparut : la lumière jouais avec l’ombre entre les immenses étagères. Des livres, des traités, de l’encyclopédie sur toutes les sciences possibles et imaginables par un simple esprit semblaient chanter en cœur leur savoir et leurs écrits dans cette cathédrale de beauté.
Le son des pas se perdaient dans la voûte et dans l’obscurité palpable des salles et des recoins.
Les statues des fondateurs des ordres séculaires et piliers de bonta, fabriquées dans des matériaux rarissimes et dont les noms lui étaient inconnues, semblaient être animés d’une force unique, tant la posture, et les détails harmonieux reflétaient la puissance des trois hommes devenue légende.
Il gravit quelques marches pour découvrir de semblables pièces baignées d’une douce lumière bleutée naissant de globes gorgés d’une saine magie, il s’approcha alors en silence d’une étagère, et doucement il passa sa main sur les rayons de livres. Il pouvait presque sentir tout ce savoir palpiter sous ses doigts attentifs, il sortit un ouvrage finement ornementé et l’ouvrit sans un bruit, avec des yeux émerveillés il parcourra lentement les premières lignes…
Une main se posa violemment sur son épaule, il se retourna, et reçut un violent coup de poing qui l’envoya rouler au sol.
Il sombra quelques secondes plus tard alors que les hommes de la milice de Bonta appliquant les ordres, passèrent de lourdes chaînes autour des bras du malheureux.

Toujours…
Chancelant, il sortit de la taverne couvert de blessures, ses dagues enduites de sang : Les Bworks tenanciers n’avais pas apprécié les remarques cyniques du voyageur humain, ils avaient répondu à leur manière : de la matière grise sur le sol, des viscères sur les murs, trois morts, et deux blessés qui finirons dans les assiettes des soldats.
Le trouble-fête se redressa difficilement pour tituber quelques mètres plus loin.
Une ombre se déplaça, et esquissa ce qui semblait être un sourire.
Se sentant suivit il accéléra tant bien que mal, tourna à droite, puis à gauche, pour enfin s’engager dans une ruelle sombre et sale, comme il y en avais tant dans Brakmar :
" Foutu cul-de-sac" murmura-t-il à lui même en frappant sur le mur qui lui bloquais le passage...
Derrière lui trois hommes, sourire aux lèvres, et armes à la main prirent position lui bloquant tout échappatoire.
Alors, maudissant cette ville qui lui ressemblait tant, et resserrant des mains fatiguées sur ses dagues, l’étrange voyageur sut qu’il allait mourir pour une poignée de misérables kamas.


Une fin…
Par ce matin à Bonta la magnifique, joyaux de pureté dans un écrin de douceur, en achetant le journal entre le chant des oiseaux et l’écoulement du fleuve, on pouvais lire, en bas de page, l’annonce la mort sur l’échafaud d’un jeune homme de dix-sept printemps accusé d’espionnage.
L’histoire de Val, fermier d’amakna en voyage à Bonta, prit ainsi fin : Il y avais eut ce voyage, l’arrestation, le jugement équitable, et l’exécution.
Par ce matin à Bonta la magnifique…

Une de plus…
Entre les balcons, les idoles impies, les quartiers.
Au détour des ruelles, des routes, des chemins.
Dans cet enfer, cette fournaise, ce pandémonium.
Dans la noire citée ce soir là, entouré de la peur, de la haine, et de la pénombre, un citoyen de Brakmar hurla tandis qu’il se vidait de son sang…
[HRP] narration riche et detaillée, une multitude de descriptions, un ton parfois ironique et piquant, teinté d'une violence crue. franchement....

bravo. [/HRP]

[KW : rajout des balises HRP]
[HRP] Eh oui...joli...comme toujours. Tu te fais rare ici, sur l'Atre, dommage...
Bon bah comme je te l'ai déjà sûrement dit, encore !

Bien à toi, ça faisait longtemps,
JanJak. [/HRP]

[KW : rajout des balises HRP]
hrp:
Citation :
Publié par JanJak
Eh oui...joli...comme toujours. Tu te fais rare ici, sur l'Atre, dommage...
Bon bah comme je te l'ai déjà sûrement dit, encore !

Bien à toi, ça faisait longtemps,
JanJak.
Je m'y fais rare, oui, pour la simple et bonne raison l'atre à thé me plait beaucoup moins, notamment pour ce genre de choses :
Citation :
Janjak qui es tu dans le jeu ? quelle est ton prenom ? j'aimerai parler avec toi de quelque chose


Bien à vous.
[HRP] J'ai toujours plaisir à lire les textes de ma posteuse aigrie préférée.

Ce texte, que j'ai aimé comme les précédents, dispose d'une narration de qualité à mon sens. C'est agréable à lire, simple sans être dénué de style. Dans la structure par contre, j'ai trouvé amusant en lisant de faire un rapprochement avec les premières pages de Da Vinci Code. Ca fait très Guide du routard, cette manière de décrire un à un chaque paysage, chaque endroit. Si j'avais trouvé ça lourd dans le best-seller, ça ne m'a pas dérangé ici.
La fin est classique mais efficace.

Bis ! Bis ! [/HRP]

[KW : rajout des balises HRP
PS : Ouais, j'ai enfin trouvé un motif pour éditer le patwon ]
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