Aperçus sur l'histoire d'Anima

 
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Conversation au calme


" Il est où ?
- Il est là.
- Là ?
- Hmm non, ça c'est Zalem. Il est là, regarde. En bas.
- Aaaah c'est lui. Il est petit dis donc. Et puis il a un gros corps pour sa tête.
- Oui, bon ... Eh bien, c'est lui quand même."

Anima retourna s'asseoir avec un peu d'humeur en face de Rebecca. C'était une étrange petite fille qui ne devait pas avoir plus de sept ans mais qui s'exprimait avec beaucoup de clarté et d'assurance et trahissait ainsi une intelligence et une culture bien supérieures à toutes celles des enfants de son âge.
La jeune femme et l'enfant étaient confortablement installées dans un des salons de l'Eglise de la Renaissance de l'Humanité, au 43ème étage d'une des tours de Steel Canyon. A cette hauteur ne parvenaient que de manière confuse les bruits de la ville. Outre d'autres gratte-ciels et les champs de force entourant la zone dans le lointain, on ne voyait que le ciel libre et quelques oiseaux qui parfois s'égaraient dans le monde des humains.
Sur une table basse, près des canapés où les femmes étaient assises, était posé un plateau qui accueillait encore une théière et deux tasses de facture japonaise et un exemplaire ouvert de La Constitution américaine commentée.

Des questions et une photographie avaient interrompu la leçon.


" Je m'étonne juste un peu, Anima, je ne pensais pas que c'était ton genre d'homme.
- Et que connais-tu donc sur mon genre d'homme ?
- Eh bien... Warren, Kyle, Jean-François, Oswald, Jackson, Vassili et ... les autres avaient tous ce trait commun d'être beaux, riches, brillants, intelligents. *petit sourire malicieux*
- Kyle avait le nez un peu tordu, je crois.
- Ce qui, aux dires de tous, ne faisait que rajouter à son charme.
- Admettons ! Il se trouve, Rebecca, que je plais, que j'aime à plaire et que, tant qu'à passer une soirée, une semaine ou un été avec un homme, j'aime autant qu'il ait quelques qualités et le fait qu'il soit agréable à regarder en est une.
- Et comment tu vois les choses avec Calim ?
- *soupir* Je ne vois rien justement ... Tu as tout de même un peu raison, comme toujours d'ailleurs: pourquoi ne l'ai-je pas gentiment éconduit comme bien d'autres avant lui ? Il y a là un mystère en mon coeur.
- Tu l'aimes alors ?
- Mais je ne sais pas, maline !
- Et Scott ?
- Quoi Scott ?
- Il est au courant ?
- Pourquoi le serait-il ? Il ne s'est rien passé entre Calim et moi.
- Vous vous donnez des rendez-vous, il t'envoie des cadeaux, tu l'invites au restaurant ... ce n'est pas ce que j'appelle "ne rien se passer", et quelque chose me dit que Scott ne verrait pas non plus les choses comme toi.
- *soupir*
- Et Calim, il sait pour Scott ?
- Oui, je lui ai dit.
- Ah tiens, il a droit à un traitement de faveur... *sourire malicieux* et il en a pensé quoi ?
- Ca lui a fait de la peine évidemment. Mais il n'a rien compris. Il croit que je suis mariée. J'ai l'impression qu'il n'a jamais eu de petite amie, tu vois ? Pour lui, soit c'est l'amour fou, le mariage et sans doute les enfants, soit rien.
- Hmm ... il manque un peu de l'expérience de la vie, non ?
- Oui, et c'est ça qui me dérange pour l'instant. Plus que son apparence, vois-tu ? J'ai l'impression qu'il me demande d'être tout pour lui: sa femme, son amie, sa mère, sa soeur. Je ne peux pas ...
- Alors c'est fini entre vous ?
- Mais tu ne comprends vraiment rien !

La petite fille se tut plutôt que de répondre immédiatement et regarda Anima avec gentillesse mais avec acuité.

- Tu sais, Anima, tu changes assez vite. Je vois bien que tes pouvoirs se sont étendus mais je me dis aussi que ta sagesse ne s'est pas accrue en proportion.
- Tu es bien impertinente, Rebecca, et bien sûre de toi pour quelqu'un qui ne connaît de la vie que ce qu'on en lit dans les livres.


Il y eut un bref moment de silence pendant lequel il sembla qu'un serpent invisible se déplaçait dans la pièce. Puis Anima bondit de sa place pour se jeter sur l'enfant.

" Sale petite mutante, cria-t-elle !"

Et elle chatouilla la jeune Rebecca qui, hurlant de rire, perdit le masque grave qui était posé sur son visage d'enfant.
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Rencontre avec le Révérend (1)


Parvenu au 43ème étage du gratte-ciel, l'ascenseur marqua un temps d'arrêt. Yowa, qui s'était attendue à ce que les portes s'ouvrent immédiatement, ressentit soudain une pointe d'inquiétude et sa main d'arme se contracta, prête à l'action. Cela ne dura que quelques secondes, les portes s'ouvrirent silencieusement.

"Entre Yowa. Bienvenue à l'Eglise de la Renaissance de l'Humanité."

Anima était là. Elle était d'une élégance discrète mais sûre et un parfum léger accompagnait ses mouvements comme un voile vaporeux. Yowa entra dans une pièce assez large qui tenait du salon et de la salle d'attente. On n'entendait aucun autre bruit que le discret ronronnement des climatiseurs. Une baie vitrée au verre mat laissait deviner la hauteur du lieu.

Anima eut un sourire accueillant et encourageant.

"Tu vas bien ?
- Euh ... oui oui.
- Tu tombes bien nous étions en train de prendre le thé dans le salon. Viens, je te montre."

Yowa suivit Anima à travers un couloir. Elle était intimidée mais plus encore, un étrange sentiment la prenait: "c'est comme si j'étais arrivée hors du monde", se dit-elle. Le silence, la profondeur de la moquette, le calme des objets, le parfum d'Anima, tout se mélangeait et donnait l'impression du sommeil et du rêve. Mais c'est aussi autre chose que ses sens en alerte lui disaient: elle était surveillée.
"Je suis pas habituée, c'est tout", se dit-elle pour se rassurer alors qu'Anima ouvrait une porte.

C'était un salon vaste et clair. Les meubles, les tableaux, une unique fleur blanche dans un vase, la théière et les tasses parfaitement placées sur la table basse japonaise et même les rayons du soleil qui filtraient depuis les vastes fenêtres semblaient avoir été choisis par un même esprit.
Dans un des canapés, était assise une petite fille qui ne devait pas avoir plus de sept ans. Mais le regard qu'elle posa sur Yowa démentait les motifs naïfs de sa robe et les deux petites nattes qui entouraient son visage plein de candides rondeurs: il était pénétrant et calme comme celui d'un adulte.

"Yowa, je te présente Rebecca.
- Bonjour Yowa, dit la petite fille d'une voix claire en posant sur une pile de journaux le livre qu'elle consultait . Je suis contente de te voir. Anima m'a beaucoup parlé de toi."

Yowa, pour cacher le trouble que lui causait la petite fille, ne sut que sourire et elle s'assit sur le bord du canapé que lui désignait Anima comme s'il n'avait pas été fait pour elle.

"Nous irons bientôt parler au Révérend, Yowa, dit Anima. Veux-tu un peu de thé en attendant ?
- Euh du thé ... oui, bien sûr j'en veux."

"Mince, je me demande bien si j'en ai déjà bu, ça doit être comme de l'eau un peu chaude", se dit Yowa.

Anima lui tendit une tasse en souriant.

"A propos, Anima, dit Rebecca, je pense que tu devrais te désengager de Thenium Industry. Je vois leur cours à la baisse.
- Vraiment ? Ils ont d'excellents résultats pourtant.
- Oui mais je viens de lire que dans l'Illinois un groupe d'utilisateurs de leurs logiciels a porté plainte contre les failles de sécurité qui leur ont coûté, selon eux, quelques millions de dollars. Je pense qu'ils vont gagner ce procès.
- Hmmm ... je n'étais pas au courant. J'aimerais bien savoir ce que fabrique Davidson d'ailleurs s'il ne m'informe pas de choses pareilles.
- Je t'ai déjà dit qu'il était sans doute sous la dépendance de la Superadyne.
- Mais tu ne l'as jamais vu !
- Oui mais d'après les indices dont je dispose et la description que tu m'as donnée de ses conseils en bourse, j'estime à 70% la probabilité que j'aie raison.
- Bon, il reste tout de même 30% de chances que tu ais tort."

Anima se tourna vers Yowa qui trempait timidement ses lèvres dans sa tasse. Pour se donner une contenance et pour ne pas dévisager Rebecca d'un air ahuri, elle avait posé son regard sur le tableau en face d'elle.

"Tu aimes bien, Sandorf ?
- Hein ? Sandorf ? Ah le tableau ..."

Yowa fit un effort pour regarder attentivement ce qu'elle ne faisait que voir vaguement: un fond gris, deux bandes bleues horizontales et une sorte de point rouge qui faisait comme une ouverture dans le coin droit du tableau.

"Heu ... je connais pas trop en fait. Mais ... ça va bien avec la pièce."

Et elle rougit d'une opinion si hardie.

Anima sourit avec gentillesse.

"C'est un peintre assez connu ici à Paragon, et je pense qu'il le sera au-delà bientôt. A son prochain vernissage, je t'inviterai si tu veux."

"Mais qu'est-ce que je fais là à boire de l'eau chaude ? Je ne suis pas à ma place. Elles sont très gentilles mais nous sommes trop différentes. Il faut que je trouve une excuse et que je m'en aille vite."

Au moment même où Yowa formait ces pensées, entra silencieusement un jeune homme. Vêtu d'un simple jean et d'un T-shirt noir, il était grand et bien bâti et il se déplaçait avec souplesse. Mais ce qui marquait le plus, c'étaient ses yeux totalement blancs comme s'ils n'avaient jamais eu de pupille.

"Salut les filles.
- Bonjour Werner.
- Mais qui avons-nous là ?, dit le jeune homme en regardant en direction de Yowa. Son regard, cependant, ne se posa pas exactement là où elle était.

"Il est aveugle !", se dit Yowa et cette constatation l'étreignit étrangement: son coeur s'emplit d'une débordante sympathie.

"Elle s'appelle Yowa, c'est une amie et elle fait partie comme moi de l'Alliance de Paragon. Elle vient ici pour rencontrer le Révérend.
- Alors salut Yowa, fit Werner en la gratifiant d'un charmant sourire. Quelqu'un veut une bière avec moi ?
- Oh oui ! fit immédiatement Yowa, bientôt rattrapée par la gêne.
- Aaaaah ... enfin une fille qui boit pas d'eau chaude toute la journée !
- Cela s'appelle du thé, gros balourd, fit Rebecca en lui tirant la langue."

Werner s'approcha d'un mini-réfrigérateur dissimulé, en sortit deux bières et en tendit une à Yowa qui posa sa tasse pleine de thé en baissant les yeux. Il s'assit non loin d'elle et Yowa perçut, quoiqu'il n'en paraissait rien, qu'Anima ralentissait légèrement les mouvements du jeune homme tout en déplaçant légèrement le canapé pour l'aider à s'installer.

" Alors comme ça, tu es une amie de Grande Soeur ?, dit Werner en se tournant à demi vers Yowa.
- Anima ? Ah ... je ne savais pas que tu avais des frères et soeurs, fit Yowa.
- Hmm ... Werner n'est pas "vraiment" mon frère, Yowa. C'est cette coquine de Rebecca qui m'a appelée ainsi la première et qui a popularisé ce surnom parmi les membres de l'Eglise. Comme je suis la plus âgée ...
- ... la plus vieille !, dirent Werner et Rebecca en choeur
- ... comme je ne suis pas une gamine immature comme les autres membres de l'Eglise, corrigea Anima avec un sourire, je suis un peu leur grande soeur. Tu sais, Yowa, ici personne n'a vraiment de famille. Certains ont été abandonnés par leurs parents, d'autres chassés, d'autres encore ne connaissent même rien de leurs origines. L'Eglise est notre famille."

Un silence se fit et Yowa sentit la profonde communauté qui unissait les trois mutants malgré leurs railleries et leurs différences. Elle commença de se sentir mieux. Son regard s'arrêta sur le bras de Werner qui tenait sa bouteille de bière: peau fine, muscles ronds, duvet des poils qui signalaient sa virilité, alliance de la force et de la finesse.

" Tiens, puisqu'on parle de grande soeur ... tu es rentré bien tard hier, Werner, dit Anima.
- J'étais à un concert avec des amis.
- Ah oui ?
- Ouais, à Independance Port, dans les docks. Y avait Cataclysm et en première partie ...
- ... les Dogs of War, finit Rebecca.
- Comment tu sais ça, toi ?
- Je l'ai lu dans le journal, fit la petite fille avec un air innocent.
- Faudrait que je t'emmène un jour, Rebecca. Ca t'amuserait.
- Pas question que tu emmènes Rebecca dans tes concerts de sauvages saouls. Y a toujours des types du Freakshows qui traînent dans ce genre d'endroits.
- Pfff Anima ... je les crains pas ces types-là. Et puis c'est pas de la musique de sauvage, c'est juste que tu y connais rien.
- Je ne veux pas le savoir. Si tu te risques à emmener Rebecca, tu verras ce que ça fait d'avancer au ralenti pendant une journée.
- Oh de toutes façons, ça ne m'intéresse pas, Anima: ce genre de musique est trop simple. L'harmonie et les rythmes sont directement issus ...
- Et puis le Révérend a dit qu'on ne devait pas utiliser nos pouvoirs les uns sur les autres.
- Oui mais il a ajouté: "sauf pour Anima", mais il ne l'a pas dit très fort, répliqua Anima avec une mauvaise foi rieuse.
- Ah euh ... tu aimes Dogs of War, toi aussi ?, tenta Yowa sans regarder nettement Werner.
- Tu m'étonnes que j'aime. L'année dernière, je suis même allé les écouter à Chicago, c'était super !, répondit Werner en se tournant nettement vers elle."

"Il a vraiment un beau sourire", se dit Yowa.

"Attention Yowa, dit Rebecca, Werner est un vrai dragueur !
- Mais va-t-elle se taire ?, fit Werner en lui lançant sa capsule de bière. "

Rebecca éclata de rire et Yowa rougissait un peu.

"Si tu as fini ta bière, je crois que nous pourrions aller voir le Révérend maintenant, dit Anima.
- Oh oui bien sûr."

Et Yowa se pressa de boire la dernière gorgée.

"Au revoir Yowa, à bientôt, dit Rebecca.
- Ouais, faudrait que tu repasses; on n'a pas eu le temps de causer, dit Werner.
- Euh oui d'accord, je reviendrai si vous voulez."

Il y avait quelque chose de solennel dans les visages des trois mutants comme pour marquer que le moment qui allait suivre était important pour Yowa. "Ce n'est pas rien de voir le Révérend apparemment. Je me demande à quoi il ressemble."
Message roleplay
Rencontre avec le Révérend (2)


Quand Anima et Yowa pénétrèrent dans son bureau, le Révérend était au téléphone. Il leur fit signe d'entrer et de s'asseoir dans les deux confortables fauteuils face à lui. Les deux femmes s'exécutèrent en silence.

« C'est donc lui, le Révérend », se dit Yowa. Face à la jeune mutante, se trouvait un Afro-Américain d'une quarantaine d'années, grand, aux gestes calmes, les tempes légèrement grisonnantes, portant un costume sombre impeccable. La santé, la force et l'assurance étaient ce qui le caractérisait au premier regard. Yowa éprouvait à le regarder un sentiment bizarre: était-elle déçue ou simplement surprise ? « Je le voyais pas comme ça, le Révérend. Je pensais que ce serait un vieux bonhomme en habit de pasteur avec une bible à la main et on dirait un businessman au téléphone. » Le mobilier au design moderne, l'ordinateur près du bureau et les tableaux abstraits au mur donnaient du crédit à cette impression.

Le Révérend parlait à son correspondant dans une langue que Yowa ne connaissait pas mais qu'Anima semblait comprendre.

« Anima vient d'arriver Pierre... Oui, elle a l'air en forme ... Elle est avec une jeune fille ... de l'Alliance, oui. Elle paraît un peu timide*. »

Tout en disant cela, il regarda Yowa avec douceur. Instantanément, les doutes et les questions de la jeune fille se calmèrent et elle se détendit, s'assit plus confortablement.

« Révérend, saluez Pierre de ma part.
- Anima te salue Pierre ... oui, ne t'inquiète pas ... nous t'attendons comme prévu ... profite bien de ce temps; tu nous manques. Au revoir, Pierre*. »

Le Révérend raccrocha.

Pendant un court moment, il regarda Yowa comme pour faire connaissance avec elle dans le silence. Il lui souriait avec bonhomie.

« Bonjour, Yowa.
- Euh ... bonjour monsieur.
- *large sourire* Tu sais, tu peux m'appeler « Révérend » comme tout le monde ici.
- D'accord mons... Révérend.
- Comment te sens-tu ?
- Hmm ... un peu bizarre. C'est un drôle d'endroit. Enfin, j'veux dire, je ne suis pas très habituée.
- Ce lieu peut devenir pour toi comme une maison, un port, le foyer où tu retrouves les tiens et c'est pour cela que je t'ai demandé de venir. »

Le Révérend posa son menton sur ses mains réunies et prit son temps pour parler.

« Qu'est-ce que l'Eglise, Yowa ? C'est la maison commune. Et quelle est notre foi ? Elle est foi en la vie. Elle est foi dans le présent et dans l'avenir. Le présent donne des promesses à l'avenir et nous n'avons pas le droit de ne pas les honorer. Ce sont les promesses d'un monde meilleur et ces promesses reposent dans nos gènes modifiés.
Mais le présent est aussi un temps de menaces car, comme toujours dans l'histoire, là où naît l'espoir, naît aussi le danger. Les mutants, qui sont la chance historique de l'humanité, peuvent aussi être sa perte. Et cela se produira si dans leur coeur germe la haine et la colère. Et la haine et la colère pousseront sur le sol de la persécution.
Je vois un avenir sombre, Yowa, et il a déjà commencé. Dans cet avenir, les mutants sont suspectés, traqués et contrôlés; dans ce temps terrible, les frères luttent contre les frères et la lumière de la liberté s'éteint peu à peu. Ce temps, je ne veux pas qu'il advienne et j'agis, avec les miens, pour que les mutants trouvent leur place et que le meilleur soit protégé du pire.
Telle est notre foi, telle est notre Eglise. »

On n'avait jamais parlé ainsi à Yowa. Un profond silence s'était fait en elle. Elle comprenait tout et elle percevait aussi que c'est autant à ce qu'elle était au présent qu'à son être à venir que le Révérend s'adressait.

« Il y a vingt ans, j'ai découvert une chose affreuse, Yowa, et cela a changé ma vie. Il y a vingt ans, j'étais un jeune chercheur en neurobiologie et je travaillais pour l'Armée. Je connaissais l'existence de mes pouvoirs mutants mais je n'en disais rien à personne, j'avais peur d'eux, Yowa, terriblement peur ! »

Et le regard du Révérend posé sur Yowa se fit plus sombre. « Comment sait-il !? », se dit-elle, et pendant une fraction de seconde, Yowa entendit hurler en elle les Ombres, elle faillit crier elle-même mais les voix disparurent aussitôt.

« Il y a vingt ans, j'ai découvert que l'Armée profitait de l'amendement Hutchinson-Barkley à la loi sur l'adoption pour se livrer à des expérimentations sur les jeunes mutants confiés à l'Etat fédéral. J'ai pu sauver une petite fille ... et un petit garçon et nous nous sommes enfuis tous trois là où personne n'a réussi à nous trouver pendant des années. »

« Anima, c'est Anima la petite fille ! »

« Et le garçon ? », poursuivit Yowa à haute voix malgré elle .

Anima ferma les yeux de manière douloureuse. Le Révérend répondit d'une voix douce.

« Il nous a quittés, Yowa ».

La jeune mutante n'osa pas demander si cela signifiait qu'il était mort ou qu'il était parti. Mais parti où ? et pourquoi ?

« Du temps a passé, Yowa, et aujourd'hui l'Eglise est installée ici, à la vue de tous. Nous avons des alliés, nous avons de l'argent, nous avons des ennemis mais nous avons de la force.
Le temps a passé mais ma foi et ma colère restent intactes. Protéger les jeunes mutants et d'eux-mêmes et des autres, voilà à quoi je livre l'essentiel de mes jours. Je leur enseigne, autant qu'il est en mon pouvoir, à devenir maîtres de leurs facultés. Mais le plus important de ce que l'on apprend ici, Yowa, c'est qu'on appartient à une communauté et qu'un mutant a toutes les raisons d'être fier de lui-même. Car l'ennemi le plus redoutable est un ennemi intérieur, et c'est la honte de soi.
- J'aimerais ... j'aimerais tant ne plus avoir peur de moi-même.
- Je sais, Yowa, et c'est pour cela que je t'ai demandé de venir me parler. Je ne veux pas qu'aujourd'hui, tu décides de nous rejoindre ou pas. Le choix engage et tu as besoin de temps et de solitude. Mais si tu le souhaites, tu as une place parmi nous, parmi tes frères et soeurs mutants.»

Anima avait posé sa tête nonchalamment sur le dossier du fauteuil et elle regardait Yowa en souriant doucement mais son esprit semblait pris ailleurs dans quelque remémoration.

« Tant de secrets, tant de souffrance. La vie est-elle donc si terrible et si riche ? », se demanda Yowa.

Alors, il se produisit quelque chose de déconcertant.

« Anima, j'aimerais voir Yowa de mes yeux, dit le Révérend.
- Comment ?!
- Oui, s'il te plaît ...
- Mais ... ! »

Yowa sentit que quelque chose était en train de la dépasser. Anima la regarda mais tout autrement que tout à l'heure: c'est comme si elle tâchait de la sonder et de faire le tour d'elle-même sans un geste. Yowa se sentit épiée pendant un court instant par des milliers d'yeux intérieurs.

« Yowa est encore jeune, elle ne maîtrise pas pleinement ses pouvoirs, Révérend.
- J'ai confiance en elle, Anima. Je veux la voir. »

Anima soupira.

« Comme vous voulez, Révérend. »

Elle sembla hésiter un dernier instant puis se leva et fit signe à Yowa.

« Viens, suis-moi. »

Yowa, abasourdie, se leva. Avant de quitter la pièce, elle se tourna une dernière fois vers le Révérend. Il lui sourit et lui fit un geste de la main amical.

« Mais que se passe-t-il, Anima ?, demanda Yowa alors qu'elles marchaient dans un couloir.
- Tu vas comprendre, Yowa. Tout va devenir très clair. »

« Pourquoi donc s'adresse-t-elle à moi d'un ton aussi dur ? Elle paraît avoir changé instantanément. Est-elle si implacable au combat ? ». Yowa perçut bien plus vivement que lors de son arrivée qu'elle était surveillée. Elle ne voyait nulle caméra, les lieux étaient déserts et calmes mais ses sens démentaient cette apparence.

Elles entrèrent dans une sorte de salle à manger occupée principalement par une grande table, des chaises, quelques meubles bas et des fleurs séchées. Anima se plaça en un certain endroit et resta immobile. Soudain, tout ce qui constituait la pièce disparut. Yowa poussa un cri: c'est en une toute autre pièce qu'elle se trouvait ! Des pupitres, des écrans, des calculateurs en occupaient la majeure partie et l'on percevait l'incessante activité de multiples intelligences électroniques.
Assis près d'une série d'écrans, se tenait un homme à la peau très sombre. Il s'était tourné vers elles à leur « arrivée » et ses yeux jaunes dévisageaient Yowa. Ses mains se terminaient par des ongles longs et effilés comme des griffes, sa musculature était puissante, sa posture avait quelque chose de menaçant.

« Bonjour, Kyle.
- Bonjour, Anima.
- Le Révérend veut voir Yowa.
- Il m'a prévenu ... Je viens avec vous.
- Tu es sûr que c'est nécessaire ?
- Je le veux, acheva le mutant de manière abrupte. »

A peu près à l'emplacement où se trouvait la porte de la salle à manger qu'Anima et Yowa avaient franchie, se trouvait maintenant une porte blindée.

« Par ici, Yowa, fit Anima en s'approchant de la porte. »

Pendant qu'elle composait un code sur un clavier et posait sa main sur un écran à reconnaissance tactile, Kyle s'était approché de Yowa. Il lui souffla à l'oreille:

« Si tu tentes quoi que ce soit, je te tue immédiatement. »

Yowa sentit un long frisson lui parcourir le dos. Anima, qui avait perçu les paroles de Kyle, le regarda d'un air désapprobateur mais quelque chose disait à Yowa qu'Anima n'agirait pas autrement que Kyle et cette pensée l'effraya.

La porte s'ouvrit lentement dans un chuintement.

Anima entra, Yowa la suivit.

Un homme était allongé dans un lit. Non, ce n'était pas un homme, c'était un corps. Pas un corps, un cadavre, l'ombre de l'homme que Yowa avait vu tout à l'heure devant elle. De ce corps partaient des fils, des tuyaux qui le reliaient aux machines actives, anonymes et presque silencieuses qui le maintenaient en vie. Un drap était posé sur ses jambes, le torse et la poitrine supportaient une sorte de cercueil électronique, le crâne était enserré dans un casque, la bouche et les narines occupées par des tuyaux, seuls les yeux paraissaient vivants. Et ils étaient voilés par la tristesse. Mais quand ils se tournèrent vers Yowa qui s'était approchée comme un automate, ce voile se déchira pour laisser place à un peu de joie.

« Bonjour, Yowa, entendit-elle en son esprit. A nouveau, bonjour. Si je le pouvais, je te prendrais dans mes bras parce que tu es comme mon enfant et que tu as beaucoup souffert. Mais me voilà, tel que tu me vois. Plus mort que vivant. Un esprit dans un tombeau, un fantôme. C'est dans tes yeux, dans l'amour que je porte aux miens que je suis réel, tu comprends ?
- Mais ... mais Révérend, ce n'est pas possible. Comment ... comment ?
- Je ne t'ai pas tout dit, tout à l'heure. Je fus une fois retrouvé par nos ennemis. Oui, nous avons été retrouvés dans ce lieu que je croyais secret. Et j'ai gagné ce combat, Yowa, vois-tu ? Mais ce fut au prix de mes forces, qui lentement m'ont quitté. Les forces de mon corps, Yowa, tu comprends ?
Ne pleure pas, mon enfant, non ne pleure pas. Je suis vivant, j'ai une espérance et un combat, j'ai la meilleure des familles. Ne pleure pas. »

« Mais pourquoi je pleure ? pourquoi je pleure ? », se disait Yowa, secouée par les sanglots. Anima s'approcha d'elle et posa sa main doucement sur sa nuque.

« Petite Yowa, il est temps de rentrer chez toi, de te reposer, poursuivit le Révérend. Tu as beaucoup vu aujourd'hui, beaucoup entendu. Va. Tu reviendras me voir, si tu le veux, et nous parlerons ensemble. Nous avons des choses à nous dire. »





Comme Yowa pleurait toujours, Kyle l'avait prise dans ses bras puissants et l'avait raccompagnée, avec Anima, jusqu'aux portes de l'ascenseur. Une fois qu'il l'eut posée à terre, Anima s'agenouilla devant Yowa pour lui parler à sa hauteur. Elle passa avec tendresse sa main sur ses joues pour effacer ses larmes puis elle prit ses deux mains entre les siennes.

« Yowa, aujourd'hui, tu portes un secret, des questions et un choix. C'est beaucoup mais je sais que tu seras à la hauteur. Je veux que tu saches que quelle que soit ta décision, tu resteras pour nous une amie. »

Et elle l'embrassa sur le front.

« L'ascenseur est arrivé, dit Kyle ».

Yowa entra. Dernière vision de Kyle, sombre et résolu, et d'Anima, puissante et grave, côte à côte. Les portes se fermèrent. « Oh, mon coeur ... je ne sais plus si je suis heureuse ou malheureuse ».


__________
*: en français dans le texte
Etat d'âme


« Scott ? Tu peux venir m'aider s'il te plaît ?
- Mais bien sûr ... oh oh, surtout si c'est pour ça ! »

Anima est de dos, la fermeture de sa robe n'est montée qu'aux trois-quarts. Scott s'approche et termine le geste inachevé. Il vient plus près encore, colle son corps à celui qui semble ainsi offert, dégage la nuque des cheveux qui la cachent et embrasse avec langueur cette peau aimée.

« Non, Scott ... c'est vraiment pas le moment. On va être en retard.
- Evidemment, si tu ne mettais pas une heure à t'habiller !
- La prochaine fois, tu sortiras avec une pauvre fille qui s'habille d'un sac poubelle, ça ira plus vite.
- Très spirituel !
- Dis moi ... si tu ne veux pas être en retard, appelle un taxi.
- Mais tu n'es pas prête !
- J'irai par mes propres moyens ...
- Tu ne veux pas y aller à ce concert ? Je pensais que tu adorais Debussy.
- J'aime beaucoup Debussy mais tu vas être en retard. Appelle un taxi.
- Je vois ... »

Quelques minutes plus tard, Scott quitte l'appartement en claquant la porte. Avec un crayon gras, elle dessine un grain de beauté près de ses yeux. Elle se regarde un moment dans le miroir puis le quitte avec indifférence.

Dans le salon, elle met la main sur son sac de soirée. Elle jette un regard circulaire sur cette pièce: vaste, luxueuse, claire – écoeurante. Sans but, elle s'approche d'un fauteuil, s'assoit. Elle pose son sac à ses pieds. Devant elle, d'immenses baies vitrées offrent une vue aérienne sur Steel Canyon. L'appartement fait tout l'étage. Scott est riche. Il a un bel appartement, il a de beaux objets, il a une belle compagne.

Le regard d'Anima est attiré par une statuette d'allure précolombienne sur une étagère. Elle ne bouge pas du fauteuil où elle est assise, elle regarde seulement la statuette. L'appartement est silencieux. Très lentement et par à coups, la statuette se soulève et quitte sa place sur l'étagère. Dans les airs, elle se déplace jusqu'à Anima. Quand l'objet est à sa hauteur, Anima ouvre sa main et la statuette tombe à l'intérieur.

« Le Révérend a raison, je commence à pouvoir développer des pouvoirs de télékinésie. Si je m'entraîne durement, je pourrai soulever avec moins d'efforts des objets beaucoup plus lourds. »

Un souvenir des cours qu'elle a suivis lors de son année à Florence lui revient. C'est un détail, quelque chose qui cloche.
« Elle est fausse, Scott. Pauvre Scott, ta statuette est fausse. »
Progressivement, elle relâche la pression de ses doigts. Soudain, la statuette échappe de sa main et vient rapidement se briser sur le sol.
« Elle est fausse. »
Elle regarde les morceaux épars comme s'ils constituaient les pièces d'une énigme. Cela dure mais comment savoir combien de temps quand tout semble arrêté ?

Elle se lève et s'approche de l'immense baie vitrée. Le soir arrive, le soleil n'est pas encore bas à l'horizon mais quelque chose dans la lumière l'annonce: il y a en elle une coloration déclinante et triste.

« Oui, elle est fausse. Comme ma vie. Totalement fausse. Et qu'est-ce qui me retient, moi ? Dans quelle main suis-je ? Est-ce que moi aussi, je vais me briser en morceaux ?
J'ai vingt-six ans. Voilà. Et je ne sais pas du tout si je t'aime, Scott. Est-ce que ça veut dire que je ne t'aime pas ? J'ai vingt-six ans et ma vie, c'est rien du tout. Du vent.
J'ai la meilleure des familles, j'ai des amis chers – et pourquoi cela ne compte-t-il pas ce soir ? Pourquoi je me sens si misérable ?
Parce que mon coeur est un désert. Oui, comme un désert. Et je ne savais même pas que j'avais tant besoin que la pluie tombe. Un costume, des actes, des paroles, mais tout cela est comme la statuette. A l'intérieur, tout est vide.
Est-ce que j'ai trop souffert ? »

Elle pose sa main puis son front sur la vitre comme si cela pouvait la soulager de ses pensées douloureuses.

« Demain, je vais devenir vieille. Les premiers signes du déclin se dessineront sur ma peau, puis ce seront mes cheveux. Les réveils deviendront plus difficiles. Les combats plus éprouvants. Ma vie passe et je ne fais rien.
Demain, je me demanderai: ''qu'as-tu fait de ta vie ?''. Rien. C'est la réponse. Je me suis battue comme une idiote contre le crime, contre l'injustice, contre la méchanceté et je n'ai rien fait pour moi; j'ai passé ma vie à servir mais je suis devenue un fantôme sans vie, sans coeur. Voilà.
Oui demain, je serai vieille. Et alors éclatera au grand jour le mensonge de ma vie. Ce sera la fin de ''la belle Anima '', ses soirées chics, ses amis choisis, ses amants riches et beaux. Tout le monde pourra voir la terre aride que cachaient les hauts murs de ces apparences.
J'aimerais bien pleurer. Mais je n'y parviens pas. J'ai tellement souffert que j'ai décidé de ne plus souffrir. Est-ce pour cela que je ne sais plus aimer ? »


Plus loin, l'Orchestre National de France, invité pour un concert unique au Paragon Concert Hall, entre en scène sous les applaudissements du public. Un homme, seul parmi des centaines d'autres, assis à côté d'une place vide, n'entend rien des notes calmes de La Mer de Claude Debussy.
Merci


Citation :
Publié par Halaguena
... la mise en page soignée est un vrai bonheur pour la lecture, la Clef !
Ca me prend beaucoup de temps.



J'ai retrouvé le texte qui suit, écrit à l'époque du concours de costume sur Vigilance. C'est beaucoup plus primesautier que le reste mais cela parle bien du personnage.
Interview d'Anima dans Vogue (avril 2005, édition de Paragon City)


Karen Ashley, Vogue: "Bonjour Anima, et merci à vous d'avoir accepté cette interview, je pense que nos lectrices seront enchantées. Vous êtes, en effet, assez secrète et c'est un peu un privilège de pouvoir vous interroger.

Anima: Ah, chère Karen, c'est un grand plaisir pour moi de répondre aux questions d'un magazine aussi célèbre que Vogue, dont je suis une fidèle lectrice soit dit en passant. Mais vous savez, si on acceptait toutes les sollicitations des journalistes, on passerait plus de temps à se faire prendre en photo qu'à combattre le crime.

K.A.: Oui, bien sûr ...
Ce qui nous amène, c'est le concours prochain qui va avoir lieu à Atlas Park, un concours où la mode est à l'honneur et Vogue ne pouvait pas ne pas en parler. Vous pouvez nous en dire plus ?

A.: Eh bien, Pulsion, l'organisateur du concours, m'a contactée il y a quelques jours pour faire partie du jury et j'ai tout de suite accepté ! Cette idée m'a vraiment enthousiasmée !
Il va s'agir de décerner le prix du plus beau costume à un super-héros et à une super-héroïne de Paragon City. Ils auront le loisir de défiler et de faire preuve, devant un jury de cinq personnes, de leur élégance, de leur sens de la couleur, du rythme et des formes.

K.A.: C'est vraiment passionnant ! Et quelle récompense est prévue pour les gagnants ?

A.: La chose la plus précieuse du monde, ma chère: la gloire.
*rires*
C'est un concours bon enfant, vous voyez ?, et nous, super-héros de Paragon, agissons pour le bien commun de manière désintéressée. La renommée, le plaisir d'être ensemble, la fête de la beauté, voilà qui suffit bien à satisfaire tout le monde.

K.A.: On dit que les entreprises Crey auraient proposé de financer l'événement et de doter le concours d'un prix de 50 000 dollars, vous pouvez confirmer ?

A.: *plus durement* Je ne suis pas au courant d'une telle proposition mais si cette information était avérée, je pense que je réviserais ma participation à l'événement.

K.A.: Hmm .. je vois.
Il y a une question, je crois, que nos lectrices se posent: la mode, est-ce important pour les super-héros ? comment choisissez-vous vos costumes ?

A.: Les situations sont diverses, Karen. Beaucoup de super-héros portent un costume pour protéger leur identité du regard du plus grand nombre. Ce n'est pas mon cas, je dois dire. Pour ma part, je crois que la beauté et l'élégance ne doivent pas s'arrêter aux portes des lieux où se terrent les criminels de cette ville.
*rires*

Et puis, Karen, il faut que vous sachiez que le plus souvent, nous n'utilisons pas des matières ordinaires, telles qu'on peut en trouver partout dans le commerce. Quel lainage, quelle cotonnade supporterait une vitesse de 500 km/h ou la chaleur d'un souffle enflammé ? Les tissus employés sont presque toujours issus de la haute technologie.

K.A.: Vous pouvez nous décrire ce que vous portez aujourd'hui ?

A.: Oh je suis venue ici habillée très simplement.
Je porte un ensemble acheté en Italie chez Marinetti: c'est de la laine peignée, c'est sobre et d'une élégance discrète.
Ces lanières de cuir réunies par un anneau qui passent dans le dos pour revenir près de la poitrine sont là justement pour trancher ce qu'il y a de trop sage, de trop posé dans l'ensemble dessiné par Marinetti. J'ai acheté cet objet chez un jeune créateur new-yorkais, que je trouve formidable: Alexander Nash.
Quant à la ceinture ... eh bien, je l'ai dessinée moi-même.

K.A.: Ah, j'ignorais que vous étiez aussi une créatrice de mode.

A.: J'ai quelques idées et des amis ont la faiblesse de les écouter.
*sourire charmant*

K.A.: Je me disais: ce ne doit pas être toujours facile de trouver à s'habiller quand on est une mutante, n'est-ce pas ?, parce que les vêtements sont pensés avant tout pour nous, les humains ?

A.: Vous savez ... ce n'est pas parce que je pourrais accélérer votre rythme cardiaque jusqu'à faire exploser votre coeur que je dois m'habiller comme un monstre. Et puis la lutte contre le crime conserve la santé, c'est très sportif. Enfin, je suis encore jeune et je n'ai pas de problème pour trouver des vêtements à ma taille.

*sourire assassin*

K.A.: *gênée* Je ... je vous remercie, Anima, d'avoir bien voulu répondre à nos questions. Et nous reparlerons de ce concours, qui s'annonce vraiment passionnant.

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En encart dans les pages de l'article, trois extraits de lettres:

"Merci ma chérie, ton passage à Milan a été tout simplement onirique et ma collection un véritable succès. Tes idées étaient lumineuses et la "robe invisible" a remporté tous les suffrages. Tu es une déesse et je baise tes pieds.
Emilio Marinetti"

"Anima,
Paris est vide sans toi. Je me suis réveillé cette nuit et j'ai pensé à nous, j'ai pensé à tes jambes, à [long passage barré de noir].
Je serai à Paragon en octobre pour présenter ma collection "hors saison". Je pense que tu aimeras tout particulièrement ma manière de revisiter complètement les chapeaux.
Jean-François Balmer"

"On ne t'a pas trompé: la chemise pour femme que tu as dessinée a été particulièrement appréciée. Je pense que nous déclinerons en prêt-à-porter la série "trois verticales, trois horizontales".
Pour les royalties, n'y compte même pas.
Adieu ma chérie, à bientôt.
Viviane Craven"
 

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