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Certes, ce n'est pas vraiment un titre "vampire" mais je n'en ai pas trouvé d'autre sur cet écrit. J'espère qu'il intéressera quelques uns ^^
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Introduction :
Elle marchait et elle marchait, fine silhouette dans la nuit
Où te crois tu ?
Elle se sent sûre d’elle, la rue, la ville, le monde est sien…
Il est temps de te réveiller princesse, il n’est plus temps de rêver…
Et elle marchait, marchait, sa robe de velours rouge flottant dans le vent, ses longs cheveux blonds riant au noir du soir, sa poitrine s’offrant à une respiration inutile mais bienvenue. Les quelques passants encore présents à cette heure tardive ne peuvent que se retourner sur son passage, les pavés s’embrasant sous ses pas.
Oui, sourie princesse, rie, pavane toi, il est déjà trop tard…
Elle continue son chemin, elle tourne au coin de la rue, s’engageant dans une ruelle peu avenante. Un homme l’a remarquée et la suit déjà depuis quelques temps, il s’arrête à l’entrée de l’étroit passage, sombre comme un gouffre, s’y engagera t’il ?
Le fou…
Il hésite, il pèse le pour et le contre. C’est un homme d’âge mûr, des femmes, il en a vu et revu mais celle-ci a quelque chose d’hypnotisant, il hésite, scrute les ténèbres où la robe de flamme a déjà disparue, il s’y engouffre finalement. Il ne remarquera pas l’autre chemin, il n’aura pas le temps de se retourner, il ne sentira pas tout de suite la douleur, il gît déjà sur le pavé lamentablement. Son exécutrice le fixe avec un sourire presque trop innocent, elle joue longuement avec sa victime, ce n’est qu’après tout que du bétail pour elle et pour les siens. Elle réfléchit, le prend dans ses bras, va-t-elle lui faire l’honneur de l’Immortalité sanglante ?
Derrière toi…
Elle n’aura pas le temps non plus de sentir l’ombre dans son dos, elle n’aura pas le temps de se défendre mais elle sentira la douleur, sa chair se déchirer lentement, le sang de sa victime s’échappant d’elle. Aura-t-elle le temps de fuir ?
Non, il n’est plus temps…
-Qui… qui est là ?!
Ses yeux, d’habitude accommodés à cette nuit dont elle fait partie, ne voient étrangement rien, personne… Impossible !
-Une dernière volonté, princesse ?
Une silhouette la prend dans ses bras, elle sent alors un contact froid, métallique, glisser lentement le long de son cou.
-Qui êtes vous ?!
Elle hurle, paniquée, elle tente de se débattre, ce qu’elle a fait subir, elle le subit à son tour mais malgré sa force surhumaine, l’ombre de sa mort la maintient fermement, prenant un plaisir malsain à trancher sa joue, ses lèvres, son front, formant des formes presque ésotériques sur sa peau froide et immortelle, un dernier tatouage pour le passage pour le néant. Elle continue de hurler, des souvenirs lui torturent l’esprit, elle vit ses derniers instants, elle le sent maintenant. Elle qui jouait avec ses victimes, la voilà devenue à son tour poupée, misérable marionnette entre les mains de l’inconnu. Rouge, tout est rouge, tout n’est plus que douleur, souffrance, cris, désespoir, elle souhaite mourir pour la première fois depuis le Don, on la lui refuse. Enfin, elle expire à côté de son dernier repas. La silhouette se relève, le vent joue dans sa cape couleur de nuit, elle dépose une fleur noire aux côtés de celle dont la vie a été ôtée deux fois, marque d’affection, poésie ou simple message d’ironie ?
Bonne nuit, sweet angel…
Le soleil ne se lèvera que sur des cendres…
Chapitre 1 :
-Non non et non !
Je sortis en trombe, remettant ma veste au passage. Dehors, le vent souffle et glace encore plus ma chair immortelle…
-Je m’y refuse !
-Maître, ELLE tient à vous voir absolument !
Le piètre pantin qui me sert de majordome peine à me suivre, m’exhortant à la raison… la raison ? Ah je ris ! Quand on vit une vie comme la mienne, peut-il y avoir une raison ?
-Maître, je vous en supplie, revenez !
-Non non et encore non ! Dites lui que je ne veux plus la voir ! Même pas dans l’heure, même pas dans un an, même pas dans un siècle !!!
Je bouscule la foule ahurie, je devrais faire plus attention mais je suis fou de rage. Je n’entends plus rien ni personne… Pourquoi est-elle revenue ??? Pour me persécuter encore ? Trois longs siècles d’esclavage ne lui ont donc pas suffit ?! Je manque de balancer un poteau en le frappant. Les incessants appels de mon majordome me plonge un peu plus dans l’exaspération la plus totale… et je sens qu’ELLE sourit, je sens sa présence partout… dans la foule, dans le ciel… partout ! Ne me lâcheras-tu donc jamais ?! Je sens aussi la soif, elle gronde en moi… elle a besoin d’une victime, elle veut son tribut… je ne céderai ni à l’une, ni à l’autre !!! Cette nuit est la mienne ! Je finis par m’y fondre et je décide de quitter cette ville…
Mon nom… c’est étrange, il est toujours là, il résonne si familièrement et pourtant… il est aussi si loin… combien de temps ne l’ai-je pas entendu de la bouche d’un être normal ? Dans celle de mes victimes, je suis Satan, démon, Dieu… mais pas Will Valentine… ce nom est mort en même temps que moi, un sombre hiver d’il y a quelques siècles de cela. Et ELLE m’a initiée à cet art ignoble… m’a permis d’accéder à ce rang supérieur mais au prix si lourd, si douloureux à payer. Je devrais tous les tuer, leur arracher ce qui reste de leurs c½urs moisis et n’être plus que le seul de ma race. Je hurle à cette nuit que je ne veux plus voir… je hurle mon désespoir et ma colère… à cette aube que je ne peux plus attendre… il serait si simple pourtant de mourir ici, ne plus supporter cette déchéance… rester là, payer tous mes crimes et voir enfin ce que je veux voir depuis si longtemps… que le soleil me brûle, la terre m’accueillir, le vent me disperser et l’eau me purifier… mais quelque chose m’en empêche… quelque chose me maintient à cette vie que je voudrais déchirer de mes propres crocs.
La campagne est si déroutante, elle s’accorde si parfaitement à notre image. Nous sommes beaux, de cette beauté dont sont parées les fleurs carnivores avant de se refermer sur leurs proies. Nous sommes les prédateurs du genre humain mais le plus drôle, c’est que nous leur ressemblons exactement sur tous les points… la même arrogance… la même hargne… la même joie à faire souffrir… on nous a donné un titre, un titre que nous porterons jusqu’à la fin des temps… vampire. Je regarde mon visage pâli par les âges, il ne m’appartient plus… ces yeux d’un vert intense, fauve, bestial… ces longs cheveux noirs aux reflets et à la souplesse presque surnaturelle… ce n’est pas moi, ce n’est que l’apparence copiée, arrangée, souillée… la soif gronde dans ce qui tient de lieu de résidence à mon âme damnée, elle veut du sang, elle veut tuer… Non ! Je ne lui céderai pas… pas cette nuit…
La ville voisine est plutôt agréable à celle que j’ai choisi pour me nicher, calme mis à part le marché. Je pense en souriant à mon serviteur fidèle qui doit me chercher partout. Il voudrait tellement devenir des nôtres mais je lui ai toujours refusé. Je décide finalement une fois de plus de plonger dans la foule. Tout en marchant parmi eux, je me demande si je dois aller à cette réunion des anciens. Rien que d’entendre les éternelles disputes pour la prise du pouvoir entre les clans me plonge dans l’irritation la plus profonde. Je pénètre dans une taverne à tout hasard, l’ambiance qui y règne m’aidera peut-être. Voilà le genre d’atmosphère qui me complait, chaleureuse et animée. Cela me rappelle ma vie d’avant, une vie palpitante et pleine d’aventures. Je cherchais à devenir…un héros, un mercenaire. Je voulais trouver dans l’adversité une raison de vivre. Ma nouvelle condition de prédateur ultime m’obligeât à aborder la vie d’une toute autre façon.
Je pris un verre sans y prendre goût, ni la chaleur qui régnait, ni cette boisson alcoolisée ne pouvait réchauffer mon corps glacé. Je décide de sortir, au hasard des rues, après avoir payé le barman. Sans trop y prêter attention, je m’enfonce dans les ruelles de la cité avant de déboucher sur une place vide étrangement de monde. Peu de réverbères sont allumés, le vent souffle sans que j’en sente la morsure. C’est là que je l’aperçus, l’unique silhouette dans la nuit, accompagnée d’une chansonnette innocente. Sa cape noire contrastant avec sa robe blanche flotte dans le vent, petite fille dansant avec les ténèbres. Que fait-elle là ? Que fait une enfant dehors à cette heure-ci ? Soudain, j’ai un mauvais pressentiment, de ceux qui mettent en alerte tous ses sens, l’un des miens est là, sans doute en pleine chasse. Instinctivement, je me mis dans l’ombre d’un bâtiment, observant les événements. Une autre personne sortit de l’ombre, à l’opposé de ma cachette, une jeune femme aux vêtements de cuir noirs. C’était évident qu’elle en avait après la fillette jouant sur la place déserte. Je ne puis à peine m’imaginer ses crocs sur son cou démuni… et la soif n’en ait plus qu’insupportable.
-Je sais qui tu es, inutile de jouer la comédie ! cria alors la femme. Tu as tuée tous ceux de mon clan, tu vas payer !
La fillette s’arrêta dans son vagabondage, je ne pus voir son visage dans l’ombre de sa capuche. Elle a quelque chose d’étrange… je sens son c½ur battre, son sang circuler en elle… et pourtant, je n’arrive pas à lire ses pensées. Sa voix enfantine résonna à travers la place.
-Si seule…
-Comment ?
-Si seule dans le noir…, murmura t’elle, ses talons pivotant vers son interlocutrice, sa main droite tendue et je m’aperçus avec effroi que ce n’est qu’une main artificielle, mécanique à la forme lugubrement griffue. Si seule dans le noir… veux tu jouer avec moi ?
A ce moment-là, je ne sais pas ce qui est arrivé exactement, tout est allé si vite. Tout ce dont je me rappelle en me réveillant, c’est que la cape de la fillette s’est transformé étrangement et son possesseur également.
-Ielfrid la vampire, née en l’an 1600, vampirisée à l’âge de 27 ans, plus de 200 victimes à ce jour. Ex-membre du clan Janin, es tu prête ? Ajouta elle d’un ton ironique. Il me sembla qu’une lumière se matérialisa dans sa main ironiquement tendue.
Puis ce fut l’attaque, cela avait quelque chose de fascinant et de terrifiant à la fois. Ce n’est pas son sang qui a coulé cette nuit-là mais celui de la vampiresse… Je ne me rappelle plus de la suite, tout a été si confus… j’ai à peine eu la force de me traîner hors de la ville et de tomber dans les bras de mon majordome, lequel a dû me ramener jusque chez moi…
-Bonsoir Will.
Je gémis, certainement de fatigue mais aussi de souffrance. ELLE est donc restée ici à m’attendre ! Je reconnais sa voix charmeuse et railleuse, ses gestes graciles qui dominent toute la pièce, sa présence qui envahit l’espace où elle est comme si tout était sien, sa longue robe rouge, ses yeux de braises, ses cheveux rougeoyants… nul autre ne mérite le nom de Satan, Lilith, Lucifer autant qu’elle ! Je siffle déjà de rage entre mes dents, impuissant…
-Oh pourquoi ce regard de haine mon cher Will ! N’es-tu pas heureux de revoir ta créatrice après toutes ses longues années ?
-Que veux tu… serpent… ne m’as-tu déjà pas assez pris ?
Elle ramène un doigt songeur sur sa joue… tout en moi hurle… elle est si belle, si envoûtante… son venin n’en est plus que dangereux ! Elle s’assoit sur le rebord du lit et m’adresse un de ses sourires redoutables dont elle a le secret. Sa main s’égare sur mon torse, je tressaille de dégoût :
-Allons… tu sais bien que tu es… et resteras mon préféré.
Elle se fait plus douce, plus intime… je sais qu’elle adore me voir dans ces positions de faiblesse… elle a l’air douce ainsi mais cela cache la tigresse qu’elle est ! Je ne peux plus rien faire, elle a déjà planté ses griffes sur moi. Je gémis à nouveau, je hais être dans cette impuissance, je n’ai même pas la force de la repousser et ce serait peine perdue. Si je goûte à nouveau ce nectar impur qui a fait ce que je suis aujourd’hui… je sais que je ne pourrai plus résister… Mon âme, si j’en ai encore une, crie à l’aide ! Brusquement, mon majordome ouvre pour apporter une tisane… heureuse diversion ! Elle s’éloigne de moi, j’en profite pour sauter hors du lit, prendre mes vêtements sur la chaise et sauter par la fenêtre. Elle n’a pas le temps de réagir, je suis déjà hors de sa portée. Je m’écroule plus loin… heureusement que j’habite au bord de la ville, cela m’a permis de tomber dans la campagne. La nuit glaciale est revenue, je me force à m’habiller. Ma soif gronde aussi, elle me susurre les soulagements qu’apporterait de boire le sang des mortels, elle me chuchote de la même voix charmeuse que Viviane tout à l’heure… Viviane ? Je me relève, elle est là… ou plutôt, ses pensées accèdent les miennes :
-Will, pourquoi me quitter si vite ? Rappelle toi…
J’ai mal à la tête… elle veut me forcer à revenir ??? Elle veut me faire rappeler cette époque maudite où je me pavanais comme le dernier des vampires, conquis par cette nouvelle puissance ?!
-J’ai changé Viviane ! Cesse de me persécuter sans cesse ! Je ne suis plus à toi, ma destinée m’appartient ! Tu entends ?! Je-ne-suis-plus-à-toi !
Le vent souffle, il me rapporte sa voix faussement torturée, sa voix fantomatique :
-Will…
Elle se tait mais je sais qu’elle n’abandonnera pas, elle n’abandonnera jamais… je ne la connais de trop. Je m’arrache à ses sombres pensées… -ah tu m’entends Viviane ?- Je me sens soulagé…
-Ce soir… oui, ce soir… j’enterre tous mes fantômes… qu’ils reposent avec mon passé, mon cercueil…
J’ai décidé de demeurer là, plus rien ne me convaincra de partir… je veux voir à nouveau ces paysages ensoleillés une dernière fois…. Juste une dernière…
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