Patients, médecins et anges en blouse blanche
"Je dois avouer que je me suis bien plut à l'hopital où travaille Annie.
J'avais toujours pensé que le job d'infirmière en lui-même était quelque chose de rébarbatif, d'où la raison pour laquelle j'avais préféré rester serveuse après avoir obtenu mon diplome (dont je me moquais comme de l'an 40, en fait, vu que j'avais juste voulu acquérir des connaissances médicales pour mon usage privé), mais au final, il s'est avéré que c'était quand même un bon plan et un travail nettement moins ennuyeux que je le croyais.
Déjà les patients sont cools.
J'avais toujours vu l'image même du patient comme justement comme de quelqu'un qui est tout sauf cela: patient...
Bref, un emmerdeur qui vous parle de ses petits bobos et attend que vous lui résolviez scéance tenante comme si ce qui lui arrive devait être important pour vous...
Or là dessus j'ai été vite détrompée: La plupart des patients de l'hopital d'Annie sont d'une patience totalement imbattable.
Et pour cause: ils arrivent raides morts.
Notez qu'on voit de tout en guise de macchabés à Paragon City: Des patients "monsieur-tout-le-monde" qui pour la 20ème fois de l'année se sont fait buter par la faune ordinaire de la ville, des patients "oh-merde-je-suis-tombé-sur-plus-méchant-que-moi" qui après avoir agressé 10 passants ont mal choisi le 11ème et même des patients-clowns, avec leur jolis collants rendus rouges par leur propre sang.
Ensuite les médecins.
J'avais déjà cotoyé des médecins pendant mes études d'infirmière et je n'en avais pas gardé un bon souvenir: Pour moi c'était des espèces petits coqs de basse-cour qui ne cessaient d'essayer de vous coller de force dans le crâne qu'ils vous sont infiniment supérieurs en vous rabachant sans cesse tout ce qui est de leur ressort et pas du votre, soit-disant parce que vous n'avez pas le niveau d'études nécessaire pour assumer le soin des malades uniquement par vous-même.
La plupart de ces médecins prennent les infirmières pour des boniches alors qu'ils ne pourraient en aucun cas arriver à soigner tous leurs patients sans elles.
En l'occurence quand je vois ces prétendus médecins prescrire 3 tonnes de produits pharmaceutiques divers pour soigner un mal qu'ils pourraient faire disparaitre rien qu'en y pensant suffisament fort, ca me fait un peu rire...
Mais justement, autant ne pas les détromper: ainsi on rigole plus longtemps ainsi.
Quoiqu'il en soit les médecins de Paragon traitent les infirmières avec un peu plus de respect... essentiellement parce que ce sont elles qui tiennent à distances les "mouches" tournant autour des macchabés qu'on leur amène pour réanimation.
Entendez par "mouches" l'incontournable entourage qui ne manque pas de se déplacer pour venir voir ou accompagner le corps à l'hopital.
Dans le cas des monsieurs tout le monde, les dites "mouches" sont le plus souvant des proches qui n'ont visiblement rien de mieux à faire que de venir gémir et pleurer sur la dépouille... Comme si ca allait remettre le patient sur pied plus vite...
Bref, des importuns pénibles que les médecins sont contents de voir écarter, mais rien de si terrible qu'ils aient à faire preuve de respect envers les infirmières dans les autres villes que Paragon.
Dans le cas des criminels qui se sont plantés, là, c'est plus corsé: en général, il s'agit de voyous dont le corps est escorté à l'hopital par une bonne partie de leur gang.
Ces "mouches" là perturbent bien plus l'hopital: déjà ils réclament de passer avant tout le monde, alors que le principal concerné, lui, s'en fout royal puisqu'il ne voit pas l'heure tourner, et en plus, pour appuyer leurs réclamations, ils ont une forte tendance à utiliser la violence.
Et là, étrangement, les médecins deviennent extrèèmmmmmement attentionnés envers les infirmières, des fois qu'une mécontente parmis elle aille dire aux dites "mouches": "Désolé, mais le médecin à dit qu'il ne soignerait pas un petit merdeux", ce qui aurait des répercutions autant déplaisantes qu'immédiates sur leur avenir proche.
Chose qui les fait pisser dans leur froc rien que d'y penser.
Toutefois si c'est là la raison la plus fréquente, ce n'est pas la seule ni la plus importante.
Car la pire des catégories de "mouches" reste à venir: c'est celle qui escorte les patients-clowns.
Les paparazis.
La hantise de tout médecin de Paragon City.
Il faut comprendre que la majorité des médecins DETESTENT s'occuper des "superhéros".
On pourrait croire le contraire n'est-ce pas? En effet, s'occuper d'un superhéros c'est une garantie de notoriété certaine, vous vous dites?
Ha! Décidément vous resterez toujours aussi naifs!
La notoriété est le poison le plus violent que l'on peux trouver à Paragon City.
Il tue plus surement qu'une balle en pleine tête.
Soyez connus pour des actes mauvais, et vous aurez tous les clowns à vos basques.
Soyez connus pour des actes bons, et ce sont tous les petits voyous de la ville qui vous pourchasseront, histoire de se tailler une réputation et de monter en grade.
Ca peux toutefois encore être tenable que l'on sache que vous avez rendu la vie à un héros moyen -à condition d'aimer se terrer dans sa cave pendant la totalité de ses heures de loisirs-, mais de temps en temps, il arrive le pire...
L'absolue abomination qui fait rembler tous les hopitaux...
Le cauchemar ultime de tout médecin doté d'un cerveau fonctionnel...
En clair: il arrive le cadavre d'un héros CELEBRE!
Et là c'est une autre paire de manches.
Parce que sans les infirmières pour écarter les paparazzis, vous avez toutes les chances en tant que médecin d'avoir votre photo en première page comme la personne qui a rendu la vie au "fameux héros X". Héros qui est très certainement une épine dans le pied des plus grands syndicats de la ville, sans quoi il ne serait pas vraiment célèbre...
Et là ce n'est plus une armada de jeunes voyous amibitieux qui arrivent chez vous pour vous réduire en pulpe, mais une esquade de lieutenants ou de bosses en tout genre qui viennent vous enlever...
Celui que je viens d'entendre dire "ben c'est toujours mieux que de terminer en pulpe..." est un abruti fini: ce genre de personne ne vous enlève généralement pas pour présenter à leur petite famille, figurez-vous!
Non, vous leur servirez... d'appat!
En effet, pour la bonne et simple raison que tout héro célèbre a une réputation à tenir, il n'y a pas meilleur leurre que le médecin renommé pour lui avoir sauvé la peau pour l'attirer là où on veut et lui tomber dessus à bras raccourcis et de préférence en très forte supériorité numérique.
Comprenez qu'ils ne peuvent pas se défiler: Toute la ville est au courant de qui vous êtes... Donc s'ils vous laissaient crever, leur influence en subirait une souillure qui serait quasi-indélibile.
Bref, cela serait la perte quasi-assurée des profits durement obtenus par plusieurs mois (voire années) de totale hypocrisie nécessaire pour jouer au quotidien les "monsieur parfait" au service des faibles et des innocents.
Donc vous serez appat... et comme ce type de kidnappeurs n'est pas non plus patient, vous serez torturé, histoire que vous ex-patient se hate un peu de venir au rendez-vous.
Il ne faut pas charier.
Pour vos kidnappeurs aussi, le temps c'est de l'argent.
En attendant, l'un dans l'autre, je peux vous dire qu'il vaut bien mieux terminer en pulpe en l'espace de 5mn par des voyous manquant de subtilité que d'être torturé des heures par des experts imaginatifs le temps que le dit héros arrive jusqu'à vous pour vous libérer (ou le temps qu'il termine lui-même en confiture en essayant).
Parce que voyez-vous, il est de nature connue que la confiture ne ressent pas la douleur... Ce qui ne sera vraisemblablement pas votre cas à vous.
Entre vous et ca... il n'y a qu'un seul mur: Les infirmières.
... qui s'occupent de tenir les paparazis à distances pendant les soins.
Vous vous rapellez de ce que je vous avait dit à propos de la nature humaine? Les gens remuent toujours la queue comme de bons toutous face à ceux qui peuvent les protéger...
Et bien les médecins de Paragon City remuent littéralement la queue devant leurs infirmières.
Quant à moi, après les premiers jours, ils auraient même été jusqu'à me nettoyer les bottes avec leur langue si je leur avais demandé.
Idée qui ne me viendrait même pas un instant à l'esprit.
Je ne tiens pas à ce qu'ils me salopent mes goddasses."
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