Naissance et primes aventures
Terres du Grand Nord , berceau des Tribus Bwôrk
Il y a très longtemps de cela, alors que le monde était encore jeune, venait de s'achever l'exode des plus importantes tribus Bworks vers le Grand Sud.
Tout en marchant vers les terres promises par leurs chamans, les Tribus ramassaient trésors, richesses, femmes et laissaient des terres dévastées sur leur passage, livrant bataille aux peuples jonchant leur route.
Parmi ces peuples se trouvaient une ancienne tribu , paisible et habile comme nul autre aux Secrets de l'Acier. Vivant à la lisière de la civilisation d'Amakna, nul savait d'où venait ce peuple.
Nul jusqu'au jour où, moi, jeune Chaman des Tribus Bworks, y entrais, les braies mouillés, afin d'assister les guerriers. Ce fut en ce jour que l'on me confia la garde d'un nouveau né de cette tribu de peau blanche. Et que l'on tua sa mère après lui avoir préalablement arraché le scalpe.
La tempête de neige avait alors surpris tout le monde. La contrée, habituellement glacée et inhospitalière, avait connu depuis quelques jours un regain très violent du climat. Des deux côtés, colons Iop et envahisseurs Bworks, on souffrait de ces puissants intempéries que d'aucun accordait à une intervention surnaturelle. L'amorce d'une prophétie, dont mes collègues étaient tellement friands !
La femme était allongée, transpirante et au souffle rapide. Son ventre arrondie était parcouru de spasmes. Jambes écartées et ruisselantes, elle était au bord de l'agonie, près du feu de l'âtre. Son enfant allait venir au monde mais elle risquait d'en mourir, elle le savait.
Peu de gens l'entouraient car les villageois avaient rejoint la défense du village. Le prêtre Iop avait décidé de rester avec son jeune assistant. Un Enutrof d'âge avancé était présent aussi, ami de la famille, il avait décidé de rester malgré l'imminence du massacre dans la vallée.
Soudain les spasmes s'accentuèrent et le travail de la mère se fit vraiment pressant. Passées quelques minutes, un robuste garçon - qui au grand étonnement des présents ne pleurait pas mais fronçait terriblement les sourcils, comme fâché et contrit - vint au monde.
C'est alors que les cris retentirent. Le sol trembla un peu, pour ensuite devenir l'échos de la charge des Chevaucheurs de Karn, suivis de peu par la Horde.
La bataille fut rapide; hommes et femmes périrent sous les haches bworks, os brisé et tendons arrachés. Mais alors que l'on mettait le feu aux tentes et y délogeaient les Iops planqués, un cri d'agonie vint de l'une d'entre elles. Je fus appelé à y entrer en compagnie d'un barbare de ma tribu.
Nous fîmes irruption dans les lieux. Le barbare fracassa le crâne du vieux prêtre Iop et, d'une main, lança le disciple qui alla couiner de peur au pied du mur. Dehors les cris de guerre des envahisseurs tonnaient, entrecoupés des rafales de la tempête.
Le bwork se pencha alors vers le corps de la mère et prit son enfant. Ce dernier fronçait de plus en plus ses sourcils, et ne trouva rien de mieux à faire que de lui coller une mandale sans autre forme d'avertissement.
Mon compagnon tomba à la renverse, le nez enfoncé dans le crâne, mort, avec un air d'étonnement sur le visage. Tombé sur le lit de sa mère, l'enfant se mit alors à pleurer. Transi de fatigue et apeuré par la déferlante qui se déchaînait sur la vallée, je me surpris à prendre le bambin dans mes bras et de courir avec au dehors.
Notre chef, qui eut mon rapport concernant la mort de son guerrier, ordonna la mort de l'assistant et de la mère. Après un regard perplexe à l'enfant, il décida de me le confier après lui avoir donné pour nom "Lothar", qui en Bwork, signifie "Tempête".